samedi 8 décembre 2018

En Avignon, la belle rue des Teinturiers fait très mal aux pieds !


Avignon, la belle rue des Teinturiers

Cette rue constitue une des plus belles promenades de la ville : de très grands platanes anciens la jalonnent le long de la Sorgue (alimentée par les eaux de la fontaine de Vaucluse), où l'on peut encore voir quelques roues à aubes (4 visibles, sur 23 en 1817). Elles témoignent de son passé d'intense activité industrielle, liée au textile et aux cuirs (teinturiers, garanciers, soyeux, tanneurs, corroyeurs...), florissants entre les XIVe et XIXe siècles. Une association encourage aujourd'hui la  restauration de deux roues restant encore à l'état de squelette.


Le petit pont encore bien arboré en novembre


Les roues qui tournent toujours au gré de l'eau


Projet participatif  pour la restauration de deux roues



Vestige de l'église et son clocher (14-17e siècles)

Ici s'élevait au 13e siècle le couvent des Cordeliers, reconstruit, aménagé, arrangé de siècle en siècle, qui disparaît finalement en 1806. Subsiste aujourd'hui les ruines de son église, aux grandes dimensions, du 15e siècle. Ultime vestige de l’église où fut inhumée Laure, l’éternel amour de Pétrarque.

L'été, en juillet, pendant le festival d'Avignon, le coin est noir de monde, théâtres, commerces de bouche, artisans, friperies, touristeries, travaillent à plein... C'est leur saison !

Quel plaisir cependant de circuler dans la rue au mois de novembre, presque tous les théâtres sont fermés, les cafés et quelques petits restaurants maintiennent leurs activités à l'intérieur. La beauté et le calme de la rue, les ombres, les lumières tamisées du petit soleil d'hiver qui passe dans les arbres, incitent à la flânerie, pas de voitures, à peine des vélos... Des piétons, des piétons, des piétons et des promeneurs de chiens : comme je promenais celui de mon frère et ma belle-sœur, c'est fou ce que j'ai pu discuter "chiens" avec leurs propriétaires ! Comme il est mignon (c'est vrai), on me demandait son âge, son genre, je le savais à peine, ils se montaient les uns sur les autres, et quelques fois même la partie devenait totalement inégale, les gros essayaient de monter les petits... Faites donc attention avec votre gros chien madame, j'en ai un peu peur ! Ce qu'elle fit volontiers, en réduisant la longueur de la laisse. Ce n'est pas l'amour immodéré que j'ai pour les animaux de compagnie qui me caractérise, je suis restée très longtemps terrorisée par un simple matou qui tentait de frôler ma jambe, ou qui me regardait droit dans les yeux, les chats noirs me faisaient franchement peur et je les fuyais illico. En vacances, à la campagne, je faisais des kilomètres à pied pour contourner, échapper aux assauts d'un chien qui habitait près de ma location, j'entendais ses aboiements dès je passais au loin, un gros chien de garde qui sautait partout, une peur panique me paralysait des pieds à la tête. Finalement, le temps passant sur ma phobie, c'est seulement vers la quarantaine que j'ai pu faire ami-ami avec une chatte de gouttière choisie par mes enfants, ils étaient allés la chercher chez un "donneur de chats" dans le quartier ! Nous l'avons gardée vingt ans, en parfaite santé, tout le monde l'adorait et la voulait sur ses genoux, la chatte entretenait les jalousies en ronronnant sous nos caresses, c'est moi qu'elle aime le plus, non c'est moi,  nous avons pris des tonnes de photos !

Après sa mort, je n'ai plus jamais repris d'animal, et les enfants devenus grands, s'en sont vite consolés, mais notre chatte reste dans nos souvenirs familiaux avec tendresse. Ma maman la regardait d'un sale œil, elle avait vu les grandes traces de griffes sur les côtés de mon canapé en velours dont elle avait financé la remise à neuf ! Moi, j'en avais finalement pris mon parti, mais pas ma maman... Après la mort du chat, j'ai fait recouvrir le canapé d'un nouveau tissu, splendide ! 

J'allais donc avec le petit chien familial d'Avignon, dans la rue qui faisait mal aux pieds, comme si de rien n'était, sans peur et sans reproche ! Totalement guérie depuis de nombreuses années de ma peur, je ne le voyais même pas entortiller sa laisse autour de moi... Dangereusement...


La roue tourne


Les nœuds du platane

Mais revenons à notre rue, historique, il suffit de levez le nez ou de regarder en biais, de sortir son appareil photo ou son téléphone, "clic clac Kodak". Chaque coin de la rue vaut le déplacement...

La tranquillité de cette rue nous permet d'imaginer avec difficulté aujourd'hui les bruit d'autrefois, la pollution, la saleté, les tourbillons sonores qui devaient s'échapper de toutes les portes, fenêtres, roues en action,  cris, avec les nombreuses fabriques qui traitaient les textiles (soie, coton, chanvre) et les cuirs de toutes nature. Sans compter les carrosses, puis les voitures... Les chiens, les chats, les cochons sans doute, et bien d'autres passagers d'époques !

Plus loin dans la rue, la maison gothique du IX de chiffre, avec son mur crénelé, ses gargouilles et ses petites échauguettes, reste encore énigmatique, personne ne sait d'où elle vient, les historiens ne sont pas d'accord sur son origine (15e siècle). Pendant le Festival, la maison des associations se transforme en théâtre, on tire les rideaux, en avant la musique, asseyez-vous, et regardez comment va le monde... Réfléchissons ! J'aime bien le théâtre quand il va comme ça... Les histoires d'amour, de familles, j'aime bien aussi... Réfléchissons ! Émotionnons-nous !


