lundi 30 mars 2015

Des couleurs et de la beauté dans la morosité ambiante...


Costumes provençaux du 19ème siècle

Mon artiste de frère honore actuellement une commande importante de sujets imposés : des costumes provençaux...

Inlassablement, il remet sur son métier : les dentelles, les rayures, les assemblages originaux, et chaque fois il me dit, c'est loupé, c'est moyen, ça vient à peu près bien... Un jour unique, il m'a dit : celui-là est réussi ! En bref, il n'est jamais content du résultat, et je lui dis à chaque fois, c'est normal que tu ne sois jamais satisfait de ton travail, c'est le prix à payer de la création, toujours à recommencer, toujours à espérer, à progresser, sans cesse à chercher le renouvellement... Et tu y parviens, mais les efforts sont menaçants pour l’ego !

Tous les jours nous nous appelons, alors tu en es où ? En fait, les rayures sont très difficiles à faire, il faut que ça tourne bien, c'est très important !

Moi je surveille j'admire, j'encourage, je trouve tout merveilleux... 

Regardez si j'ai tort :






Les costumes provencaux dans toute leur simplicité  et leur splendeur 


jeudi 26 mars 2015

Le fruit miracle !


Fruit et feuilles du corossol

Je cherchais un bel ananas, pas trop vert, bien mûr, avec une couronne de feuilles parfaites... Je finissais de soupeser le fruit, j'allais presque me décider quand un homme, jeune, me demanda de l'aide... Je suis habituée à ce genre d'interventions, souvent j'ai renseigné des gens qui ne savaient pas lire le français, qui cherchaient un prix, un nom, ou comment peser leurs achats sur la balance...

Il avait dans la main un gros fruit piquant et inconnu, je découvrais cet étrange corossol sur l'étal du grand magasin, énorme fruit vert, pesant, très cher, il venait d'Afrique du Sud, il en restait seulement deux exemplaires et puis vint la question que je ne compris pas tout de suite, que voulait-il au juste ? Je m'étais dit instantanément, je ne vais pas pouvoir faire grand chose pour lui, mais je me suis prise au jeu, j'ai pris le temps qu'il fallait pour l'écoute, oui, vous cherchez quoi, monsieur ? Dites-moi comment s'appelle ce fruit, d'accord je vais chercher avec vous, il n'y avait pas l'étiquette appropriée sur l'étal, juste la provenance : Afrique du Sud et le prix, un nom qui ne correspondait à rien de connu ni pour lui, ni pour moi... J'ai vraiment besoin de ce fruit, mais je ne suis pas sûr du nom, attendez lui dis-je, je vais regarder sur le carton d'emballage : rien que des noms imprononçables, pendant que je cherchais avec attention le nom sur la boîte d'expédition, je voyais cet homme s'agiter, chercher fébrilement sur son portable, j'ai pensé qu'il cherchait l'image du fruit, il la cherchait en effet, mais le mystère demeura total pour moi ! Vous cherchez quoi ? J'ai vu un truc à la télé sur ce fruit, ils disaient que c'était très bon contre le cancer, ah bon ! Oui, c'est vrai vous savez, j'ai vu ça, mais je ne me souviens plus du nom du fruit, mais je sais qu'il ressemble tout à fait à celui là, ils disent à la télé que ça fait du bien, que ça guérit, il faut l'ouvrir et le malaxer avec la main, vous savez quand on est désespéré, on essaye tout... Je comprenais parfaitement sa recherche, bien sûr monsieur, vous avez raison...

Vous savez monsieur, il ne faut pas trop vous en faire, si vous hésitez, ce fruit ne fera peut-être pas aussi bien qu'un médicament, c'est vous qui êtes malade ? Non, c'est mon frère, il a un cancer, il a porté sa main sur son estomac, c'est là qu'il a sa tumeur, il a 44 ans, et j'ai vu dans ses yeux les larmes aux bord de ses paupières, il va se faire opérer, il vont l'opérer lundi, je veux lui apporter ce fruit, il paraît qu'il est très bon pour soigner le cancer... Ça à l'air vraiment efficace d'après ce que j'ai vu à la télé...

