La couronne de fleurs en perles de Venise
Controverse :
Au moment de l'achat, je n'y avais pas pensé du tout, pas une seule seconde, c'est bien après les premiers étonnements, les petits sourires en coin, que j'ai compris : c'est quoi, ce truc de fleurs ? Ça ne fait pas un peu couronne mortuaire ? Remarque, c'est très joli tout de même, ça ne t'avait pas frappée ? Absolument pas, j'ai acheté ces fleurs de printemps pour la beauté de la composition, les petites feuilles toutes gaillardes qui allaient dans tous les sens, la fraîcheur de l'ensemble, tout m'allait. Jamais je n'ai songé à un décor mortuaire, jamais, jamais, la dame m'avait dit que c'était vraiment bien choisi, on pouvait mettre un chandelier au milieu, sur une table de fêtes. Ah, tu vois ! Il y avait bien mort d'homme dans l'objet... Mais, un chandelier, ce n'est tout de même pas forcément une veillée funèbre ? J'étais donc partie avec ma couronne sous le bras, dans un joli papier de soie, un beau décor végétal fait entièrement à la main, avec beaucoup de perles, à la mode de Venise, la couronne fut lourde de conséquences...
Encore un atelier que je n'ai plus jamais retrouvé, fermé, délaissé, disparu, adieu l'art !
Ce qui était dit était dit : ma couronne faisait fin de vie, pas couronne de première communiante, pas couronne de fête de fin d'année, pas solstice de printemps non... À y regarder de plus près, je la trouvais à mon tour un peu tristoune, le ver était dans le fruit, comment remonter la pente maintenant, pour batifoler dans les prés avec ces fleurs d'enterrement ?
Depuis, j'ai appris à vivre avec, sans penser à mal. Des doutes, j'en ai encore, mais je l'aime bien tout de même, ma petite couronne. Allez, à la vie, à la mort, nous deux, c'est pour la vie !
Pour la nettoyer, je souffle dessus, la poussière est invisible, les couleurs, sous ce léger nettoyage, gardent toujours leur éclat, elle brillent, font les gentilles, je les aime malgré tout, tout, tout...
Cette belle fleur blanche, je l'avais trouvée dans un atelier du côté de San Stae, qui ne faisait pas que des chefs-d'oeuvre, c'est vrai : colliers, bracelets, bagues, porte-clés, des choses pas terribles, terribles. il fallait bien chercher, j'avais déniché la fleur dans un coin, seule au monde. Elle avait au dos une grande épingle dorée enrubannée dans du fil blanc, qui permettait de l'accrocher sur un revers, une vaste poitrine, ou de la poser sur un meuble, je l'ai posée sur un meuble... Sympa, ta fleur... Ce qui veut dire : trop laide, bouh, horrible, pas de goût, mais qu'est-ce qui lui a pris d'acheter cette mochetée ? Ah ! Oui, c'est joli, blanc, ça vient de Venise ? Ils font des objets comme ça là-bas, j'ai bien senti la petite raillerie... Mais moi, je l'aime, ma fleur, j'aime bien la prendre dans la main, elle pèse son poids de souvenirs...
Place Saint-Marc, j'ai vu de bien plus jolies choses, mais jamais je n'ai osé rentrer dans ces magasins luxueux où tout était hors de prix. Ma belle fleur blanche faisait l'affaire, ni parfumée, ni enchantée, usinée dans un petit atelier, elle venait de ma Venise, elle suffisait à mon bonheur...
L'apprentissage sur le tas :
L'apprentissage sur le tas :
Et puis, chemin faisant, j'ai commencé à acheter des perles dans les quelques boutiques qui restaient à Venise... Je me suis organisée, j'ai tracé mon propre chemin...
Un petit aperçu de mon stock
Inspiration de Venise : mes pompons décoratifs
Je me souviens du commencement, les perles de toutes les couleurs, les fils, les aiguilles, les pinces, la colle et ma bonne volonté, je n'avais pas du tout idée de toutes les manipulations qu'il me faudrait inventer pour avancer. J'ai trouvé en tâtonnant et finalement, ils étaient tellement jolis que tout le monde m'en réclamait, chacun voulait son ornement pour une poignée de porte, une clé d’armoire. J'en ai fabriqué de toutes les couleurs, j'avais mis au point une technique bien personnelle, j'inventais au fur et à mesure, je comptais les perles comme j'avais fait il y a des années pour aligner les point de croix de mes broderies, j'ai compté, tellement compté... Mon frère, à qui j'en offrais un ou deux pour chaque Noël, a mis des couleurs à toutes les clés des meubles anciens de son nouvel appartement, c'est beau !
Je me souviens qu'en faisant mes pompons j'ai eu mes premiers acouphène dans une oreille, ça m'est tombé dessus comme le tonnerre... Un soir, sous la lampe de travail, ils se sont posés dans mon pavillon gauche, j'ai eu comme des petits bruissements qui chuchotaient doucement, très supportables... Le premier soir, j'ai écouté, cherché d'où ça pouvait provenir, j'ai même regardé par la fenêtre si les petits chuchotement ne venaient pas de l'extérieur, j'ai fermé la radio, arrêté la télé, écouté le réfrigérateur... Ils étaient dans mon corps... Le deuxième soir et les soirs suivants, tout en comptant les perles, je n'ai plus entendu les grillons... Incorporés, absorbés, acceptés, et puis voilà !
Les perles, je les cherche partout, surtout dans des endroits insolites, les Puces, les vide-greniers, les tiroirs/greniers de mes amies, les coins oubliés, plutôt que chez les marchands où elles se ressemblent trop... Et coûtent toujours plus cher...
La trouvaille :
Aux Puces, bien sûr, sur un stand proche de la poubelle aménagée, bien protégé dans un petit mouchoir de coton blanc, j'ai trouvé un col rebrodé de mini perles en parfait état, une beauté ancienne, ce fut le coup de foudre !
Les perles, je les cherche partout, surtout dans des endroits insolites, les Puces, les vide-greniers, les tiroirs/greniers de mes amies, les coins oubliés, plutôt que chez les marchands où elles se ressemblent trop... Et coûtent toujours plus cher...
La trouvaille :
Aux Puces, bien sûr, sur un stand proche de la poubelle aménagée, bien protégé dans un petit mouchoir de coton blanc, j'ai trouvé un col rebrodé de mini perles en parfait état, une beauté ancienne, ce fut le coup de foudre !
Une petite merveille, à prix doux comme du velours
Voilà comment j'ai craqué pour un objet totalement inutile, mais tellement réconfortant par sa beauté... Aucune négociation possible, le prix était tellement petit ! Les perles rouges étaient cousues avec du fil rouge, les pétales avec du vert, et les blanches... Avec du fil blanc. Au début, j'ai pensé que c'étaient des fleurs, mais après avis d'une amie, j'ai bien compris que c'étaient des cerises...
Mes amis, merci de passer chez moi, je vous parle d'une très belle exposition par une journée ensoleillée, sur le prochain post... Et je n'oublie pas Stephan Zweig, toujours époustouflant...