mardi 14 octobre 2014

Venise juillet 2014... Les peintres... Sur les motifs (6)



Le peintre était parti se mettre à l'ombre...

En allant faire mes courses, j'avais aperçu le peintre sur le pont, un emplacement d'élite, un point de vue unique, la belle église San Raffael (une des églises que je préfère) au loin. Le petit canal se la coulait douce, c'était une fin de matinée paisible, je n'avais pas envie de partir de Venise en courant, le soleil certes était à son zénith, il fallait mettre un chapeau, avoir une bouteille d'eau à portée de main, ou un bistrot pas loin... J'ai continué mon chemin, je ne voulais pas sortir mon appareil photo sous le nez du peintre, quelle drôle d'idée...

Tout en repassant la liste des courses dans ma tête, je me disais : s'il est encore là au retour, je dégainerais mon appareil photo, tant pis... Chouette, seuls le chevalet et l’outillage étaient encore sur le pont, le peintre était allé se rafraîchir à l'ombre, dans le bistrot d'à côté, oui, je l'apercevais un verre à la main, tant mieux, prends ton temps mon gars, je vais tirer le portrait à ton oeuvre qui me paraît bien jolie...

J'avais posé mon sac à provisions en bas des marches, sur sa toile, il y avait du ciel bleu, du rose, de l'eau calme, les clochers étaient bien à leur place, une belle perspective, de quoi faire des heureux... J'ai déclenché !

J'apercevais en bas du chevalet un plus petit tableau, une esquisse de la vue qui se trouvait à sa gauche, il avait dû juste déplacer son chevalet de quelques centimètres... Il y avait deux ponts, mon pont était bien tout au bout... Tout y était, je voyais les couleurs de Venise...

Son sac à dos à roulettes où il rangeait tout son matériel l'attendait sagement, tout était en ordre...

J'en ai vu d'autres, des peintres, au cours de mon séjour, je ne les avais jamais tant regardés que cette année.


Attentive, la jeune femme dessinait dans le brouhaha... 

C'était un autre jour, j'étais allée du côté de la place San Marco voir le monde, il y en avait vraiment beaucoup, il suffit de ne pas rouspéter, de chercher quelque chose de beau à regarder, ce qui ne manque pas par ici, et toute votre envie de quitter les lieux s’évanouit...

Je m'étais trouvée une place sur un banc en pierre le long du Palais des Doges, bien à l'ombre, et je l'ai vue, avec ses baskets à semelles oranges, sagement assise sur un petit tabouret pliant, elle ne bougeait pas du tout, seule sa main faisait des petits mouvements rapides... Nous sommes restées un moment, elle à dessiner, moi à la regarder, j'ai déclenché !


L'artiste vendait ses œuvres sur la droite...

Un autre jour encore, j'allais voir les nouveautés du côté des Frari, il y avait du monde aussi, mais j'avais tout de suite repéré l'artiste qui faisait des dessins à toute allure, sa boutique tenait toute entière sur le chevalet, présent toute la journée, sans se lasser ? Je ne sais pas, certains de ses beaux dessins étaient à peine plus chers qu'une douzaine de cartes postales, les peintres d'ici ont tout Venise dans la tête, il suffit de demander, un pont, un puits, un monument, pas de problème, j'ai tout ce qu'il vous faut...

J'ai vu qu'il y avait un nouveau glacier, mais tout le reste était pareil, je crois... J'ai remarqué les traces des inondation des 4 novembre 1966 et du 2 août 1902 sur les murs de l'église des Frari, je ne les avais jamais remarquées : j'ai déclenché !


Les "acqua alta" du 4 novembre 1966 et du 2 août 1902 sont signalées dans la pierre sur le mur des Frari, on a du mal à s'imaginer l'eau à cette hauteur...


2 août 1902


Le dessinateur

Toujours au même endroit, discrètement adossé à la très belle église des Frari, notre homme de l'art esquissait... Je n'ai pas osé approcher plus près, je ne sais donc pas ce qui se passait sous sa mine de crayon, mais à Venise, tous les coins sont bons, il faudrait s'asseoir mille fois par jour pour prendre des notes, dessiner, peindre, photographier... Voyez comme les amateurs de dessins s'équipent de petits sièges pliants, très facile à transporter... : Bien sûr j'ai déclenché !


Artiste peintre ayant pignon sur rue

Installé plus durablement, commercialement, face au mur qui annonce une exposition d'art contemporain, l'artiste fait ses preuves de mémoire, il connait tout par cœur, il connait Venise comme sa poche, et on a vite fait le tour d'une poche... Fascination, j'ai déclenché !


Artiste inspirée...

Je venais de sortir de cette sublime église San Cassiano que je visitais pour la première fois, j'en suis encore étonnée aujourd'hui, et j'ai aperçu cette jeune femme librement inspirée, sa robe s'harmonisait parfaitement avec son oeuvre, elle ne voyait pas du tout le monde qui l'entourait, elle prenait toute la place, elle était dans son monde... Elle avait le dos tourné vers son rêve... J'ai déclenché avec bonheur...

