vendredi 13 avril 2018

Mohamed Bourouissa, deuxième merveille au Musée d'Art Moderne de Paris


Costume de cheval, imaginé par un artiste local 

Ma vraie découverte, c'est lui ! Jeune plasticien franco-algérien de 40 ans, déjà remarqué au Musée d'Art Moderne en 2010, il est l'un des artistes majeurs de sa génération...

Horse Day !

Voilà l'histoire de cette journée du cheval, organisée aux Etats-Unis dans un quartier du nord-ouest de la ville de Philadelphie, par des écuries associatives fréquentées par des cavaliers afro-américains. À cette occasion, Mohamed Bourouissa s'empara de l'histoire du lieu, de l'imagerie du cowboy, de la conquête des espaces, pour réaliser un western contemporain dans la ville. Un film de Martha Camarillo projeté sur deux grands écrans relate les préparatifs et la Journée du cheval orchestrée par Mohamed Bourouissa, le public de l’exposition peut s'asseoir confortablement sur des sièges rembourrés pour le regarder tout à son aise, en boucle.

L'exposition est conçue autour de cette journée : dessins préparatoires pris sur le vif, aquarelles, story-boards du film, costumes de parade des chevaux, impression de photos sur carcasses de voitures traitées comme des sculptures, projections de vidéos sur capots de voiture...

Horse day a créé, le jour du concours (sans prix), une synergie entre les cavaliers, les habitants, les artistes du quartier et des environs. Il y eut également : goûters, et plein d’événements festifs...

Un visuel magnifique a servi de communication pour l’événement daté, du 13 juillet 2014.


L'affiche de l’événement, un fier cavalier avec son cheval habillé somptueusement par un artiste local


Costume de cheval imaginé par un artiste local


Avez-vous déjà été surpris par les présentation d'expositions ? À travers les mots enrubannés, compliqués, tarabiscotés, vous ne retrouviez plus ce que que vous étiez allés voir... Les explications passaient par des filtres, tellement raffinés, tamisés, que les œuvres ne vous disaient plus rien !

Pour le Jour du cheval, rien de tout ça, vous nagiez tout de suite comme un poisson dans l'eau dans la fête populaire... Vous pouviez vous représenter la fête de quartier le plus simplement du monde, il faisait beau, les cavaliers étaient fiers sur leur monture, il y avait de la joie sur tous les visages, le film réalisé par Martha Camarillo nous faisait rentrer dans la danse en nous montrant les préparatifs de la journée. Le club équestre associatif avait été fondé dans les années 1900 par des cavaliers afro-américains, il était aussi le refuge d'animaux sauvés de l'abattoir.

Mohamed Bourouissa choisit cet endroit pour réunir des artistes et cavaliers locaux, créer un événement, provoquer des occasions de partages et de rencontres...

C'est exactement ce que je ressentais en visitant l'expo ! De la joie !

Puis, dans une très grande salle, derrière les écrans de cinéma, la découverte des sculptures (récentes) sur carcasses de voitures, créées par Mohamed Bourouissa, alors-là, j'ai dégainé mon appareil photo...


The Ride - Mohamed Bourrouissa - (1978) - tirages argentiques noir et blanc et couleurs sur plaques de métal carrosserie, peinture, aérosol et vernis - 2017 -




Suite de sculptures de Mohamed Bourouissa - 2017 -


Détail 


Détail


Suite de sculptures de Mohamed Bourouissa - 2017 -


Détail - Mohamed Bourouissa - 2017 -

Une très grande poésie se dégageait de toutes les sculptures. Les portraits, les paysages, les coins de la ville imprimés dans le métal de couleur, formaient un ensemble délicat et merveilleux. L'hommage et l'inspiration qu'avait suscité le" Horse day" sur le travail de Mohames Bourouissa, étaient à couper le souffle. Les sculptures de très grande taille prenaient tous les murs, mes photos ne communiquent sûrement pas l'enthousiasme du moment, en découvrant les oeuvres... Je sortais la semaine précédente de l'exposition superbe de César, et je me disais qu'il y avait une ressemblance : matière, bien sûr, mais une création nouvelle était née...

L'hommage aux habitants du quartier de Philadelphie, et leurs lieux familiers, était réuni dans un travail d'une très très grande sensibilité, d'une originalité certaine. Mohamed Bourouissa avait imaginé un grand album photo sur carcasses de voitures, où tous les genres pouvaient s’enchevêtrer, enjolivant à chaque fois la sculpture, la précisant, lui donnant du caractère émotionnel...


Détail précieux


Mohamed Bourouissa (1978)


Détail


Essai de vue d'ensemble, bien en dessous de ce que je voudrais montrer...


