mercredi 23 décembre 2015

Pêle-mêle...Jusqu'à Noël



Pas assez de lumière pour la photo, mais toujours le plaisir de tout saisir, l'horloge, le manège et la Basilique


Février 2007 : le ciel bleu !

Après les attentats de Paris la vie a repris son cours, les magasins ont retrouvé leurs clients, les lumières scintillantes, les paquets dorés, et les sous dépensés pour faire plaisir...

J'ai repris moi aussi mes déplacements dans la Capitale, pour un oui, pour un non, j'ai toujours envie de me retrouver dans Paris, j'ai couru au Marché St-Pierre, besoin d'un bout de galon, de boutons, du biais, du tissu, de la laine, comme autant de fleurs que l'on cueille en plein champ... Un matin, assez tôt, au sortir du métro Anvers, en remontant la petite rue Stenkerque, qui arrive juste devant le Sacré-Coeur, j'ai eu invariablement besoin de prendre la photo, que le ciel soit gris ou bleu, l’impérieux besoin restait intact, impossible d'y couper.

J'avais repéré un espace nouveau pour se restaurer sur le pouce, la grande marque "Prêt à manger", pour ne pas la nommer, proposait sandwiches bio et boissons fraîches, ambiance claire et spacieuse, un petit bémol pour la musique au mètre qui vrillait mes oreilles... Rien n'est parfait !

Je n'avais pas réussi à trouver de la polaire double face, j'avais cherché partout : avez-vous de la polaire double-face ? Ah ! Non madame, ah ! Pas du tout madame, nous en avions en octobre mais maintenant c'est terminé... J'ai donc dû, à mon corps défendant, compléter mes emplettes sur Internet. Oui, j'ai trouvé mon beau tissu, acheté, livré en deux jours, pas de déception, les couleurs étaient magnifiques, allez au boulot !



Ma polaire double-face et le biais


Chaque fois que je prends le métro je rencontre des "fous", "des dingos", des affligés du cerveau, hier, une dame me récitait la bible de A à Z, me prédisait une malédiction mondiale, celui-ci en avait après la société toute entière, ceux qui ont des tics des tocs très voyants attirent le regard, tout le monde se retrouve dans le métro, il fait plus chaud.

En arrivant dans ma ville j'ai même rencontré le jeune "fêlé" qui se prend pour le contrôleur du bus qui passe sous mes fenêtres, là, sur le passage piéton, il faisait l'agent de police, il écarta grand les bras pour me laisser passer...


Le très beau film de Nanni Moretti

J'ai vu ce très beau film et j'ai beaucoup pleuré, avec discrétion, silencieusement, car tout me rappelait la mort de ma mère, à la fin, les cartons dans l'appartement vide me ramenaient loin en arrière avec ce manque, cette absence, ce chagrin... L’appartement vide est terrible... J'y avais vu ma mère si heureuse, si fière de la beauté qu'elle avait su organiser autour d'elle... Quand je passe, encore avec hésitation, par ce boulevard de Paris, je l'appelle toujours "le boulevard de maman"... J'y passe vite en jetant un coup d’œil au 4e étage, le nôtre !

La madre du" film" était professeur de latin dans un lycée, mais ce n'est pas ce que ceux qui l'avaient connue retenaient en premier : elle nous a appris la vie, nous l'aimions comme quelqu'un de proche, généreuse, affectueuse, douce, elle nous demandait des nouvelles de nos enfants. Le latin devenait accessoire, loin derrière son humanité... Si le film est encore pas très loin de chez vous, courez le voir !

Noël se précipite, j'ai allumé ma belle guirlande, aligné les petits paquets bien enveloppés, mis la déco sur ma porte, comme chaque année, pour donner des couleurs à mon pallier...


L'incontournable

Dernier film à mon palmarès : Star Wars, "Le réveil de la force", la VO en 3 D. Je me souviens du premier film de Georges Lucas que j'avais vu dès la sortie avec mes enfants encore petits, voilà déjà 40 ans, quel bonheur, nous avions eu de grosses discussions pendant tout le chemin du retour, nous avions tous les yeux plein d'étoiles, moi je trouvais que c'était bien moralisateur, les bons, les méchants, mais je ne crachais pas dans la soupe, cet assaut de techniques, de machines fabuleuses, de musique trompettante, qui met le feu à toute la salle, nous avait beaucoup plu... Mais aujourd'hui avec ce septième opus de la saga, l'enthousiasme s'est envolé presque immédiatement, la grosse artillerie était au rendez-vous, mais le cœur n'y était pas, toujours la même histoire, toujours les mêmes grands effets, mais pas l'émotion du début...

Dernière visite de l'année à Alice, ma voisine de pallier, centenaire, elle passera le réveillon chez ses enfants, mais à la fin de toute notre conversation, elle reste sur cette idée : Danielle, si je pouvais partir demain, mais non Alice, pas question, j'ai besoin de vous... Tous les jours elle espère le départ final, et tous les jours je lui dis de rester encore, je regagne mon appartement en lui envoyant des baisers comme sur le quai d'une gare, elle me regarde de loin avec le sourire... Comme elle va me manquer !

Pour le réveillon de Noël, j'ai donné la clé de ma cuisine à un de mes fils, fais comme tu veux mon fils, le repas sera bon, joyeux autour de la belle table blanche et repassée de frais...Un gros bonheur de 2015 !



