lundi 16 octobre 2017

L'Indre... Plus que quelques jours, un temps à rebours... (1)


 La belle endormie !

Tous les mois de septembre, depuis des années, je me retrouve dans l'Indre, sans me lasser de sa beauté, comment se lasser de la nature ? Je démarre la saison d'automne ici, avec les raisins et tous les fruits qui arrivent à point pour le plaisir des yeux et du goût.


 Avec le raisin

Après Venise, voilà déjà 25 jours d'écoulés à vivre près des tomates, des hérons, des noix, des poires qui coulent le long des branches... Des vaches, des poules et même des chevreuils aperçus juste avant l'ouverture de la chasse... Les perdrix, les faisans sont déposés par les chasseurs dans les champs environnants quelques jours avant la sortie des fusils, ainsi, les grands enfants peuvent faire semblant de tirer sur du gibier sauvage... Quelle bêtise !


 Les poires lourdes et joufflues, dures encore

Presque avant de repartir pour la Capitale,  je ne vais pas énumérer toutes les belles choses qui me sont passées sous le nez,  j'en ai les larmes au yeux !

J'ai roulé à petite vitesse, à côté des champs, dans les toutes petites ornières carrossables, souvent je me suis retournée en mettant pied à terre pour voir, non pas la distance parcourue, mais le paysage sous tous ses angles, le long de ses 360°. Le soleil, les ciels bleus ont toujours été au rendez-vous, à un moment de la journée, parfois toute la journée, contredisant les prévisions de la météo... Je me souviens de cette pente que j'ai dévalée doucement à pied, trop peur de tomber, de cette côte qu'il fallait monter sans pédaler, pas assez de mollets, de force. Quelle joie d'aller lentement, heureusement que je vieillis !... L'année prochaine, si tout va bien, je me retrouverais sur ces petits vallons, j'emporterais un petit pliant léger avec dossier que je pourrais poser partout, au milieu de n'importe quelle pâture, de n'importe quel chemin herbeux et admirer, méditer, assise confortablement dans mes pensées...



J'ai refait cent fois les mêmes promenades sans me lasser, comment se lasser de la nature ?

L'appareil photo, je l'ai sorti moins souvent que les premières années, cette belle lumière, là, c'est la première fois que je la vois, vraiment ? Oui, le toit par-dessus les branches, éclairé comme un mystère, avec une nouvelle mise en scène, une découverte un peu tardive, tant mieux, il me reste tant à découvrir...


La nouvelle mise en scène

Arrivée à l'étang, j'y voyais bien tous les changements, d'une année à l'autre les bords restaient négligés, troués, effrités de toutes parts, les roseaux trop poussés, comme une chevelure emmêlée,  trempaient dans l'eau. Des carpes, énormes, sautaient de tout leur corps à la surface. Au loin, je n'y voyais pas grand chose, des silhouettes de couleurs, j'avais abandonné mes grosses jumelles de chasseur, trop lourdes, enrayées, mises à la casse, pour une paire plus légère que je ne n'arrivais même pas à régler, trop loin, trop près, aucune précision, je les ai très vite remises dans la sacoche du vélo et j'ai regardé de tous mes yeux, c'était bien ! Toujours pareil, Danielle ? T'as vu des cygnes, des canards, des hérons unijambistes ? Parfaitement, j'aurais même pu les appeler par leurs prénoms tant ils m'étaient familiers, je me suis assise sur les marches qui descendaient profondément dans l'eau, le niveau avait pourtant baissé avec les chaleurs de l'été, juste à côté de moi, dans la bordure de l'étang, il y avait un gros trou de ragondin, sans doute, je n'aurais pas voulu qu'il sorte de là pour faire coucou, j'en ai bien peur...


Bien sûr, des cygnes


Les marches


Le petit ponton qui disparaît sous les plantes rampantes, ne sert plus à rien du tout

Un jour de beau temps, avec mes amis d'ici, nous somme partis en file indienne,  bien à l'aise sur nos vieux vélos de campagne, visiter leur étang. Quelles belles routes nous avons empruntées, les chemins creux étaient tous verts, les peupliers, les chênes et tous les autres arbres tamisaient le soleil devant nous.


Les arbres tamisaient le soleil...

Je n'avais pas vu plus beau... Nous allions tranquillement, moi je restais très attentive, les deux mains bien calées sur mon guidon, je répondais à peine aux paroles échangées d'une monture à l'autre, mes amis riaient : laisse donc Danielle tranquille, voyons, tu vois bien qu'elle se concentre ! Oui, les trous, les bosses, je voulais les éviter...

Nous sommes arrivés sur un large chemin, recouvert entièrement d'herbe fraîchement coupée de la veille par l'équipe municipale, je n'en voyais pas le bout. Nous pédalions au pas, impossible d'aller plus loin sans descendre de nos petites reines, il fallait les tenir à bout de bras, serrées, alors j'ai vu défiler de chaque côté des petits étangs adorables, chacun avait son charme, son silence, les ombres et les lumières se joignaient aux couleurs pour noyer le paysage, sur chaque petite pièce d'eau trônait une île d'où s'élevaient des peupliers, des saules pleureurs, des hautes herbes, autant d'abris, de paradis pour les canards.. 


