samedi 10 février 2018

SAM SZAFRAN ! Ce grand peintre... Et la promenade dans Paris...


 Sam Szafran - Aquarelle (sur soie) et pastel (expo Claude Bernard, 2018)

Cet artiste, je l'aime depuis si longtemps, j'ai su que la galerie Claude Bernard l'exposait, j'ai couru...

Sam Szafran, de son vrai nom Samuel Berger, est né à Paris en 1934, il vit et travaille à Malakoff. Je l'ai connu et admiré du temps (1990) où il peignait de grands escaliers et des serres remplies de philodendrons.


 Sam Szafran - Escalier de la rue de Seine - 1980


Sam Szafran - Escalier de la rue de Seine - 1991


Sam Szafran - Escalier de la rue de Seine - 2000


Sam szafran - Arborescence

Je me souviens de ses escaliers tournants, ils m'ont immédiatement fascinée, je ne trouvais rien de plus beau à l'époque, et je n'ai pas changé d'avis depuis.

Pourrait-on qualifier ce peintre d'obsessionnel ? Pas du tout, la plupart des artistes peintres/plasticiens, restent fidèles longtemps aux mêmes sujets, par goût, pour l'expérimentation, par nécessité, pour répondre aux commandes, à la mode ? Peu importe. Ce qui compte pour un créateur, c'est de pouvoir/vouloir renouveler sans cesse son interprétation des sujets choisis/contraints. Souvenez-vous de Cézanne et la montagne Sainte-Geneviève, Hokusai avec les vagues qu'il a peint inlassablement jusqu'à la fin de sa vie, Turner avec ses brouillards à répétition, les Impressionnistes avec leurs ombres et lumières,  il fallait sans cesse aller sur le motif pour saisir le frémissement de la nature, et Bellini, Le Titien, Conegliano, Negroponte... Tous ces peintres fabuleux de Venise... Je ne peux tous les citer... Ils ont peint des saints, des Vierges et des anges toute leur vie...

Les écrivains, par exemple, tournent eux aussi, souvent, autour d'un même sujet, surtout s'il est autobiographique, jusqu'à épuiser/épurer/transformer/inventer les sensations, les sentiments, les souvenirs... Ils trouvent toujours des façons différentes pour exprimer les mêmes choses, c'est le style,  talentueux, personnel, nouveau, qui impose alors l'oeuvre aux lecteurs. Aux façons d'écrire des écrivains, font écho leurs interprétations, les manières de montrer des peintres. Ceux de la Renaissance (je pense à ceux de Venise où la concurrence était rude), croulaient sous les commandes du clergé, les représentations étaient majoritairement religieuses, imposées, codifiées, elles devaient leur popularité à la magnificence de leurs paysages célestes, de leurs atmosphères, aux gammes chromatiques osées, aux formes nouvelles, aux perspectives audacieuses, leurs virtuosités incroyables attiraient ainsi les convoitises des mécènes, des rois, des riches, par la puissance de leur style unique. Aujourd'hui encore, 600 ans après, quand nous les découvrons dans les musées, les églises, nous ne nous lassons pas de leur beauté, nous sommes émus !

Peu importe que nous soyons croyants ou pas, nous sommes d'abord éblouis par la splendeur, la délicatesse, la fraîcheur (surtout après restauration). Le croyant sera ravi de mettre une bougie aux pieds d'une sublime Vierge de G. Bellini, afin de réaliser ses vœux, le non croyant sera enchanté pareillement, nous aimons d'abord les œuvres pour elles-mêmes, ensuite nous nous laissons convaincre/ou pas, de leur efficacité auprès du ciel. De la même façon, quand je mets un cierge pour un ami, un parent qui me l'a demandé, sachant que nous n'y croyons ni l'un ni l'autre, je cherche le plus beau tableau, la plus belle sculpture pour y déposer ma flamme, voulant absolument joindre l'utile à l'agréable à regarder (comme dirait Marcel Proust "un peu d'art en plus"). Et c'est ce que fait Sam Szafran à merveille... À chaque fois une nouvelle vision, à chaque fois un nouveau point de vue... Les philodendrons font partie depuis longtemps de son univers, dans son atelier, et il y en avait toujours un dans un coin du tableau. Dans le nouvel accrochage chez Claude Bernard, la végétation a tout envahi... Il faut chercher le personnage qui se détache parmi le feuillage... Il a mis en scène une espèce de conte des Mille et une nuits, un mystère total, un grand jeu de philodendrons, la transparence de l’aquarelle donne de la légèreté à ses paysages intérieurs... Une merveille !

J'espère qu'avec tout ça, je ne m’embrouille ni les pinceaux ni les mots pour tenter de vous expliquer ma pensée ?

Quand je suis arrivée à la galerie, avec les escaliers en tête, j'ai été très surprise, et ma surprise m'a fait pousser un : "Ah !" admiratif, un peu haut, ce qui fait qu'une personne qui regardait comme moi les nouvelles "merveilles" m'a dit : vous aussi, vous trouvez ça beau ? Elle ne connaissait pas le peintre, ne se doutait même pas qu'il avait 82 ans, elle m'a demandé : mais quel âge a-t-il donc ?

