vendredi 18 mai 2018

Les cartons du déménagement... En Avignon


Légumes nouveaux de la ferme d'à coté d'Avignon, sur l’île de la Barthelasse

Vous le savez, mon frère et sa femme vont déménager... Ils vont quitter la grande maison extra-muros d'Avignon, et le petit jardin plein de moustiques tigres... Le grand figuier montre ses dents, elles sont là, les nouvelles figues de l'année, elles arrivent à pas de loup, elles sont déjà violettes, j'ai compté, il y en a suffisamment pour faire une tarte qui pourrait régaler 10 personnes...  Il suffit d'attendre. Ce sont les locataires suivants qui vont se lécher les babines...

Mais voyons, tu le sais bien, Danielle, maintenant il y a le bruit du voisinage qui vient des nouvelles constructions, on entend, les rires et les disputes, la musique et les crissements des pneus, la ville étend ses bras jusqu'ici... Avant... C'était la campagne, tout y poussait paisiblement, dans le silence... Et puis, nous irons les cueillir dans de nouveaux jardins, ceux de nos amis qui seront bien contents de ne pas en laisser perdre une seule, quel propriétaire n'est pas malheureux de voir ses figues s'écraser au sol ? Nous ferons toujours la confiture du matin qui a des petits grains qui se coincent sous les dents, mais que l'on aime tant...

Mais voyons, tu le sais bien, Danielle, maintenant il y a les moustiques qui nous attendent à la sortie, du matin au soir ils sont là, ils guettent le client qui est sorti sans révulsif...


Légumes de la ferme (2) Agriculture raisonnée... seulement !

Dès hier en arrivant, j'ai vérifié, ils étaient là, je me suis fait piquer aux mains, aux pieds, dans les cheveux, nous étions toujours au moins deux... C'est vrai, il faut partir, c'est une bonne raison... Un paradis peut vite devenir un enfer, ce n'est plus comme l'envers qui valait l'endroit, ce n'est plus du tout doux comme de la soie... On dresse l'oreille au moindre bruit, pourtant c'est le printemps dans les arbres, les fleurs, ils s'en foutent de nos angoisses, de nos questions de nos hésitations, ils sont solides ils ne pensent qu'à se faire beaux, ils se préparent pour la beauté annuelle, comme d'habitude... C'est nous qui pleurons...

Mais voyons, Danielle, tu le sais bien, un déménagement, c'est une nouvelle vie, des projets, des enthousiasmes nouveaux, un nouveau départ, allez, remplissons les cartons, les petits pour les petites choses, les gros pour le reste, oui, remplissons... Il y a autant de place là-bas... Ils y seront très bien.

Alors, j'ai rempli les petits, déplacé les gros, nous étions heureux de nos nouveaux travaux manuels, mon frère dit que le temps passe vite, qu'il ne faut pas perdre de temps, qu'ils auront juste le temps avant le nouvel avenir, la nouvelle vie. Le festival d'Avignon, pas question de ne pas y aller, ils vont tout laisser tomber : le papier bulle, les rouleaux de Scotch, les paires de ciseaux, et les papiers journaux, attention à l'escabeau, laissez tomber le rangement, pour courir dans tous les coins de la ville voir les rideaux rouges se lever sur les histoires du monde...


Légumes de la ferme (3), fraises pas très sucrées encore

Mon frère a tant d’œuvres à emporter, nous avons démonté une à une ses vanités, éparpillé, déboulonné tous les petits objets qui les composaient, on a enfermé précieusement la philosophie... Les globes de cristal, vides, sont devenus des yeux morts... Mon frère dit souvent ça de quelqu'un qui ne sait pas regarder les objets d'art, même s'il a étudié l'histoire de l'art depuis des années, il peut avoir des "yeux morts" quand même, il n'éprouve pas pour autant de discernement, d'émotion, il ne sait pas sentir, voir avec sensibilité, il ne connaît que l'histoire... Il ne raconte que des histoires...


Vanité -Yves Boussin

Faites très attention à cette coupe de cristal, très fragile et ancienne, j'y tiens beaucoup... D'ailleurs, il l'enveloppe lui-même dans un énorme morceau de papier bulle, l'entoure de bandelettes comme une momie, la retourne pour l'emmailloter complètement, et vlan, il la lâche sur la table, un petit choc, un grand cri, ZUT ! La voilà en miettes, ruinée la coupe, enlevé c'est pesé, elle est foutue, juste bonne pour la poubelle ! Pour le consoler, nous avons vite trouvé de solides arguments, ma belle-sœur et moi : prends de la distance, y'a plus grave dans la vie, vous en retrouverez une autre, et puis imagine si tu ne l'avais pas enveloppée comme un bébé, tu aurais mis du verre partout, tandis que là, rien de plus simple à ramasser, même pas besoin de balai, c'est propre... Mon frère a ri et nous aussi... Pour finir avec humour à la fin il dit : elle est vraiment bien cassée !


