dimanche 19 octobre 2014

Au théâtre de la Colline, un dimanche... De beau temps !


Mes citrouilles de l'Indre...

Un temps splendide, une douceur de vivre, un été indien prolongé, du monde à toutes les terrasses de cafés, le cimetière du Père Lachaise devient le  plus grand parc de l'arrondissement, une boutique qui y mène vend maintenant des articles souvenirs de Paris... Chez chaque commerçant de la rue, on vous vend le plan du cimetière, exactement comme au Louvre : par ici le crématorium, par là les grands de ce monde et tout près du mur, un petit mur de rien, il y a le jardin des souvenirs, et quand je longe sa pelouse, si verte, si bien rasée, je vois des roses éparpillées, alors je pense à ma mère que nous avons emmenée ici, il y a beaucoup trop d'années maintenant...

J'allais au théâtre (La Colline) qui se trouve juste à côté de ce beau cimetière, voir une pièce de Arne Lygre (un Norvégien) : "Rien de moi", mise en scène de Stéphane Braunschweig. L'histoire est très simple : comme les nôtres : une femme et un homme plus jeune qu'elle se rencontrent, et elle décide de s'installer chez lui... Ils s'isolent du monde et nous racontent leurs histoires en se parlant à eux-mêmes, toutes les phrases se terminent par : je t'aime, dis-je, nous allons essayer, dis-je,  les dialogues sont intériorisés pour chacun des personnages même s'ils s'adressent l'un à l'autre... Ce qui a provoqué en moi une distanciation énorme et forcément, je n'ai pas tout à fait accroché. Au début, bien installée au premier rang (mon rang de prédilection), je me suis beaucoup intéressée aux deux personnages, pour les situer, n’imprégner, installer leur histoire dans ma tête, mais très vite, je fus distraite...


Ma voisine de gauche s'est mise très vite à s'arracher machinalement des morceaux de peau qu'elle trouvait dans sa nuque, et les déposait consciencieusement sur son pantalon, un tic, une lubie, un geste imprescriptible, j'avais beau regarder tout à fait à droite je la voyais faire quand même, à un moment elle sortit son programme et y mit un à un les morceaux... Alors la gêne fut très forte pour moi, nous étions si proches sur la banquette que je l'ai regardée fixement quelques secondes, et elle cessa tout à fait de se décortiquer...

Ma voisine de droite, tout près de moi, après quelques répliques ferma les yeux, je l'ai vue distinctement puisque je regardais bien à droite pour ne pas voir ma voisine de gauche qui s'arrachait les peaux. Quand les acteurs en furent aux scènes d'amour, assez descriptives, ma voisine de droite  fit des : oh ! Comme il y eut plusieurs scènes d'amour descriptives, elle fit plusieurs oh ! Et des : C'est pas vrai ! Se renfrogna, cela me gêna aussi, à son âge me dis-je, elle ne devrait s'étonner de rien, l'amour c'est l'amour, on se caresse dans tous les sens... Là c'étaient juste des mots, vous imaginez s'ils avaient été nus sur scène !



Finalement la vie de ces deux personnages défilait linéairement : on se rencontre, on se plait, on s'aime et puis l'inconstance s'installe, on ne sait plus comment tout s'enfuit... On ne sait même plus pourquoi on vit...

Quand ce que j'entends ne me captive pas des masses, je regarde le décor, la vidéo prenait toute la place, une beau plan fixe en noir et blanc, d'un port norvégien sans doute, et puis presque à la fin, quand l'histoire se termine, nos deux amoureux... Depuis trop longtemps, leur vie d'avant s'interpose, se croise avec leur vie de maintenant, ils se retrouvent les pieds dans l'eau, prêts à mourir l'un pour l'autre, au bord de la mer et alors le prodige se produisit, l'eau de la mer rentra sur la scène, sur toute la scène, avec le bruit des clapotis, comme j'étais au premier rang je me suis dit, pourvu que ça ne déborde pas... Il doit y avoir beaucoup d'argent à la Colline pour se payer un effet pareil... Les acteurs avaient les pieds dans l'eau, et tout à la fin ils s'allongèrent avec précaution complètement sur le dos, abandonnés par la vie...

