vendredi 24 juin 2016

Alice se fiche de mourir...


 

 Dernière création d'Alice, large rebord et pompon... 

Voilà déjà plus de 10 jours que je n'étais pas allée voir Alice, la centenaire de mon étage, je m'étais dit : ça suffit, il faut que je lui fasse une visite, très vite, le temps presse. J'ai sonné, tapé à sa porte un petit moment, Alice a toutes les qualités sauf celles d'entendre bien les coups de poing et les coups de sonnettes, les trépignements des visiteurs. Elle arrive tout tranquillement, rayonnante !

Dans l’entrebâillement de sa porte, elle apparaît avec un magnifique pull blanc, qui fait comme de la dentelle, tellement il est ajouré : une antiquité, me dit-elle. Très belle antiquité, Alice, quand les choses sont belles, elles sont belles, cela vous va très bien !

Elle était contente de me voir : je croyais, Danielle, qu'il y avait quelque chose, que vous étiez fâchée... Ça fait tellement longtemps que vous n'êtes pas venue me voir... Aïe, Alice, je m'en veux...


Dernière création d'Alice, très ouvragée...

Alice, comment pouvez-vous imaginer une chose pareille, j'étais partie ici et là avec des amis, me promener, chanter, visiter pendant quelques jours les sites et les musées de Nancy et de Metz, mais j'ai toujours pensé à vous, chère Alice. Je l'ai prise dans mes bras, et dans mes bras il n'y avait presque rien, pas de poids, pas d'épaisseur, un peu de chaleur, Alice est mince comme un fil de soie.

Sur son canapé, il y a une valise prête pour un petit voyage, sur le dessus s'étalent des paquets de bonbons, des friandises en tous genres, là où elle va il y a des enfants...


Dernière création d'Alice, manches courtes pour l'été...

Aujourd'hui ou demain, le départ est imminent, Alice va prendre l'avion pour descendre dans le sud, chez son fils, 15 jours de soleil garanti. Nous nous asseyons sagement à côté de la valise, était-elle contente de cette petite virée ? Pas sûr, pas du tout certain !

Alice, comment vous portez-vous ? Ça peut aller, c'est invariablement, inlassablement la même réponse que me fait Alice, elle me dit que tout fonctionne bien encore, mais qu'elle s'en fiche de mourir. "Je n'attends plus que ça" : elle dit toujours cette phrase avec le sourire, elle est désarmante, ses paroles me terrassent à chaque fois, je puise aussi le courage de l'entendre. Quand on arrive au bout du bout, que voulez-vous, Danielle, je n'ai plus rien à faire ici... Je lui prends la main, Alice, Alice, je n'aime pas quand vous dites cela, nous avons toujours besoin de vous... Vos yeux vont bien, regardez toutes les belles choses que vous faites, et encore sans lunettes, des merveilles, que des merveilles pour vos arrières-petits-enfants, je vais les prendre en photo, et je suis repartie chez moi chercher ma tablette. J'ai fait défiler ses créations une à une sur le petit pouf en cuir de sa salle de séjour, je me suis bien concentrée sur chaque objet, devant ses yeux ébahis, elle m'a dit : c'est rudement pratique, votre truc ! Oui, Alice, c'est ma tablette, je lui ai parlé d'Internet, du blog, de tous les amis qui étaient toujours contents d'avoir de ses nouvelles, mais je ne suis pas sûre qu'elle ait tout compris d'un coup... Aucune importance, les photos, elle a compris, compris aussi que son travail était important, que je comptais sur elle pour tricoter une belle suite... En plus, elle a souri...


 Dernière création d'Alice, jolis boutons brillants...

Je finis toujours avec elle par reprendre ma petite revue de paquetage, à laquelle elle se soumet de bonne grâce, sans s'impatienter : que mangez-vous de bon ce soir, Alice, et elle me détaille le programme avec appétit, vos oreilles ? Ça va comme ça peut, les appareils auditifs sifflent, j'ai pourtant payé très cher, ce sont des voleurs... N'oubliez pas de boire, Alice, pour bien vous hydrater ! Je ne bois jamais, je n'ai jamais soif. Alice est comme ça, elle est sobre comme un chameau... Bonsoir Alice, je reviens demain pour les bisous du départ...


Toute dernière création d'Alice, avec pompon...

Je viens d'aller frapper, tambouriner à sa porte, elle est déjà partie, envolée vers le sud, et je ne lui ai pas dit au revoir... Je lui avais promis de revenir pour les bisous... Trop tard, mais elle ne perd rien pour attendre...


