dimanche 13 janvier 2019

Dans le désordre... Avec méthode !


Les tigres des puces


Les tigres :

Quand je les ai vus, j'ai demandé bien poliment à la brocanteuse si je pouvais les prendre en photo... Elle était en train de pique-niquer sur son stand, stupéfaite par ma question, je l'ai bien vu, elle est restée bouche bée, le regard vague : c'est quoi c't'affaire ? Pourquoi elle s'intéresse à mes tigres ? Aucune réponse ne venait, quelques secondes ont suffit, pourtant, pour qu'elle me dise : oui... C'était la première fois que je la voyais avec des tigres, habituellement elle vendait seulement des casseroles, cocottes-minute et autres batteries de cuisine... Rien a voir avec la jungle...

Je les trouvais amusants et surtout, si inattendus, deux tigres grandeur nature, bien mis en scène sur cette grande table de camping, les pattes avant souples, détendues, griffes rentrées, les yeux vifs, et le sourire moqueur. Merci madame, et je cadrais tranquillement, je sentais toujours son regard sur moi, interrogatif, j'avais l'impression qu'elle se méfiait... Elle replongea cependant sa fourchette dans la boîte en plastique et repris son repas. Pourtant, si elle savait combien je la remerciais, combien je remerciais le hasard d'avoir mis sur ma route ces deux grosses bêtes insolites sur le marché...

Comme d'habitude, je n'étais pas venue au Puces pour trouver quoi que ce soit de particulier, seulement des étonnements, des curiosités, des tentations irrésistibles, des fatalités... La photo m'avait grandement gratifiée, ce n'est pas tous les jours que je trouve des beaux animaux sauvages près de chez moi !

L'église Saint Germain-de-Près :



L'église Saint Germain-des-Près (Abbaye fondée au 6e siècle) : le chœur des moines

Une de mes chères amies m'avait dit : viens donc voir, re-voir, re-re-voir l'église Saint Germain, elle est merveilleuse, entièrement peinte du sol au plafond, toute fraîchement restaurée. Le chœur, avec ses magnifiques colonnes rouges, toutes les fresques, les étoile des voûtes, tout est neuf, ça vaut le coup d’œil, tu verras. Elle m'avait chauffée à blanc, je trépignais d'impatience, ni une, ni deux, nous y sommes allées... Mon amie virevoltait dans tous les sens, agitait les bras, nous montrait ceci ou cela avec enthousiasme, j'avais à peine le temps de prendre des photos, comme elle, je sentais monter en moi la fébrilité de l'instant, à la vue de toutes ces beautés... Une merveille, un ébahissement, une étreinte, une émotion forte, du jamais vu, les lumières extraordinairement douces et bien dirigées,  créaient une grande intimité avec toutes les couleurs. Le peintre venait de poser ses pinceaux, se lavait les mains pour les siècles qui viendraient, mes amis j'ai terminé pour aujourd'hui ! Il n'a pas pu finir son oeuvre, des pans entiers de murs, bien crépis resteraient vides pour l’éternité. Hippolyte Flandrin (1809-1864), élève de Ingres, Premier grand prix de Rome en 1832, exécuta les peintures de l'église (1842-1864), il mourut de la variole à 54 ans, son frère Paul Flandrin termina le travail engagé...

Mon amie avait amené une amie à elle, ce qui fait que nous sommes vite devenues trois amies, notre joie de la découverte était visible... Nous vivions un beau moment !



Des colonnes à la voûte céleste, la restauration a fait merveille

L'église Saint-Germain est la plus ancienne des grandes église parisiennes. Le chœur actuel est du 12e siècle. "La restauration consista majoritairement en un simple nettoyage, une épaisse couche de crasse  recouvrait tout l'édifice, ce grand lessivage suffit à redonner à l'église ses couleurs d'origine, les fresques, le chœur, les voûtes étoilée de monsieur Hippolyte Flandrin (nous explique un technicien de l'église très au fait des travaux) sont telles que l'artiste les avait créées, les fresques ont été faites à la cire, les couleurs étaient mélangées à la cire, une technique découverte à Rome par l'artiste, très adaptées à l'humidité du nord de la France... Les vitraux ont été exécutés sur les cartons de Flandrin".


L'Abbaye de Saint-Germain au 17e siècle

"Le XVIIIe siècle est marqué par le « règne » de Louis de Bourbon-Condé (1709-1771), comte de Clermont, prince du sang, cousin germain et filleul de Louis XV. En 1715, Henri III de Thiard, cardinal de Bissy, évêque de Meaux, devient abbé commendataire. Il fait ouvrir plusieurs rues dans le sud de l'enclos (rue d'Erfurthrue Childebertrue Sainte-Martheplace Saint-Germain-des-Prés), afin d'y faire bâtir des immeubles de rapport, suivant le dessin de l'architecte Victor-Thierry Dailly. À sa mort en 1737, l'abbaye et tous les biens en dépendant se trouvaient dans un bien triste état". Merci Wikipedia !

