jeudi 7 novembre 2013

Ma route de la soie...




Voilà longtemps que je n'avais pas vu mes dames, la dame du 5e et celle du 9e...

Depuis quelques jours j'y pensais, il faut que j'aille les voir, vérifier que tout aille bien pour elles... Et puis voilà qu'hier soir j'en ai rêvé, j'ai rêvé à celle du 7e, de sa douceur, de sa gentillesse, comment va-t-elle ? Dans mon rêve je ne trouvais plus son nom, des noms approchants mais pas le sien, je me suis agacée, je me disais, demain tu trouveras sans hésiter, c'était vrai, le premier pied par terre je l'avais retrouvé...

Ce matin, c'est elle que j'ai rencontrée en bas de l'escalier, son sourire, son allure lente mais assurée dissipèrent toutes mes inquiétudes. je lui ai raconté mon rêve, je ne trouvais plus votre nom que je connais depuis toujours par cœur, elle me pris la main en la serrant : vous pensez, une voisine qui rêve de vous, c'est pas courant... Comment allez-vous, où allez-vous de si bon matin ? Je vais chez le kiné. Ah bon, ça ne va pas ? Si, si, tout va bien, elle n'avait pas envie de parler de ses maux, il faisait beau, le ciel était gris bleu, allez, parlons d'autres choses, tout va bien, tout va bien... Avec cette voisine c'est de la soie, elle m'embrasse comme si j'étais de sa famille, elle me serre sur son cœur, elle m'encourage à profiter de tout, je lui dis : je vais aux puces chercher des petites merveilles... Elle sourit, m'embrassa encore, portez-vous bien, faites attention à vous... Et je la suivis des yeux, la si fragile...

J'étais totalement rassurée, elle allait chez le kiné se faire du bien, elle était entre de bonnes mains, je pouvais poursuivre mon chemin...


Etole en soie indienne rose et bleu marine

Dans la soirée, j'ai tout quitté pour aller lui demander de ses nouvelles, j'ai frappé fort, j'ai crié mon nom : c'est Danielle, car elle est un peu délicate des oreilles, toutes les serrures ont fait du bruit, la dernière a pris un peu plus de temps, j'ai cru qu'elle avait abandonné, mais non... : la porte s'ouvre, la voilà, ma presque centenaire, l’œil vif et la coiffure parfaite, à quatre vingt dix neuf ans elle était en train de faire un tricot tout blanc pour un enfant, elle s'amusait à retrouver une ligne de points pour faire des jours et y arrivait très bien...

Vous seriez venue hier, je n'étais pas encore rentrée, je suis allée à la montagne, j'ai vu deux glaciers, il faisait doux, bientôt je repars chez un de mes petits-fils, nous allons tous chez lui pour la Noël... Les projets étaient dans l'air, elle repartirait dans quelques semaines... Vous allez bien, je suis contente, voilà plusieurs jours que je veux venir vous voir, il ne fait pas trop chaud chez vous, en touchant le radiateur je savais qu'il fallait qu'elle garde plusieurs pulls, chez moi c'est pareil, il faut bien vous couvrir... Attendez, attendez, me dit-elle, et la voilà qui passe dans sa cuisine avec le même bruit qu'une petite souris, elle revient rapidement avec un paquet à la main, des tas de petits chocolats qu'elle a rapportés de ses escapades... De toute façon je serais allée vous voir, je vous assure, je voulais vous apporter ça, dans sa main les petits bâtons de chocolat de toutes les couleurs s'agitaient devant mes yeux... Mais il ne fallait pas, vraiment c'est trop gentil, si, si, si, j'y tiens absolument, et me voilà bardée de confiseries, pas la peine de discuter...

Elle allait reprendre son ouvrage, moi regagner ma maison, nous nous sommes embrassées, Alice, n'ouvrez à personne, passez une belle soirée, couvrez-vous bien...

Ainsi, j'ai parcouru en une journée ma route de la soie, entre les baisers et les chocolats j'étais gâtée, mes voisines allaient bien, aussi bien qu'il faut pour rassurer leur voisine...