Bonnes fêtes à tous ! 

mercredi 9 décembre 2015

Pêle-Mêle : Tous les Morts et les Blessés, les chants berbères et les élections...



Avant la minute de silence, place de la République

Nous y étions presque, à notre rendez-vous chantant avec les femmes berbères de ma commune, nous avions bien répété pour être très présentables, quatre chants d'un peu partout, aux quatre coins du monde...

Mais, juste avant il y eut tous les Morts et les Blessés des attentats du 13 novembre 2015 sur Paris... Toutes les souffrances, les pleurs, les douleurs, les drapeaux, les hommages, les inquiétudes pour l'avenir...


Comment vivre ces moments dramatiques sans en parler avec tout le monde, dans l'ascenseur, chez les commerçants, avec mes amis, chez le coiffeur, dans ma famille, à ma gardienne d'immeuble qui était désespérée, à mes voisins... À chaque fois que je disais : comment vas-tu ? J'entendais : ça pourrait aller mieux, et nous savions de quoi était fait ce : ça pourrait aller mieux... Nous n'allions pas bien du tout, nous pensions à toutes ces victimes, leurs proches, dans les rues, sur les trottoirs, devant tous les lieux  d'assassinats le souvenir du sang s’entremêlait avec les fleurs et les bougies, ces jardins improvisés avaient été plantés avec les papiers, le jour et la nuit brûlaient des flammes vives, beaucoup s’éteignaient avec le vent, les gens qui passaient les rallumaient, on pouvait compter sur tout le monde, on allongeait le bras pour déposer une rose, un bouquet, un petit mot, un dessin, une photo, un drapeau, une tour Eiffel... Une bougie allumée aux autres flammes...


Je suis allée dans tous les coins où ils avaient tiré, j’emportais mes bougies et ma boîte d'allumettes et je restais là quelques instants avec tous les autres gens qui faisaient comme moi en silence, on regardait, on lisait les mots d'amour... C'était impressionnant.

Pour la minute de silence j'y étais aussi, à la République et ailleurs, pas très loin dans ce parcours maudit grand comme un mouchoir de poche, le pèlerinage fut facile, il suffisait de suivre la foule...


Toute la semaine je fus fatiguée, accablée, attristée, comment faire avec cette nouvelle guerre ?


Pendant cette semaine ensanglantée j'ai beaucoup marché... Beaucoup réfléchi, beaucoup désespéré...

Après le désespoir,  il y eut le coiffeur et toutes nos conversation  pour les élections (voir post antérieur cliquer ici), la vivacité de nos conversations faisaient suite aux morts et aux blessés... Au devenir, aux craintes, aux questions sans réponses...

Après le coiffeur il y eut les chants avec les femmes berbères. Dans la matinée, branle-bas de combat, le rendez-vous avait été changé, il fallait prévenir toute la troupe, donner la nouvelle adresse, téléphoner à ceux qui n'avaient pas Internet, pourvu que toute le monde puisse venir, mais oui, la nouvelle adresse, tu ne connais pas, mais si, c'est tout près de chez toi, pas besoin de prendre l'autobus, bon, à tout de suite, n'oublions pas nos partitions... Avant ce calme olympien, toutes ces recommandations, le nouveau point de rencontre, j'avais piqué une colère noire, sorti deux ou trois jurons : changer de lieu de rendez-vous une heure avant le concert, c'est dingue ça !

Parfait, tout le monde serait là, pas de soucis, reprends tes esprits, ma fille !


Quand nous sommes arrivés à la salle, sur tous les visages il y avait de larges sourires, les dames étaient très nombreuses, notre chœur au complet et notre chef observaient la musique ambiante, tout pouvait bien commencer. Tout avait déjà commencé, les dames chantaient, le grand tambourin résonnait, il faisait déjà chaud, nous avons pris place parmi elles... Elles nous avaient réservé de très beaux chants, dont celui que tout le monde connaissait du célèbre chanteur kabyle Idir : A vava inouva (mon papa et moi) des années 70, allez encore une, et elles ne se faisaient pas prier...

Nous avons présenté une toute petite partie de notre répertoire, nous étions émus, il ne faut pas trop être ému pour chanter car les notes se bloquent dans les gorges... Le premier chant : orthodoxe russe, parlait de Dieu et de Paix, le deuxième : l'italien de Calabre parlait d'amour, puis l'espagnol disait : rossignol, beau rossignol, dis-bien à mon doux ami que je suis déjà mariée, le dernier chant en français : Brume, brume grise et ouatée qui redonne l'espoir après la guerre...

Un gros succès !

L'ambiance était chaleureuse, nos amies se sont remises à chanter des chants d'exil des années 70, quand les maris partaient en France pour travailler, les femmes restaient au pays pour les enfants, la maison... Passionnant, une jeune femme à côté de moi me traduisait les paroles au fur et à mesure...

Nous sommes partis après le café et les petits gâteaux... Et les danses... 


Certains, chez elles comme chez nous parlaient des attentats, ceux qui s'exprimaient désapprouvaient, se prenaient la tête dans les mains : quel malheur ! Quelle abomination... Notre rendez-vous, fixé bien avant les attentats, rendait notre après-midi plus grave, nous sentions les uns et les autres que finalement, ça tombait bien d'être là ensemble à se serrer les coudes dans la musique... Après les morts et les blessés !

