mardi 8 mai 2018

Suboth Gupta au musée Conti à Paris



Adda - 2018 - Suboth Gupta (1964)

"Adda" (bien que difficile à définir) veut dire en hindi : lieu de rendez-vous culturel, lieu où les gens se rassemblent pour discuter de leurs idées de façon détendue, lieu propice aux dialogues. J'y ai vu également un arbre à palabres africain. C'est vrai que l'on a plutôt envie de s'y asseoir à l'ombre pour discuter du monde...

Dressée au milieu de la grande cour du musée Conti, l'oeuvre est magnifique. L'acier inoxydable des ustensiles de cuisine miroite sous le soleil, on a tout de suite envie de se précipiter sur l'expo tellement c'est beau !

Ce que je fais... Petite discussion à la caisse pour prendre mon billet, l'entrée coûte 14 euros, ce qui est très cher. La dame à côté de moi est de mon avis, nous rouspétons en chœur : vous ne faites plus de prix pour les seniors ? Non, madame ! Bon, un billet, s'il vous plait. Petit à petit, le terrain des expositions se réduit pour moi sur Paris, entre 14 et 15 euros, c'est trop ! Restent les galeries, et heureusement les collections permanentes des musées de Paris, certains restent payants, pour tous, les expositions temporaires sont payantes.

La mauvaise humeur passée, je fonce au premier étage admirer les œuvres pas assez nombreuses à mon goût de Suboth Gupta. Artiste indien né en 1964, vit et travaille à Delhi. Je me souviens d'une exposition qui s'appelait Paris Delhi-Bombay, en 2011 au centre Pompidou, qui m'avait enthousiasmée. Suboth Gupta y était présent avec des installations d'ustensiles de cuisine, des merveilles, il y avait une foultitude d'artistes indiens et français, à se lécher les babines de plaisir... Depuis l'année 1990, le matériau inoxydable est sa matière de prédilection, car elle représente la vaisselle présente dans tous les foyers de l'Inde, même si tous n'ont pas les moyens de la remplir, un énorme paradoxe... L'abondance et la rareté !

Au musée Conti, Suboth Gupta revient avec des objets de la vie quotidienne : timbales, bouteilles, plats, simples ustensiles de cuisine, on y voit aussi des œuvres plus anciennes, comme des objets évoquant le voyage, l'immigration (vélo, bagages, chariot à roulette...). Il se sert de toute cette "batterie" de la vie quotidienne, pauvre et ordinaire, comme d'une voix de création, un nouveau langage qui magnifie, transforme, et métamorphose le quotidien quand il le coule dans le bronze doré. Il élève ainsi ces objets rares et prolixes, en statue, arbre, décor, vidéos, sculptures de toutes sortes, tête de mort... Oeuvres d'art... Les titres qu'il donne à ses œuvres achèvent la transcendance...


Les deux vaches (Two cows) Suboth Gupta (1964) - 2003-2008


Détail


J'ai beaucoup aimé l'association de la pirogue et des grands pots à eau, et le titre nous rappelle le retour à la source...


L'eau est dans le pot, et le pot est dans l'eau - 2012 - Suboth Gupta (1964)


Dessous


Dessus


Dedans

Le travail d'accumulation, de suspension, d'agrégation, est magnifique, l'installation fonctionne exactement comme une sculpture, il faut la voir de tous ses côtés, il faut circuler autour, comme l'eau circule entre les pots, avec la même surprise, et à chaque fois s’extasier. C'est exactement ce que j'ai fait, je me suis laissée prendre à cette poétique de l'évocation... J'y voyais aussi des grelots, des grains de grenade, un fruit juteux qui contient de l'eau... J'en aime beaucoup l'harmonie, l'osmose chromatique, tous ces objets s'épousent parfaitement, sans perte de sens.

Bien sûr le voyage, la couverture roulée, l'immigration est toute entière contenu dans ces signaux de départ, je peux imaginer toute la maison du voyageur pliée en quatre pour rentrer dans les valises... Le bronze donne du poids, du grandiose à tous ces départ obligés vers l'exil... Solitude du chariot rempli de valises et d'émotions...



Suboth Gupta (1964)


Suboth Gupta (1964)


Et puis bien sûr, le parcours se termine par cette immense vanité, faite d’ustensiles nickelés.


Very Hungry God (Dieu insatiable) - 2006 - Soboth Gupta (1964)


Cette énorme tête de mort restera une question, une énigme, un avertissement, une vérité pour le visiteur, suivant sa culture, ses croyances, son imagination, la fin ou le commencement... Ou y verra-t-il son autoportrait, comme moi ? Suboth Gupta suggère encore l'abondance, l’opulence opposée à  la faim, la mort... Sans doute !

Je file à l'anglaise en Avignon, revoir le ciel bleu et le petit jardin plein de moustiques tigre ! À très bientôt les amis...

8 commentaires:

AnnaLivia a dit…

Tiens un musée parisien que je ne connais pas... Cette tête de mort n'a-t-elle pas déjà été sur le grand canal devant le palais Grassi?
Merci pour cette visite Danielle!
Bonne escapade!
Bises

Danielle a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Danielle a dit…

Merci pour ta visite AnnaLivia, voilà encore une occasion de revenir à Paris :-))
Je ne sais pas du tout si cette oeuvre est passée sur Venise...

À très vite et grosses bises du soir.

Marie Claude a dit…

Une belle découverte de cet artiste que je ne connaissais pas,très originales ces oeuvres et pleines de réflexion...
Ce musée est inconnu pour moi aussi,effectivement le prix d'entrée est élevé!!
Beau séjour à Avignon,certainement de beaux billets à venir.
Profite de ta famille.
Bises du matin

Brigitte a dit…

Bon séjour en Avignon !
Bises

Danielle a dit…

Merci tout plein Brigitte ! Il fait très beau !!!

Bises fortes du jour.

ELFI a dit…

fabuleux billet, je voulais voir l'expo , mais c'était fermé... lundi de pentecôte !
bises

Danielle a dit…

Chère Elfi, tu rencontrera sans doute un jour Gupta... je te le souhaite.
En attendant je t'embrasse fort