Oeuvre en cours, Alice aime beaucoup le blanc

Mes amis, portez-vous bien, profitez de l'été et des ciels bleus  !

vendredi 17 juin 2016

Les artistes contemporains s'invitent au Louvre !




Panorama - Eva Jospin, cour du Louvre, juin 2016

J'ai couru jusque dans la cour carrée du Louvre, à l'intérieur d'une grande boîte nickelée, ensorcelante, déformante, brillante au soleil, il y avait une forêt imaginaire dédiée aux voyages !

Une forêt pétrifiée, sculptée entièrement dans du carton ondulé... Plaqués au mur, les végétaux couleur de terre morte étalent leur branches grises comme des squelettes...


La grande boîte nickelée, le paysage est à l'intérieur

Une forêt en plein Paris, un paysage lunaire, planté sur cette belle place... Il a suffi de grimper la petite pente en colimaçon pour la voir. 

J'y étais allée de bonne heure, peu de touristes, pas beaucoup de soleil, mais une grande surprise m'attendait, une très belle surprise...


La cour du Louvre en pièce

L'oeuvre s'appelle Panorama et l'artiste française (44 ans) : Eva Jospin



Le paysage minéral en carton ondulé - Eva Jospin

"Ma forêt est totalement mentale. Elle n’est pas figurative. Elle reflète des préoccupations humaines : l’idée de se perdre ou de se retrouver, notre rapport à l’enfance, aux contes, comme Bambi ou Hansel et Gretel, aux peurs archaïques… Mes forêts sont propices à l’échappée mentale".

Un très beau moment de contemplation dans la fureur de vivre de ce lieu touristique !


Installation de JR

Plus loin, sur la Pyramide du Louvre : JR (33 ans), artiste urbain (il se définit ainsi) français, a installé un trompe-l’œil en noir et blanc sur une des parois de la Pyramide. Il représente la façade du Louvre qui se trouve derrière, habituellement cachée par le monument.


Petit déplacement

Au fur et à mesure que vous vous déplacez dans l'espace, la façade réapparaît derrière le montage photographique, c'est très beau, ludique et très impressionnant. 

"Il y a un seul point de vue qui permettra de voir l’œuvre dans sa totalité, et d’autres angles qui viendront la déconstruire", annonce le créateur. "Les amateurs de photos se casseront ainsi la tête pour trouver le bon angle de prise de vue."


Les touristes arrivent, je pars...

Pas de cassement de tête, je me suis encore éloignée un peu du sujet et hop ! Ensuite, j'ai pris mes jambes à mon cou ...Partir très vite de ces lieux envahis par le monde entier...

À bientôt les amis, pour d'autres merveilles, je vous embrasse tous. 

mercredi 15 juin 2016

Vite, vite, vite, je suis en retard !!!


Hommage aux assassinés d'Orlando, solidarité avec leurs familles et amis...

J'en ai vu des paysages fleuris, des gens, des films, des spectacles, des concerts, des expos, le merveilleux mariage d'un de mes fils, je n'ai pas pris le temps d'en parler sur mon blog, vite, vite, je suis en retard... J'ai suivi tous les désastres de la Terre, au secours ! Jusqu'au dernier massacre des homosexuels d'Orlando, quelle ignominie !

Allez je m'y remets, mais par quoi commencer ?

Le retour à Venise pour très bientôt, une année sans Biennale d'Art Contemporain, comme elle va me manquer, mais toutes ces merveilles à redécouvrir, j'ai le plan de la ville dans la tête, il faut que je me mette au goût du jour, comment sera Venise depuis mon dernier séjour ?

Mentalement, je refais une à une les petites ruelles désertes, à deux pas de la place Saint-Marc, du Rialto, et même du Pont des Soupirs, mais je me perds encore dans les dédales de certains quartiers, appareil photo en bandoulière, sac à fleurs au bout d'un bras, éventail bien choisi, assorti à la couleur de ma robe, dans son étui... Ma carte de Venise me suit depuis 15 ans, plastifiée, scotchée sur les lignes de plis pour renforcer son potentiel, comme mon logeur m'avait dit un jour : Danielle, vous viendrez à Venise jusqu'à votre mort, il faut que ma carte tienne le coup !


Mon sac à fleurs


 Ma carte


Mes éventails

Dans mon voyage prochain, et mes éblouissements dus à Venise, je n'oublierai rien des destins brisés, des malheurs du monde, de la faim, de la soif, des haines, des violences de toutes natures, mais je garde tout de même l'espoir d'un monde meilleur ! J'emporte tout dans mes bagages...

Mes chers lecteurs, et tous ceux du hasard, je vous salue bien, à bientôt de vous lire...