Légumes (4)

Le mur des cartons commence à monter, les choses s'entassent délicatement... Un peu comme dans nos appartements, nos maisons de ville et de campagne, nos mémoires. Nous les gardons, on ne sait jamais, nous les gardons, nous n'arrivons pas à nous en défaire, nous les gardons, nous les avons toujours vues là, nous les gardons en souvenir, nous les gardons, on verra demain, nous les gardons, ça peut servir... Nous amoncelons aussi sur nos murs, nos tiroirs, nos placards, dans toutes les pièces, en nous disant quelque fois, il faudra que je trie,  range, donne, jette, et nous ne le faisons jamais...

Tout le jardin s'est mis à devenir plus vert, plus tendre, plus indispensable, la guirlande de lumière, le grand laurier, le salon de jardin, les plantes, les fleurs, les herbes... C'est vrai que l'on entend beaucoup les voisins, leurs nouveaux voisins de l'immeuble d'a coté...


Le fauteuil abandonné au fond du jardin repris par la nature


Dès l'entrée le vieux banc abandonné, ils partent...


La guirlande de lumière ne scintillera plus devant le grand laurier


Premières et dernières fleurs de jasmin du jardin


Les vanités qui se trouvaient sous les globes sont déjà dans les cartons... Elles partent ailleurs !

En ville, la vie leur sera plus facile...

Les anecdotes que nous aimons :

Ma belle-sœur cherche toujours ses affaires : son sac, ses clés, son téléphone, la télécommande, son porte-monnaie, la laisse du chien... Riez... Dans une grande maison, ce n'est pas facile, il y a tellement de coins possibles pour poser ses objets, trop de chaises, trop de fauteuils, trop d'étagères, de tiroirs, de tables. À un moment, elle disait : où j'ai mis ? ... On tournait alors dans toutes les pièces, la recherche se faisait souvent avant de sortir, ce qui fait qu'on finissait par s'énerver un peu... Alors je disais : je vais voir. Au bout de très peu de temps, je trouvais l'objet avant tout le monde, ma belle-sœur m'a dit au dernier sac retrouvé : ne nous quitte pas, Danielle... Nous en avons tellement ri... Moi j'avais pris plaisir à ce Colin-maillard des objets, c'était un petit défi, j'en sortais toujours un peu triomphante ! Elle perd aussi souvent sa carte bleue, elle faisait tout de suite opposition, ma belle-sœur est très efficace... Et la retrouvait immédiatement après sous un vêtement, une serviette, sur le bureau, une chaise, sous le clavier de l'ordinateur, jamais au même endroit, forcément c'est pas facile...... Il fallait  donc réapprendre le nouveau code, c'est tout ! Elle est comme ça, elle est étourdie... Et puis dans les cartons du déménagement, il y a de quoi s'y perdre, mais je crois quand même qu'elle égarait tout, même avant le déménagement... Chut !!!...




Ma belle-soeur change de collier tous les jours, elle est comme ça, elle en assortit la couleur avec ses vêtements, c'est très beau, très réussi, d'autant que tous ses colliers, c'est moi qui les ai confectionnés, et je suis très fière qu'elle les aime, comme tout le monde, elle a ses préférés... Chaque fois que je trouve de jolies perles qui me font de l’œil, n'importe où je me trouve, je les achète en prévision d'un nouveau joli collier à faire pour elle... Quelques fois même, elle en change deux fois par jours si elle est invitée, si elle sort, elle se fait de plus en plus belle... Donc forcément, elle change de collier...


Les colliers

Mon frère n'aime pas la nature, c'est un homme des villes, quand il se retrouve en plein jardin, en plein champs ou en plein paysage, il dit : "tout est hostile autour de moi, tout m'attaque". Nous en rions, bien sûr, mais c'est vrai ! Pour le nouvel appartement, nous avions l'idée ma belle-sœur et moi de végétaliser le mur de la petite loggia avec des tas de plantations aromatiques : fines herbes, basilique, thym, romarin, persil, mon frère qui nous entendait de son coin se mit à sourire, nous avons tout de suite compris qu'il se moquait gentiment de nous. Vous l'avez compris, il ne se passionne pas pour la nature, ce n'est pas un homme des bois, il aime mieux être devant son chevalet...


