lundi 3 février 2014

Parcours autour de Robert Wilson... Au Louvre...


Robert Wilson dans ses meubles, au Louvre


Très souvent, le mardi, je décide d'aller au Louvre, je ne sais pas pourquoi, le mardi j'ai envie d'aller dans ce musée, je me prépare avec enthousiasme, je suis prête, j'y vais, si je pars de bonne heure il y aura moins de monde... Quelle chance d'aller au Louvre !

Et puis, je me souviens que le Louvre est fermé le mardi, ça ne rate jamais, je m'en amuse, cette pensée du mardi pour un musée qui est fermé, je la mets ça sur le compte de l'envie distraite, jamais elle ne m'arrive le lundi, je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que le lundi je me dis : je vais passer l'aspirateur !

Le moment de déception passé, je me retranche sur le cinéma ou n'importe quoi d'autre, ça marche aussi...

Donc, ma promenade au Louvre date de jeudi, un bon jour, au milieu de la semaine, à l'heure du déjeuner, hors période vacances scolaires, pas trop trop de monde, l'idéal !

Bien sûr, pour l'expo Robert Wilson vous contournez le Louvre médiéval ou vous montez au premier étage,  à vous de voir, merci monsieur, je contourne, je contourne et je perds le fil, pas le moindre ascenseur ni à gauche ni à droite, je grimpe le grand escalier, je cherche le parcours fléché pour Wilson, je tâtonne, je traverse des salles magnifiques, des galeries des glaces sans glaces, des plafonds étincelants de dorures et de couleurs, je tombe nez à nez avec des trésors : les couronnes toutes endiamantées (copies) que je n'avais pas vues depuis des lustres...


Couronne de Louis XV (en 1729, perles et pierres précieuses furent remplacées par des copies à la demande de Louis XV. Au total, la couronne comportait 282 diamants (161 grands et 121 petits), 64 pierres de couleur (dont 16 rubis, 16 saphirs et 16 émeraudes) et 237 perles)


J'ai pris la photo en me disant : voilà une belle image qui pourra me servir pour  mes voeux de 2015 : je vous souhaite une année de jours précieux ! Quelle drôle d'idée ? Pour illustrer la bonne année 2014 j'ai déjà utilisé la photo d'une couronne qui faisait partie des trésors de la cathédrale de Séville (elle n'était pas en toc), ainsi j'ai souhaité à mes proches et mes amis une année en OR :


La couronne de la cathédrale de Séville

Après recherches dans moult salles, je tombe sur le lieu de l'expo. Robert Wilson, metteur en scène et plasticien américain, mondialement connu pour ses nombreuses mises en scène d'opéras et de théâtre. Je me souviens, et j'en suis encore émue aujourd'hui, de sa mise en scène de l'oeuvre  : Einstein on the Beatch, un opéra étonnant, unique en son genre, chanté, dansé, joué, qui ne reposait sur aucun thème précis, mais basé sur un personnage de l'histoire, pas de biographie non plus, non, juste des scènes sans lien évident avec les autres : Albert Einstein. Wilson avait fait des dessins et le compositeur Philip Glass la musique, ils ont travaillé ensemble à la réalisation de cet opéra qui durait cinq heure. J'ai eu la chance de le voir à la Maison de la Culture de Bobigny (MC93) en 1992. J'avais adoré, je n'avais pas bougé de mon fauteuil, même pour aller aux toilettes !...

Or donc, aujourd'hui, le Musée du Louvre a proposé à Robert Wilson d'exposer sa collection, au milieu de laquelle il vit dans son appartement à New York et au Watermill Center dans les Hamptons sur Long Island, une foisonnante variété d'objets très hétéroclites, qui l'accompagnent dans son travail et l'entourent dans sa vie quotidienne. 

Robert Wilson a mis en scène magnifiquement ses objets intimes,  cette mise en espace devient dans son ensemble un splendide objet à regarder : ensuite l'envie vous prend de détailler cet amoncellement de choses, mais aucune pièce ne se détache vraiment pour son incomparable beauté ou sa rareté... Il faut laisser vagabonder son esprit et faire des rencontres avec les objets qui vous parlent personnellement... Et c'est ce que j'ai fait...



Living Rooms : c'est le titre de l'expo


La collection de Bob Wilson dans son intimité

Photos, masques, chaises, chaussures, vases, poteries, sculptures, verrerie, broderies, un lapin blanc en fourrure... Et son grand lit... Un inventaire à la Prévert !

J'ai donc suivi R.Wilson pas à pas avec les quelques paires de chaussures et chaussons qu'il a choisis d'intégrer dans sa collection, notamment des chaussons de danse, très vieux, très abîmés : j'ai pensé qu'ils auraient pu appartenir à Merce Cunningham (chorégraphe, danseur américain qui a tellement contribué à faire bouger la danse moderne vers la danse contemporaine), dont j'apercevais le portrait tout en haut du mur de l'expo, près des lumières... J'ai fait cette liaison toute personnelle, car les objets exposés ne sont pas identifiés (à part une douzaine), je me suis souvenue en voyant ces chaussons de dance et la photo, que j'avais vu Merce Cunningham en 1990, à la MC93, il avait alors 80 ans et dansait encore un peu, il était venu saluer le public après la présentation d'une de ses créations, il fut salué avec émotion par les danseurs et le public lui fit une ovation, debout dans le théâtre... C'était grandiose, j'avais les larmes aux yeux...

Robert Wilson au début des années soixante, découvrait Merce Cunnigham, Philip Glass, Andy Warhol, Martha Graham, John Cage, Jessye Norman. À New York, c'est avec eux qu'il fit son éducation.  J'ai donc pensé que les chaussons de Merce Cunnigham pouvaient faire partie de l'univers de Wilson.



