lundi 23 octobre 2017

L'Indre, les tout derniers jours (2)



L'oubliée

Durant le mois de septembre, pendant les journées grises ou pluvieuses, le soleil est revenu plusieurs fois par jour comme en Bretagne. Avant de partir, j'ai fait le tour des gens que je connaissais, on ne parlait jamais politique, juste de la pluie et du beau temps, de ce qui avait poussé ou pas, de l'avance qu'avaient pris les mirabelles, les fruits en général, pas de noisettes cette année, beaucoup de noix, des pommes ici, pas là : on ne s'y retrouve plus du tout, ici il a fait très chaud pendant les mois d'été,  mais chaud à en être malade... C'est ce qui se disait...

Pendant tout le mois de septembre, j'ai pensé aussi à l'Italie, Venise, la Biennale, les lacs avec leur belle vapeur du matin, le Sacro Monte de Varralo, les citrons qui poussaient partout, les bougainvilliers, les visites des églises belles comme le jour...
  
L'enthousiasme n'a pas de frontières, pas de hiérarchies, quand je me suis retrouvée assise au bord de l'étang, j'ai pris tout mon temps pour écouter les canards couiner, regarder les cygnes s'envoler avec un bruit de papier froissé, j'ai trouvé qu'il n'y avait pas beaucoup de petits oiseaux... Je n'ai pas entendu leurs jacassements dans les coins déserts, loin des routes, au milieu des herbes hautes, des arbres très feuillus... Où sont-ils passés ?

Tous les jours j'allais voir le jardin, qui s'ouvrait juste à mes fenêtres :


Les couleurs du jardin

Tous les jours je mangeais des tomates fraîches, de la salade douce, des tas de légumes, tous m'allaient : blettes, haricots verts, courgettes, choux blanc et rouge... Il paraît que pas loin, il y a un châtaignier de plus de 250 ans, je ne l'ai pas encore vu, ça sera pour l'année prochaine. Par contre j'ai visité des petits bourgs berrichons, dans leur jus, superbes, avec leurs grands toits qui descendent presque jusque par terre... Une petite église du 12ème, une grande abbaye, des fleurs, des fleurs, encore des fleurs...


La petite église du 12e


Avec son ange musicien sur un chapiteau très haut

Je n'ai rien fait d'extraordinaire, et tout m'a paru exceptionnel. Aujourd'hui, loin de l'Indre, j'y suis encore...

Tous les jours je faisais du vélo, des prétextes de rien du tout me servaient pour aller absolument jusqu'au village acheter l'indispensable petit truc, dont j'aurais très bien pu me passer. S'il pleuvait un peu, brouillassait, j'y allais quand même avec l'imperméable, j'étais équipée, je roulais doucement pour ne pas glisser, voilà tout...

Tout le long du chemin, je faisais comme sur le Grand Canal de Venise, je regardais, je m'imprégnais, je découvrais. Ici, dans l'Indre, les odeurs étaient belles : légères le matin, fortes le soir ou après une petite ondée, les chemins de terre sentaient la terre... De chez moi je sentais l'odeur des vaches, j'entendais les beuglements des veaux qui appelaient leur mère... Le jour du raclage du fumier chez le fermier d'à côté, on en prenait tous plein les narines...

Je reconnaissais les derniers jours : au début j'allais chercher les noix sur l'arbre, dans leurs bogues qui se fendillaient un peu, je les écrasais du pied et je finissais le travail de décorticage avec les doigts devenus marron pendant quelques jours. Plus tard, plus besoin d'aller les décrocher sur les branches, elles tombaient en douceur, chaque jour d'avantage, à la fin, les derniers jours de septembre, je rencontrais des cueilleurs, propriétaires des noyers, un sac ou un panier à la main, nous parlions, et ensemble nous ramassions les plus grosses... J'étais toujours bien accueillie...


La noix encore dans sa bogue

Les derniers jours je les reconnaissais aussi aux châtaignes qui tombaient en avance, au raisin plantureux des vignes, juste avant la coupe... J'allais plus souvent à l'étang, j'écoutais d'avantage, je m’asseyais plus longtemps pour regarder les vaches, je calculais le jour de ma prochaine lessive à étendre sur le fil, juste avant le départ, en regardant la météo, je ne faisais plus beaucoup de provisions, plus de menus pour les jours à venir, j'avais agrandi mon tour de village pour rallonger le temps...



Le raisin bien dodu


Tous les jours, je regardais les vaches


Sur le fil

Bientôt tu ne seras plus là, disaient mes amis d'ici... Tous les jours nous bavardions, et pas seulement de la pluie ou du beau temps. La saison est terminée, si tout va bien je reviendrais l'année prochaine... Gardons-nous en bonne santé !



8 commentaires:

m a dit…

J'ai eu une journée un peu stressante et quel plaisir de lire ton billet.
Ton petit paradis est si beau,les fleurs, les animaux,la campagne,tout simplement.
Je comprends que tu t'y sentes si bien!!!
J'espère que tu y reviendras encore longtemps encore,comme tu dis gardons nous en bonne santé,la plus belle richesse.
Heureuse de savoir qu'Alice se porte bien,je pense que tu as du te régaler avec les chocolats!!
Au plaisir de te suivre,peut-être à Venise à nouveau

Bisous du soir

ELFI a dit…

chez toi, on nage dans le bonheur...le bonheur des petites choses...bises

Danielle a dit…

Merci m, merci de ta visite dans ma campagne :-)

Oui, Alice va très bien, nous espérons tous la garder encore longtemps.

Bises du matin

Danielle a dit…

Chère Elfi, comme moi tu aimes la splendeur des petites choses qui forment le gros de notre vie...

Je t'embrasse très fort, passe une bonne fin de semaine.

Brigitte a dit…

Encore un billet joli, un billet tout simple mais si bien écrit .
La simplicité des choses et l'observation que tu en fais me va bien et me va aussi droit au cœur . Je t'imagine à vélo parcourant tranquillement les petits chemins de cette campagne que tu aimes et l'étang, j'y étais !
Je te souhaite une belle fin de semaine et un excellent week-end
Plein de bises du soir pour toi

Les Idées Heureuses a dit…

Les petits riens de la vie -il existe une petite pièce de François Couperin qui a ce titre charmant-), dans la douceur d'une saison qui s'étire, s'allanguit, refusant encore la venue du froid, pour quelques instants...
C'est en silence que l'on salue cette immobilité saisonnière...
Bises de Venezia, après avoir lu ta douceur partagée
Mina LaVeneZiana

Danielle a dit…

Chère Brigitte merci pour ta compagnie dans ma campagne :-))
Dans les sentiers battus...

À toi aussi bonne fin de semaine et bises du matin.

Danielle a dit…

Mina, profite bien toi aussi de chaque minutes dans cette chère Venise que nous aimons tant...

Et merci aussi F. Couperin pour les petits riens de la vie...

Belles belles balades et rencontres.

Je t'embrasse fort.