dimanche 21 janvier 2018

L'expo de la Maison Rouge à Paris...


Coiffes de la collection de monsieur Gaber (reflet dans la vitrine d'une vidéo qui passait dans le lieu)

Il y a très longtemps, pour être précise en 2005/2006, j'avais eu le bonheur de voir à la Maison Rouge (la Maison Rouge est la fondation de monsieur Antoine Gaber), la collection exceptionnelle de Monieur Gaber lui-même : les œuvres d'art des plumassiers d’Amazonie, et diverses coiffes africaines. J'en ai parlé souvent dans mon blog, je ne me souviens plus du tout quand exactement, mais le souvenir en est très vif dans ma mémoire.


Chaman d’Amazonie avec ses ornements superbes


Coiffe de femme africaine, matière végétale et plumes

Une surprise totale m'attendait en visitant cette semaine la collection privée de monsieur Marin Karmitz (propriétaire des cinéma MK2), présentée par la Fondation Gaber. Une collection montrée pour la première fois, et qui représente 30 années d'achats, un autoportrait en creux du collectionneur, chaque oeuvre nous en dit beaucoup sur ses centres d'intérêts.

Bon, la surprise c'était quoi ? Voilà, voilà, j'y viens, d'abord je vous parle de la collection privée de Monsieur Karmitz, présentée dans la maison, 400 œuvres de toutes natures. : des dizaines de photos noir et blanc superbes, mais assez loin de mes centres d'intérêts. Il faut être très outillé pour regarder une exposition de photo :  de patience,  d'intérêt pour l'auteur... Ou aimer découvrir un auteur, aimer la recherche formelle sur des sujets les plus variés... Je n'étais pas préparée aux photos, je venais pour d'autres artistes que j'aime beaucoup (C. Boltanski, Martial Raysse, Annette Messager, Kiarostami, Chris Marker, etc). Cependant, voilà qu'une photo m'attire, la seule, l'unique qui m'enthousiasme aussitôt :


Une photo magnifique dont je n'ai même pas relevé le nom de l'auteur (pardon !)

Sur le plan formel, je la trouve totalement exceptionnelle. En essayant de comprendre pourquoi elle me plait tant, voilà ce que j'observé : un repas intergénérationnel, un jour sans doute important pour tous, les convives sont en habits du dimanche, ils semblent heureux. Les objets du premier plan, même s'ils cachent en partie le visage d'une femme, valident l'idée de prise sur le vif, on ne débarrasse pas la table pour faire la photo, attention le petit oiseau va sortir... Les objets nous indiquent que nous sommes à la fin du repas, on a servi le café et les digestifs... L'équilibre des formes est parfait, les verreries partagent la photo en deux et se tiennent à la verticale comme les gens, l'ensemble crée un univers uni et fermé entre les personnages et les choses, le regard est obligé de s'attarder sur tous les détails, par de porte de sortie. Une réussite totale, le noir et blanc apporte une petite touche poétique, les ombres et les lumières en font un tableau grandiose digne des grands peintres de la Renaissance.

Avant de vous parler de la surprise, encore un objet superbe dont je veux vous parler :


Femme debout  - terre cuite creuse (Mexique), entre 100 et 250 ans avant notre ère


Détail, sans doute d'une déesse mère

Cette sculpture, malgré sa petite taille, donne envie de s'y arrêter un moment tellement elle est belle et imposante.  Le visage, dans sa disproportion, est majestueux et grave. Les déformations morphologiques doivent sans doute être vues comme une véritable recherche stylistique et non pas comme une supposée maladresse primitive, vu l'âge de l'oeuvre.. Une vraie beauté !

J'y arrive, j'y arrive, mais avant, je ne peux passer sous silence cette belle oeuvre de Christian Boltanski : 


Resistors -1994 C. Boltanski (73 ans vit et travaille à Malakoff, conjoint d'Annette Messager)

Des dizaines d'yeux nous regardent, photos anthropométriques de résistants allemands fusillés par les nazis pendant le seconde guerre mondiale, leurs yeux ouverts résistent encore, ils semblent nous dire n'oubliez pas... Hommage puissant et réflexif... Toutes les photos sont maintenues simplement par deux clous assez longs, qui percent le haut de la photo... Les yeux frémissent... Mais restent ouverts sur le monde !

Je garde la surprise pour la fin, voici d'abord une installation dangereuse, des guillotines ? D'Annette Messager :


Les spectres de la couturière (2014-2015), Annette Messager (75 ans vit et travaille à Malakoff, conjointe de C. Boltanski)

Hommage ou spectres, ces outils de la couturière ? Je ne sais plus quoi penser. L'installation sombre, menaçante, pesante, coupante (pourtant le matériau employé : simili cuir skai cousu et rembourré, matière molle) projette ses ombres inquiétantes sur les murs... Annette Messager dit de son travail :  "J’exécute des sculptures avec des éléments du quotidien, en les détournant pour les montrer autrement".

Quelle belle installation que ces armes de couturière, impressionnantes et fortes,  les outils doivent peser à eux tous que quelques petits kilos... S'ils paraissent menaçants, la réalité nous tranquillise, puisque ce sont les simples petits outils de la couturière, ils n'ont aucune raison de nous faire peur... La représentation guerrière d'Annette Messager, le changement d'échelle (chaque instrument dépasse sans doute le mètre), la couleur noire, la pendaison,  nous plongent cependant dans l'univers effrayant de la métamorphose artistique, le détournement dont parle Annette...

Et la surprise ? La voilà : dans un espace immense, de hautes vitrines, subtilement éclairées, nous proposent un nombre important de coiffes et d'ornements venus de tous les continents. Présentées comme des bijoux, avec une lumière tamisée, chaque pièce est choisie avec subtilité, chaque pièce vaut le regard, chaque pièce est une oeuvre d'art, chaque pièce est d'un tel raffinement que j'ai envie de m'attarder sur toutes, mais il faudrait beaucoup, beaucoup de temps. Monsieur Gaber présente une partie de sa collection unique, j'en suis toute retournée... Regardez ce festival d’œuvres d'art  :


Les vitrines d'exposition


Suite des vitrines et projection vidéo











Les perles, les os, l'ivoire, les végétaux, les lacets de cuir, les objets, les plumes, les broderies, les coquillages, le bois, le tissu, les boutons... Une variété infinie de matériaux pour, au final, une sarabandes d'objets exceptionnels...

Je vous laisse à la contemplation...

Je ne sais pas où je serais sur le prochain post... Mais je gage que nous serons encore dans les couleurs...

4 commentaires:

Marie Claude a dit…

Que de belles découvertes dans ce billet,merci pour le partage!!

Très émouvantes ces photos de résistants.
Moins attirée par "les spectres de couturière"....
La collection de Gaber,magnifiques,colorées ces réalisations de coiffes et ornements.
Très belles réalisations,je vais revenir plus tard sur ce billet pour contempler en détail!!

Un rayon de soleil dans cette journée bien maussade.
Bon dimanche
Bisous du matin.

Danielle a dit…

Marie Claude, merci pour ta visite si passionnée, merci pour le rayon de soleil !

Je t'embrasse très fort.À très vite !

Brigitte a dit…

Que de merveilles ,merci de ce beau partage .
Bises du soir

Danielle a dit…

Merci chère Brigitte.

Bises du très soir.