Il faut revenir, nous irons vous écouter chanter, disaient certaines, mais depuis nous n'avons vu personne, si les ponts sont jetés, il faudra encore beaucoup marcher pour se revoir, nous allons y travailler... Les comoriens, les berbères, les jeunes, les moins jeunes, il y a du monde qui chante sur notre ville... Rassemblons-nous !


Et puis la vie a repris péniblement le dessus, il fallait maintenant aller voter, pas question pour moi du Front National, nouveau tournant,  nouveaux tourments, je vote toujours sur ma gauche...

Au premier tour tout est raté, le deuxième tour ne sera pas mieux, j'ai des raisons de ne pas espérer des lendemains qui chantent !

Mais attendons pour voir, des bonnes surprises peuvent arriver...

samedi 21 novembre 2015

Français Françaises, allez chez le coiffeur !


Poteau de barbier-coiffeur (photo rempruntée sur Internet)

Là, il fallait vraiment que j'y aille, j'avais plusieurs fois déjà tenté la coupe maison devant mon miroir à trois faces, pour ce qui était du devant, ça pouvait encore aller, mais du derrière, c'était la catastrophe... Une amie m'avait donné l'adresse de son coiffeur, juste en bas de chez moi, l'idéal !

Pas de rendez-vous, on vous prend dès que vous entrez, me voilà dans les lieux, bien contente d'y être. On vous fera quoi ? Un shampoing-coupe-séchage, ça ne sera pas trop long ? Très bien, très bien, pas de soucis...

C'est monsieur Antoine qui fera la coupe m'avait dit mon amie, un vieux routier des ciseaux et de la tondeuse. Un client est au bac avec la shampouineuse, nous sommes quatre citoyens dans la boutique, bonjour messieurs-dames, la discussion démarre aussi sec : qu'est-ce qu'on peut faire ? Monsieur Antoine dit qu'il n'y a pas assez d'ordre, on laisse tout faire, l'homme au bac, en main avec la shampouineuse, approuve, tout en me lavant la tête pour la troisième fois, Antoine m'assure que la religion, il fallait la garder pour soi, c'est de l'intime, voyez moi, je n'en parle jamais, vous croyez que je suis quoi, madame ? Mais je ne sais pas, monsieur, vous ne me l'avez pas dit... Voyez, moi, on croit que je suis musulman, eh bien pas du tout, je suis chrétien ! Monsieur Antoine est noir comme du jais, les cheveux blancs, un langage lent et mesuré... Vous voyez, je ne lis pas la bible tous les matins non plus, ben j'étais furieux après un type qui m'avait dit : tu devrais faire la prière avec ta sagesse et ton calme, alors-là j'étais en colère, il voulait que je devienne musulman, mais c'est incroyable ça ! Oui, oui bien sûr je vous comprends, le monsieur du bac qui était maintenant passé à la coupe rembraya sur : il faut repasser un moment par la case Marine Le Pen pour faire du neuf, il m'avait dit assez rapidement qu'il était d'origine indienne et bouddhiste... Parfait, la conversation allait être très instructive : mais voyons monsieur, vous n'y pensez pas, Marine Le Pen est le contraire de la bonne réponse, vous le savez, elle prône le racisme, l'exclusion, la division, elle veut de l'ordre, mais quel ordre ? Pas du tout l'ordre républicain ! Son père et elle, c'est presque du pareil au même, vous voyez ? Ecoutez, madame, les immigrés il faut qu'ils s'adaptent au pays d'accueil, sur ces entrefaites l'épouse du monsieur bouddhiste fait son entrée, alors-là on ne s'entendait plus dans le salon, chacun criait plus fort que l'autre...

La dame : moi je suis d'origine malienne, je suis musulmane, mon mari est bouddhiste, nous avons deux enfants, ils verront la religion quand ils seront grands, pour l'instant je leur dis : tu manges de tout, ils mangent du porc, et basta... Moi, je n'aime pas qu'on m'accueille où je travaille avec un Salam Alekoum, c'est quoi ça, ils ne peuvent pas dire bonjour comme tout le monde... Des salafistes, il y en a partout, croyez-moi...

C'était reparti comme en 14...

La dame : on leur laisse tout faire (les immigrés), il faut arrêter d'en accueillir, voyez, ou alors ils s'intègrent à la République, moi je trouve que je dois tout à la France, elle parlait haut mais restait souriante...

Monsieur Antoine me coupait maintenant les cheveux tout tranquillement : vous comprenez, la religion, on doit la laisser à la maison, il me prenait pour qui, ce gars, moi j'ai bac plus deux, je sais ce que je dis, il ne va pas me faire la leçon... Je me demandais si ma coupe n'allait pas partir en vrille...

Bien sûr, je participais activement à la discussion : moi, je suis athée, voyez, la solution Marine Le Pen n'est pas bonne pour la France, Marine Le Pen ne vous aime pas ! Vous verrez, si elle arrive au pouvoir, elle vous dira que vous n'êtes pas de bons français, du coup la dame s'est calmée, elle m'a regardée, avec mes cheveux blancs, c'est la voix de la sagesse, la sagesse c'était moi... Mais non, je ne suis pas la voix de la sagesse, j'essaye seulement de réfléchir, regardez, l'histoire nous a appris cela, l'extrême-droite a toujours été la pire des solutions... C'est vrai, vous avez raison, mais quand même, il faut un peu plus d'ordre...

La partie était sans doute perdue, mais la shampouineuse paraissait pencher de mon côté...

