lundi 21 mars 2016

Trois petits tours et coups au cœur... Dans Paris....


La Maison des Métallos, rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e (photo empruntée sur le site de la Maison des Métallos)


La Maison des Métallos :

La rue Jean-Pierre Timbaud (Paris 11e), si vous la prenez dans le haut, au métro Couronnes, près de Belleville, elle descend en pente douce pas loin de la Place de la République. Elle se visite comme une galerie de peinture, il suffit de la traverser toutes les cinq minutes, car il y a toujours quelques chose à voir sur le trottoir d'en face. Vers le haut de la rue, il y a la mosquée du quartier, discrète, mais aux heures de pointe, aux offices, il y a un monde fou, surtout des hommes qui viennent prier tout tranquillement... Avant d'arriver au lieu de prières, de part et d'autre de la rue, il y a des magasins qui vendent tous les accessoires nécessaires aux pratiquants : livres, vêtements, parfums d'orient, décorations et tapis... volants... La mosquée se visite à des jours bien précis, et ce soir-là, je n'ai pas pu la voir, et pas pu non plus la photographier.

Presque immédiatement en face de la mosquée, on peut admirer la Maison des Métallos : en 1881 on fabriquait ici des instruments de musique en cuivre. Quelques années plus tard, la maison Couesnon devient le premier fabricant d’instruments de musique à avoir introduit la machine à vapeur dans ses industries. En 1936, la maison fait faillite et cède les bâtiments à l’Union Fraternelle de la Métallurgie de la Confédération Générale du Travail (CGT, 250000 adhérents). En 1997, l'Union Fraternelle des Métallurgiste est contrainte de vendre. Face au danger de voir la Maison des Métallos vendue à des promoteurs privés, associations et habitants du quartier s’unissent et créent le Collectif Inter-associatif. Leur lutte et le soutien des élus d’arrondissement permettent le rachat des bâtiments par la Mairie de Paris. En vue : un chantier de restructuration du bâtiment, sous la houlette de l’architecte Vincent Brossy. En novembre 2007, la Maison des Métallos devient Établissement Culturel de la Ville de Paris. Elle dispose d’une salle de spectacle insonorisée adaptée à toutes les formes de création contemporaine, d’une salle claire sous verrière, d’une dizaine de salles de travail, dont deux studios audio et vidéo, de bureaux pour l’équipe administrative et d’un bar, le Café des Métallos, sur la mezzanine surplombant le hall d’accueil.


L'entrée de l'établissement culturel, au fond de la cour (photo empruntée sur internet)

Dans mon jeune temps, j'ai beaucoup traîné mes guêtres dans cette maison pour "affaires syndicales". Aujourd'hui, j'y vois de très beaux spectacles, l'accueil est chaleureux, les places ne sont pas chères... Les locaux sont superbes ! Que demande le peuple ?

Puis j'ai redescendu la rue, vers la République, je sautais comme un lapin d'un trottoir à l'autre pour regarder de près tous les beaux cafés, les restos qui se pressaient les uns à côté des autres, avec des décors originaux, chaleureux et sympathiques, un poil plus branchés les uns que les autres... En un mot, je ne savais plus où donner de la tête...

Le Garage :

Et je suis tombée en arrêt devant Le Garage ! Pas plus large qu'une voiture, une espèce de chose où s’amoncelait une montagne d'objets à la "Diogène", un bric-à-brac incroyable, un chat n'y retrouverait pas ses petits. Sur l'invitation du garagiste : allez voir à l'intérieur, il y a une voiture qui date de 1930, j'ai pu m'y faufiler en rasant les murs pour ne pas me tacher, et faire quelques photos... Une voiture en réparation, sans capot, déversait ses tuyaux quasiment sur le trottoir, je me suis demandé si ce garage n'était pas une blague, un décor de théâtre ? Que se passe-t-il ici ? Dans cet imbroglio j'y ai vu de la beauté à revendre, de l'étrangeté, du mystère...








Le garage...


Gérard Fromanger au Centre Pompidou : Gérard Fromanger est un artiste français né en 1939, il considère l'amitié des poètes, des philosophes, des écrivains, des peintres, des sculpteurs, des cinéastes, des musiciens, des architectes comme un élément moteur de son processus de création. Il s'implique dans l'histoire de son pays, dans l'histoire du monde... Le Centre Pompidou lui rend un bel hommage de son vivant...

Son oeuvre est une explosion de couleur, avec Gérard on fait le tour du monde à Paris, et ma vie colle à son oeuvre, les années 60, 70, 80, 90... : les bouleversements politiques, les fractures sociales, les inventions du siècle, nous les avons vécus tous les deux, je m'en souviens, mais l'artiste en a fait des œuvres d'art flambantes, éclatantes, sa peinture nous parle de Paris et du Monde entier, des gens, surtout des gens, des gens qui travaillent, qui vivent dans la vie de tous les jours... Nostalgie, espoir, avenir...




(Détail)





Ses codes couleurs pour exprimer avec force l'histoire...


