jeudi 30 janvier 2014

Paroles, paroles, paroles...


Les caddies bien rangés

Finalement, de temps en temps j'aime bien aller dans ma grande surface du coin, je ne fais pas attention à la foule, j'ai ma liste sur le papier ou dans ma tête, je fonce sans me presser, là où je dois aller...

Je n'ai pas de jour particulier, je ne suis pas assez disciplinée pour ça, j'y vais quand je ne peux pas faire autrement, donc ça peut être n'importe quand... J'ai ma petite façon de faire, je flâne facilement aux fruits et légumes, tiens, si je faisais des haricots plats, du chou, des pommes de terre ? Aucune idée préconçue, je fais mes menus au feeling, au jugé, suivant la couleur et les prix, vous voyez un peu le genre...

Quelques fois tout de même, j'ai des idées toutes faites, mais je peux changer à la dernière minute, je ne suis pas une cliente sûre à 100 %. Je ne prends jamais de caddie, juste le petit panier pour faire léger.

L'abondance ne nuit pas ? Je ne sais pas pour vous, mais pour moi l'abondance me nuit gravement, quand il y en a trop, j'en ai tout de suite assez, je veux partir, fuir, je n'ai plus d'idées, je porte plainte en moi-même, je deviens exécrable, infréquentable, mieux vaut ne pas me rencontrer... Je n'ai plus envie de rien... Je pourrais renverser mon panier sur le plancher...

Quatre-vingt douze mille sortes de yaourts, deux cent cinquante sortes de fromages, deux mille sortes de pâtes, des fruits qui viennent de l'autre bout de la terre, d'été, d'hiver, toutes les saisons sont mélangées, pas facile de faire son marché... Dans ma rue, le dimanche matin, il y a beaucoup moins de choses, tant mieux.


Trop de choix ?

Je tire le petit sac en plastique, je remplis, je pèse, je colle l'étiquette, quand je peux j'aide mon voisin qui ne voit rien, qui ne sait pas lire, qui a les mains qui tremblent, merci madame, z'êtes bien gentille...

Je passe le plus souvent aux caisses automatiques, là où on scanne soi-même ses paquets, plus aucun scrupule, je suis bien lovée dans le moule de la consommation. Au début, quand ces caisses qui supprimaient des emplois ont été mises en place, je rouspétais : voilà encore une manière de réduire les frais généraux, de mettre des gens sur le carreau, si c'est pas malheureux tout de même, je n'irai jamais faire faire mes additions par une machine.

Et puis de l'eau a coulé sous les ponts, parties les belles résolutions, envolés les rugissements, les révolutions écrabouillées, je passe bien gentiment et personnellement mes codes barres sous le rayon laser ! Je ne suis pas un modèle à suivre, fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais, la lutte a été de courte durée, les files d'attentes ont été de plus en plus longues pour faire la(e) caissier(e) comme quand on était petits...

L'engagement ne tient plus la route, ne fait plus recette, n'oubliez pas votre monnaie dans la petite fente sur le côté, les billets par ici, les pièces par là... J'obéis !

Les tapis roulants qui vous montent à l'étage me mettent dans tous mes états, j'ai quand même gardé un peu de colère... Mais pourquoi donc, Danielle, pourquoi tu t'énerves comme ça ? Entre les quatre tapis roulants qui montent et qui descendent, il y avait des espaces vides dans cette grande surface. Leur nature ayant horreur du vide, les vides ont été remplis avec des stocks de bonbons, de gâteaux de toutes sortes, les enfants qui passent par là avec leurs parents n'ont plus qu'à passer le bras pour pêcher un paquet, même deux, les familles n'ont même pas le temps de dire : non, ça suffit, tu n'auras pas de bonbons, il y en a déjà à la maison, que les sucreries sont déjà dans le caddie... C'est du pousse au crime, de la malhonnêteté, de la tentation sournoise, attraper les enfants par les yeux c'est tellement facile, tellement laid, ça ne devrait pas être permis, mais tout est permis quand on vend... Je peux vous dire que sur les tapis roulants, il y a des enfants qui rient et beaucoup d'autres qui pleurent...


Les tentations !

Donc à l'aller je fulmine, et au retour je continue, j'ai quand même remarqué qu'au fil des jours mon ardeur faiblissait, après plusieurs mails assassins envoyés au grand magasin, rien ne change, je ne vais pas me battre contre des moulins à vent... Je coule, je coule...

Elle s'était arrêtée devant lui, calmement elle lui a dit : François, pourquoi tu me parles comme ça ? Lui n'a rien répondu sur le moment, entre les poires et les fromages il ne s'y attendait pas : ben quoi, ah ! Tu m'embêtes avec tes grands airs... François, pourquoi tu me parles comme ça ? Dans ses yeux bleus il y avait de la tristesse, ils avaient tous les deux des cheveux blancs, et peut-être aussi un long parcours de cent ans, de quoi ne plus se parler ou se faire mal, mon cœur  s'est serré, c'était pire que les bonbons des escaliers.... Dans le grand magasin c'était comme au théâtre, il y avait des drames à tous les rayons, des énervements, des mots qui coupent, qui blessent, qui partent comme des boulets de canons... On meurt, on pleure, on s'étripe, c'est peut-être pour ça qu'il y a énormément de bonbons partout, pour la douceur ? Je ne sais plus...

11 commentaires:

Georg Friedrich a dit…

Ah! si seulement il pouvait y avoir comme tu l'écris 250 sortes de fromages, ce serait formidable, et j'irai tous les jours faire mes courses dans ta grande surface! En attendant, je me régale jour et nuit avec du polpo a la gallega! Gros bisous de Madrid!