Ecoutez les amis, il faut que nous parlions ensemble, il faut échanger les idées avec respect, je trouve très bien ce que nous faisons en ce moment ! J'y allais de mon petit couplet apaisant, la coupe était impeccable, bien devant, très bien derrière, pas trop chère, parfait...

Passez une bonne journée messieurs-dames, réfléchissez encore, je profitais lâchement de "ma sagesse" : ne votez pas Le Pen, c'est mauvais pour tout le monde ! En sortant il ne pleuvait pas encore, tous les mots tournaient dans ma tête, je me disais que peut-être, ils allaient tenir compte de mes craintes, j'espérais...

J'avais dit à la cantonade que demain, j'allais chanter avec ma chorale chez un groupe de femmes berbères de la ville, nous allions à leur rencontre, parler, chanter ensemble, rester unis...Tout le monde avait approuvé, tout le monde avait trouvé que c'était bien de ne pas s’ignorer, de se respecter, d'aller plus loin que le communautarisme... Pour finir, ils étaient tous d'accord avec le meilleur et le pire ! Seule la shampouineuse ne semblait pas vouloir choisir Le Pen...

Prochain post : la rencontre avec des femmes berbères...

mardi 17 novembre 2015

Un hommage aux victimes des attentats du vendredi 13 novembre 2015...


La grande famille de l'humanité
(Eléonore Bovon)

Le temps viendra d'une terre trop petite
Trop petite pour pouvoir être divisée
Divisée autrement qu'en une grande famille
La grande famille de l'humanité

La folie des massacres, la folie meurtrière
Seront définitivement abrogées
Folie des armes, et folie de la guerre
Divisant la famille de l'humanité

Résistons à la peur, même au milieu des coups
Résistons à la haine, refusons de plier
Pour que vive et respire jusqu'au bout
La grande famille de l'humanité

Gardons dans nos mémoires, tous ceux qui sont tombés
Gardons les mots d'espoir, gardons la dignité
Plus que jamais, gardons notre intégrité
Pour sauver la famille de l'humanité

Un très bel hommage musical rendu à toutes les victimes des attentats horribles perpétrés à Paris Vendredi 13 Novembre 2015... 

Le samedi 14 novembre au matin tôt, après une nuit très très bouleversante, accrochée aux informations sanglantes,  je suis allée participer à un week-end de chant en Champagne-Ardennes. Juste avant de démarrer la répétition musicale, notre groupe, formé d'une grosse trentaine de participants, a chanté ce très beau chant composé par notre chef de choeur Éléonore Bovon...

L'émotion de tous était palpable...

mercredi 11 novembre 2015

Les belles rencontres... Suites




Tambourin sans cymbalettes (les chanteuses de chez moi jouent sur un tambourin plus plat)

Oui parlons-en, l'avenir de l'humanité, l'avenir des rapprochements, l'avenir du faire des choses ensemble...

Mais qu'est-ce qu'elle a, Danielle, avec ses grandes formules ?

Mais non, mais non, j'ai de l'espoir...

Voilà le début de l'histoire : tout à fait par hasard, en feuilletant avec attention le magazine municipal, j'apprenais qu'il existait sur ma ville un groupe de femmes berbères qui chantaient ! Elles étaient photographiées avec leurs beaux costumes colorés, tambourins à la main, elles se produisaient en public avec une joie non dissimulée. Alors je me suis mise en quête de les retrouver, de leur parler, de leur proposer de se rencontrer, de croiser nos chemins, de faire connaissance et de chanter ensemble, au moins sur un concert. Pensez donc, ainsi depuis des années nous chantions chacun de notre côté sans jamais nous connaître, nous rencontrer...

Chers lecteurs, ceux qui me suivent entre mes lignes connaissent ma participation à une chorale depuis deux dizaines d'années au moins, notre répertoire est éclectique : chants populaires italiens, corses, français, russes... Mais aussi "musiques savantes" et musiques contemporaines, nous avons de la bouteille et nous tenons le coup dans tous les registres...

Finalement, dans une petite ville, il reste aussi difficile de se trouver que dans une grande métropole...



Cette idée persistante de chanter avec ces femmes creusa en moi son sillon, ma chorale fut totalement partante pour créer des liens nouveaux avec ce groupe pour la prochaine saison. 

Du coup, dans mon désir de  rassembler les chanteurs amateurs de notre commune,  j'ai encore cherché qui voudrait bien nous rejoindre dans cette ville, j'ai appris qu'il y avait un groupe de Comoriens composé d'une vingtaine de personnes prêtes à nous accueillir... Inconnues également à notre bataillon...Comment est-ce possible ? Un concert est déjà prévu, ça va déménager...

Comment, pourquoi peut-on vivre et chanter en s'ignorant ainsi les uns les autres ? C'était cette question qui m'habita aussitôt en voyant la photo des femmes berbères dans le journal... L'esprit communautariste crée parfois un enfermement qu'il est bien difficile de traverser, ces interrogations ne sont pas nouvelles, mais il suffit peut-être de la volonté, de l'envie de quelques uns, de l'accueil de quelques autres pour arriver à se parler, à chanter ensemble ! Pas de réponses globales aux questions posées... Mais faisons un petit bout de chemin ensemble, c'est déjà beaucoup...




