dimanche 25 août 2013

Venise 2013 en léger différé (4)... Il chante sur le campo !



L'enchantement de Venise !

Avant d'aller faire mes courses, au début de la journée, j'allais boire un petit café sur une terrasse bien abritée du soleil. Ici, le ciel est bleu chaque jour, je choisis ma table, celle du fond, bien tranquille, je pose mon chargement sur la chaise d'à côté : le chapeau de paille, le sac, je sors ma tablette pour être en phase avec le monde... Les infos, le courrier, coucou, d'ici tout va très bien, je ne m'ennuie pas du tout, le programme de la journée n'est pas encore fait, laissons les envies venir toutes seules...

Pas de programme ! Aussitôt je pense à Marianne, une vieille dame, que j'ai rencontrée il y a plusieurs années, en vacances, ceux qui me lisent avec patience la connaissent. Marianne disait, en parlant de ses enfants : "Dieu soit loué, dans la famille il n'y a eu aucun plan de carrière, chacun pouvait aller là où il devait aller, était-ce une qualité, je n'en sais toujours rien..." C'est à elle que je dois de ne pas m'affoler quand je ne fais aucun plan sur ma comète... Laisse aller, ma fille, la vie est belle...


L'église Carmini le soir venant... C'est là que je l'ai vu lever les bras et chanter trois notes, toujours les mêmes... Un matin !

En montant sur le pont qui me sépare du Campo, marchant derrière lui, je l'ai entendu pousser deux-trois notes, toujours les mêmes, en boucle. Un homme jeune encore, du haut du pont il levait les bras comme pour saluer une foule inconnue qui serait venue là pour lui, l'église devant nous resplendissait dans l'ombre du matin. Il allait en chantant "lalalalala", je me suis dit immédiatement, en le voyant gesticuler : le pauvre, il débloque, il a trop bu, il est joyeux certes, mais à ce point-là ça doit lui faire vraiment du bien... Il pénétra sur la place triomphant, les bras largement ouverts, de loin il salua des amis, il connaissait du monde, il était donc d'ici, je le voyais maintenant tout à fait d'un autre œil... Ni toqué, ni ivre, simplement gai du matin... Il allait très bien  !


Revoir cette belle couronne divine en bois doré de l'église S. Rafael...


Il chantait ses trois notes avec le sourire, un bel canto très dense, très compact, trois notes bien roulées... Confortablement assise en attendant le café, je l'ai vu se pencher, saluer avec de grands gestes, parlant fort, et pour finir s'asseoir à la table de deux femmes italiennes qui prenaient un jus d'orange, juste devant moi : buongiurno, come va ? Ce matin-là tout allait bien, il est resté quelques instants avec elles, il ponctuait ses phrases  de quelques mots de français, pour faire joli, élégant, comme moi quand je veux jouer les "italiennes de souche". Il avait une cigarette électronique à la main, l'air sentait la vanille et le café. Il allait faire très beau, il embrassa ces dames avant de partir. Aussitôt il ouvrit à nouveau les bras, respira l'air de la place, il prenait le frais, comme on le fait dans les champs, au bord de la mer, pour respirer du bon air, quand on vient de la ville... Ah ! Comme on est bien ici... Cet après-midi, je vais prendre un bon bain, me rouler dans l'herbe... On pense qu'on va se nettoyer les poumons, peut-être même vivre plus longtemps, comme je me sens bien ce matin.


Les transparences de Véronese... (Le repas chez Lévi)

Visiblement il connaissait bien le coin, il arpentait la place comme un visiteur qui la voyait pour la première fois... Il prenait possession des lieux... Il faisait son touriste, admiratif...

Après les nouvelles du monde, de ma famille, des amis, tablette fermée, j'ai fait comme lui,  sans me mettre à chanter, sans ouvrir les bras, j'ai regardé tout ce que je n'avais jamais vu, pour la première fois je me rendais compte que j'avais négligé ces fenêtres, ces cheminées, ce café, les bancs en piteux état, les grands arbres... Au bout d'une douzaine d'années...


La lumière (Le repas chez Lévi...)

Il  me fallait repartir du début : comme c'est beau ici, et ces grands platanes, ces acacias qui perdent leurs fleurs sur vos épaules, remarquable le petit campanile de l'église reconvertie en annexe universitaire, et le bon glacier dans le renfoncement, discret, presque invisible, et pourtant il fait les meilleures glaces des alentours : au chocolat avec des morceaux croquants dedans, une pistache parfumée... Je vais toujours chez lui, et hier, dimanche, je me réjouissais à l'avance de déguster ma glace, et patatras, il était fermé, je suis allée me défaire de mon envie pressante chez un autre, rien à voir, un chocolat banal sans craquant, sans réel plaisir, mais je n'en ai pas laissé une miette, il faisait si chaud...


Le verre de vin (Le repas chez Lévi)

Ainsi donc, il suffit de quelques notes de musique, toutes bêtes, sans suite dans les idées, de bras largement ouverts sur la journée qui commence, pour avoir envie de tout reprendre à zéro...

L'année prochaine je recommence tout... J'ai oublié tellement de choses...


L'Annonciation de Véronèse (détail)... Tout revoir, tout revisiter, tout reprendre à zéro...

6 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

Ah!AH! promesse de retour...
Belle semaine
Bises
M de Sclos

Enitram a dit…

En tout cas, y retourner...
Que c'est beau la transparence !!!
Bonne semaine !
Bises

Brigitte a dit…

La vie est belle ...Retourner là bas oui, oui, oui et faire comme si c'était la première fois pour regarder, admirer, observer encore et encore jusqu'à plus soif mais est-ce possible ? Non je ne le crois pas, pas pour toi fine observatrice.
Je sens le bonheur que tu as eu à vivre ces moments et le plaisir de les partager .
Bonne semaine et bises

Danielle a dit…

Bien sûr Martine, promesse de retour, mais laissons passer l'année...

Aujourd'hui, c'est vrai, cette envie-là, de tout revisiter est très présente...

Je t'embrasse fort, bonne journée et toutes les suivantes...

Danielle a dit…

Enitram, oui, c'est ça, en tout cas l'envie d'y retourner !

Je cherche partout les transparences et avec Véronèse je suis gâtée...

Les expos de verreries n'ont pas manquées à Venise cette année, un bonheur complet:-))

Bises du jour un peu gris par ici.

Danielle a dit…

Brigitte, tu sais moi j'ai besoin de revoir les choses plusieurs fois pour bien les absorber... Les mettre en place dans ma tête, dans les yeux...

Et pour les détails il faut s'approcher de tellement près, qu'un seul coup d'oeil n'y suffit jamais...

Je t'embrasse fort pour une belle semaine.