Un monsieur, s'étonnant du nouveau motif végétal, dit à haute voix : mais, il ne fait plus d’escaliers ? Nous nous sommes regardés en vieux grognards admirateurs d'art, perdus dans les souvenirs des rambardes en fer forgé... De "notre" peintre.


Sam Szafran - Aquarelle sur soie (galerie Claude Bernard), 2018

Le petit blanchissement du milieu du tableau est dû à l'éclairage de la galerie, et à mon incapacité à manipuler correctement mon appareil photo pour éliminer la lumière gênante, mais quel bonheur, quel art, quelle beauté ! Ce foisonnement de philodendrons joue à cache-cache avec des personnages, des pots, une chaise, disséminés dans le feuillage... Ils attendent... Et nous nous régalons de cette nouvelle série...


Sam Szafran - détail


Sam Szafran - galerie Claude Bernard - 2018


Sam Szafran (détail)


Sam Szafran - galerie Claude Bernard - 2018


Il y avait de l'ambiance dans cette galerie, trois petits chiens sautaient partout, les gens avaient le sourire aux lèvres, on se parlait, s’exclamait, les catalogues se vendaient comme des petits pains, au bas de quelques tableaux, des petites punaises rouges signalaient leur vente... Bien sûr, je rêvais d'en posséder un !


Sam Szafran - en cours - 2018

La galerie Claude Bernard a exposé pour la première fois Sam Szafran en 1964 (il y a 54 ans), ils avaient vu juste. Il y a eu une grande rétrospective de son oeuvre à la Fondation Gianadda en Suisse en 2001, en 2015 une salle d'exposition lui est dédiée.... Pour la reconnaissance, il faut avoir beaucoup de patience quand on est artiste peintre... Sans compter tous ceux dont on ne parlera jamais !

En sortant, j'ai vu mille choses...


Un truc en plume, sûrement un bouclier qui protège des papillons !!! Tellement beau

Dans une boutique d'objets africains, j'avais envie de tout acheter...


Une petite boutique mignonne comme tout, auprès d'une porte bleue totalement de travers


Une belle cour végétalisée et tamisée, entre chien et loup


Un grand coffre de voyage ou pour la salle de séjour, trop beau ! Me rappelle les voyages d'Émile Guimet ! (voir avant-dernier post)


Dans le passage Dauphine, désert et silencieux


La traversée du pont Neuf et la Seine qui monte, qui monte, et qui ne redescend pas encore...





L'intérieur de l'église Saint-Germain-des-Prés, j'ai aimé cette vierge mutilée, mais encore resplendissante et dorée !

Pour arriver à la galerie de peinture Claude Bernard, j'étais descendue à la station de métro Saint-Germain-des-Prés, les couleurs intérieures de l'église étaient éclatantes, sans doute dues à une restauration du 19e, l'église est très belle, le chœur et le déambulatoire sont du XIIe, superbes ! Il y a énormément de choses à voir... Il faudra forcément que j'y revienne...


Je ne sais pas encore où je vais vous entraîner la prochaine fois, mais restez avec moi !

6 commentaires:

ELFI a dit…

en lisant ton enthousiasme...mon seul regret, d'avoir laisser passer son exposition à la fondation giannada à martigny...j'aime tes promenades à paris...les montés d'escaliers et les montés de la seine :))) bises

Danielle a dit…

Merci chère Elfi pour tes enthousiasmes :-))qui font du bien.

Je t'embrasse fort.

Marie Claude a dit…

Une découverte grâce à toi de cet artiste.
Magnifiques ces escaliers et les dernières peintures,incroyable le détail des philo.Quelle originalité,il a bien trouvé "son style".
Son nom est noté et je vais revenir sur ton billet, comme d'habitude, pour découvrir les détails...je me cultive grâce à toi...
Ta ballade dans Paris bien agréable,l'église St Germain,je l'avais visitée et aimée.
Les médias n'en parlent plus mais je vois que la Seine prend son temps pour retrouver son lit.
Beau Dimanche à toi,ici il pleut pour changer un peu...
Bisous du matin.

Danielle a dit…

Marie Claude reviens autant que tu veux :-)) avec plaisir !!

Tu connais toi aussi cette belle église, à revoir !

C'est vrai la Seine prend son temps pour revenir dans son lit, Bon dimanche à toi Maris Claude, il fait froid mais plus de verglas, ouf !

Gros bisous du dimanche.

Brigitte a dit…

L'église est magnifique et j'espère que la Seine commence à descendre ?
Bises de fin de journée

Danielle a dit…

Oui, Brigitte l'église est belle et pleine d'œuvres d'art !!!

Je n'ai pas vu la Seine depuis quelques jours...

Je t'embrasse. À très vite.