La belle énigme du Quatre de Chiffre


Maison de Jean-Henri  Fabre, naturaliste-entomologiste (19e siècle)

Le célèbre artiste plasticien Belge Jan Fabre, qui prétend descendre de son parfait homonyme (Jean-Henri), l'illustre enseignant-chercheur, homme de science, instituteur, naturaliste, écrivain, compositeur... Est actuellement accusé par vingt ex-salariés de sa compagnie Troubleyn de gestes déplacés, de brimades, voire de harcèlement et chantage sexuel... Affaire à suivre. J'espère qu'il est innocent, car j'aime beaucoup son oeuvre protéiforme, magnifique ! Jan Fabre et sa troupe ont rapidement répondu à ces accusations, déplorant « un procès public injuste » mené dans les médias « sur la base de témoignages et d'allégations difficilement vérifiables » (Télérama septembre 2018). Bigre, attendons la fin...

Le décor d'une fenêtre m'a surprise : j'ai levé les yeux sans regarder mes pieds, étonnée !


Deux belles croix en fer forgé veillent sur  la maison

Plus loin, la Chapelle des Pénitents Gris, fondée au 13e siècle, un peu étrange, avec un fronton, qui me fait penser à la vêture du KKK américain, ces silhouettes m'intriguent, finalement les offices dans cette chapelle, après observation personnelle, sont peut-être un peu plus ferventes, intégristes qu'ailleurs ? Je ne suis pas suffisamment au fait des pratiques de cette chapelle pour avoir un avis. J'ai appris que du 13e au 16e siècle, il y eut sur Avignon un arc-en ciel de Pénitents : Bleus, Rouges, Violets, Gris, Noirs...


La chapelle des Pénitents Gris


La chapelle des Pénitents Gris (13e siècle), et ses pénitents un peu inquiétants

Oui, Danielle, avançons, avançons, pourquoi as-tu mal aux pieds dans cette belle rue historique ?


Le pavement de la rue des teinturiers

La belle rue historique est pavée de bonnes intentions avec les beaux galets de la Durance, chaque pas est un supplice, il faut avoir des semelles très épaisses, ou des pieds jeunes et frais, pour pouvoir supporter la rugosité de  la promenade. J'ai donc dû chercher un itinéraire bis, plus plat, pour mes pauvres pieds, une petite rue parallèle beaucoup moins belle, pleine de voitures, sans aucun intérêt historique... Au loin, un grand beau  platane fit enfin irruption dans cet itinéraire vert, le grand éclat de soleil me permit de le saisir dans toute sa lumière frissonnante...


Stationnement, voitures et platane illuminé sur itinéraire bis

Finalement, c'est très bien chaussée que je peux affronter sans souffrir les galets de la Durance, retrouver les douceurs du paysage, les boutiques ouvertes ou fermées, les restos, les petits bars, les propriétaire de chiens, les sites historiques, la douceur des platanes, le glouglou de la Sorgue, et les tourniquets des quatre roues à aube...

Dans la vie, certains chemins que nous prenons qui nous paraissent : beaux, puissants, enthousiasmants, lumineux,  nécessaires, peuvent aussi nous faire souffrir... Alors, comme les galets de (l'en)Durance, les chemins de traverse deviennent indispensables pour avancer...

Ah ! Les amis, n'oubliez pas vos bonnes chaussures de marche pour déambuler dans la rue des Teinturiers, attention, pieds fragiles s'abstenir... Seuls les jeunes gens légers volent sur les pavés sans se blesser... Quelle chance !

La prochaine fois, je reprends l'histoire de mes petits cailloux... Je vous y attends !

8 commentaires:

Gine a dit…

Quelle histoire! Tu nous embarques à travers la grande Histoire en ne perdant pas de vue la petite et j'ai adoré me balader dans ta compagnie. J'aurais envie de redécouvrir Avignon que je n'ai plus visitée depuis si longtemps!
Merci et bon dimanche!

Danielle a dit…

Merci Gine pour ta balade avec moi, sur les petites et les grandes histoires...

Je suis contente.

Bises très pluvieuses du jour.

siu a dit…

Une bien belle balade... pourvu qu'on ait aux pieds des bien bonnes baskets!

Merci encore une fois Danielle, pour tes belles photos et tes récits si agréables à lire.

Gros bisous du dimanche!

Marie Claude a dit…

Promenade bien agréable dans cette si jolie rue,heureusement que tu n'avais pas mis "tes louboutins"...

Merci pour le partage avec tes photos réussies de si beaux endroits!
J'aime cette maison de Jean Henri FABRE.Par contre je connais pas ce plasticien homonyme,je vais aller consulter sur Internet.

Bisous "pluvieux" d'après midi.



Danielle a dit…

Merci Siu, vive les baskets pour les galets de la Durance...

Passe un bon dimanche où que tu sois.

Bises fortes du jour.

Danielle a dit…

Marie-Claude impossible pour moi les Louboutin, trop casse gueule...

Oui, tu risques de découvrir un grand artiste avec Jane Fabre...

Bonnes découvertes...

Oui, bises grises de cet après midi.

Brigitte a dit…

Quelle jolie balade tu nous offres et sans maux de pieds !Des photos superbes et même si je connais un peu Avignon je découvre de nouveaux endroits avec toi
Belle fin de soirée ,je t'embrasse

Danielle a dit…

Merci Brigitte de ton accompagnement et heureuse si je t'ai redonné le goût de revoir des bouts d'Avignon.

Passe une très bonne soirée, je t'embrasse fort du soir.