dimanche 15 décembre 2013

Je n'aime pas le ballet de la Belle au Bois Dormant !



La Belle au Bois Dormant, Opéra de Paris décembre 2013


Bon, essayons tout de même, voyons un peu combien de temps je vais tenir. La télévision diffusait hier soir ce ballet crée en 1890 à Saint-Petersbourg, il est l'oeuvre conjuguée du chorégraphe Marius Petipa et du compositeur Tchaïkovski, il sera remonté par Noureev en 1989 à l'Opéra de Paris, d'après la chorégraphie originale. Voilà pour la petite histoire, qui sera tout à fait complète si je précise que ce conte est de Charles Perrault. Noureev qualifiait cette oeuvre de "Ballet des ballets".

Madame Brigitte Lefèvre, directrice du ballet de l'Opéra jusqu'en octobre 2014, a sans doute voulu apporter sa petite pierre à l'édifice patrimonial en reprogrammant cette oeuvre, elle nous dit en prologue que tout, absolument tout a été fait avec du neuf, elle parlait des dentelles et des chaussons, bien entendu... Voilà de quoi exciter ma curiosité...

Si tout était neuf dans les matériaux de la mise en scène et les costumes des danseurs, je me doutais que tout le reste n'allait pas suivre... On n'avait pas revisité l'oeuvre pour le XXIe siècle, le neuf en fait était du vieux, rien de nouveau sous le soleil.

Les couleurs étaient magnifiques, l'effet visuel superbe, la mise en scène bien datée, sans surprise, conventionnelle, convenue, rien à attendre de ce côté-là : Marius Petipa et Noureev devraient être contents, presque rien n'avait changé depuis cent ans...



Je regarde, mais je fulmine, cent ans après le réveil de la Belle au Bois Dormant un bal est donné, et c'est bien sûr l'occasion pour les Étoiles du ballet de présenter leur numéro de virtuoses devant les yeux ébahis du public : aux saluts, les applaudissements crépitent, le succès est au rendez-vous. Plusieurs couples de danseurs viennent chacun leur tour meubler la scène avec de jolis pas de deux, saluent et s'en vont... Au bout de cinq ou six passages, je dois dire que je ne tenais plus en place, j'avais l'impression d'être devant des numéros de patin à glace...

Je trouvais que les deniers publics étaient gaspillés, ce ballet devait coûter une somme colossale, il y avait un monde fou sur le plateau, et dans les coulisses sans doute autant...

Quel intérêt peut présenter ce genre de spectacle, totalement empesé dans un temps qui pour moi est révolu ? Les tutus, les chaussons pointus et les couronnes coûtent bien trop cher à l'art de notre temps.

La Belle au bois dormant (Saison 2013-2014)


Pendant que je rouspétais, je me disais également : l'ennui me prend devant un tel spectacle, alors que les opéras de Mozart, beaucoup plus anciens, me font encore pleurer, peu importent les costumes des chanteurs, les lumières, les couleurs, pourvu que le chef et les chanteurs soient à la hauteur... Je n'ai jamais fini d'être émue, bouleversée par la musique et les voix.

D'où vient que les ballets dits classiques ne m'intéressent pas du tout ? Je les trouve dans l'ensemble mièvres, cul-cul la praline, trop codifiés, exaspérants, le monsieur qui porte la dame, la fait tourner, lui tient la main... Tout ça ne marche plus pour moi, les chaussons, les tutus devraient être remisés au placard...

Je sais bien que je vais en énerver plus d'un en disant cela, mais je tente, je coup de gueule, je fais mon intéressante, je dis ce que je pense...

Alors que la danse contemporaine me touche, m'enthousiasme parfois ! Comment ne pas être entièrement captivée par un ballet de Pina Bausch, jamais je ne me suis lassée de ses oeuvres magnifiques qui me parlent des sentiments de mon époque avec un talent toujours renouvelé. L'Opéra de Paris n'a pas été en reste avec Pina, heureusement !

Stéphane Bullion et Marie-Agnès Gillot

Orphée et Euridice à l'Opéra de Paris (2012), chorégraphie de Pina Bausch, un événement, un choc !
Même si j'exagère sûrement, vous l'aurez compris je n'aime pas du tout les ballets classiques, rien à attendre, pas de frémissement, pas d'emballement, que des jérémiades... Pina, reviens !

12 commentaires:

ELFI a dit…

100% d'accord.. béjart est déjà passé...et oublié....