Le chemin fraîchement coupé


Les couleurs et les îles

Nous sommes arrivés sur l'étang de mes amis, nous y étions en plein début d'après-midi, le bleu du ciel était partout, des reflets par ci, par là, faisaient que les îles, les arbres, doublaient de volume dans l'eau, nous nous étions tous arrêtés pour admirer cette beauté ! Pas besoin de parler, juste des petites choses : il faudra couper les fleurs de lotus, elles commencent à être envahissantes, et puis, tiens ! Il faudrait raccourcir les arbres des îles, mais quand ? Les bras de mes amis n'y suffiront pas, trop de travail, trop de fatigue en perspective, il faudra demander à la génération montante un petit coup de main...


Les nymphéas de l'étang

En faisant le tour de l'étang, arrêtés, devant un grand chêne, mon ami raconta l'histoire suivante : cet arbre s'appelle l'arbre à l'ours blanc ! Quand j'étais petit, je devais avoir six ou sept ans, du temps où il n'y avait pas encore d'étang, j'accompagnais mon père au travail des champs, il labourait, semait et moi, je l'attendais au pied de l'arbre. Il avait déposé sur mes épaules sa grosse veste, et me disait : ne bouge pas de là, surtout ne bouge pas, tu vas voir l'ours blanc qui va venir... Je restais, je regardais, je ne bougeais pas une oreille, je suivais mon père au loin... Puis me regardant fixement, il ajoute : je n'ai jamais vu l'ours blanc ! Il avait six ou sept ans dans les yeux, moi j'ai pris la photo de l'arbre, je vais en faire faire un beau tirage et leur envoyer à Noël, d'ici là, l'ours blanc viendra peut-être ?


L'arbre à l'ours blanc

Au fond de l'étang, il y avait une petite maison, juste assez grande pour y mettre une grande table et des chaises pliantes, un four et quatre feux, de quoi se faire un bon thé, nous l'avons bu dehors, juste à côté du nid de frelons qui tournoyaient allègrement sans se préoccuper de nous... Personne n'avait peur, même pas moi.

Mes amis partageaient avec moi les souvenirs des fêtes qu'ils firent autour de leur étang, ah ! Comme c'était joyeux dans ces moments-là... Quand on arrêtait de se raconter des choses, on entendait le silence, toujours le même, sauf que maintenant on percevait la petit ligne d'avion qui ronronnait au dessus de nos têtes, partout maintenant on entend des avions, partout le bruit a gagné, même dans les coins les plus reculés de  la campagne...

Le retour fut aussi beau que l'aller, nous avons pris un chemin différent pour additionner la beauté, nous nous sommes arrêtés pour ramasser des pommes, des reines des reinettes, toutes tombées, bonnes, sucrées et abandonnées... Une journée qui ne ressemblait à aucune autre.


Les pommes

Le lendemain mes amis se sont plaints d'avoir mal au dos, aux fesses, aux mollets, moi je n'avais mal nulle part car depuis que j'étais ici je faisais tout en vélo, j'avais fait marcher la machine, un peu tous les jours... Grande routière et petite vitesse...

Plus que quelques jours...

Au début du séjour, jusqu'à la moitié du mois il a fait plus gris que bleu, pourtant, le soleil s'arrangeait souvent pour sauver la situation à un moment de la journée, il me donnait le temps de pédaler, je ne m'en suis pas privée. Il ne faisait pas froid du tout, c'était toujours ça de gagné...

Avec mes amis, au début du séjour, il y a eu les comptes-rendus de l'année passée : la santé ? Les morts annoncés, enterrés, ils se sont mis en noir, ils ont pleuré : on ne quitte plus nos habits noirs, on n'en peut plus, il faut que ça s'arrête ! 

Plus tard, dans les jours suivants, on a recommencé à parler de tout avec le sourire, mâtiné des chagrins ensevelis...

Prochainement : L'Indre encore ou autre chose, selon l'urgence des mots...

Je vous y attends...


4 commentaires:

Brigitte a dit…

Quelle joie de lire ce compte rendu paisible de cette campagne que tu aimes tant ... j'y étais aussi et j'ai regardé, admiré, contemplé ... Le bonheur en somme ou quelque chose qui lui ressemble beaucoup .
Merci Danielle pour tes mots, ton enthousiasme et ton merveilleux regard .
Je t'embrasse et te souhaite une belle journée

Danielle a dit…

Grand merci Brigitte, tes mots me touchent beaucoup...

Belle belle semaine à toi, je t'embrasse très fort.

Marie Claude a dit…

Des photos qui immortalisent ta si jolie campagne!!
Quelle est belle cette nature avec tous ses trésors et tu en profites pleinement.
Il te restera de beaux souvenirs jusqu'à l'année prochaine.
Comme dit Brigitte nous ressentons ton enthousiasme et ton bonheur.
Un billet qui fait du bien,vraiment contente de te retrouver.
A bientôt pour la suite

Grosses bises du soir.

Danielle a dit…

Merci Marie Claude, merci, je suis heureuse moi aussi de ton partage...

À très vite et gros bisous du matin.