Mes charmantes, portez-vous comme des charmes, qu'il ne vous arrive rien, ne me faites pas de chagrin avant longtemps.

 .Etole en soie indienne rouge

10 commentaires:

ELFI a dit…

le temps ne s'arrête pas.. encore du satin..bientôt un pongé ..et demain de la mousseline...joli récit ...!

Danielle a dit…

Chère Elfi oui c'est ça, le temps ne s'arrête pas, l'étoffe change de texture, elle s'amenuise...

Bises fortes du matin.

Brigitte a dit…

Une très belle route et la soie c'est si doux et délicat ...
Un récit que j'aime plein ,d'humanité en plus de ta gentillesse et ta prévenance .
Bises fortes du soir pour toi

Danielle a dit…

Brigitte oui elles sont délicates ces femmes-là...

La semaine prochaine ma voisine aura 99 ans il faudra être à la hauteur pour les fleurs !

Bises fortes à toi chère Brigitte...

Amélie a dit…

Comme vous relatez bien et comme c'est plaisant de vous lire... bon w-end à vous Danielle. et merci !

Danielle a dit…

Merci Amélie de votre passage toujours bienveillant...

Passez une bonne journée ensoleillée.

Bises du matin.

Michelaise a dit…

Pardon de répondre par Anne Sylvestre interposée mais j'aime tellement ses paroles :
Quand, au soir, la vie s'effiloche
Usée comme un vieux fond de poche
Quand on a défait les ourlets
Quand, au manteau de l'aventure,
Il n'y a plus une couture
Qui fasse encore son effet
On peut découvrir un beau jour
Petit velours
Qu'on a quelqu'un auprès de soi
Petite soie
C'est le temps où l'on raccommode
Tant bien que mal les épisodes
D'une vie déjà bien passée
On y fait deux ou trois reprises
C'est pas nécessaire qu'on dise
Tous les fils qu'on y a cassés
Si on se fait un peu la cour
Petit velours
On reste sur son quant-à-soi
Petite soie
Comme il y a tant à recoudre
Il faut un matin se résoudre
À laisser des mailles filer
Et même avec nos maladresses
On peut rattraper la tendresse
Qui demande à se faufiler
On n' va pas battre le tambour
Petit velours
Pour annoncer qu'on se tutoie
Petite soie
Pour mener à bien cet ouvrage
On doit soigner son assemblage
Et le garder dans le droit-fil
Et s'il y faut quelques épingles
Est bien malin qui les distingue
Car la piqûre en est subtile
Si ce n'est pas nos plus beaux atours
Petit velours
Ils nous protégeront du froid
Petite soie
Mais si fragile en est la trame
Que ça serait un nouveau drame
De faire les points trop serrés
Et peu importe ce qu'en disent
Tous ceux qui ont sous leur chemise
Une conscience amidonnée
On peut surfiler des mamours
Petit velours
Dans une étoffe à claire-voie
Petite soie
On peut même y faire des jours
Petit velours
Ou la broder au point de croix
Petite soie

Danielle a dit…

Belles belles paroles, pour toute une vie entre deux...

Pour mes dames de paliers c'est juste un fil de soie qu'on jette entre nous, pour ne pas se lâcher...

Merci Michelaise pour les beaux raccommodages d'Anne Sylvestre...

Grosses bises du midi passé...

Brigitte a dit…

Ah oui 99 quand même ... Pour les fleurs ou autre je sais que tu sauras et que vous passerez un moment doux et délicat comme ce fil de soie qui vous relie .Je trouve cela très beau .
Bises d'un lundi pourri !!!

Danielle a dit…

Oui Brigitte 99 ans quand même ! Tu la verrais, pimpante et souriante...

C'est dans quelques jours son anniversaire, j'ai à l'oeil ses roses du coin de l'oeil chez le fleuriste...

Grosses bises à toi, ici il fait soleil !!!