mercredi 7 octobre 2015

Carnet de campagne indroise... Et la vie continue...(2)



Et le soir au fond des prairies, l'alignement des vaches


Après le décompte des morts, je vous épargne les malades, pas grand chose de changé par ici, tant mieux, c'est précisément ce que je cherche : les champs qui passent d'une culture à l'autre, les vaches qui changent de crèche, à la rigueur je peux le supporter...

J'ai commencé mon tour de piste par les sentiers : les pommiers étaient pleins à craquer, les mirabelles ? Il n'en restait plus une, la vigne était en grande forme, les grappes joufflues à souhait allaient faire "la piquette" du coin, disait une voisine ! Heureusement, la saison avait pris de l'avance cette année pour les noix, dès mon arrivée, pas le temps d'attendre, je les cueillais sur les branches, à l'intérieur leur brou à peine éclaté, à la fin de ma cueillette j'avais les doigts marrons, j'étais pressée de les goûter, La cervelle qui logeait dans la noix était toute fraîche, j'enlevais facilement et avec plaisir leur peau si fine pour obtenir un petit crâne en marbre blanc délicieux...


La piquette


Les noix et les dernières mûres m'attendaient : joyaux des chemins !

J'avais rapidement repéré mon pommier préféré, toujours délaissé, dans une petite parcelle à tous vents, en bordure de la route. Les reines des reinettes, toutes à terre, pourrissaient tranquillement à l'ombre attendant ma venue avant leur fin définitive... Une chance pour les compotes et les tartes que j'ai pu faire.


Mon pommier préféré assis sur ses cannes, à la lumière du soir


 La petite tarte aux pommes

Les mûres vivaient également leurs derniers moments, les mouches, les abeilles se les disputaient, les toiles d'araignées finissaient de les ensevelir, pas un instant à perdre, j'avais une commande, il m'en fallait un bon kilo d'urgence avant extinction complète des feux, j'ai pu en faire quatre pots, sauvée !





Les confitures de figues

Les mirabelles, les reines-claudes de par ici étaient déjà toutes stockées dans les pots, les congélos, la stérilisation, inutile de chercher, j'en ai donc trouvées dans un grand magasin, commande exprès, pas question de revenir bredouille, j'avais prévu la vanille en poudre, les pots, la louche et l'entonnoir, acheté de belles étiquettes, un sans faute ! Une belle panoplie des couleurs de l'automne...

Plus les jours passaient et plus mon stock de noix grossissait, cette année elles étaient comme des balles de ping pong, la chaleur sans doute leur a fait avoir la grosse tête... À la fin du séjour je ne me baissais même plus pour les ramasser, trop c'est trop, elles jonchaient les routes, je faisais juste attention à ne pas mettre ma roue sur leurs carapaces. J'avais mauvaise conscience, je résistais, non et non, plus une,  j'en avais largement assez pour faire une jolie distribution parisienne. Au cours de mes balades, j'avais trouvé un bel endroit pour m'asseoir, le marche-pied d'une citerne  d'eau,me servait de siège, en plein champ, citrouilles à gauche, vaches à droite, loin de tout, je sortais alors la belle pierre plate dissimulée dans un creux d'herbe et je cassais quelques noix pour une dégustation immédiate... Je portais alors mon regard au loin, 180° de beauté absolue...



Le stock de noix du mois


Le banc improvisé pour regarder 180 ° de beauté

Avec les ciels des jours qui se suivent et ne se ressemblent pas, j'ai toujours eu envie de sortir mon appareil photo, quelques fois je le sortais mais je n'étais jamais satisfaite, il y avait trop à faire avec les nuages, alors j'ai dit stop ! Pense avec les yeux, retiens les mouvements rapides, les changements lents, les pleins et les déliés, garde l'éblouissement de chaque minute, ça suffira à ton bonheur... J'ai réussi à regarder l'horizon sans faire un geste... C'est difficile, avec cette envie de vouloir tout garder, sauvegarder le moindre brin d'herbe, finalement j'ai emmagasiné le silence, les paysages, simplement en bougeant les yeux, émerveillée...

Juste un petit geste :


 Pour capter l'équilibre des bambous


Pour la perspective


Pour la paille ensoleillée

Pour retenir les couleurs il faudrait être peintre, très spécialisé : le ciel, les arbres, les vaches, les prairies, les ornières, les chemins verts, les vignes, les jardins, les fleurs, les ruisseaux, les étangs, les maisons, les murs de pierres sèches avalés par les ronces, le clocher d'église coupant comme une épine... Il faudrait beaucoup de peintres et des meilleurs... Encore et encore...