Je lui ai dit : monsieur, n'ayez pas trop de chagrin ce soir si vous n'êtes pas tout à fait certain du fruit qu'il faut acheter, votre frère sera très bien soigné avec cette opération, il a aussi, j'en suis sûre, de bons médicaments qui vont l'aider à guérir, il fut surpris de mes paroles et avec un beau sourire, il me dit : merci madame, et il s'éloigna du rayons sans acheter le fruit... Il avait l'air un peu rassuré... Je l'espère...

Cette compassion dans le rayon fruits et légumes, je l'avais éprouvée si sincèrement qu'il l'avait sans doute perçue!

Quand je suis passée en caisse, en attendant mon tour, je pensais à cette rencontre, cette peine immense qu'éprouvait cet homme pour son frère, et son espoir avec le corossol : on ne sait jamais, m'avait-il dit. Cette petite formule magique que chacun de nous a sans doute un jour invoquée, souhaitée de toute son âme, à la fin, quand plus rien n'y faisait, pour lutter contre la maladie, l'insoutenable, le pire, la mort...

Je me souviens qu'à vingt ans je me serais moqué de sa quête, je l'aurais trouvée vraiment irrationnelle, aujourd'hui, il en est tout autrement, moi aussi je rêve de temps en temps à cette petite magie du verbe quand plus rien ne va...


Le fruit vertueux, anti-cancer !

dimanche 22 mars 2015

Eh ! J'ai bricolé, et j'ai voté !



Voilà, c'est fait !

Le petit pastel (voir post précédent) trouvé aux Puces la semaine dernière, je l'ai entièrement remonté à l'identique, avec le bout de ficelle d'origine, il a exactement la tête qu'il avait quand il m'a tant plu...

Mais comme tout ne se fait pas par magie, j'ai dû réfléchir et finalement ne pas mettre de fixatif sur les belles roses anciennes... Tout le monde le déconseillait sur internet, j'ai bien étudié la question, j'ai soufflé légèrement sur les pétales pour éliminer quelques grains de poudre tendre, et je les ai sagement remis derrière la vitre, bien nettoyée, sans la toucher, puis j'ai refermé avec un scotch spécial qui était beau et collait bien...

Je me suis dit, puisque c'est le printemps je vais bien vérifier en bas de ma rue, j'ai trouvé l'abricotier en fleurs roses, une grâce, un plaisir intense à le regarder.


La beauté... La vie en rose !

Maintenant j'attends de voir les fleurs grossir puis tomber, et de guetter les abricots... Mais je ne suis pas pressée, je vais d'abord profiter de tout ces entrelacs roses... A chacun de mes passages je l'admire, il me suffit de lever les yeux... Quelle chance de l'avoir juste à mes pieds quand je descends les escaliers !

Vous vous souvenez des violettes que j'avais mises en bouquet riquiqui (voir post précédent) ? J'en ai cueillies d'autres, reformé un bouquet tout aussi petit, une merveille en miniature, j'ai trouvé deux petits verres émaillés à la hauteur des événements, une dizaine de violettes, deux brins de forsythia, quatre pâquerettes, trois gouttes d'eau et voilà le travail du printemps  :


Le bouquet d'avant hier et celui d'hier...

Aujourd'hui les grilles étaient fermées pour aller rafraîchir mes bouquets, leur suave odeur s'est franchement évaporée, demain nous verrons pour faire le plein :


Les voici derrière le rideau de fer...

Dans le creux du trottoir j'ai vu du pissenlit tout neuf, bien vert :



Quel beau mariage avec le rouge

J'ai continué, continué et je me suis retrouvée dans le bureau de vote, il n'y avait personne d'autre que moi comme client, j'ai appuyé sur le bon bouton (le vote par ici est électronique, plus besoin de compter les bulletins) pour faire mon devoir/nécessité électorale, et je suis redescendue par le même chemin des fleurs...

La vie de la ville est bien étrange, le printemps y est bien présent, il faut regarder dans les coins, mais ne vous y trompez pas, la vie de la ville est aussi dangereuse que dans les films : un hold-up chez le LIDL du coin, la semaine dernière, des voitures qui flambent, des assassinats, il faut vivre avec tout ça, il faut avoir la tête bien pleine pour penser du bon côté...

Bien sûr il y a le printemps, mais lui il se fout carrément de tout ça, il fait son travail de couleurs, d'odeurs et de beautés... Heureusement qu'il est là pour nous rassurer... Un peu !

jeudi 19 mars 2015

Oh ! Voilà le printemps...


Mon premier petit bouquet de printemps, des violettes qui sentent merveilleusement bon !