À la Révolution, les restes de l'abbaye sont vendus à un particulier, pour une somme dérisoire.


Bon, assez d’histoire, même si elle est passionnante, reportez-vous à Wikipedia, vous en saurez beaucoup plus... L'histoire de cette abbaye est très longue et accidentée, les œuvres sont à découvrir, vous n'aurez pas assez de plusieurs visites pour tout admirer et déchiffrer, j'y suis retournée depuis, et je ne vais pas manquer de poursuivre mes recherches et mes émerveillements...



Statue de la Vierge dans le déambulatoire, une présence dorée à l'or fin !



Détail

Je n'ai pas réussi à capter la douce brillance de la dorure ancienne, j'avais l'impression que le tissu bruissait dans son or patiné et coulait sur le corps de la Vierge comme un miracle !


La chapelle Saint-Symphorien (tout de suite à droite dès l'entrée de l'église)

"La chapelle Saint-Symphorien a été bâtie sous l'abbé Morard, en même temps que le clocher-porche, et sans doute un peu avant la nef, à la fin du xe siècle. Cette chapelle est d'une grande simplicité, et sa luminosité contraste agréablement avec l'ambiance sombre de la nef. C'est aujourd'hui un lieu de prière et de recueillement, à l'abri des flux de touristes qui flânent incessamment dans l'église. Plus aucune trace ne subsiste à l'intérieur des travaux de 1619, qui ont porté sur une restauration, mais aussi sur une adaptation de l'aménagement intérieur au goût du jour..." Encore merci Wikipedia... L’atmosphère contemporaine de la chapelle, sobre et belle, convenait au silence et au recueillement, justement ce jour-là se préparait un enterrement, les fleurs affluèrent et les curieux laissèrent la place aux familles...


Veduta


Veduta : les splendeurs de cette église,  sculpture en pierre de la Vierge à l'enfant très ancienne, à gauche


Une fresque très douce du chœur - Hippolyte Flandrin -1809-1864


Détail du chœur

Combien de fois suis-je entrée dans cette église avant la restauration, sans couleur, sans lumière, sans grandes sensations... Comprenez-vous pourquoi cette église vaut le détour,  il faut y venir en semaine de préférence, il y a moins de monde... Pas loin de la place Furstenberg et de l'atelier d'Eugène Delacroix, il faut prendre tout son temps pour venir par ici, prochainement la sortie sera pour l'atelier du peintre...


L'église Saint-Germain-des-Près


La Place Furstenberg, l'atelier Delacroix est au fond, prochaine visite...

La lumière du jour baissait, petit à petit nous rentrions dans ces instants de bleu-argenté, pailleté, transparent, brillant, où les lumières artificielles deviennent des mystères, où l'on ne fait presque plus de différence entre le dehors et le dedans, entre chien et loup... Il faut se trouver dehors à ce moment de la journée, juste avant que la nuit vienne tout assombrir et nous égarer...

La boutique de la fleuriste est devenue un petit champ de fleurs, un tableau ancien, une nature morte... Un mystère, je me suis approchée, les lumières dorées révélaient des beautés insoupçonnées...







Le champ de fleurs...

Nous avons terminé la promenade dans un beau café, bien au chaud, chocolats et thé brûlant, 
et nous avons poursuivi les histoires de nos vies, toujours pleines de paroles réconfortantes...

Stéphan Zweig :



 Les découvertes passionnantes

Bien sûr, nous sommes exactement à l'époque des cadeaux, des souhaits, des douceurs, des bons repas, certains sont d'humeur chafouine, ou très malheureux, d'autres dansent jusqu'au matin et s'embrassent... 