Pour la lumière du soir dans les blettes


Pour le petit tas d'herbes à brûler

Pour retenir les odeurs il faudrait des nez de parfumeurs, mais qui oserait inventer la fragrance des étables, du purin, des ensilages, du foin, de l'herbe coupée, de la terre, des reines des reinettes, pour la mûre il y a eu des essais éblouissants, les odeurs du soir qui vous arrivent encore tout chauds de la journée passée... Le figuier...Des odeurs du troisième type, inconnues, fortes et fugitives...


 Pour la nature vivante


 Pour le désordre et la lumière


Pour la belle ligne de linge

Alors je me suis mise à la photographie, j'essaye, je voudrais montrer exactement ce que je vois sans rajouture, sans rature, sans correction, c'est très difficile de rendre compte de ce qui me passe devant les yeux et qui me touche... Très difficile ! De toute façon, la réalité physique du monde ne peut se réduire aux format des cartes postales, des tableaux, du cinéma  et de la vidéo... Il faut être là !

14 commentaires:

Album vénitien a dit…

Chère Danielle,
Je marche dans tes pas et je savoure cette promenade que n'aurait pas reniée Virgile.J'ai la chance de vivre dans une région qui a su garder son caractère rustique et mes promenades ressemblent un peu aux tiennes.J'ai mes deux sentiers favoris dont je vais vérifier régulièrement la santé, le dimanche après-midi pendant la sieste du" capo" Dimanche dernier, j'ai fait provision de châtaignes, pour la décoration. Leur robe verte a pris au fil de ces derniers jours, des couleurs d'or rouge.Pour les coings, une semaine de patience, ils ne sont pas prêts à finir en gelée.Je peux cueillir les noix quand elles ne tombent pas directement dans mon jardin.Mais cette année,la récolte est maigre.Le jeune noyer n'est pas en pleine forme.J'ai vu des mûres aussi mais sur un lieu très fréquenté,je préfère gâter les abeilles.:-)Mon neveu par alliance s'est lancé dans l'apiculture et m'a apporté un miel délicieux.
Cette année, les prairies ont été laissées à l'abandon, je n'ai pas eu de voisines charmantes ..Ce sera pour l'an prochain.Décidément, nos appareils numériques nous offrent de bien belles occasions.Alors profitons-en.Belle prochaine promenade à toi.Bises.

ELFI a dit…

tes photos sont un exemple de naturel.. comme tu as vécu cette journée..
il m'arrive parfois de donner un peu de artifice à mes photos .. juste pour le fun...
manger les noix un délice... cette année je passais mi-septembre dans l'isère ...mais trop tôt..le cultivateur m'a dit de passer dans 15 jours....alors ..
bises et bel automne !

Les Idées Heureuses a dit…

épicuriennes dans nos moments de solitude: savoir goûter l'instant, le temps qui se file comme de la soie, le temps si précieux, pépites précieuses; l'offrande de l'air, de la lumière. Ecouter sa propre respiration, celle qui part du ventre et monte dans la tête, l'inspiration si profonde et l'expiration qui nous allège. Détendre le front, relâcher les épaules; le regard souvent aidé de verres et de monture en écaille, ce regard qui se fait plus vif, qui retrouve sa joie de la redécouverte, l'âge aidant à canaliser ses mouvements sur l'objet...
C'est peut être cela avoir la foi?
Mère Nature qui nous élève, nous éduque si on sait l'écouter, Mère Nature que l'on martyrise cependant avec nos idées qui ne sont plus humanistes, poussés par un désir d'avoir toujours plus, encore et encore.
Que ces lieux puissent restés intacts de toute mise en cage de béton, un miracle qu'il nous est donné encore pour un espace temps, en souhaitant qu'il reste préservé de longues années pour pouvoir écouter tes délicieuses histoires.
Hum! la confiture de figues...mon figuier refuse de fructifier depuis deux ans!!!!
Mamina de Sclos avec aussi ses chemins préservés.

Marie Claude a dit…

Quelle belle balade en te suivant faire tes récoltes dans ton petit coin de paradis!
Les noix sont magnifiques et de plus très bonnes pour la santé.
Une vraie nature morte ta photo avec les 2 pommes.
Gros bisous du matin Danielle.

