jeudi 26 septembre 2013

L'Indre... Les petits jardins, les petits chagrins...


Le fuchsia rouge


Je n'en n'ai jamais eu à moi, je n'en ai jamais fait, je n'ai jamais ratissé, biné, arraché, planté, même si quelques fois j'ai arrosé des œuvres faites avant moi : la pelouse chez mon frère par exemple, mais rien de bien méchant. Sur mon balcon de la région parisienne, j'ai toujours eu des fleurs, dès le mois d'avril je commençais à frétiller, pour l'espèce à planter j'avais toujours ma petite idée, pour les couleurs il me fallait un peu plus de temps... En fait j'étais un peu monomaniaque, je mettais la même espèce de fleurs, des géraniums pour ne rien vous cacher ou des pétunias, les années bissextiles... Une année, j'ai eu une énorme envie de fuchsias, de toutes les couleurs, avec des clochettes bringuebalantes qui sonnaient à toutes les heures...




Le fuchsia rose

Mal m'en a pris, car ils ont eu une maladie qui les a décimés les uns après les autres... Depuis j'ai compris, il faut planter varié pour ne pas trop pleurer... Pour les rosiers, j'ai bien essayé aussi : après la première floraison, tout est parti en vrille, le blanc, les pucerons, j'ai lutté, guerroyé tout l'été et l'année suivante, et puis une autre année avec espoir... Mais ce n'est pas moi qui ai gagné la bataille... Depuis j'ai remis des géraniums, avec de belles couleurs, et tout est allé à la perfection... Chaque jour j'arrosais mon petit jardin, quelques fois même ça débordait sur la tête de ma voisine d'en dessous, on prenait le thé pour en parler, je faisais très attention pour ne plus recommencer la douche saisonnière...

Mon balcon est grand comme un mouchoir de grande poche. Dès le printemps j'installais mes fleurs, je croisais les doigts pour qu'il ne fasse plus froid, j'étais impatiente. L'été, les fleurs avaient tellement poussé qu'on ne voyait plus le paysage du tout, plus de tours, plus de routes, plus de voisins, rien que le ciel, les fleurs, le parasol et moi... 


Je n'ai pas photographié mon moulin...

Et puis un beau jour, à force de demander aux voisins, aux enfants, aux amis : vous voulez bien arroser mes fleurs pendant je serais partie ? Même si c'était toujours : oui bien sûr, ne t'inquiète pas... J'ai arrêté de jardiner pour être plus libre, les fleurs à arroser, c'est un peu comme un chat ou un chien, il faut trouver quelqu'un pour s'en occuper, allez zou, je préfère voyager... J'ai fait du vide, gardé quelques pots, on ne sait jamais, s'il me prenait l'envie de recommencer... Cette année, au retour de Venise, j'avais rapporté un grand moulin en plastique avec un manche en bois, couleur de l'arc-en-ciel, qui tournicote au vent des fenêtres, je l'ai planté dans un pot, sur mon balcon, bien coincé pour qu'il prenne les bonnes habitudes... Voilà des années que j'en avais envie sans vraiment me laisser faire, quelle idée, rapporter un moulin dans ses valises... Je l'ai fait... Mais voyons, tu aurais pu trouver le même à Paris ! Oui, mais celui-là, il vient de Venise... Je suis allée le chercher là-haut, dans cette droguerie qui vend encore de tout sauf des masques et des plumes... On y trouve encore des perles de Murano au poids et à la pièce pour pas trop cher, il y a toujours un monde fou, les bricoleurs, les enfileuses de perles et autres travaux manuels créatifs, des pigments de couleurs, une vraie caverne d'Ali Baba...


Les aubergines


les haricots verts

Dans mon coin de l'Indre du mois de septembre, il y a beaucoup de jardins, chacun a le style du propriétaire : les prévoyants plantent toujours plus qu'il n'en faut, les nonchalants, ni trop ni trop peu dans les sillons, ça ira bien comme ça, du moment que je peux faire la soupe... Les méticuleux : salade, fenouil, haricots, l'essentiel est que tout rentre dans les rangs, au cordeau... Les rêveurs : ça va comme je te pousse, tomates et poivrons pour les belles couleurs, poireaux et pommes de terre pour manger varié. Les mathématiciens calculent tout, par espèces, par saison, par personne, ils iront loin, les fatigués comptent plus sur l'épicerie du coin que sur leur bêche et leur pioche, chez eux c'est la monoculture : salade, tomate, pour parer au plus urgent. Les poètes mettent des fleurs dans tous les coins... Et tous les autres inventeurs qui plantent des espèces en voie de disparition, tiens donc, ça se sème ça ? Bien sûr, et c'est rudement bon...


