mercredi 23 décembre 2015

Pêle-mêle...Jusqu'à Noël



Pas assez de lumière pour la photo, mais toujours le plaisir de tout saisir, l'horloge, le manège et la Basilique


Février 2007 : le ciel bleu !

Après les attentats de Paris la vie a repris son cours, les magasins ont retrouvé leurs clients, les lumières scintillantes, les paquets dorés, et les sous dépensés pour faire plaisir...

J'ai repris moi aussi mes déplacements dans la Capitale, pour un oui, pour un non, j'ai toujours envie de me retrouver dans Paris, j'ai couru au Marché St-Pierre, besoin d'un bout de galon, de boutons, du biais, du tissu, de la laine, comme autant de fleurs que l'on cueille en plein champ... Un matin, assez tôt, au sortir du métro Anvers, en remontant la petite rue Stenkerque, qui arrive juste devant le Sacré-Coeur, j'ai eu invariablement besoin de prendre la photo, que le ciel soit gris ou bleu, l’impérieux besoin restait intact, impossible d'y couper.

J'avais repéré un espace nouveau pour se restaurer sur le pouce, la grande marque "Prêt à manger", pour ne pas la nommer, proposait sandwiches bio et boissons fraîches, ambiance claire et spacieuse, un petit bémol pour la musique au mètre qui vrillait mes oreilles... Rien n'est parfait !

Je n'avais pas réussi à trouver de la polaire double face, j'avais cherché partout : avez-vous de la polaire double-face ? Ah ! Non madame, ah ! Pas du tout madame, nous en avions en octobre mais maintenant c'est terminé... J'ai donc dû, à mon corps défendant, compléter mes emplettes sur Internet. Oui, j'ai trouvé mon beau tissu, acheté, livré en deux jours, pas de déception, les couleurs étaient magnifiques, allez au boulot !



Ma polaire double-face et le biais


Chaque fois que je prends le métro je rencontre des "fous", "des dingos", des affligés du cerveau, hier, une dame me récitait la bible de A à Z, me prédisait une malédiction mondiale, celui-ci en avait après la société toute entière, ceux qui ont des tics des tocs très voyants attirent le regard, tout le monde se retrouve dans le métro, il fait plus chaud.

En arrivant dans ma ville j'ai même rencontré le jeune "fêlé" qui se prend pour le contrôleur du bus qui passe sous mes fenêtres, là, sur le passage piéton, il faisait l'agent de police, il écarta grand les bras pour me laisser passer...


Le très beau film de Nanni Moretti

J'ai vu ce très beau film et j'ai beaucoup pleuré, avec discrétion, silencieusement, car tout me rappelait la mort de ma mère, à la fin, les cartons dans l'appartement vide me ramenaient loin en arrière avec ce manque, cette absence, ce chagrin... L’appartement vide est terrible... J'y avais vu ma mère si heureuse, si fière de la beauté qu'elle avait su organiser autour d'elle... Quand je passe, encore avec hésitation, par ce boulevard de Paris, je l'appelle toujours "le boulevard de maman"... J'y passe vite en jetant un coup d’œil au 4e étage, le nôtre !

La madre du" film" était professeur de latin dans un lycée, mais ce n'est pas ce que ceux qui l'avaient connue retenaient en premier : elle nous a appris la vie, nous l'aimions comme quelqu'un de proche, généreuse, affectueuse, douce, elle nous demandait des nouvelles de nos enfants. Le latin devenait accessoire, loin derrière son humanité... Si le film est encore pas très loin de chez vous, courez le voir !

Noël se précipite, j'ai allumé ma belle guirlande, aligné les petits paquets bien enveloppés, mis la déco sur ma porte, comme chaque année, pour donner des couleurs à mon pallier...


L'incontournable

Dernier film à mon palmarès : Star Wars, "Le réveil de la force", la VO en 3 D. Je me souviens du premier film de Georges Lucas que j'avais vu dès la sortie avec mes enfants encore petits, voilà déjà 40 ans, quel bonheur, nous avions eu de grosses discussions pendant tout le chemin du retour, nous avions tous les yeux plein d'étoiles, moi je trouvais que c'était bien moralisateur, les bons, les méchants, mais je ne crachais pas dans la soupe, cet assaut de techniques, de machines fabuleuses, de musique trompettante, qui met le feu à toute la salle, nous avait beaucoup plu... Mais aujourd'hui avec ce septième opus de la saga, l'enthousiasme s'est envolé presque immédiatement, la grosse artillerie était au rendez-vous, mais le cœur n'y était pas, toujours la même histoire, toujours les mêmes grands effets, mais pas l'émotion du début...

Dernière visite de l'année à Alice, ma voisine de pallier, centenaire, elle passera le réveillon chez ses enfants, mais à la fin de toute notre conversation, elle reste sur cette idée : Danielle, si je pouvais partir demain, mais non Alice, pas question, j'ai besoin de vous... Tous les jours elle espère le départ final, et tous les jours je lui dis de rester encore, je regagne mon appartement en lui envoyant des baisers comme sur le quai d'une gare, elle me regarde de loin avec le sourire... Comme elle va me manquer !

Pour le réveillon de Noël, j'ai donné la clé de ma cuisine à un de mes fils, fais comme tu veux mon fils, le repas sera bon, joyeux autour de la belle table blanche et repassée de frais...Un gros bonheur de 2015 !



Bonnes fêtes à tous ! 

mercredi 9 décembre 2015

Pêle-Mêle : Tous les Morts et les Blessés, les chants berbères et les élections...



Avant la minute de silence, place de la République

Nous y étions presque, à notre rendez-vous chantant avec les femmes berbères de ma commune, nous avions bien répété pour être très présentables, quatre chants d'un peu partout, aux quatre coins du monde...