Danielle a dit…

Merci Elfi de ce partage à 100%...

En parlant de Béjart, je me souviens d'avoir vu à l'Opéra son ballet le sacre du Printemps, et aussi le Boléro de Ravel, j'en suis encore émue...

Bises du jour.

Brigitte a dit…

Entièrement d'accord avec toi Danielle .
J'ai vu le film de Pina Bausch une merveille ,c'était une grande danseuse .
Et Béjart ni dépassé ni oublié !j'ai vu il y a longtemps le Sacre du printemps, un vrai bonheur .
J'aime la danse contemporaire tu l'as compris .
Bises du midi

Danielle a dit…

Chouette Brigitte aussi...

Pourquoi les ballets classiques ne nous parlent plus ? J'ai réfléchi et je me suis dit : c'est un langage qui n'offre plus d'expressions nouvelles, un langage qui ne reflète plus rien de subjectif... Ses codes sont si serrés qu'il n'y a plus de place pour les émotions... reste la virtuosité, certes, mais à quoi bon maintenir la technique si les chorégraphies sont des coquilles vides ?

Je ne sais pas...

Bises du jour à toi.





Brigitte a dit…

Pour moi la danse classique est trop stéréotypée !!! trop rigide ,elle met les danseurs dans un carcan .
La danse cotemporaine laisse exploser le corps et son expression et c'est magnifique .
Voilà mon point de vue
Rebises

Georg-Friedrich a dit…

Evidemment que c'est cul cul la praline, mais c'est ça qui est super drôle! Et puis quand on connaît les danseurs, qu'on a l'habitude de les croiser dans les couloirs ou de manger avec eux à la cantine, on voit ces ballets avec un tout autre oeil... Bises du soir!

Danielle a dit…

C'est vrai, l'approche des danseurs doit être intéressante et même passionnante, mais leur art provoque quand même chez la spectatrice que je suis de l'ennui...

Je comprends bien que ton oeil et ton coeur les voient tout autrement, leurs grâce, leur souffrance, leur quotidienneté, leurs passion te touchent ...

Mais ce qu'ils expriment sur scène reste trop loin de moi pour m'émouvoir...

Bises du soir.

Danielle a dit…

Brigitte moi aussi je partage ton point de vue...

Il y a toujours des surprises avec la danse contemporaine...

Passe une belle journée, bises du matin.

Georg-Friedrich a dit…

Il faut les voir dans les ballets contemporains! Ça ne manque pas non plus à l'Opéra, et c'est ça qui est bien. Mais la doctrine de la maison, c'est de faire du classique et du contemporain, les-deux-mon-capitaine comme ils disent!

Danielle a dit…

J'aime bien l'expression : les-deux-mon-capitaine :-))
Tu as raison, dans les ballets contemporains, les danseurs sont merveilleux...

Bisous à toi et merci de ton passage.

Nathanaëlle a dit…

Je vais émettre un bémol lol Certes la Belle au Bois Dormant n'est pas mon ballet préféré, mais si Casse Noisette n'existait pas le ballet ne serait pas ce qu'il est. J'aime et j'adore cette féerie, ce bonheur, j'ai besoin de voir des tutus, des costumes, des entrechats, des pointes, des décors, de la grâce, de l'émotion, la Danse avec un "D" majuscule. Je suis moins sensible à la danse contemporaine, parfois j'adhère, parfois elle m'ennuie. Je déteste Bastille et vénère Garnier. Ah la Danse, j'ai failli en faire mon métier, c'était une telle passion, une telle brûlure aussi quand il a fallu renoncer.
Notre époque justement devient trop sèche, trop abrupte, trop dépouillée, j'ai besoin de l'onirisme du ballet classique. Ne le perdons surtout pas... c'est un trésor.
Bisous Danielle

Danielle a dit…

Bravo Nathanaëlle pour ton bémol et ton enthousiasme pour le ballet classique... Je comprends parfaitement ta brûlure, elle me touche...

Si nous ne vibrons pas aux mêmes décors ni aux mêmes arabesques, restons capables d'en parler avec passion, la danse classique et la danse temporaire ont des langages différents, quelque fois même peuvent se rejoindre, ce qui est sûr c'est que le bonheur, les difficultés de la vie, la grâce... Sont à l'œuvre pour raconter des histoires humaines bouleversantes...

Grosses bises du matin et bon dimanche à toi.