vendredi 27 septembre 2013

L'Indre... Rabibochage et épilogue !


La grappe

Vous vous souvenez de mon petit chagrin ? (post précédent) 

Allez, je m'étais dit : ne fais pas ta mauvaise tête, retournes-y, ce n'est pas un rendez-vous manqué qui va te faire capituler, assurément !

On ne va pas se quitter fâchés, j'y vais... Elle m'avait dit, avant le petit chagrin : prenez toutes les noisettes que vous voulez, ma fille en raffole mais elle est partie, et nous, on n'a pas envie de les ramasser... Voilà donc un beau prétexte pour le rabibochage, ni une ni deux, me voilà au milieu de leur belle propriété parfumée aux fleurs de toutes sortes. Ah ! Danielle, je suis si contente de vous voir ! Comme le mari n'était pas loin, voilà l'accueil à deux voix qui commença, elle me parlait de ses fleurs et lui de sa course en vélo, exactement en même temps, j'étais donc à la foire et au moulin, dans une ambiance agréable, nous étions bons amis, comme avant.

Certains soirs je m'étais dit : tu es bien seule avec ton petit chagrin, bon, ils n'ont pas pu t'emmener dans le village d'à côté, il y a plus grave dans la vie, eux, j'en suis sûr, ne se sont rendus compte de rien, ils avaient à faire, voilà tout...

Danielle, regardez, là, au milieu des cyclamens, surtout ne marchez pas dessus, il y a plein de noisettes, choisissez les plus grosses, celles qui sont claires, je vais vous chercher un panier... Et joyeuse, elle s'exécuta immédiatement...

Toutes les trente secondes il fallait se baisser, vous me direz : c'est bien mieux que le vélo d'appartement... Rapidement, la récolte déborda. 

Aurais-je assez de temps pour tout casser avant de partir ? Il va falloir que j'y revienne au moins une fois par jour, les noisettes en tombant faisaient un bruit de goutte d'eau en pierre...


Les noix

Le temps presse, bientôt le retour, dernières balades, dernières photos... En passant devant chez Mireille, je la vois à sa fenêtre, je fonce sur sa pelouse : Mireille, puis-je ramasser les noix qui tombent sur la route devant chez vous ? J'avais ouïe dire qu'elle avait rouspété, un gars qui glanait sous son nez... Comme je voulais une paix royale, je demandais la permission. Mireille avait la vue qui baissait, les reins, les os qui l'embêtaient : c'est la vieillerie, disait-elle en se tenant le dos. Mais Mireille, ce qui la gênait le plus c'était l'ennui : je ne peux plus rien faire avec mes mains, voyez, pleines d'arthrose, je ne plus plus coudre, j'aimais beaucoup ça, je ne peux même plus recoudre un bouton, il se sauve à l'autre bout de la pièce... Je ne sais pas ce qu'il y a cette année, les noyers sont bizarres, presque pas de noix, il y a deux ans il en tombait comme de la pluie, on les écrasait comme des mouches sur le chemin... Je me souviens de cette année-là aussi, les poches, les sacs n'y suffisaient pas, j'avais fait des provisions sans les décortiquer, ça prenait une place folle dans les bagages. J'avais donc la permission de ramasser autant que je voulais, avec la petite causette on creusait un peu la relation...


Mon petit butin, tout beau tout bio...

J'étais en vélo, je voulais tout faire à la fois, glaner, faire des photos, rouler, respirer largement sous le ciel bleu, l'étang m'attendait, ce soir j'irai à la ferme retrouver André qui fait la traite des blanches et noires...

J'avais oublié mon appareil photo, mais j'avais mes jumelles et ma tablette, quelques mots devant l'étang pour parler du temps qui passe, rien ne valait ces moments-là...

Dans quelques petit jours je reprends le chemin de la cité, comment ferais-je pour voir autrement, respirer autrement, à la place du vélo je prendrais le métro... Plus de jardins, pour rentrer chez moi il faudra bien que je prenne l'ascenseur.

Oui, oui, c'est comme ça, en attendant je retourne aux noisettes, je passe devant les maïs encore bien vaillants, les tournesols brûlés par le soleil, les millets cultivés en grandes quantités, bousculés à certains endroits par la pluie et le vent, piquent du nez. Mais je n'ai plus d'encre dans ma tablette, ma batterie est à plat, il faut pourtant que je parle du bruit d'ailes des cygnes qui s'envolent devant moi, ça ne ressemble à rien de connu, maintenant je reconnais un cygne qui vole, même en baissant la tête, c'est gravé...

Je fais la moitié du chemin à pied pour mieux m'approcher du paysage, sur mon vélo c'est autre chose, ça soulage mon genou et ça coule tout seul, je peux aller partout, le vent léger sent bon.

Si je pouvais sortir mon mouchoir pour dire au revoir à tout le monde, aux paysages, aux animaux, aux sentiers boisés, aux herbes sauvages, aux jardins, je serais un brin ridicule, donc je ne le ferais pas. Je mentalise ce geste de gare, quand le train s'en va, jamais je n'ai vu un mouchoir se tortiller dans des mains, ce n'est plus la mode, ça fait vieille France, vous imaginez un peu l'allure que vous auriez avec votre billet Internet, devant le contrôle au laser, si vous sortiez même le mouchoir en papier...

Aux gens je serre la main, on parle un peu, on se dit : au revoir, prenez soin de vous, à l'année prochaine, j'espère...

Épilogue :

Elle courait dans la chaleur du soir et s'est arrêtée juste devant moi, une jeune femme, institutrice par ici, nous avons parlé du temps : il fait beau, il fait chaud... Je voyais bien que c'était une coureuse pour la forme, elle avait son petit compteur au poignet, je ne vous dérange pas plus longtemps, continuez votre course... Mais pas du tout ! Les gens ne prennent plus le temps de se parler, pourtant c'est très important, ils disent qu'ils n'ont pas le temps, voyez, ça ne m'a pas pris grand temps de vous dire bonjour et bonsoir...

Je lui ai dit : merci, et elle est repartie sur sa petite poudre d'escampette... Quel beau sourire !




Le soir dans la routine
 

Deux secondes avant...

4 commentaires:

anita a dit…

Ah mais il faut savoir les repérer les petits plaisirs qui terrasseront les petits chagrins !
Bonne routine !
Anita

Danielle a dit…

Merci Anita, bien sûr, les chagrins sont bien terrassés :-)))

L'Indre est terminé, la "routine attendra" jusqu'à l'année prochaine...

Bises du soir.

Brigitte a dit…

Le petit chagrin s'en est allée et tu m'en vois ravie pour toi .Quelle belle récolte de fruits secs qui fera un beau décor dans ta cuisine.Somptueux coucher de soleil pour saluer ton départ proche .Es-tu rentrée ?
Une routine va effacer l'autre ...
Je t'embrasse et te souhaite une belle semaine

Danielle a dit…

Brigitte, mes fruits secs sont chez moi, j'en suis bien contente...

Effacer "la routine" ça va être dure, mais je vais m'employer à profiter de tout...

Je t'embrasse fort du jour.