Je me doutais que c'était un coup du printemps, ma semaine a été jonchée de trouvailles, ici des perles, là une petite lampe de cristal de Baccarat, et pour clore le tout un ravissant pastel des années 1930, ça fait beaucoup comme floraison !

Je m'étais dit : c'est décidé, je vais aux puces de Montreuil ! Voilà des semaines que je n'y avais pas mis les pieds, j'avais passé mon temps à chanter pour la création d'un nouveau spectacle sur Louise Michel avec mon chœur... Une aventure extraordinaire avec des comédiens, une chanteuse, une violoncelliste, un chœur d'adultes et d'enfants... Comme ce projet se fait en Haute Marne, j'ai passé mon temps à voyager... Voyez la belle affiche :

Affichage de Affiche LM web.jpg en cours...


Quand je ne suis pas allée aux Puces pendant quelques semaines, il faut que je me ré-acclimate au marché, c'est tout un apprentissage, cela dure quelques instants, mais il faut que je me concentre, ce jours-là, c'était un lundi, et le lundi je ne trouve jamais de merveilles car elles ont toutes été achetées le samedi...

Mais c'était un lundi de printemps et j'ai cueilli dans ce jardin bruyant, ensoleillé, des petites choses qui ont fait mon bonheur.

Une petite lampe m'attendait chez un commerçant où d'habitude je ne trouve jamais rien, une petite lampe de cristal, toute montée, parfaite pour mettre sur ma table de nuit, comme de jour... Elle pesait son poids malgré sa petite taille, la voilà :


La petite lampe Baccarat dans son jus

Le fil était très court, il fallait  le changer et trouver un abat-jour bien adapté, l'après-midi même je partais aux emplettes : fil électrique au mètre, interrupteur, prise de courant, ampoule, abat-jour ni trop grand ni trop petit, et en voiture Simone... Le bricolage, quel plaisir, je savais remonter une lampe, j'avais appris ça de ma mère, la transmission est épatante... Je vous passe le choix de l'abat-jour, trop long, trop hésitant, trop fatiguant... J'ai bien fait quarante-douze fois le tour du rayon...

À l'instant où tout était  terminé, au moment de brancher la prise, il y a un petit suspense, marchera ou pas ?

Elle s'éclaira du premier coup, j'étais passablement contente de mon exploit, j'ai rangé tous mes outils, trois fois rien, juste un couteau et un petit tournevis, voyez :



Belle de jour et de nuit

Le résultat fut à la hauteur de mes attentes, la lampe éclairait  à merveille... Lumière douce, parfaite !

Les perles oui, j'y arrive, très peu de perles mais suffisamment pour faire un joli collier, très léger comme le printemps, les perles sont en plastique, avec des notes acidulées qui m'ont tout de suite plu, en un tour de main je m'étais mise au travail avec : ma pince, mes perles à pincer, mon fil de nylon, un petit outillage d'amateur éclairé... J'ai placé les couleurs comme des bonbons, avec un soupçon d'asymétrie, je n'aime pas trop quand ça va droit...


L'atelier


Les bonbons acidulés enfilés

Mais je n'en avais pas terminé avec les merveilles à bon marché, moi qui ne sais plus où les mettre, voilà que je tombe nez à nez sur un subtil pastel de roses, aussi fraîches que si elles venaient d'être créées par l'artiste : Marcelle, 1931. Comment résister ? Les questions, on verra plus tard, j'emporte mes roses, il faudra revoir l'encadrement, le nettoyer, le consolider, ne pas chahuter le pastel, car les pigments sont vivants, ils restent gravés sur votre doigt, comme les couleurs des ailes d'un papillon, si vous tentez de le saisir...


Les fleurs fraîches

Avec cet encadrement en forme de petite boîte, pas question de me tromper, je voulais le conserver à l'identique, il va falloir réfléchir, heureusement le pastel n'était pas collé contre le verre, l'encadreur avait judicieusement placé  à l'intérieur un petit carton sous tout le pourtour du verre pour maintenir un espace vide entre l'oeuvre et la vitre. Reste à savoir si je dois pulvériser un peu de fixatif sur le pastel ou non, je n'ai pas encore la réponse, je cherche...

Finalement j'ai trouvé une petite place pour accrocher ma merveille, j'ai poussé, repoussé, raccroché, déplacé, je lui ai fait une place, elle viendra là...

