lundi 19 février 2018

Comment ça va ?


La bouche verte... Dans le hall d'attente du cinéma

"Comment ça va ? Ça va très bien, mais oui, vraiment, merci beaucoup." C'est souvent avec cette petite phrase mélodieuse que nous commençons notre mise en voix lors de notre soirée chorale, pour chauffer nos cordes vocales, nous détendre, c'est la coutume. Je n'ai jamais bien compris à quoi ça servait vraiment, mais comme ça déclenche irrésistiblement des bâillements, c'est bien la preuve que ça fait travailler le larynx qui abrite nos cordes vocales. Et puis surtout, ça permet aux retardataires d'arriver... Bonjour tout le monde ! On est heureux, on chante...

Cette petite phrase de politesse, bien ordinaire, nous devons la répéter en montant nos voix crescendo, jusqu'à ce que nous n'en puissions plus, tellement nous trouvons que le chef nous fait aller haut, ou si le chef en décide autrement, nous devons la chanter dans les graves, le plus bas possible... C'est une phrase d'entrée de "jeu musical" que nous connaissons bien.


La bouche rouge dans le métro

Mais quand nous nous servons de cette petite phrase, dans la vie, que se passe-t-il ? Souvent, je la lance : Comment ça va ? Très courte, avec le sourire, et j'attends la réponse, le temps d'attente est déterminant, car la personne à qui vous l'adressez doit pouvoir réfléchir quelques secondes, rassembler ses idées pour répondre,  le plus souvent, la courtoisie va jusque là :  "çavamerci "... En un seul mot...

Alors-là, vous êtes foutu pour la suite, c'est fermé, clos, rien à dire, rien à espérer pour avoir des nouvelles fraîches, bonnes ou mauvaises, quelque fois même la réponse se concentre avec : "trèsbienmerci"... N'attendez rien non plus, même pas les prévisions de la météo, le sourire ? Pas obligé non plus, vous vous quittez en toute indifférence mais avec politesse... Demain, ça ira mieux... Certains voisins vont toujours bien, ça fait plaisir à voir, ils ont toujours le sourire, ils sont en forme, les enfants grandissent, c'est la joie ! Je ne les ai jamais vus baisser la garde, ils réchauffent le cœur... Vingt ans de bonheur, ça existe dans mon ascenseur... Comme dans Peau d’Âne, la fin est très belle, il vécurent très heureux, longtemps et eurent beaucoup d'enfants joyeux...


La bouche jaune (prise sur internet)

Par contre, aucune importance si la réponse vous déçoit, n'est pas à la hauteur de vos espérances, il faut continuer quand même à s’intéresser à son voisin. Un jour... Peut-être.. Il vous en dira un peu plus...

Combien de fois ai-je répondu à cette petite phrase, d'une voix simple qui ressemblait à ma petite pluie intérieure : Ah ! Ça va, merci, et vous ? En renvoyant la balle, vous jouez les prolongations, ça peut marcher aussi, votre interlocuteur a quartier libre, vous êtes tranquille, vous pouvez continuer à dissimuler votre petite pluie, vous ouvrez simplement votre parapluie... Vas-y mon gars...

Je ne suis pas certaine d'avoir commencé ma phrase ainsi les jours où j'ai entendu des histoires tellement personnelles, touchantes, confidentielles, fortes, il avait fallu presque rien, je ne sais plus, même pas de mots du tout, juste un regard prolongé, une oreille dressée ?... Pas plus tard que ce matin, j'ai essayé le : Ça va comment ? On fait aller, ben, que voulez-vous, on fait aller ! C'est vrai que cette réponse arrive souvent... Je la comprends comme ça : on ne peut pas dire que ça aille complètement bien, mais ça ne va pas franchement mal non plus... On vieillit ! Cette voisine que je connais bien me fait souvent cette réponse avec un sourire philosophique qui en dit long... Sur le temps qui passe.. Pour elle, comme pour moi....

Comment ça va ? Ressemble à un grand filet de pêche que vous lancez loin sur le lac, vous pouvez le lancer, cent fois, mille fois, il reviendra toujours vide, et puis un jour, il y aura un gros sanglot entre ses mailles... C'est le moment de tirer doucement, doucement... Avec douceur, douceur...


 La bouche de deux couleurs (prise sur internet)

Quelque fois je vais vite, je ne veux pas pêcher,  je ne veux pas jeter mes filets, la politesse je m'en fous, je ne veux pas qu'on me dise bonjour, parce que je suis triste, je ne veux rencontrer personne,  je ne veux répondre à personne, moi aussi j'ai mes jours de filets vides, troués, usés, de lacs perdus, de vagues à l'âme...

Allez les amis, patience, la prochaine fois je reviens en bout-(che) en train...

8 commentaires:

Robert M a dit…

On peut faire encore plus court, je l'utilise avec des amis de mon âge donc d'un certain, c'est le simple ALORS ???
en hochant légèrement la tête... et souvent les langues se délient...

Alors ????

Danielle a dit…

Alors-là Robert bravo, belle formule,, vous savez y faire...

Si les langues se délient c'est formidable.

Bonne journée d'aujourd'hui.

ELFI a dit…

manque le canapé de dali ... un must pour la bouche de métro! bisouuuu

Danielle a dit…

C'est vrai Elfi, merci, les mots sont plus nombreux que les bouches et les divans...j'avais vu cette bouche magnifique dans le métro, un jour !

Je t'embrasse fort.

Marie Claude a dit…

Une réflexion approfondie sur une petite phrase que l'on prononce si souvent!!!
Les réponses en effet sont variées...
J'ai lu que lorsque l'on nous pose cette question,il faut s'habituer à répondre "ça ne peut pas aller mieux" ainsi on se sent mieux....mais je n'en suis pas certaine!!

J'ai vu aussi ton précédent billet sur Sheila Hicks,belle découverte,magnifiques ces sculptures de différentes fibres,j'y retourne d'ailleurs.

Bisous du matin

Danielle a dit…

Bonne idée, je vais essayer, Merci Marie Claude :-)

Bonne lecture chez Sheila...

Bises fortes du jour.

Brigitte a dit…

Alors est une excellente formule ,je trouve . Je vais donc à mon tour m'en servir !
Bonne journée et excellent week-end

Danielle a dit…

Brigitte, oui les formules sont nombreuses, et chacun peut avoir la sienne, pourvu que ça marche :-))

À toi aussi chère Brigitte excellent WE

Gros bisous du matin.