Danielle a dit…

Merci chère Danielle, quelle chance tu as d'avoir encore tes deux sentiers favoris:-)miel et châtaignes complètent admirablement ton tableaux de chasse...

Merci de marcher dans mes pas Danielle

Je t'embrasse très fort.

Danielle a dit…

Elfi,c'est vrai je suis souvent tentée de mettre moi aussi un brin de feu d'artifice dans mes photos, mais je ne le fais pas :-)) Je laisse aller la lumière là où je l'ai prise, mais c'est vrai, il faut être très savant en manipulation d'appareil photo pour parvenir à la capter tout à fait !

Zut pour les noix :-((

A toi aussi un très bel automne créatif et heureux.

Bises du jour très fortes.

Danielle a dit…

Chère Mamina, je ne sais pas ce que la foi apporte, tu le sais, je suis une mécréante avertie :-))Les gens sourient quant je leur dit que je vais toujours aux mêmes endroits, si j'avais un vélo électrique je tenterais bien un ailleurs, mais cela me va très bien, car dans mes 360° degrés d'horizon il y a tant de choses à saisir...

C'est comme sur le grand Canal de Venise que je descends et remonte depuis 15 ans, je n'en suis jamais lassée...

L'automne dans l'Indre a été riche de tout : la douceur, les couleurs, les fruits, les ciels de peinture, les vaches au fond des prés étaient d'une beauté confondante.

J'ai mis ta lavande dans un petit sac de dentelle pour parfumer ma penderie :-)) Merci à toi et gros bisous de maintenant.

Profite de tout !

Danielle a dit…

Marie Claude merci d'y revenir, mes deux pommes en réalité sont deux coings avec leurs feuilles, j'en ai déjà mis un en compote avec des pommes, c'est délicieux.

Passe une très belle journée, je t'embrasse fort.

Marie-Paule a dit…

Je me dis que nous sommes des "privilégié(e)s" de savoir encore aimer la nature, la regarder, la respirer, en apprécier les fruits. Toute la technologie qui nous environne -et dont nous profitons- n'a pas réussi à nous détourner des choses simples. Peut-être même nous en a-t-elle rapprochés!
J'aime toutes tes photos sans "artifices", Danielle, mais l'une a ma préférence, va savoir pourquoi, celle où l'on voit les blettes!
Je t'embrasse.

Danielle a dit…

Marie-Paule moi aussi je trouve que nous sommes privilégiés de savoir regarder, je pensais exactement cela quand je me trouvais sur les chemins, la technologie je m'en sers avec plaisir, tu vois, mon appareil photo numérique me suit partout...

Si, si je sais pourquoi Marie-Paule la lumière qui arrivait sur les blettes était somptueuse, je l'avais remarquée pendant un dixième de seconde, et j'ai déclenché...

Moi aussi j'aime énormément cette photo, merci de l'aimer toi aussi :-))

Gros bisous à toi et bonne fin de semaine.

Marie Claude a dit…

Coucou Danielle
J'aurais du regarder de plus près les feuilles en effet....
De toutes façons même avec des coings la photo j'aime... toute comme la gelée de coings que j'ai fais une seule fois, très bonne mais beaucoup de travail!
Gros bisous du soir.

Danielle a dit…

Tu as raison Marie Claude, j'adore aussi la belle couleur des coings, que je confonds moi aussi avec des pommes quand ils sont dans les arbres :-)) :-))la gelée de coin c'est délicieux mais trop de travail comme tu dis...

Très gros bisous du soir à toi.

Brigitte a dit…

Que de beauté dans la nature, lorsque l'œil sait s'y attarder !
Tu as fait de belles récoltes dis donc ...Chez moi je cueille encore des pommes et puis des noix et des châtaignes qui sont très belles cette année . J'en donne aux amis qui passent et qui repartent avec un pochon ou une cagette de coings ,de pommes ou de châtaignes. j'ai juste à me baisser et trier et ramasser ,quel bonheur .
Tu vois loin dans ta campagne et c'est toujours aussi beau ,paisible, calme, serein...
Je vais lire ton n° 3
Bises du soir

Danielle a dit…

Oui Brigitte, de très belles récoltes, je n'ai pas arrêté de manger les noix des chemins...

Je comprends ton bonheur de distribuer autour de toi ces fruits de la nature:-))

Le luxe que je peux trouver dans ma campagne se distribue ainsi : silence, beauté, animaux, rencontres...

Chaque jour à vélo ou à pied j'en profite à fond.

Grosses bises Brigitte bonne fin de semaine à toi.