Dans tous mes petits achats, j'ai mis de la valeur ajoutée en astuces, en bricolage, en enfilage, ces micro-travaux sont ceux que je préfère...

Pour finir ce tour d'horizon du printemps immédiat, j'ai cueilli dans un petit carré de pelouse, en bas de ma tour, enfermées derrière un grillage, quelques petites violettes et une touffe d'herbe, et puis en passant devant l'abricotier dont je vous parle chaque été, j'ai coupé un tout petit bout de branche fleurie. J'avais cueilli ainsi mon premier bouquet de printemps, grand comme une demie-paume de main, j'ai mis une larme d'eau dans un très petit verre émaillé à liqueur, qui date du début du siècle, le premier de tous les verres gravés que j'ai achetés par la suite... Sa taille allait comme les deux gouttes d'eau à mes fleurs, le soir, le parfum des violettes exhalait, je l'attendais depuis des années, ces petites violettes ont mis des années à préparer cette fragrance que j'adore, inoubliable, gravée dans mon cerveau, reconnaissable entre mille, mes violettes sentaient la violette...

Je ne peux pas vous montrer ce bonheur, mais j'ai repris au soir la photo de mes fleurs, juste au moment où le parfum se répandait autour du mini-vase,  je l'ai saisi entre mes deux doigts et je j'ai porté à mon nez, j'ai senti alors la merveilleuse odeur... Moi de la ville, si grise, si embrumée, si polluée, je me trouvais en campagne dans le miracle de ce parfum, voilà !


Affichage de FullSizeRender.jpg en cours...

Les fleurs et le parfum du soir

mercredi 18 mars 2015

Ah ! Les transports en commun...




Le contrôleur dans son bocal


Dans le bus :


Un jeune de mon quartier, pas si jeune que ça en vérité, 25/30 ans ? Toujours souriant, plein d'humour, il vit sa vie dans l'autobus, il est connu de tous les chauffeurs de la ligne, il monte et descend tout au long du trajet, au coup de cœur ! Comme on dit de temps en temps à propos de quelqu'un qui a un très très très grand sens de la communication : il n'a pas le gaz à tous les étages, il lui manque une case, il n'est pas terminé, c'est un doux dingue... Il n'y a pas plus joyeux que lui, il s'adresse à tout le monde en général comme en particulier,  il parle avec l'autorité de la naïveté, sans attendre la réponse, c'est : bonjour, bonne journée, bonne soirée à tous. Dans l'autobus tout le monde le connaît, il fait le même chemin vingt fois par jour avec la même bonne humeur, il rend tout le monde heureux, même quand il endosse le rôle du contrôleur...

Du contrôleur ? Oui du contrôleur, un rôle nouveau que je ne lui connaissais pas, très sérieux, il demandait à la cantonade : vous avez votre titre de transport ? C'est un contrôle ! Il n'attendait pas que les voyageur lui présentent quoique ce soit, il disait tout de suite, merci, bonne journée... Les contrôlés avaient très rapidement vu de quel genre de contrôleur il s'agissait, aussi les sourires se répandaient largement sur les visages. Ah ! Oui, c'est lui, et le chauffeur laissait faire...

Le "contrôleur" était poli, amical, doux, un agité du bocal, il avait un poisson rouge dans les neurones... Là-haut, ça tournoyait allègrement en faisant des bulles...


Le contrôleur

Il connaissait la ligne sur le bout des doigts, le nom de tous les chauffeurs, à chaque fois que le bus où il se trouvait en croisait un autre, il faisait des grands signes au chauffeur d'en face, qui lui rendait son salut avec bonhomie.

Je me disais : voilà un bel exemple d'intégration de la folie légère...

En voiture tout le monde, on décolle, validez vos tickets, je ne l'ai jamais vu chambré par quelqu'un, les jeunes du quartier l'avaient "calculé" (comme ils disent) une fois pour toutes, il était l'un des leurs, par ici la monnaie, je descends à la prochaine, il vous laissait passer avec enthousiasme...

Il était dans son monde avec tous, son poisson rouge était heureux, il tournait, tournait, tournait...