J'y suis allée une première fois, j'avais trouvé l'endroit, une maison de quartier différente de la nôtre, où les femmes berbères se réunissaient une fois par semaine, très régulièrement, pour passer de bons moments à chanter, danser, boire le café et manger les petits gâteaux maison. Des femmes de tous âges, elles restaient là une bonne partie de l'après midi, pour certaines, ces rendez-vous les sortaient de l'isolement... "Ces après-midis, elles y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux", m'avait dit l'animatrice qui suivait ces dames dans leurs "Vendredis"...

Elles chantaient des chants populaires berbères sans direction, sans partition, naturellement, comme tous les chants populaires encore chantés en vrai... Des merveilles ! Des sons émouvants qui vous traversent de part en part... Lors de ma première visite, j'avais demandé à ma voisine de me faire quelques petites traductions et je comprenais que nos chants populaires italiens parlaient de la même chose : le travail, la vie quotidienne, l'amour réussi ou raté... 

À notre première rencontre, j'y suis restée tout l'après-midi, chacune des habituées devait sans doute se demander : mais qui est cette dame, que fait-elle là ? L'animatrice, présente chaque semaine, expliqua que je faisais partie d'une chorale locale, juste à côté de la leur, personne ne la connaissait. J'ai vu défiler le thé, le café, les petits gâteaux offerts avec les sourires... Dans cette atmosphère détendue, improvisée, bruyante, souriante mais surtout chantante, j'avais trouvé ma place même timidement, j'étais dans le cercle.

J'y suis retournée une seconde fois, il fallait expliquer, demander, solliciter, j'avais l'assentiment de mon chœur, allez, il faut faire exister ce projet. Ce jour-là il y avait énormément de dames, nous étions en octobre, la rentrée des rentrée, presque tout le monde était là, en descendant l'escalier de la maison de quartier j'ai encore entendu avec bonheur les crépitements du grand tambourin et les chants vifs, émis par des voix naturelles de toutes les couleurs... Une beauté...



Mais la revoilà ? Certaines dames, qui m'avaient déjà aperçue avant les vacances, me regardaient plus familièrement, je connaissais des têtes, ça sera facile d'expliquer pourquoi j'étais là, moi qui n'étais pas du tout Kabyle, mais de la même ville, payse en somme.

Qu'en pensez-vous, mesdames ? Je m'étais avancée sur ma chaise pour expliquer ma présence : si nous chantions ensemble pour un concert ? Nous pourrions venir chanter avec vous un vendredi prochain, et causer ensemble de notre avenir, des mains s'étaient levées : moi je suis d'accord, les sourires aussi en disaient long sur l'assentiment... Voilà, ça pouvait démarrer, j'avais également parlé du concert que nous partagerions avec le groupe comorien en janvier, elles y viendront... Peut-être pas toutes !

Notre rencontre avec les choristes de mon groupe, c'est pour bientôt, je vous raconterai la suite très prochainement...



Quelques délices


Chers lecteurs, restez sur mes lignes...  Suite au prochain numéro... Je vous embrasse...

mercredi 4 novembre 2015

Les belles rencontres suisses...À Lausanne...



Le coucou suisse de mes amis : les trois poids / pommes de pin accrochés au bout des chaînettes descendent, descendent, descendent au fil des heures. Le soir, quand le maître de la maison rentre chez lui, il se baisse et d'un seul coup de main il ramène les trois poids en haut (vous avez compris ?), et le coucou ainsi remonté peut poursuivre pendant des heures ses sonneries et ses tintements pour le plaisir de tous ! Un coucou suisse ne réveille jamais personne la nuit, il berce...

Un petit séjour en Suisse ne fait de mal à personne, sauf au porte-monnaie ! Le pays ayant renforcé la valeur de sa monnaie, le moindre achat vous coûte le double, voire le triple pour le petit noir bu au comptoir... 

Par contre, les beautés de l'automne étaient de façon permanente accessibles gratuitement à tous : les coteaux couverts de vignes, les forêts, les jardins, nous servaient sur un plateau les couleurs de saison... 

Comme le temps était au beau, le bleu du ciel complétait merveilleusement l'harmonie des paysages... Le grand lac Léman offrait, pour de vrai, la perfection des cartes postales... 


Les flamboyantes couleurs d'automne


La carte postale du Léman

J'avais fait la liste des visites que je voulais faire à Lausanne, aucun musée, mais immersion totale dans la contemporanéité de la ville : murs végétalisés, nouvelles constructions, sites universitaires récents, lieux de conférences, nouveau quartier, lèche-vitrines, rien d'excessif en marche à pied, dans la liste il y avait aussi petits achats de très bon chocolat à déguster sur place, en dessert... 


L'énorme glycine d'automne grimpait sur les trois étages d'un immeuble du 19e siècle


Vélo végétalisé


SwissTech, bâtiment conçu avec une flexibilité totale aux événements : conférences, théâtre, assemblées... Modulable en cinq minutes, peut accueillir 3000 personnes, Wifi haut débit, bâtiment inscrit dans la démarche du développement durable


Centre de conférence SwissTech, à deux pas du centre de Lausanne


Le bon chocolat

Et les belles rencontres suisses de personnes vivantes : mes amies blogueuses ! 

Avant de partir, j'avais pris la précaution de prendre leurs numéros de téléphone : dès que je suis à Lausanne, je vous appelle... Oui, m'avaient-elles dit, Elfi m'avait même fait une recommandation : garde de la place dans la valise pour les chocolats... Un peu de douceur dans nos vies... 