Une de mes amies m'a fait un joli cadeau, un petit livre de poche de Stephan Zweig"Le joueur d'échecs". 100 pages que j'ai lues au compte-gouttes, je ne vais pas savoir traduire l'effet qu'il produisit sur moi, j'avais oublié cet écrivain, ce grand écrivain, chaque page fut une révélation, tout y était admirable, le ton, le style prodigieux, le récit passionnant, le développement de la structure narrative, l’ascension du suspense. Il crée une courbe ascendante au récit qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page. Les descriptions synthétiques sont puissantes, elles balayent le superflu, chaque mot compte, aiguisé comme un couteau ou léger comme une plume. Cette créativité sans cesse renouvelée pour décrire une situation, je l'ai rencontrée avec Maupassant (un de mes écrivains favoris), quelque fois même je me disais, il va beaucoup plus loin, il émeut et diffuse à travers ses personnage des émotions si fortes que je devenais les personnages, je comprenais les hésitations, les angoisses, les sueurs sur les fronts, j'étais émue, Stefan Zweig me touchait entièrement, profondément, comme certaines œuvres d'art très fortes pouvaient le faire, il est unique, un conteur exceptionnel, profond, attentif aux moindres sentiments très contrastés, la crainte, la frayeur ou la joie. Nous avons tous notre fouillis mental, nous avons tous nos pensées indécortiquables, et nos lectures nous permettent quelquefois de voir plus clair en nous, nous rencontrons les mots qui nous aident, nous émeuvent, nous font vivre intensément. S. Zweig fait les choix décisifs avec la  précision d'un chirurgien, les déchirures, les angoisses et le bonheur, nous les sentons vivre dans les personnages, nous pouvons nous identifier à chacun d'eux, les phrases ressemblent à mes battements de cœur.. J'ai rencontré des personnes qui avaient le même pouvoir, trouver les mots justes... Pour vous...

100 petites pages,  je ne voulais pas les lire d'un coup, je faisais comme j'avais fait pour lire Belle du Seigneur d'Albert Cohen, j'allais très lentement, j'aspirais les points et les virgules, j'étais heureuse de voir que le livre, très épais, n'en finissait pas, pourvu que ça dure, pourvu que mon éblouissement demeure jusqu'au bout... J'ai vécu 850 pages de bonheur !

J'ai dégusté Belle du Seigneur comme une gourmandise, quelque fois même je lisais un soir sur deux pour garder en réserve des pages et des pages d'absolue beauté...

J'ai fait pareil pour Le joueur d’Échecs, seulement 100 pages, il faut beaucoup se retenir pour les faire durer, à la fin de ce grand livre, j'ai foncé à la bibliothèque faire mes provisions, j'avais tout à lire, relire de fond en comble, j'ai emprunté le recueil "Peur" composé de 6 nouvelles, le titre du livre est aussi celui de la première nouvelle, les frayeurs de l’héroïne, je les ressentais ! Le style de Zweig me faisait venir les larmes aux yeux, quel talent ! Une traduction reste-t-elle un peu en dessous de l'original ? Aurais-je pleuré à chaudes larmes si j'avais su lire l'allemand ? Il me reste 5 nouvelles à découvrir... Pas trop vite... Chantait Juliette Gréco !

Amis, je vous laisse j'ai fort à lire...

Je garde encore des choses à vous dire dans le désordre, mais je vais faire un petit voyage en Avignon... J'emporte le recueil de nouvelles...

Attendez-moi, je reviens.

6 commentaires:

Marie Claude a dit…

Jamais vu de telles" peluches",elles sont superbes,j'imagine bien la tête de la brocanteuse.
Cette église quand j'y suis allée n'était pas restaurée,j'espère que j'aurai la chance de la revoir si belle!
J'aime ce quartier,ce magasin de fleurs est plein de charme;
Ah "le joueur d'échec",magnifique souvenir de lecture,une belle découverte cet écrivain.
J'ai depuis longtemps à lire "belle du seigneur" il faudrait bien que je me lance,je lis tellement d'avis différents sur ce roman.
Bon séjour en Avignon,tu dois être heureuse de retrouver ta famille.
De grosses bises du soir

Danielle a dit…

Merci Marie Claude, j'espère oui que tu pourras revoir l'église St Germain qui va devenir la petite coqueluche du quartier :-)

Oui, quelle belle découverte que cet auteur, je poursuis ma découverte...

Belle du seigneur, un GRAND LIVRE!!!! Je t' y encourage... Fonce...

Je suis en Avignon et je suis contente...

Je t'embrasse très fort.

Brigitte a dit…

Oui oui je vais t'attendre bien sûr . Oh ces peluches... quelle surprise !
Et l'église une merveille encore une que tu nous fais découvrir avec un enthousiasme, un émerveillement renouvelé.
Bonne lecture doucement ,lentement pour en apprécier chaque mot et chaque tournure .
Beau séjour en Avignon .
Je t'embrasse avec un soleil doux

Danielle a dit…

Merci Brigitte, Merci de m'attendre :-))

Tout me fais plaisir dans ce que tu me dis...

Ici en Avignon, il fait froid et gris, mais c'est un beau séjour...

Je t'embrasse fort.

ELFI a dit…

je me rappelle d'un film avec curd jürgens ...je pense dans les années 60.. sur le joueur d'échecs de stefan zweig.. inoubliable ... bisous

Danielle a dit…

Ah oui ! il faudrait que je recherche ce film à ma médiathèque, mais le livre est extraordinaire...

Je t'embrasse fort Elfi