Je guettais les regards vagues et un peu intrigués des voyageurs qui le rencontraient pour la première fois, et puis quelques secondes suffisaient pour l'identifier : ah ! oui c'est le dingue, le doux dingue, pas de colère, pas d’exaspération, pas de gêne ni d'angoisse, nous étions au théâtre et notre contrôleur avait le premier rôle... Il était bien dans sa peau, bien dans son histoire, belle composition, il pouvait parler à tous avec une assurance qui ne faisait peur à personne, il se racontait des scénarios sans fin chaque fois que les portes s'ouvraient ou se refermaient : bonjour, bonsoir, ticket, merci madame, merci monsieur, bonne route...



J'ai suivi son manège pendant quelques stations avec attention, le chauffeur du bus jetait un œil dans le rétro, tout allait bien...

J'avais connu sur cette ligne un chauffeur de bus qui ressemblait un peu à notre poisson rouge, il racontait l'histoire de chaque station, à l'église il disait : la cathédrale, tout le monde riait ! On sentait un air de vacances, de classe touristes, visite guidée, c'était gai !

C'était peut-être la ligne qui voulait ça ?

Dans le métro :


La délicieuse bombe calorique

Comment font les gens pour être aussi sympas ? Elles avaient... Allez, disons entre 70 ans et... Chics, classes, et souriantes. Tu sais ce que je fais en ce moment ? Non, je mange tous les soirs des noix de cajou, des amandes, des raisins secs devant ma télé, j'ai délaissé le chocolat, maintenant j'en grignote un paquet par soir... Sa voisine la regardait avec un air éberlué : mais dis donc, tu sais... C'est drôlement bon, j'adore ça... Mais tu sais... Et vas-y les amandes, les noix de cajou délicieuses, je les mange par poignées... Mais tu sais Michelle, c'est extrêmement calorique, ah bon ! Moi aussi j'étais stupéfaite : une personne de son âge, ne pas savoir que les fruits secs étaient des bombes caloriques. Fais attention quand même... Je pris un peu plus de temps pour contempler la dame aux cacahuètes, et j'ai compris son ignorance : elle était mince comme un fil, et pouvait prendre les calories à la légère...

Toi aussi t'es fatiguée ? Oui, des fois j'ai même pas envie de faire ma vaisselle, l'aspirateur je te dis pas, j'en fais un peu chaque jour, t'as raison, j'ai fait entièrement ma salle à manger hier, ben j'étais contente de moi, t'as bien raison, vu que personne ne le fera à ta place. Des fois j'hésite tu vois, l'autre jour chez Françoise je n'osais pas débarrasser la table, je ne savais pas s'il fallait faire la vaisselle ou mettre dans la machine à laver, elle me dit toujours, mets tout dans la machine, là je ne savais pas quoi faire, j'hésitais, la machine était fermée...

Tu sais, je suis contente finalement quand tout est rangé dans ma maison, oui tu as raison, moi aussi j'aime bien, mais des fois, j'ai juste envie de rien faire, une petite soupe, ma télé et hop ! Après, elles ont parlé orchidées, un bon moment, elles savaient tout sur ces jolies fleurs, tout, tout... J'ai pris des leçons car moi aussi j'ai de belles orchidées à la maison, depuis peu je leur mets de l'engrais et elles sont contentes, les feuilles se sont mises à luire et à pousser énergiquement... Un jour j'avais rassemblé toutes les orchidées (6) de la maison dans une vasque unique, en plastique façon terre,  moche, mais bien pratique et très légère pour l'arrosage dans la cuisine... Puis elles ont abordé les histoires du marché près de chez elles, ici les beaux fruits, là de la bonne viande, les prix restaient corrects, elles étaient d'accord sur énormément de choses, c'était un plaisir d'entendre leur bavardage.

Quels soins pour une orchidée ?



Les orchidées

Les deux amies parlaient de tout avec sérieux, elles s'écoutaient, se comprenaient, se complétaient, ne se coupaient jamais la parole, visiblement elles étaient heureuses d'être ensemble, elle devaient habiter très près l'une de l'autre, elles descendirent à la même station...

Je crois que si les deux amies avaient disserté sur la philosophie ou la politique, elles l'auraient fait avec le sourire, elle s'entendaient sur tout...

À la réflexion je me demandais si je pourrais être amie avec une personne qui serait être très très éloignée de mes idées politiques et philosophiques... Par contre il n'y aurait aucun problème concernant sa religion, d'autant que je suis athée... Et vous ?

mercredi 4 mars 2015

Retour à Venise ?