Arman et Wirths chez Templon (galerie d'art contemporain) :


Au cours d'une promenade avec ma petite-fille (23 ans), nous flânions dans le beau quartier du Marais que nous aimons toutes les deux, les bistrots, les galeries, j'en connais assez pour passer une pleine journée à bavarder, à nous émerveiller. Arman (1928 à Nice - 2005 à New-York), inutile de le présenter, tout le monde le connait, on ne peut passer devant une de ses œuvres sans dire : ah ! mais c'est un Arman, on reconnait spontanément ses accumulations, ses petites collections encadrées, ses découpages/reconstitués d'objets... Arman est connu comme le loup blanc dans le monde entier, il a été un des des premiers à utiliser comme matériau des objets manufacturés "qui représentaient pour lui les prolongements multiples et infinis de la main de l'homme qui subissent un cycle continu de production, consommation, destruction" (Wikipedia).

Ses œuvres sont collectionnées dans le monde entier, et moi je ne m'en lasse pas, les accumulations me font toujours de l'effet, elles me touchent, elle prennent des dimensions inattendues. Les couleurs, les formes me surprennent toujours, quel bonheur de pouvoir les passer en revue avec ma petite-fille qui en faisait connaissance... La variété des objets, conçus comme de véritables tableaux, les sculptures, les inclusions dans la résine, restituent la société de consommation, redonnent ses lettres de noblesse aux objets communs. Comme Wandy Wahrol, il joue avec la multiplication...


Inclusion en résine



Détail...



Les mêmes petites étiquettes de mon enfance (et de celle de mes enfants), cousues aux vêtements avant le départ en colonie de vacances...

Wirths (artiste allemand né en 1967 à Berlin), propose lui aussi des objets usuels, interprétés d'une façon hyperréaliste, mais dans de grandes dimensions qui les placent d'emblée en dehors de la réalité, les objets du quotidien sont peints avec un souci du détail sur de grandes toiles blanches, ils deviennent mystérieux, nous regardent de haut presque comme des personnes.... Nous sommes dans un autre monde, et c'est précisément ce changement d'échelle qui me plait et me déroute. Voyez :






Les objets du quotidien, peints dans de grandes dimensions, trouvent une autre vie

Charles Matton (artiste français 1931-2008) Bibliothèque Nationale de France :

J'ai fait connaissance avec la beauté des œuvres de cet artiste il y a un peu plus de 20 ans, avec un film en tant que cinéaste : La lumière des étoiles mortes (1994), somptueux ! Ce film est une autobiographie de l'artiste, il y raconte des souvenirs d'enfance pendant la deuxième guerre mondiale, il a une dizaine d'années. Les personnages : ses parents, ses familiers, sont d'une grande complexité, car ils sont à la fois collaborateurs et résistants, ils évoluent avec une vraie complexité, on les aime... Chaque plan est essentiel, maîtrisé comme un tableau de maître. Un très beau film, que j'ai revu avec plaisir dans une salle audiovisuelle de la Grande Bibliothèque... Charles Matton, je l'adore surtout pour ses exceptionnelles boîtes, je ne connais pas son travail de photographe, peintre, illustrateur, je voue à son film et à ses emboîtements une très, très grande admiration. J'ai eu la chance de tomber sur ses boîtes par hasard, chez un galeriste d'art contemporain parisien, c'était bien avant mon ordinateur, mon appareil photo, ma tablette, ce qui fait que je n'en ai gardé aucune trace, mais l'éblouissement qu'elles produisirent sur moi est indélébile !

Sa femme a fait don récemment à la Bibliothèque Nationale de France de ses archives : manuscrits, photos, et deux boîtes, dont l'exposition a lieu maintenant jusqu'au 26 mars 2016. 

Impossible de traduire en mots les boîtes de Charles Matton, dire qu'il a crée des boîtes miniatures reconstituant des lieux réels ou imaginaires : chambres, salons, rues, bibliothèques, ateliers d'artiste... Ne suffira sûrement pas à vous en faire une idée. Elles se présentent comme de grandes maquettes de théâtre, beaucoup plus précises, il s'en dégage une énorme atmosphère poétique, doublée d'une beauté esthétique inépuisable, les lumières, les clairs obscurs qui envahissent l'espace, leur donnent une âme, grâce à un jeu de miroir judicieusement placé dans l'espace, certains éléments du décor se multiplient à l'infini, l'illusion de la profondeur de champ est saisissante, il est malaisé d'en définir les contours immédiatement, il faut apprivoiser son regard, le spectateur est un peu comme Alice aux Pays des Merveilles... Je n'ai jamais oublié les emboîtement de Charles Matton, aussi imaginez ma joie et ma curiosité quand j'ai été informée de cette exposition, malheureusement il n'y avait que deux boîtes (G. Perec et F. Bacon) que je connaissais déjà. Un grand moment de bonheur !







Détail










Boîte prise sur Internet



Boîte prise sur internet


Hommage à Freud (prise sur internet)


Hommage à Freud (prise sur internet)

Vous pouvez allez visiter les boîtes de l'artiste sur internet, les prendre comme document, vous laissez impressionner par les images, mais pour les œuvres réelles, guettez les expositions...