Merce Cunningham (photo de Marc Selinger)



Chaussons de danse ayant appartenu à Merce C. ?

La vérité : j'ai lu plus tard, sur Internet,  que les chaussons de danse avaient en fait appartenu à Rudolf Noureev !

De petits objets m'ont plu, sans les rattacher à des souvenirs personnels, j'en ai choisi quelques-uns...


Petite statue en bois, élégante gracieuse et mystérieuse...


Petit fauteuil miniature en bois doré, suspendu au mur !


Petite porte entrouverte en cuivre, insolite


La belle paire de basket rouge et perles...

C'est en cherchant la salle des vidéos réalisées par R. Wilson, que je suis tombée nez à nez avec un sublime fragment en bronze de Marc Aurèle (supposé), et j'ai fait comme aurait fait Bob, j'ai pris la photos à défaut de pouvoir le voler ...



Marc Aurèle (supposé), 170 après J-C

Outre la collection du maître, il y avait des vidéos qu'il avait réalisées et que je voulais absolument voirj'ai dû traverser la salle des peintres italiens avec la Joconde... Les enfants s'y précipitaient pour l'avoir dans leur téléphone, souvent ils posaient devant Elle pour faire preuve de leur visite...


Téléphone et mains inconnues devant la Joconde...

J'ai profité des miroirs de la galerie pour faire mon autoportrait derrière mon objectif :


Autoportrait...

J'ai fini par trouver les vidéos, derrière le vieux donjon du Louvre que j'avais déjà traversé une fois en arrivant... Sur un grand écran, le portrait d'une jeune bourgeoise de seize ans peinte par Ingres en 1806 (au Louvre), avec la tête de Lady Gaga, au bout de plusieurs minutes d'observation de petits éléments du corps se mettent à bouger imperceptiblement... Un clignement d’œil, mini mouvement de main, de bras, les deux yeux se ferment quelques secondes, la vidéo est magnifique, à un moment, dans le ciel, passe un grand oiseau blanc battant des ailes... Je n'ai pas réussi à l'attraper...




Lady Gaga ferme les yeux... D'après Ingres

Moi j'ai supposé que les yeux fermés de Lady Gaga pouvaient faire allusion à l'histoire de cette jeune bourgeoise, Caroline Rivière, 16 ans, peinte par Ingres et qui serait morte à l'âge de 17 ans. Je suis restée assise un bon moment devant ce travail vidéo superbe, à attendre le moindre frémissement.


Mademoiselle Caroline Riviere - Auguste Dominique Ingres, 1806

J'ai dû demander de l'aide à un gardien du musée pour trouver l'autre vidéo, premier étage avec ascenseur, vous tombez pile dessus, impossible de la rater :


Lady Gaga - Marat par Robert Wilson


Et je suis tombée pile dessus, une vidéo superbe, réalisée également avec la complicité de Lady Gaga d'après le tableau de J-L David. La lumière petit à petit laissait apparaître le corps de Lady Gaga, cet arrangement audacieux qui à mes yeux donne à voir le corps de Charlotte Corday, un échange troublant entre assassiné et meurtrière... Le velouté, les couleurs, le bleu Wilsonnien du fond de la scène, sont remarquable. Un jeune homme qui s'était arrêté à côté de moi pour regarder la vidéo s'écria : c'est quoi ce truc ? De la pub ? J'y crois pas ! Justement je crois que Lady Gaga sortait son dernier album juste au moment de l'expo au Louvre, imaginez la promo... Il avait raison le gars.



L'assassinat de Marat - Jacques-Louis David, 1793
(Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique)

Depuis un moment j'ai un peu laissé Robert Wilson aux oubliettes, déçue par sa mise en scène un peu conventionnelle des Les fables de La Fontaine à la Comédie Française en 2007. J'avais pesté contre lui et la banalité de son travail qui avait simplement consisté à habiller les comédiens en animaux, beaux animaux certes, mais un point de vue un peu court à mon goût, de plus, les jolis masques que portaient les acteurs bloquaient le son, ce qui fait que je n'entendais rien des fables... Grrrr ! Et puis son éternelle façon de plonger chaque fond de scène en bleu, même superbe, m'agace un peu, je demande à voir autre chose... J'attends !

Un après midi passé au Louvre au service de la découverte, de l'enthousiasme, de la réflexion, de la joie et des doigts de pieds en compote, vivement la prochaine fois...

6 commentaires:

ELFI a dit…

collection étonnante! et lady gaga exceptionnel!
un vrai amusement! biz

Brigitte a dit…

Une belle visite du jeudi !!! Tu te souviendras le Louvre pas le mardi...
Tu fais comme moi le lundi en général c'est ménage .

Très surprenante Lady Gaga .
Bonne soirée ,je t'embrasse fort

Danielle a dit…

Chère Elfi, oui tout était exceptionnel !!!

Grosses bises à toi.

Danielle a dit…

Brigitte, oui, une très belle visite, pleine de surprises et de bonheur...

Ben oui il faut bien se garder une miette de temps pour l'aspirateur et le chiffon de poussière :-)))

Passe une belle soirée, je t'embrasse tout plein.

Marie Claude a dit…

Tu nous fais découvrir une belle exposition originale!

J'ai un petit faible pour la statue en bois.

Bisous du matin

Danielle a dit…

Merci Marie-Paule, moi aussi j'ai eu ce faible pour la statue en bois :-)))

Passe une très très bonne journée.

Bises du matin.