Le grand platane de la ville

Mon frère grignote avant le repas (presque toujours) :

Une rondelle de saucisson par ci, un bout de fromage par là, un morceau de rillettes, sympa, un bout de jambon qui traîne, avec du pain... Mais voyons, lui dit ma belle-sœur (presque à chaque fois), ne fais pas ça, tu sais bien que c'est mauvais pour la santé, tu n'auras plus faim ensuite pour le repas, tu vas prendre du poids, etc... Mon frère s'en fiche complètement, il n'entend rien, il continu de grignoter avec un tel plaisir que nous ne disons (presque) plus rien... Il est comme ça, il grignote !




Fromages, saucissons... (photo empruntée sur internet)

Comme d'habitude, je ne sais pas ce qui viendra après... Il faut que j'ouvre les yeux, les oreilles... À très bientôt, chers amis.

10 commentaires:

Brigitte a dit…

Un déménagement est un grand changement forcément ! Belle installation à ton frère et ta belle soeur dans leur nouveau chez eux ! Elle est comme mon homme qui cherche toujours quelque chose ... Son téléphone, sa carte bancaire, ses clefs...mais qu'il finit toujours par retrouver lui-même .
Profitez bien les uns des autres, je crois que c'est le plus important.
Plein de bises ensoleillées

siu a dit…

Quand on lit ton article et on regarde tes belles images c'est comme si on était devant l'écran d'un beau film, chère Danielle... on sourit, on regrette, on s'amuse, on réfléchit... tout comme si on était là, avec toi.
Et pour finir je ne peux que partager l'avis de Brigitte sur l'importance pour vous de continuer à bien profiter les uns des autres...

Gros bisous du vendredi soir!

Danielle a dit…

Bien sûr Brigitte, je crois aussi que le plus important c' sont ces moments de partages et tous ces bavardages... Nous avons bien profité des uns des autres, oui...

Je t’embrasse fort du soir. Bon WE qui arrive.

Danielle a dit…

Siu, merci d'être à coté de moi, j'aime ça !
Oui, oui, oui profitons, profitons, le temps passe si vite.

Gros bises du soir à très vite.

Marie Claude a dit…

Un déménagement qui s'est déroulé dans la bonne humeur.
Je n'ai pas pu résister de rire à ton récit pour la coupe de cristal si chère à ton frère...Effectivement il y a des choses plus graves...
De bons moments de partage précieux!!!
Bon dimanche à toi Danielle
Bisous ensoleillés du matin

Danielle a dit…

Marie Claude tu as raison, de précieux moments de partage ! Toutes les petites choses comptent...

Toi aussi passé un bon dimanche ensoleillé et doux.

Je t'embrasse fort.

Les Idées Heureuses a dit…

Voilà un nouveau chapître à réserver pour des pages d'écriture toutes blanches, d'un papier qui absorbera les mots, gardant en mémoire, couleur d'encre, les souvenirs d'un temps d'hier ou d'avant-hier, souvenirs si précieux car habités par des êtres de chair et de sang....Une page se tourne; souffle délicatement sur les épisodes passés, il en viendra d'autres, peut-être avec le regret d'antan, mais cela vaut bien la peine de faire cette colline de cartons, où quelques moments fragiles seront toujours là, pour plus tard, pour la mémoire, rappelant ainsi un bout de vie qui n'est qu'à vous.
Je viens à Paris la semaine prochaine mais, avec Alain, je suis moins libre d'organiser des retrouvailles....
Brassées de bises au doux parfum de roses du Sud
Mina de Sclos

Danielle a dit…

Mina, merci de ton passage entre mes mots, oui un nouveau chapitre s'ouvre... Il ne me reste plus qu'à l'écrire comme je le sens...

Si tu peux réserver un tout petit moment aux retrouvailles je suis preneuse :-))

En attendant, bon dimanche et bonne semaine parisienne.

Je t'embrasse fort.

ELFI a dit…

j'ai trouvé des colliers superbes aussi..bvd st.germain des près! pas pu photographier.. hier.. un orage!!! o désespoir :))

Danielle a dit…

Chère Elfi, j'y étais aussi sous la pluie hier, sous la grêle même...

Dommage pour les photos de colliers... Désespoir...

je t'embrasse fort.