Danielle a dit…

GF je t'imagine bien entre les poires et les fromages à te régaler...

Profite à fond de tout...

Je t'embrasse très fort.

Marie-Paule a dit…

Je viens souvent te lire mais je passe en silence. Ce que tu dis est tellement vrai qu'il est souvent difficile d'ajouter quelque chose. J'habite à Athènes en ce moment et malgré la crise les hypermarchés continuent de regorger de diversité. Je vais dans un Carrefour ici aussi et à part quelques produits spécifiques je retrouve les mêmes qu'à Toulouse mais dans un emballage rédigé en Grec. Les caissières n'ont pas encore été remplacées par les codes barres mais les enfants sont séduits par les paquets de biscuits mis au centre des escaliers roulants.... Cette enseigne a mis en place par contre ici deux choses qui me plaisent.Les prix dans les rayons sont sur de petites plaques qui te permettent en penchant la tête de côté voir le prix de l'article mais aussi celui au kilo. Ce n'est pas en toutes petites lettres. Ainsi on compare vite. L'autre chose que j'aime c'est qu'il n'y a qu'une file d'attente comune et que les clients sont invités par microphone et sur écran à se rendre à la caisse qui va se libérer. Ainsi plus de sentiment dêtre tombé sur la "mauvaise" caisse!
Tu vois il vaut bien qu'une bavarde comme moi passe...en silence!
Bonne fin de semaine

Danielle a dit…

Marie-Paul j'adore tes passages silencieux :-))Merci pour tes mots...

Tu es à Athènes ! Là-bas aussi ils mettent les gâteaux au milieu pour les enfants, quelle misère !

Tu racontes très bien l'ambiance Carrefour à la grecque...

Bises du jour à tout bientôt.

Brigitte a dit…

Ah ces grandes surfaces !!!
Il y a de quoi grogner, fulminer et puis de faire quelques courses aussi ...
Les bonbons souvent en kiosque au milieu d'une allée et près d'une entrée ou sortie pour être certain que les gens passeront ...Pfttt !!!
Mais aujourd'hui pour moi cela :
Dans ce monde de brute j’ai eu affaire à un gentil, si si . Alors que je m’écartais du chemin avec ma poussette pour laisser passer une voiture le Mr me fait un signe de remerciement .Il file ,Puis je le vois revenir ,abaisser sa vitre pour me donner une moufle que Sanaé ma petite fille avait fait tomber sans que je m’en aperçoive .
C'est un des petits bonheurs de ce jour.
Bonne soirée Danielle et gros bisous

Danielle a dit…

Brigitte, un petit bonheur est toujours sacré... La petite Sanaé aussi...

Les bonbons sont des démons pour nos petits...

Je t'embrasse fort du soir.

Amélie a dit…

Petits pions sur le chemin de la vie, nous ne pouvons guère grand chose face aux grands groupes qui nous dirigent, sans en avoir l'air... tout en nous faisant croire que c'est nous qui choisissons. Merci pour votre style qui est un pur moment de douceur dans ce monde de brutes.

Danielle a dit…

Oui Amélie, souvent je baisse les bras devant l'ampleur de la tâche, de tout façon ce .ne sont pas mes petites gérémiades qui vont changer quoi que ce soit :-)))) mais au moins je partage...

Merci pour vos mots...

Bises du matin tout gris par ici.

Michelaise a dit…

Combien je partage "L'abondance ne nuit pas ? Je ne sais pas pour vous, mais pour moi l'abondance me nuit gravement, quand il y en a trop, j'en ai tout de suite assez, je veux partir, fuir, je n'ai plus d'idées, je porte plainte en moi-même, je deviens exécrable, infréquentable, mieux vaut ne pas me rencontrer... Je n'ai plus envie de rien... Je pourrais renverser mon panier sur le plancher..."
Avec, cerise sur le gateau,une musique lancinante qui, perso, m'enlève toute envie de penser, que dis-je, toute capacité à penser ! Je ne sais plus ce que je suis venue faire en ces lieux. J'en parle aux caissières "ça ne vous énerve pas ?" "bof, on l'entend même plus".
Quant aux vieux couples, ceux qui s'engueulent aux caisses, ceux dans lesquels madame traine un monsieur l'air ailleurs, pas même capable de soulever un kilo de sucre pour l'aider, ceux qui se reprochent des griefs tellement anciens qu'on a l'impression qu'entre eux tout est devenu immuable, ils me fichent le bourdon !! pourvu qu'on ne sombre JAMAIS dans de pareils travers !
Et si tu ajoutes les mamans désorientées avec leur loupiot qui brame devant le rayon "je veux ça, je veux ça" et auquel elles répondent, embarrassées, coupables déjà "mais, tu ne le mangeras pas, le dernier je l'ai jeté", ce qui n'a que pour effet de redoubler les hurlements du gamin, cela fait que les grande surface, bof, si on peut éviter !!!

Michelaise a dit…

corriger SVP les grandeS surfaceS

Danielle a dit…

Michelaise, j'ai une chance inouïe il n'y a pas de musique dans ma grande surface ouf !mais il y a tout le reste :-)))

C'est vrai, tu dis fort juste, pourvu qu'on ne sombre pas, espérons...

J'évite le plus possible ma grande surface, souvent je rencontre des gens que je connais et on papote...Ça j'aime bien...

Gros bisous à toi, du soir.