Mais, juste avant il y eut tous les Morts et les Blessés des attentats du 13 novembre 2015 sur Paris... Toutes les souffrances, les pleurs, les douleurs, les drapeaux, les hommages, les inquiétudes pour l'avenir...


Comment vivre ces moments dramatiques sans en parler avec tout le monde, dans l'ascenseur, chez les commerçants, avec mes amis, chez le coiffeur, dans ma famille, à ma gardienne d'immeuble qui était désespérée, à mes voisins... À chaque fois que je disais : comment vas-tu ? J'entendais : ça pourrait aller mieux, et nous savions de quoi était fait ce : ça pourrait aller mieux... Nous n'allions pas bien du tout, nous pensions à toutes ces victimes, leurs proches, dans les rues, sur les trottoirs, devant tous les lieux  d'assassinats le souvenir du sang s’entremêlait avec les fleurs et les bougies, ces jardins improvisés avaient été plantés avec les papiers, le jour et la nuit brûlaient des flammes vives, beaucoup s’éteignaient avec le vent, les gens qui passaient les rallumaient, on pouvait compter sur tout le monde, on allongeait le bras pour déposer une rose, un bouquet, un petit mot, un dessin, une photo, un drapeau, une tour Eiffel... Une bougie allumée aux autres flammes...


Je suis allée dans tous les coins où ils avaient tiré, j’emportais mes bougies et ma boîte d'allumettes et je restais là quelques instants avec tous les autres gens qui faisaient comme moi en silence, on regardait, on lisait les mots d'amour... C'était impressionnant.

Pour la minute de silence j'y étais aussi, à la République et ailleurs, pas très loin dans ce parcours maudit grand comme un mouchoir de poche, le pèlerinage fut facile, il suffisait de suivre la foule...


Toute la semaine je fus fatiguée, accablée, attristée, comment faire avec cette nouvelle guerre ?


Pendant cette semaine ensanglantée j'ai beaucoup marché... Beaucoup réfléchi, beaucoup désespéré...

Après le désespoir,  il y eut le coiffeur et toutes nos conversation  pour les élections (voir post antérieur cliquer ici), la vivacité de nos conversations faisaient suite aux morts et aux blessés... Au devenir, aux craintes, aux questions sans réponses...

Après le coiffeur il y eut les chants avec les femmes berbères. Dans la matinée, branle-bas de combat, le rendez-vous avait été changé, il fallait prévenir toute la troupe, donner la nouvelle adresse, téléphoner à ceux qui n'avaient pas Internet, pourvu que toute le monde puisse venir, mais oui, la nouvelle adresse, tu ne connais pas, mais si, c'est tout près de chez toi, pas besoin de prendre l'autobus, bon, à tout de suite, n'oublions pas nos partitions... Avant ce calme olympien, toutes ces recommandations, le nouveau point de rencontre, j'avais piqué une colère noire, sorti deux ou trois jurons : changer de lieu de rendez-vous une heure avant le concert, c'est dingue ça !

Parfait, tout le monde serait là, pas de soucis, reprends tes esprits, ma fille !


Quand nous sommes arrivés à la salle, sur tous les visages il y avait de larges sourires, les dames étaient très nombreuses, notre chœur au complet et notre chef observaient la musique ambiante, tout pouvait bien commencer. Tout avait déjà commencé, les dames chantaient, le grand tambourin résonnait, il faisait déjà chaud, nous avons pris place parmi elles... Elles nous avaient réservé de très beaux chants, dont celui que tout le monde connaissait du célèbre chanteur kabyle Idir : A vava inouva (mon papa et moi) des années 70, allez encore une, et elles ne se faisaient pas prier...

Nous avons présenté une toute petite partie de notre répertoire, nous étions émus, il ne faut pas trop être ému pour chanter car les notes se bloquent dans les gorges... Le premier chant : orthodoxe russe, parlait de Dieu et de Paix, le deuxième : l'italien de Calabre parlait d'amour, puis l'espagnol disait : rossignol, beau rossignol, dis-bien à mon doux ami que je suis déjà mariée, le dernier chant en français : Brume, brume grise et ouatée qui redonne l'espoir après la guerre...

Un gros succès !

L'ambiance était chaleureuse, nos amies se sont remises à chanter des chants d'exil des années 70, quand les maris partaient en France pour travailler, les femmes restaient au pays pour les enfants, la maison... Passionnant, une jeune femme à côté de moi me traduisait les paroles au fur et à mesure...

Nous sommes partis après le café et les petits gâteaux... Et les danses... 


Certains, chez elles comme chez nous parlaient des attentats, ceux qui s'exprimaient désapprouvaient, se prenaient la tête dans les mains : quel malheur ! Quelle abomination... Notre rendez-vous, fixé bien avant les attentats, rendait notre après-midi plus grave, nous sentions les uns et les autres que finalement, ça tombait bien d'être là ensemble à se serrer les coudes dans la musique... Après les morts et les blessés !

Il faut revenir, nous irons vous écouter chanter, disaient certaines, mais depuis nous n'avons vu personne, si les ponts sont jetés, il faudra encore beaucoup marcher pour se revoir, nous allons y travailler... Les comoriens, les berbères, les jeunes, les moins jeunes, il y a du monde qui chante sur notre ville... Rassemblons-nous !


Et puis la vie a repris péniblement le dessus, il fallait maintenant aller voter, pas question pour moi du Front National, nouveau tournant,  nouveaux tourments, je vote toujours sur ma gauche...

Au premier tour tout est raté, le deuxième tour ne sera pas mieux, j'ai des raisons de ne pas espérer des lendemains qui chantent !

Mais attendons pour voir, des bonnes surprises peuvent arriver...