samedi 9 novembre 2013

Comment vais-je le dire ?




"Inside Llewyn Davis" raconte sur une semaine les tribulations d'un chanteur de folk qui n'arrive pas à percer et se fâche avec la terre entière. Il accepte à reculons les remplacements au pied levé dans les studios. Sans logement, il fait la tournée des canapés de ses amis, qui veulent bien encore le recevoir. 

"Le meilleur film de tous les temps", une histoire touchante d'un chanteur de folk dans les années 60, "sans doute le plus beau film des frères Coen", "un film authentiquement émouvant et dépressif", "un style très maîtrisé", "un de ces plaisirs qui se goûtent plusieurs fois", "un chef-d'oeuvre", "la meilleure enquête métaphysique menée par les Coen", "un autre sommet des frères Coen", "ils signent leur meilleur film", "un film brillant", "les ratés sont des sujets magnifiques"... Grand Prix du Jury au Festival de Cannes 2013...

Vous pensez bien que dès le jour de la sortie, j'ai couru au cinéma...

Bien installée, une excellente place pile au milieu du grand écran, pas trop loin ni trop près, personne à gauche, personne à droite, les jambes, ça allait très bien, j'ai mis mon manteau sur le siège d'a côté pour avoir toutes mes aises, gardé mon sac sur mes genoux à cause des pickpockets, éteint mon téléphone portable... Le Paradis, c'est ici, grand écran, fauteuils gradinés, ambiance gris et rouge, la classe, petites lumières au sol pour ne pas tomber dans les escaliers, aucun mangeur de pop-corn à l'horizon, pas trop de pubs, le son est très bon, ni trop fort, ni trop faible, quelques spectateurs papotent avec leurs voisins, tout est permis quand la séance n'est  pas commencée, il pleut dehors, on est vraiment au chaud ici pour voir un chef-d'oeuvre, je ne donnerais ma place à personne...

En général, au bout de dix minutes, j'ai déjà une idée du film, bon ou mauvais, je sais ! Quelquefois, souvent même, je me suis trompée, mais je reste quand même fidèle à cette impression du début, le plan d'ouverture est très important pour installer le film dans l'émotion... C'est comme ça que j'ai attendu tout le film de Kéchiche, "La vie d'Adèle", et rien n'est venu, moi qui adore ce réalisateur, en général l'effet est immédiat, je pleure dès ses premières images tellement c'est fort (L'Esquive, La graine et le mulet...), mais pour "Adèle", je me suis accrochée au fauteuil pour ne pas partir... Mais bon, revenons à nos moutons : Inside, au début il y a l'histoire du chat qui court partout, qui se sauve tout le temps par une porte entrouverte, ou une fenêtre entrebâillée, d'ailleurs dès la deuxième fois, je me suis dit : pourvu que les fuites du chat n'alimentent pas tout le film, parce que notre héros qui s'échine à courir après, ça lasse, j'ai eu peur, rien ne s'installait vraiment, ni avec le chat ni avec le chanteur, ni avec personne d'ailleurs... Finalement, rien ne s'est emballé pour m'intéresser,  l'histoire n'est souvent qu'un prétexte pour faire du cinéma, tout comme dans les livres, c'est le style qui compte ! Dixit Flaubert qui rêvait d'écrire un livre sur rien... Monet aussi le fit très bien, regarder le temps qui passe avec les couleurs de sa cathédrale de Rouen, toujours recommencer sans changer d'objet, et à chaque fois, l'émotion est au rendez-vous... Chardin aussi nous éblouit,  il joue au bonneteau avec ses objets du quotidien, une fois ici, une fois là, et vous poussez des cris d'admiration... Ne parlons pas de tous ces peintres de la Renaissance qui ont peint des milliers de fois le même sujet à quelques degrés près de lumière... Effets garantis encore quelques siècles après...

Mais revenons encore à nos moutons...Mis à part quelques séquences de musique vraiment touchantes, notamment quand Davis chante : pour son père malade, un pur moment de douceur et d'émotion, et devant un producteur improbable, une très belle balade folk... Le reste du film ne m'a pas du tout touchée... Un brin agacée même, surtout à cause du chat qui se sauvait tout le temps, symbole fort du temps qui passe pour le spectateur ? La vie est un songe, le temps presse ?... Mais moi je me suis ennuyée ferme, à tel point que j'ai pensé partir...