Cette église San Cassiano m'a enchantée, elle a été édifiée au Xe siècle et remaniée au XVIIe, l'extérieur est d'une grande sobriété, elle passe inaperçue, sans doute la connaissez-vous dans tous ses détails, mais moi je la découvrais :


San Cassiano invisible

Son décor intérieur est raffiné, beaucoup de marbres polychromes, des stucs, je sautais comme un cabri, j'allais d'un tableau à l'autre, d'une colonne à l'autre, d'un détail à l'autre, je ne pouvais pas immédiatement voir l'ensemble... J'ai été subjuguée d'abord par les lustres, les lanternes en verre de Venise, il y avait une petite coquille Saint-Jacques en verre dans le bénitier dès l'entrée, j'ai adoré !


Une église à trois nefs







Lampions et lustres de l'églises Cassiano

Les oeuvres de Tintoret, Tiepolo, Marconi, Bassano... étaient tantôt dans l'ombre ou trop à la lumière, impossible de prendre des photos


La coquille Saint-Jacques en verre


Une descente de croix, le Christ est porté par les anges, sculpture en bois, très délicate, très équilibrée, très touchante

Sur le côté, près du chœur, la porte d'une petite chapelle (San Carlo Borromeo, construite en 1746) était ouverte, et j'ai vu les marbres, les stucs, les peintures  et les boiseries, j'avais bien l'impression que tout était resté à la même place depuis le 18e siècle... Une atmosphère de chapelle et de salon, à cause des sièges roses...


La porte était ouverte... Une invitation à la visite, je n'ai pas tiré la chevillette, je suis entrée...


L'intérieur de la petit chapelle


Petit autel


Petite perspective, précieuse


Belle porte en bois donnant dans l'église

J'y reviendrai l'année prochaine, cette église m'a impressionnée, je m'y installerai comme un peintre, mes pinceaux seront dans mon appareil photo... Patientez !

10 commentaires:

VenetiaMicio a dit…

San Cassiano, c'est "mon" église, j'habite à côté ! On dit que c'est la plus belle église de Venise.
Ton premier artiste sur son petit pont et "ton" quartier que j'adore aussi, devait se rafraîchir chez Codromma (enfin je ne sais pas si c'est toujours le même nom ?)
Bisous
Danielle

Danielle a dit…

Chère Danielle, je vois que tu es une connaisseuse :-) si cette église est la plus belle de Venise... Nous sommes d'accord...

Un beau quartier que le tien, dans le mien la vie est agréable aussi... Et je découvre sans cesse des beautés cachées... Comme toi sans doute...

Je t'embrasse fort.

Marie Claude a dit…

Je découvre Venise(je n'y suis jamais allée) avec tes billets et je me "régale".J'apprécie tous ces petits détails. Cette église est une splendeur!
Dans le post précédent,les broches de Barbara Paganin sont très originales,j'aime beaucoup!
Bisous du matin

Danielle a dit…

Bienvenue à Venise Marie-Claude :-)

Cette église est magnifique, j'y fonce l’année prochaine pour les autres détails.

Oui, tu as raison, les broches de cette artiste sont merveilleuses, de véritables parcours de vies...

Passe une bonne journée, bises du jour.

Dominique a dit…

Quand je suis allée à Venise en Mai-Juin 2012 beaucoup de peintres officiaient près de san Marco, j'ai pensé que ça devait être un peu comme Montmartre à Paris, il faut séparer le bon grain de l'ivraie.
J'aime beaucoup le tableau de la jeune femme de dos avec sa robe assortie.
Il faudrait que je finisse de narrer mes aventures vénitiennes sur mon site à l'abandon mais j'ai parfois et de plus en plus l'impression que dès que l'on parle en bon français de quelque chose qui en vaut le coup ça n'intéresse personne...

Danielle a dit…

Dominique oui, c'est vrai je pense, qu'il faut savoir choisir, mais "mes peintres" le dos au mur ou sur le motif, m'ont touchée par leur application, rien ne les gênait...

Pour l'intérêt nos blogs, oui bien sûr, il faut être plus que motivé :-))

J'ai souvent pensé moi aussi à abandonner :-((( Allez courage !

Grosses bises.

ELFI a dit…

n'abandonne pas, si parfois les mots me manquent pour écrire tout le bien de ton blog, je reviens souvent pour relire et revoir, comme le peintre qui revisite son tableau jusqu'à satisfaction... :)))biz

Danielle a dit…

Merci chère Elfi pour tes encouragements qui m'encouragent :-)

Allez au travail, pour de nouvelles aventures...

Bises fortes du matin.

Brigitte a dit…

Moi non plus je ne connais pas Venise mais au travers de tes recits je la découvre et l'aime de plus en plus .
Tu as beaucoup déclanché !!! J'aime regarder les peintres perdus dans leur monde qui se trouvent seuls au monde dans leur univers...Moi qui pinceau !
La coquille St jacques est superbe et les autres verrerie sont tout aussi belle.Encore une bien jolie découverte.
Bonne journée et bises du matin

Danielle a dit…

Merci chère Brigitte pour ton attention. quand j'ai vu la coquille St Jacques en verre dans le bénitier, je me suis dit quelle belle idée, délicate et tellement vénitienne...

Je suis ravie de te faire découvrir certains côtés de Venise...

Je t'embrasse, bon WE à toi.