On se connaît depuis des années, Elfi (regardez son beau blog) tient un beau blog de créatrice, avec elle tout fait art, et Béatrice (son blog va jusqu'au Japon) raconte toutes ses aventures créatives de décoratrice et d'aventurière, elles viennent sur mon blog m'écrire des petits mots doux, et j'en suis bien contente... 

Je m'étais dit : pas questions d'aller en Suisse sans se voir, elles étaient toutes les deux de Lausanne ou pas loin, c'était une occasion unique. Sitôt dit, sitôt fait, les rendez-vous furent pris, d'abord dans un marché des artisans avec Béatrice et ses magnifiques colliers... Béatrice rit tout le temps, vous ne pouvez pas vous tromper... 

Nous nous sommes retrouvées un autre jour ensemble avec Elfi et Béatrice (qui se connaissaient) dans un joli café du centre ville, en si peu de temps nous nous sommes reconnues, les actives, les voyageuses, les heureuses de vivre... Les petits secrets dans les grands, allez, à la prochaine Danielle, si tu reviens, reviens-nous... 

Voilà deux amies blogueuses que je ne suis pas prête d'oublier, ne mets pas nos têtes sur ton blog, oui, oui, je tiendrai parole... 


 Béatrice avec son magnifique collier et son tricot fait main


La main d'Elfi  avec sa superbe bague

Quel plaisir de passer du virtuel à la vraie vie, et aux sourires et aux rires... Merci les amies pour la rencontre, continuez vos aventures, ne nous perdons pas de vue... À nos blogs en attendant... 

Nos routes on repris de la distance... À Lausanne tout bouge, tout change, un quartier tout neuf venait de naître, le quartier du Flon, plein de magasins, de restos, de bars, de boîtes, les lumières balayent l'espace, nouveaux styles, nouveaux décors, nouvelles offres d'achats, il y avait du monde. 





Le nouveau quartier qui bouge jour et nuit


Belles salades dans le "Prêt-à-Manger", délicieuses

Dans cette ville qui monte et qui descend, mieux vaut avoir le pied marin... 

Promenade au bord du lac lisse et tranquille, cette petite mer sans vague, sans huîtres et sans palourdes, était remplie de bateaux et de pédalos au repos. Comme il faisait beau, tout était bleu du ciel à l'eau, les canards et les cygnes qui n'avaient pas froid aux yeux, glissaient en silence, seules les mouettes faisaient du bruit. Les montagnes du bord de mer se reflétaient dans l'eau, quand il n'y avait pas de brouillard, on voyait la France sur l'autre rive... 

Pendant mon séjour, je logeais dans un Paradis doté d'un jardin de rêve, à côté du potager de poupées, coulait une "vraie" petite cascade fabriquée pour faire extrêmement beau, elle roucoulait sur les trois marches de la descente pour aboutir au grand bassin transparent à fond vert, on pouvait voir du matin jusqu'au soir les feuilles dorées tomber sur la pelouse encore très fraîche. Un gros animal magique, télécommandé, tondait la pelouse sans se fatiguer, pour en faire une moquette de plein air. Une vue en cinémascope s'étalait tout le long de la baie vitrée de la maison avec splendeur...



Le Paradis en cinémascope


La cascade roucoulante

Ici, la vie à la campagne ressemblait à un tableau de maître...

samedi 24 octobre 2015

Alice est de retour...


 Le cadeau d'Alice ? Secret de polichinelle !

Quelques jours avant mon petit séjour à Baden Baden, Alice, ma voisine (101 ans en novembre) devait s'envoler pour la Suisse, chez un de ses petits-fils... Elle était venue frapper à ma porte pour me dire au revoir, avec son sourire de smiley toujours au beau fixe, coiffure impeccable, ondulée naturellement, Blanche-Neige n'est pas plus belle...

Nous discutions du confort du voyage, oui, c'est très bien dans l'avion, on prend soin de moi, je n'ai rien à faire, j'adore quand je ne me m'occupe de rien quand je voyage, on la prend et on la dépose sur son petit tapis volant... Dans l'avion les hôtesses sont près de moi : tout va bien ? Avez-vous besoin de quelque chose ? N'hésitez pas ! C'est vraiment bien, je suis comme une reine... Et en Suisse, ils sont gentils avec vous ? Oui, oui, adorables, je suis bien logée, une chambre et une salle d'eau rien que pour moi... Parfait Alice... Ils m'emmènent promener, c'est très beau, il y a de grands jardins... J'ai même droit à des petits plats : malicieuse, elle apprécie la bonne cuisine...

Ses affaires étaient prêtes depuis deux jours, la valise posée sur son divan lit, on pouvait sonner à sa porte, sur l'heure du rendez-vous elle avait beaucoup  beaucoup d'avance...

Les deux heures d'avion ne la dérangeaient jamais, elle était fraîche comme une rose à l'aller comme au retour. Depuis quelques mois, elle tanguait bien un peu en marchant, elle me faisait peur, je lui prenais le bras même pour naviguer sur le palier : Alice, faites attention, prenez votre temps, n'allez pas tomber. Elle a fait une chute la semaine dernière, et vlan, sur le trottoir, elle m'a raconté s'être relevée toute seule, une petite plaie au bras, rien de bien méchant : c'est sans doute ma canne qui m'a blessée, il a fallu quand même quelques points de suture, mais pas un bleu. Elle cicatrisa en quelques jours, elle me montra fièrement son bras, tout beau !...

