lundi 6 novembre 2017

L'urgence des images et des sons...



Sans adieu - Christophe Agou


Suite à la découverte de ce photographe en janvier  2012, dans une galerie parisienne qui s’appelle "Fait et Cause", 58 rue de Quincampoix dans le quatrième arrondissement (une rue juste parallèle au centre Pompidou) : cette petite galerie associative  se consacre à la photographie à caractère social, elle est ouverte depuis 1997, j'avais aussitôt fait un post à son sujet, tellement ses photos m'avaient touchée.

Depuis, en septembre 2015, C. Agou est décédé à l'âge de 45 ans, d'un cancer... Il venait juste de terminer le premier montage de son film.

Il laisse un documentaire qui vient de sortir et qui s'appelle Sans adieu, je vous le recommande chaudement.

Les personnages du documentaire : pauvres, vieillissants, malades, isolés, abandonnés par les pouvoirs publics, se démènent avec noblesse dans la misère. Ils sont parfaitement conscients qu'ils ne sont plus de "notre époque", ils ne cèdent pourtant jamais aux injonctions administratives sans combats, sans réparties, sans questionnements... Perdus d'avance...

À la misère, aux douleurs des corps vieillissants pour certains, il me semble que s'ajoute pour quelques autres un trouble appelé syndrome de Diogène (accumulation d'objets hétéroclites), qui rend leur environnement indescriptible, l'entassement compulsif de tout ne s'accordant pas bien avec le ménage.

Tous sont amoureux de leur campagne, de leurs bêtes, chacun résiste à sa manière, magnifiquement, avec des mots d'une justesse incroyable, au grand chambardement moderne : comment faire pour suivre l'évolution des tendances, des gros qui mangent les petits... Jean pleure son frère qui lui manque terriblement, Claudette veut comprendre, rouspète, tient bon, ne veut pas vendre son bien à qui ne lui plaît pas, Charlie et Babette se tiennent par la main, amoureux, voient partir leurs bêtes victimes de la vache folle, une tragédie !

Comment s'occuper d'une ferme, même très petite, quand on prend de l'âge ? Comment trouver les forces pour soulever le foin et nourrir les poules, les lapins, vider le fumier des vaches, nourrir les grosses bêtes, continuer la traite, entretenir les locaux, faire les courses et à manger ? Ceux qui le peuvent, heureusement, continuent le plus tard possible de conduire leur voiture...

Claudette finit par vendre sa ferme et réside maintenant dans une maison neuve, comme à l'hôpital (dit-elle...)

Un film foudroyant, merci monsieur Agou, votredocumentaire est aussi beau que vos photos, merci d'avoir écouté ces personnes avec votre regard. Grâce à vous, j'ai eu la chance de les rencontrer : tendres, généreux, mélancoliques, profondément humains et touchants. Je partage...

Christophe Agou / Face au silence / depuis 2002


Courrez voir ce film avant qu'il disparaisse des écrans...

Prochainement retour aux Zig'arts de Venise...


4 commentaires:

Brigitte a dit…

Merci ,je vais regarder s'il passe par chez moi .
Bonne soirée et bises givrées

Danielle a dit…

Chère Brigitte, oui, tu aimeras ce film je n'en doute pas.

Bonne fin de semaine à toi.

Grosses bises du matin.

Marie Claude a dit…

Des situations qui font mal.Malheureusement ce film ne passe pas vers chez moi,je n'en ai pas entendu parler,bien sûr cela intéresse peu....

J'ai vu "petit paysan" un film qui montre la détresse du monde agricole,des exploitants prêts à tout et qui interpelle aussi

Grosse bises du soir



Danielle a dit…

Oui, chère Marie Claude, j'ai vu aussi le petit paysan, un excellent film, nourrit de la réalité...
Sans adieu, malheureusement reste trop confidentiel, le réalisateur est mort jeune, il n'est pas connu du public, malgré de très très bonnes critiques.

Peut être auras-tu l'occasion de le voir...

Bonne fin de semaine à toi avec des grosses bises du matin, tout gris.