Les tomates


Le jardin féerique


Il y a des jardins où l'on trouve uniquement des fleurs, des ponts, des nains, des décors, des paysages féeriques... C'est féerique !

C'est dans un de ces jardins berrichon que j'ai vécu une drôle de petite d'histoire, un jardin de princesse, plein de poésie et de légèreté... La touche finale est donnée en automne quand les cyclamens de toutes les couleurs viennent sauvagement bleuir et rosir le sol sous les bouleaux... Pour faire beau, uniquement !


Les noisettes


La noix cassée

Nous étions à bavarder des retards de la saison : pour les noix il faudra attendre, les noisettes tombent, venez donc les ramasser, voulez-vous des pommes ? Je ne sais vraiment plus où les mettre, la générosité commence souvent quand les stocks deviennent trop encombrants...

Irez-vous cette année entendre les chanteurs amateurs qui se produisent demain dimanche à quelques minutes en voiture, dans ce beau lieu ? Il fait beau, c'est carrément le moment... Si vous y allez, puis-je me joindre à vous pour le petit trajet ? L'année dernière, nous y étions allés ensemble... Je n'avais rien demandé, j'étais revenue enchantée, et eux pareillement.

La jardinière avait à faire : mon jardin est très en retard, il faut que je m'en occupe... Elle mit ses deux mains dans son tablier, déjà prête pour l'ouvrage, son compagnon dit en se grattant la tête : toutes les pommes à rentrer, on va voir, on avait complètement oublié... Depuis bien des années, ils étaient tous deux à la retraite et vivaient doucement au rythme de leurs rosiers magnifiques, loin de la région parisienne où ils avaient passé tant de temps... Les enfants et les petits-enfants venaient quelques fois aux vacances manger les bonnes tartes aux pommes, aux prunes, aux fraises... Mais maintenant, c'était l'automne, plus personne ne venait...

J'ai vu rapidement qu'ils n'iraient pas, pas envie, pas le temps, autre chose à faire, désolés, on verra, oui, on va réfléchir.... Tout ça avec le sourire, restons bons amis.... C'est moi qui le dis...

Pas de soucis, je repasse demain matin si vous voulez, si vous changez d'avis, allez, passez une excellente journée, faites comme vous pouvez, je vais me faire une petite compote de mirabelles, bon jardinage... Mais je savais déjà que ça ne se ferait pas !

Évidemment, le lendemain matin je ne suis pas retournée les voir pour le petit transport en commun, la décision n'avait pas pu se prendre spontanément, trop tard, tant pis, la route est dangereuse en vélo, trop de voitures, des côtes, il faudra que je trouve autre chose que les chanteurs pour passer mon dimanche à la campagne...

Pourtant, j'en avais gros sur le cœur, même s'ils n'avaient pas l'intention d'aller au spectacle,pour cause de trop de choses à faire, ils auraient pu me proposer de m'y accompagner, le temps nécessaire aurait pris juste un petit quart d'heure, aller/retour/au revoir/à ce soir tout compris, mais il y avait les ensemencements et les rangements, pas motivés cette année pour aller se distraire...

Nous avions bien des fois pris ensemble le thé et les petits gâteaux, nous nous embrassions chaque fois que nous nous rencontrions, nous nous appelions par nos prénoms... Mais emmener la voisine qui n'a pas de voiture à une toute petite encablure d'ici, ce n'est pas possible, pas pensé, pas envisagé, pas proposé...

Les gens d'ici sont comme partout, ni meilleurs ni pires...

4 commentaires:

ELFI a dit…

une caverne d'ali-baba ce magasin à venise...! bises

Brigitte a dit…

Ni meilleurs, ni pires mais pas pas trop à l'écoute non plus ,tes voisins...Dommage.
les fushias sont magnifiques et le jardin féerique l'est vraiment et donne envie d'aller s'y poser et rêver ...
On dirait que les figues mûrissent ,tu vas pouvoir peut-être en mettre en pot avant ton départ? Voilà les noisettes et les noix tu en auras quelques unes pour cet hiver ...
Bonne fin de séjour et bon retour chez toi.
Bises du matin

Danielle a dit…

Elfi, on devine les connaisseuses, j'espère qu'il aura longue vie ce magasin !!!

Grosses bises des derniers jours dans l'Indre.

Danielle a dit…

Brigitte, non, je ne vais pas avoir de temps pour les figues :-((

pour le reste j'ai un joli petit butin :-))

je t'embrasse fort.