Alice, Alice, faites attention de ne pas tomber, ça pourrait être très grave pour vous... Mais Danielle, qu'est-ce que ça peut faire ? Elle savait...


Sous l'aluminium...

Depuis des années, Alice me dit entre deux sourires : je n'ai pas peur de mourir, je n'attends que ça, je suis trop vieille maintenant, je ne sers plus à rien... J'ai beau lui dire que si, elle sert à beaucoup de gens qui l'aiment, elle me laisse dire et sourit avec ses yeux bleus, à ses oreilles pendent deux petits brillants qui scintillent comme ses pupilles.

Alice tangue, elle me fait peur... Une petit chaloupe humaine qu'une petite vague peut emporter...

Nous sommes revenues le même jour de nos grands voyages respectifs, Alice n'a pas tardé à sonner à ma porte : Danielle, c'est moi, Alice ! Bonjour chère voisine, avez-vous fait bon voyage ? Elle avait dans la main, comme à chaque fois, son gros paquet mystérieux tout argenté, mais j'en connaissais le contenu, si souvent offert...

Mais Alice, il ne fallait pas ! Mais si, mais si, vous êtes si gentille, et patati et patata, en un tour de main le paquet avait changé de main. Merci, bisous, allez Alice, je vous raccompagne... Nous avons continué la conversation, assises confortablement chez elle. C'était comment ? Et le temps ? Vous avez fait de belles promenades ? Ils étaient gentils avec vous ? Vous avez bien mangé ? Elle disait oui à tout.

Et puis brusquement elle me demanda des nouvelles de mon ami, elle le savait très malade, elle avait tout saisi de la conversation téléphonique que j'avais eue chez elle, dans un moment d'urgence pour lui... Alice, mon ami est décédé ! Comme c'est triste !

Alors, Alice m'a dit combien son entourage familial lui était utile pour poursuivre le chemin, moi j'ai toujours eu l'impression que seul compte ce capital d'amour pour survivre...

Ensuite seulement, elle me demandé : Danielle, vous pouvez téléphoner pour prendre un rendez-vous chez mon docteur, avec mes oreilles je ne peux pas ?... J'ai pris rendez-vous, bien sûr le médecin viendra à domicile, Alice a un peu mal dans le bas du dos, elle était tombée chez son petit-fils, une plume de cent ans, ça pèse lourd... Combien de temps la houle va-t-elle l'épargner ? Je ne veux pas le savoir, je vais aller la voir plus souvent...


Le bouquet de fleurs en chocolat

Pour les obsèques de mon ami qui chantait dans ma chorale depuis si longtemps, nous avons chanté pour lui et les siens, un beau chant de la liturgie orthodoxe russe qui fait pleurer dès les premières notes, jusqu'aux dernières... Nous avons tenu jusqu'au bout... Au revoir mon ami...

mardi 20 octobre 2015

Les surprises de Baden Baden (Allemagne)


Balade sur la Lichtentaler Allee

On m'avait dit : tu verras, cette ville est totalement le contraire de ce que tu aimes, petite ville de villégiature balnéaire, genre Suisse bon chic, bon genre, assez chère, belles devantures d’antiquaires, de joailliers, de beaux vêtements, fourrures,  une ville cossue, n'y va pas... J'avais fait un tour sur Internet, sur un forum de baroudeurs, j'avais lu un avis qui donnait définitivement envie de sauter la case Baden Baden : n'y allez pas, rien à voir, c'est moche, les alentours sont bien plus intéressants... Bon ! Nous verrons bien...

Je devais rendre visite à quelqu'un de ma connaissance, donc une très bonne raison d'y séjourner quelques jours, il y ferait beau, je jugerai par moi-même !


Sur la Lichtentaler Allee

Dans cette petite station thermale (53000 habitants), le tourisme et les commerces de luxe foisonne, il y a plein de belles choses à voir et de délicieux gâteaux à déguster... La ville est à 60 km de Strasbourg.

Une très jolie rivière nommée l'Oos traverse la ville, le lit de la rivière est entièrement pavé, la balade (Lichtentaler Allee) est longue de quelques kilomètres. Elle est bordée d'élégants hôtels et villas privées. Des petits jardins ponctuent son parcours, les magnifiques arbres ancestraux sont un enchantement, il y a un chêne qui a plus de 200 ans, mais je n'ai pas su le repérer... Certains arbres très vieux sont soutenus par une multitudes de tuteurs.

Cette promenade mondialement connue s'est développée sur 350 ans...


Le pavement de la rivière scintille au soleil

L'automne commençait son travail des couleurs, les jaunes et les rouges arrivaient les premiers sur les rangs...


Les jaunes et les rouges...

Des arbres étonnants, sans étiquette, sans indication d'âge, jalonnaient la promenade, comme celui-ci... Soutenu par en-dessous par une forêts de cannes, il s'étalait de tout son long sur la pelouse, la photo était quasi impossible, pas assez de recul pour l'enfermer dans la boîte, j'ai quand même essayé..


On dirait un énorme nounours fatigué

Et cet autre, plus haut que large, surexposé également à l'image, mais tant pis pour la lumière qui n'était pas dans le bon sens :


Le géant

Le long de cette voie ruisselante, on rencontre le Musée d'art contemporain Frieder Burda, bâtiment clair et spacieux, tout carrelé à la manière de Jean-Pierre Raynaud, utilisé pour des expositions temporaires, le photographe allemand Andreas Gursky était à l'affiche, quelle chance !