Photo de Mohamed Bourouissa

Et puis je suis revenue devant les écrans et je n'ai pas bougé jusqu'à la fin... Éblouie par une petite vidéo projetée sur capot de voiture, voyez comme c'est beau !




Mohamed Bourouissa - (1978) - 4'14'' - Scènes de la vie ordinaire...

Captée par hasard, cette scène de la vie ordinaire, projetée sur un capot de voiture établit immédiatement un lien  entre deux symboles forts : la voiture et le cheval... De plus, bien sûr, l'oeuvre a une grande valeur esthétique, elle m'a aussitôt touchée...

En quittant le Musée d'Art Moderne, j'ai été surprise d'y trouver deux œuvres de Christian Boltanski. Pourquoi surprise, Danielle ? Parce que j’ignorais qu'elles se trouvaient dans les collections permanentes du musée, au sous-sol, je suis donc descendue à la cave et voilà ce que j'y ai trouvé : un grand moment d'émotion,  comme d'habitude avec cet artiste... La jeune conservatrice avec laquelle je fis un peu de causette m'a dit : j'adore cet artiste, il m'émeut plus que tout, j'aime l'idée de traces, de souvenirs, de présence  humaine qu'il imprègne partout dans ses œuvres, et là, c'est très fort ! Comme je la comprenais...



L'entrée des salles d'exposition des installations de C. Boltanski


Les abonnés du téléphone (2000) - Christian Boltanski - (1942) 


Comment nommer tous les habitants de la terre ? C. Boltanski, avec cette installation, a eu l'idée de réunir 2500 annuaires sur des étagères. Ainsi, la présence de 20 millions de personnes est réduite à un nom. La jeune femme m'a dit qu'il manquait les annuaires de la Pologne ?... Je n'ai pas pu vérifier cette information sur internet. Si vous savez quelque chose qui pourrait élucider ce mystère, revenez nous le dire ici... Merci !

Plus loin, une autre pièce très émouvante aussi, composée d'étagères, et de milliers de vêtements d'enfants :




Réserve du musée des enfants (1989) - Christian Boltanski (1942)

Cette oeuvre reprend également l'idée de "petite mémoire" comme la nomme l'artiste : "Le petit savoir que l'on a sur les gens, sur les choses". Quoi de plus émouvant que l'alignement de tous ces vêtements ayant été portés par des corps d'enfants, absents, disparus, anéantis, assassinés ? Des  traces...

Chers amis qui passez sur mes lignes, la prochaine fois, je vous emmène à la campagne...

6 commentaires:

ELFI a dit…

superbe expo ... les vêtements accumulés j'ai vu à paris en 2011..prenant! bises du sud , wifi pas bon....elf

Danielle a dit…

Chère Elfi, oui les vêtements accumulés c'était pas à l'exposition Monumenta ?

Merci de ton passage fidèle.

Je t'embrasse.

siu a dit…

L'expo de Mohamed Bourouissa me semble de celles qui surprennent et capturent au meme temps qu'elles font penser, mais de celles aussi qu'il faut voir, pour ainsi dire, en chair et en os... je ne sais pas si tu es d'accord. En revanche de Boltanski, que j'aime eperdument, meme la simple photo d'une de ses oeuvres suffit à me toucher, profondement, pour l'énième fois...

Grand merci, chère Danielle, pour tout ce que tu partages avec nous... je me prépare donc pour la campagne, et te souhaite une très belle fin de semaine!

Gros bisous du soir, ici ensoleillé.

Marie Claude a dit…

Deux beaux billets très intéressants , bien détaillés toujours avec tes ressentis si justes!
Ah les personnages de la promenade du dimanche,leurs expressions ,superbes!!
Une belle découverte cet artiste Mohamed Bourouissa ,originalité dans ses oeuvres un certain talent,j'imagine en vrai...

Joli W.E de printemps à toi,si si nous y sommes même si le temps est bien capricieux!

Bises du soir

Danielle a dit…

Siu, Biens sûr il est difficile de rendre les trois dimensions en deux dimensions, mais si déjà les artistes que j'aime peuvent intéresser c'est formidable.

Quant a Boltanski, je comprends tout à fait ce que tu ressens devant ses œuvres, même les photos de ses œuvres... Avec lui c'est toujours la grande émotion devant ses belles œuvres...

Siu bon printemps, avec violettes et narcisses... je prépare la sortie à la campagne :-)

Je t'embrasse fort.

Danielle a dit…

Marie Claude, je suis ravie de ce partage qui m'encourage à poursuivre mon petit bonhomme de chemin...

Bon printemps à toi aussi espérons quelques rayons de soleil pour fêter l’événement...

Je t'embrasse du soir et merci de passer sur mes lignes.