 Il n'est pas une année sans que je ne me pose cette question lancinante : vais-je, dois-je revenir à Venise ?

Vous le savez, vous qui suivez mes hésitations, en général la question pointe dès le printemps, peu avant de prendre mon billet de train, ou plus récemment : d'avion...

Je profite donc encore de cette incertitude (celle de mon logeur) pour me précipiter dans toutes les raisons que j'aurais d'aller voir ailleurs...

Je me souviens du calme de la beauté de Brescia, cette ville de Lombardie bourrée de merveilles, j'avais même préparé un post pour vous en parler, et je ne l'ai jamais mise en ligne... J'étais la plus heureuse, personne en vue, nous étions pourtant au mois d'août, la vie, la vraie se déroulait tranquillement sous mes yeux, de nombreux magasins étaient fermés pour cause de congés annuels, mais les églises restaient ouvertes. En suivant scrupuleusement les horaires d'ouvertures j'ai pu m'enthousiasmer pendant une bonne dizaine de jours...


 Le marbre rouge de Saint-François d'Assise, la merveille !


L'incroyable baroquisme de l'église Santa Maria della Carita !

Tous les jours je partais à la découvertes des joyaux de la ville, quelque fois même j'hésitais à rentrer dans les églises, car j'ai peur de l'ombre... Les touriste, il y en avait, mais leur nombre restait raisonnable avec le plaisir de déambuler partout sans se bousculer... Pourtant, cette ville montrait de la misère, visible sur les panneaux de logements et baux à vendre, à céder, beaucoup de travailleurs immigrés, un marché hebdomadaire peu attrayant, une ville qui peinait à vivre au présent... Il fallait approfondir les recherches pour connaître vraiment son état de santé... L’œil touristique est tellement réducteur...

Venise ? Cette ville qui se transforme petit à petit en "lieu touristique", tout le contraire de ce que j'aime, que me réservera-t-elle ? La Biennale d'art contemporain bien sûr, qui occupe le terrain avec bonheur, ouvrant ça et là des lieux invisibles en temps ordinaire. Des enchantements, des découvertes, j'en ai fait, j'en ferais encore, les artistes avec leurs œuvres atteignent des sommets de surprises, de beauté et de réflexions, je peux compter sur eux.... En fait, c'est ce qui me motive vraiment cette année pour un retour à Venise.

Pour le reste, le constat de la vie, la fausse vie de Venise, vais-je encore l'aimer ? Quels seront les agacements qui vont m’accabler ? Les supérettes Billa quittent la Sérénissime, les marchés passent de mains en mains, je n'y verrais que du feu, dans leurs magasins les propositions resteront les mêmes, les petits commerces encore vivants l'année dernière seront-ils encore là ? Les grands grands bateaux qui transportent des villes entières battront-ils encore pavillons par ici ? Les perles, les masques, les fanfreluches chinoises seront-ils encore une attraction pour les touristes abusés ? Sur la place Saint-Marc, quels points de vues inédits vais-je  pouvoir attraper avec mon petit appareil photo ?


La petite cour chamboulée, en travaux


Les escaliers


La maison de Canaletto

L'année dernière c'est vrai, j'ai découvert des chemins nouveaux qui allaient d'un quartier à l'autre en un clin d’œil, des petites rues sombres qui s'ouvraient sur de beaux escaliers inconnus, la demeure de Canaletto, ce merveilleux peintre qui fait toujours un effet foudroyant sur les amoureux de Venise... Dans mes séjours, j'ai toujours choisi de m'éloigner des sentiers battus, mais même dans ces sentiers-là, j'y ai vu des touristes, comme moi, de plus en plus souvent...

Allons bon, voilà Danielle qui nous fait sa petite madeleine...

Dans une ville normale je sais bien que tout bouge, tout change, tout évolue, tout se transforme, à Venise la seule mutation que je connaisse ce sont les perles, les masques, les verroteries de bazar, les glaces et les pizzas... Mais Venise n'est plus une ville normale !

J'ai des projets, si je retourne à Venise, j'ai des parfums nouveaux à découvrir avec les glaces que j'ai repérées juste avant de partir, ces petits gâteaux qui fondent dans la bouche dans une pâtisserie inouïe, je vais m'exalter jour après jour, je le sais...

J'espère que j'aurais de bonnes nouvelles de mon logeur... Très vite !


Je vais aller m'asseoir sur ce banc...