Le Musée des Beaux Arts


L'aile du musée et la nature entremêlés



Voilà ce que j'ai vu de son oeuvre photographique exposée au musée d'art contemporain

Andreas Gursky est considéré comme l'un des plus importants artistes contemporains, ses photos globalisent le monde, capturent la vie moderne et la réalité presque entière, ses photos vertigineuses sont des documentaires à elles seules, elles restent des témoins des voyages entrepris dans le monde entier. Cet artiste fait des photographies vertigineuses, où l'on peut apercevoir des foules humaines, des fenêtres, des objets à l'infini, au point de ne plus distinguer une silhouette d'une autre. Une rare émotion m'a saisie de voir ses œuvres dans leur dimension originale, d'une beauté incroyable et surprenante, son oeuvre réfléchit le monde avec grandeur, beauté et critiques...




La corbeille de Chicago (1999)

99 Cent (1999) 

Une épreuve a été achetée par le centre Pompidou en 2000, cette photographie est l'une des plus grande du monde, elle mesure 2m x 3m (ce fut aussi la plus chère du monde en 2007). Andreas Gursky a adopté un angle proche de celui de la caméra de surveillance, chaque prix se termine par  99 Cents. Elle est aussi une dénonciation de la société de consommation. Chaque photo est d'une qualité exceptionnelle, et de très grande taille.


Paris-Montparnasse (1993), 2m x 4m environ

Andreas Gursky photographie un immeuble dans son entiéreté, formant une vue fascinante et abstraite, on peut aller de détail en détail, s'approcher de chaque fenêtre, comme un voyeur.


 Le Rhin (1999) 190 x 360 cm, beau comme un tableau !

D'une incroyable beauté, cette photo ressemble à une peinture abstraite, le vert est beaucoup plus intense sur  le tirage exposé. L'artiste a éliminé tous les détails superflus,  les promeneurs et un bâtiment d'usine, il justifie ses manipulations ainsi : "une construction fictive est requise pour fournir une image précise d'une rivière moderne".

Au centre ville, sur le parcours touristique, impossible de louper l'énorme statue de Bismarck, (13 m de haut) sa forme massive, sombre et impressionnante, reste visible dans l'ombre du soir qui descend :




Statue de Bismarck (1815-1898), sculpteurs Ettlinger Oskar, Alexander Kiefer (1907)

Pour être saisi par grande statue de Bismarck, il suffit de lever la tête, pour apercevoir les petits Stolperteine sur certains trottoirs de la ville, il suffit de baisser la tête et de rester attentifs... Les Stolpersteine (traductions : obstacles, pierres d'achoppement, pierres sur lesquelles on peut trébucher) sont des petits pavés de cuivre gravés, discrets,  presque invisibles aux distraits...




Stolpersteine

Ces pavés rendent hommage aux juifs de la ville, arrêtés, enfuis, déportés et assassinés par les nazis pendant la dernière guerre, ils sont "plantés" sur le trottoir devant le domicile des victimes, les derniers Spolpersteine ont été plantés en 2013, chaque cube rappelle la mémoire d'une personne. Plusieurs milliers de Stolpersteine ont ainsi été encastrés depuis 1993, principalement en Allemagne mais aussi dans d'autres pays européens. Il existait une synagogue dans la ville, elle a été entièrement détruite en 1938 pendant la nuit de cristal.

Merci Wikipédia : Gunter Demnig a recherché les données des personnes qui ont été pourchassées et déportées pendant la période du nazisme. Il a fait ses recherches en fouillant dans des archives, sur la base de données sur le sort des victimes du Mémorial de Yad Vashem de Jérusalem, en coopération avec des musées et écoles, ainsi qu'avec des survivants et familles. Si des données sont disponibles, Gunter Demnig crée alors des Stolpersteine. Il les encastre dans le sol des rues publiques devant les maisons ou immeubles où résidaient les personnes déportées ou arrêtées. Sur chaque plaque est marqué : « ici habitait » (Hier wohnte) avec ensuite le nom, la date de naissance et le destin individuel de chacun.
Ces pierres d'achoppement sont financées par des dons, des collectes et des parrainages obtenus de citoyens, de témoins du passé (Zeitzeugen), de classes d'écoles, de membres d'associations professionnelles et de communes. Il faut 95 euros pour installer une pierre.
Les surprises historiques n'empêchent pas la gourmandise, la pâtisserie/chocolaterie historique de la ville : Köning vous régale de confiserie, gâteaux, chocolats, tous les produits sont frais, faits maisons et sans conservateur, la boutique ne désemplit pas, j'ai eu énormément de mal à choisir le gâteau au fromage dont je raffole, mais finalement mon choix n'a pas été le bon, le gâteau était fade, une petite déception du séjour...



Voyez le choix difficile, les gâteaux pouvaient se couper à la part...

Difficile aussi de trouver un restaurant un peu en dehors du circuit touristique, mais grâce à des recherches fouillées sur Internet j'ai pu en dégoter un extra, cuisine allemande assurée, délicieuse et pas trop chère :


Si d'aventure vous allez à Baden-Baden, vous pouvez aller manger là, c'est bon ! 


La ville vaut le détour, elle est intéressante, et recèle des tas de trésors, il suffit de vouloir les dénicher et les admirer. N'oubliez pas les arbres, ces grands monuments historiques en plein cœur de ville !...