Pendant tout le spectacle, le rideau de scène fut tiré et retiré, comme j'avais allongé mes jambe très confortablement, j'ai ressenti les doux passages du rideau de mousseline sur mes pieds, aussi doux qu'une écharpe de fourrure qui s'enroule à votre cou...


Si la pièce ne m'a pas entièrement absorbée, je me suis dit quand même : comme le théâtre est passionnant, il vous contraint à réfléchir, à vous questionner sur vous-même, à prendre du recul sur les choses de la vie, pour finalement les voir à la loupe... L'amour, la vie, la mort, toujours des chapitres à développer à l'infini.

Dans le petit programme de la soirée, pour illustrer le sujet traité par la pièce d'Arne Lygre, il y avait des petites phrases d'auteurs à propos des rencontres amoureuses et des séparations : Albert Cohen avec Belle du Seigneur (un de mes livres préférés), Marguerite Duras avec Emily, Hanif Kureishi avec Intimité, Bernard-Marie Koltès avec Lettre à sa mère, Roland Barthes avec Fragments d'un discours amoureux (que j'aime beaucoup), Patrick Modiano avec Pédigree (que je vais lire très vite sur ma tablette...), Hervé Guibert Rappel à l'ordre de l'amour : Pina Bausch au Théâtre de la ville (Pina que j'ai tellement, tellement aimée)je les préférais toutes à Arne Lygre qui m'avait, un peu, beaucoup ennuyée...

Les applaudissements furent nourris, mais au théâtre de la Colline je n'ai jamais entendu d'applaudissements tièdes, ma voisine de droite applaudissait discrètement en disant assez fort : pour les acteurs, pour les acteurs seulement...


En sortant, j'adore écouter les sentences, les appréciations, les enthousiasmes, les déceptions des spectateurs, je fus servie, deux dames avec chacune une canne, toutes heureuses de se trouver là dirent avec un large sourire : vraiment les acteurs étaient formidables et puis l'eau tu as vu, impressionnant !... Qu'est-ce qu'ils jouaient bien...

Dehors il faisait encore chaud, du monde aux terrasses, le métro était bondé, mais tous les voyageurs descendaient à Gambetta, quand je suis montée il y avait autant de places que je voulais ! Quel beau dimanche...

Je reviens très vite à Venise, ne manquez pas le 7e épisode...

7 commentaires:

Brigitte a dit…

Tu as raison de dire quel beau dimanche ,il faisait si beau au jardin . J'y ai travaillé toute l'après midi: taille, rammassage des châtaignes et des noix.Et le soir repas de chez nous radis noir et noix en apéro( avec un petit rouge bio) Bettraves crues et châtaignes grillées au four ...
Tes voisines de théatre dis donc c'était quelque chose ... La pièce apparemment n'était pas captivante, tes voisines si !!!
Oh les merveilles de citrouille l,j'aime aussi beaucoup leur couleur .
Bonne semaine Danielle,je t'embrasse fort

Enitram a dit…

Voilà une parisienne qui ne s'ennuie pas le dimanche ! Chouette ton article entre citrouille et autres courges !!! Je reviendrais plus longuement n'ayant peu de connexion !!! Mais je ne veux pas rater ton grand séjour vénitien, sous aucun prétexte !!
A bientôt donc et belle semaine à toi !

Danielle a dit…

Chère Brigitte, ah ! les châtaignes grillées un régal !!!

Tu as raison mes voisines c'était quelque chose, j'étais cernée :-))

Mes citrouille je ne voudrais surtout pas qu'elles se transforment en beaux carrosses dorés...

Grosses bises Brigitte.

Danielle a dit…

Enitram, merci de ta gentillesse pour tous mes récits...

Je reviens très vite à Venise :-))

Bises du soir

Marie Claude a dit…

Le père Lachaise où je suis allée et dont j'ai gardé un beau souvenir,un lieu prenant.
Incroyable cette voisine de gauche,c'est vraiment "dégoutant",je ne comprends pas un tel comportement...
Tes citrouilles ont une couleur magnifique.
A bientôt pour Venise.
Bisous du matin

Danielle a dit…

Oui Marie-Claude, bientôt je reviens à Venise :-))

Beau mardi à toi...

Grosses bises du jour.

Danielle a dit…

Blandine, bienvenue sur mon blog...

Merci de votre attention.

Amicalement.