Je vous avais dit, il y a quelques temps déjà, que je n'aimais pas le jazz, à vrai dire je n'ai pas pas non plus un amour immodéré pour le folk, mais ce n'était pas du tout une raison pour ne pas aller voir le film... J'y suis allée, je n'ai pas dormi mais je n'ai pas vibré du tout, la belle histoire ne suffit pas, le personnage chanteur, sans emploi, fier et certain de son talent, vivait dans les années 60 ce que certains vivent encore aujourd'hui, le système en place dans les années 2000 ne permet pas plus de faire vraiment le tri entre les bons et les moins bons, mais ça, c'est une autre chanson... L'acteur principal, et les autres, ne m'ont pas convaincue, je suis restée tout le temps extérieure à cette oeuvre, j'attendais l'étincelle : ni le jeu des acteurs, ni la mise en scène, ni la direction d'acteur, ni les belles images n'ont réussi à m'emporter... Le chat roux, peut-être ! Le chef-d'oeuvre des frères Coen, pour moi, ça sera pour une prochaine fois... J'y courrai...

Je ne voudrais pas gâcher votre plaisir...

Dépêchez-vous, il reste quelques places, même au premier rang vous serez bien...

6 commentaires:

Michelaise a dit…

Ben voilà, Adèle je n'ai pas eu le courage, et vu ta remarque, j'ai eu raison. Quant au dernier Cohen, je sais que je ne le raterai pas, mais, prévenue, je serai plus circonspecte... ce qui est d'ailleurs souvent le secret pour aimer un film : si on vous dit que c'est un chef d'oeuvre, on est souvent déçu, dans le cas contraire on se dit que bof, c'était pas si mail que ça !!
donc merci pour ce billet !!

Danielle a dit…

A vrai dire, en général je n'ai pas d'a priori quand je vais voir une oeuvre dont j'ai entendu parler avec enthousiasme, sinon qu'elle a toutes les chances de me plaire... Je me laisse donc totalement aller à sa réception, mais quelques fois je n'y arrive pas... je n'aime pas, ça ne me touche pas, au pire ça ne m’intéresse pas...

J'ai beaucoup aimé, mais pas dans sa totalité, (Valéria la comédienne, toujours pareille à elle-même m'agace) le nouveau film de Valéria Bruni Tedeschi Un château en Italie... Des scènes, des comédiens exceptionnels, un sujet magnifiquement traité, j'ai beaucoup pleuré...

Bises du jour.

Michelaise a dit…

Le château en Italie, je n'ai pas eu le courage d'y aller, peut que ce soir trop bavard, comme d'hab et un peu complaisant, bizarre de "se" mettre en scène comme elle a l'habitude de le faire !!

Danielle a dit…

Oui c'est vrai, La complaisance est de sont côté, son jeu de comédienne est toujours là où on l'attend, hystérique et frénétique, ça m'agace... Tout le reste est remarquable... Elle est beaucoup mieux du côté de la réalisation. Pas trop bavard non...

Moi je trouve que ça reste un bon film, et puis ce bilinguisme qui parcourt le film est vraiment émouvant.

Grosses bises du dimanche Michelaise.




Brigitte a dit…

Alors je n'y suis pas allée !!! Je ne te dirai pas pourquoi pour certain film c'est comme ça je me fie à mon instinct et parfois bien évidemment, je me plante, mais en fait pas très souvent .
Le dernier film qui m'a énormément touché:" Gabrielle '.S'il passe encore par chez toi, cours y vite tu devrais beaucoup aimer, toi qui chante . Je ne t'en dis pas davantage, il faut y aller c'est beau et émouvant .
Je t'embrasse et te souhaite un beau dimanche de lundi !!!

Danielle a dit…

Brigitte oui, j'ai vu le film Gabrielle et je l'ai beaucoup aimé... Je me suis même dit que les Québecois avaient une sacrée avance sur nous concernant le traitement des minorités...

Pour les frères Coen je me réserve leur prochain film :-)))

Merci Brigitte et toi aussi passe un bon dimanche suivi du lundi etc... Avec bisous affectueux.