dimanche 31 mars 2013

40 ans mode d'emploi... Un film pour rien !




Je m'étais dit : allons au cinéma ! Il n'y a rien de très fracassant en ce moment, mais j'avais vu passer ce film américain de J. Apatow, avec une bonne critique sur Télérama : "Hilarant, gonflé et déroutant", un sujet sympathique, la presse en disait beaucoup de bien, il n'en fallait pas plus pour me mettre en route.

La quarantaine, bien sûr je l'ai dépassé depuis longtemps, mais un film réussi n'a pas d'âge.

Ce couple de quadras est confronté à la crise, non pas celle que vous croyez, mais celle de la quarantaine... Tout ce qui fait sa vie est passé au peigne fin, quelques petites touches de crispation avec : le sexe, les enfants dont une ado, le travail, les parents, les amis et pour bien terminer l'affaire, avec un dernier enfant à faire avant qu'il ne soit trop tard... Et deux anniversaires. Tous les ingrédients étaient là pour swinguer sur des dialogues finement ciselés, des situations quotidienne rigolotes et passer un bon moment. Mais rien n'a pris, du moins sur moi, j'ai ri quelques fois et je suis restée impassible le reste du temps, le film dure 2h14 mais je n'en demandais pas plus.

J'ai eu envie de dormir au bout de dix minutes, pourtant je n'était pas fatiguée... L'effet tribu était raté, j'ai pensé aussi que le décalage était trop grand entre ces quadras bien lotis, bien logés et bien nourris et le reste du monde, ça me passait au dessus de la tête. Les jolis dialogues, la belle maison et les beaux acteurs,  c'était un coup pour rien.

Avec des quadras en déroute, rien de nouveau sous le soleil, d'accord, mais on peut faire des images passionnantes et inattendues avec un tel sujet. Et bien justement, Judd Apatow n'a pas fait ça, il n'a pas eu le talent de nous offrir un film attachant, tout est en toc, breloque et pacotille, un mauvais sitcom de télé, une série de gags convenus, même si on voit notre héros à cheval sur la tinette des chiottes, je n'ai rien appris  rien vu, rien entendu, je suis sortie de là comme j'y étais entrée, j'avais l'impression de n'avoir rien imprimé... Prête à recommencer avec un autre film, plus conséquent.

J'étais pourtant très disposée à avoir la tête ailleurs avec une belle comédie bien tournée sur les ennuis de la vie...

mardi 26 mars 2013

J'aime pas le printemps cette année...




D’habitude il me fait espérer les couleurs, il me donne de l’énergie, de l’optimisme, j’attends les odeurs de tilleul… Je suis prête pour la marche du temps…

Voilà plusieurs jours, plusieurs semaines que je suis ailleurs, dans la perte, l’accompagnement d’une chère parente…

Pas envie de faire autre chose que de la pleurer de lui rendre hommage...

Je lui dédie mes mots, je suis avec elle, le printemps est avec elle...

samedi 16 mars 2013

Vingt ans déjà... Terminés, piétinés, adieu !




Collection privée


Il y a donc fort longtemps que nous sommes, ma tribu et moi, des adeptes, des fidèles, des aficionados, des sympathisants, des inconditionnels d'un petit restaurant vietnamien de Belleville... Un jour, il y a vingt ans, déjà ! Quand il n'y avait encore personne devant la porte, personne en salle, que nous y prenions toute la place... Nous y avons goûté tous les plats, retourné la carte dans tous les sens, quand on entrait on nous disait bonjour comme des hôtes de marque, on nous tendait la main, sourire, vous allez bien, mettez-vous là vous serez bien, on était chez nous, on avait presque notre serviette et notre rond de serviette près de notre assiette, plus qu'à se mettre les pieds sous la table...

Au début, on ne donnait l'adresse à personne... Si un ami très cher nous demandait : tu connais un petit resto vietnamien, bon, par ici ? Ben, oui par-là, et on répondait très évasivement, comme le paysan qui vous parle de ses coins à champignons et qui vous désigne l'horizon pour que vous n'ayez aucune chance de les trouver... Par-là, ce qui signifie : tu peux toujours te lever de bonne heure, jamais tu ne trouveras.

Nous, pour le resto, on faisait comme ça, comme les champignons...


Collection privée

Et puis après on a relâché l'affaire, on y a emmené des amis, des cousins, allez, mais oui bien sûr, tu verras c'est délicieux, très parfumé, très varié, tu vas te régaler, et de fil en aiguille on a passé du temps ensemble... Il y a eu de plus en plus de monde, quelques fois même il fallait attendre pour trouver une place, il fallait viser juste, ni trop tôt, ni trop tard, attendre...

Les mois, les années ont passé, pour dire, c'était notre quartier général... d'accord, 20h, le premier qui arrive réserve les places, top-là, on faisait toujours comme ça, chaque fois c'était la fête, irréprochable du côté du goût, pas toujours au top du côté hygiène, mais de grandes retouches furent apportées au bout de quelques années, parfait, parfait, jusqu'aux toilettes, un coup de pinceau pour faire beau, et le chemin a continué entre eux et nous.

Si j'avais amené un ami et qu'il n'était pas dithyrambique sur ce qu'il avait mangé, je lui disais : tu es sûr ? Déjà il baissait un peu dans mon estime, il faudrait faire un autre essai, tu verras, tu vas adorer... Rester sur une mauvaise impression c'est grave, très grave...


Collection privée

Les mois, les années ont encore passé, nous avons dépassé les vingt ans, alors-là, nous avons recommencé à ne plus donner l'adresse, enfin, surtout moi, car ceux de ma tribu étaient beaucoup plus généreux, ils emmenaient tout le monde, à force les petits ruisseaux ont fait les grandes rivières, il y avait une file d'attente dans la rue, on avait tout jute le temps de prendre son café, excusez-nous mais il y a du monde qui attend... Mais ça restait comme à la maison, détendu, convivial et bon, très bon, incomparables le phô, le bobun, inouïs les raviolis à la vapeur, un beau jour, la crêpe vietnamienne croustillante que nous adorions a disparu de la carte, ils ne la proposaient plus, faute de temps en cuisine, zut ! Coup dur !

Un dîner de famille, un rendez-vous gourmand, on n'avait qu'une adresse, disons deux pour être honnête, nous arrivions toujours à nous mettre d'accord, les deux restos étaient dans la même rue, juste un trottoir à traverser...

Nous pensions d'ailleurs que rien ne changerait jusqu'à la nuit des temps... Allô maman, si on se faisait une petite soupe à Belleville ? Bien sûr, à quelle heure ? La joie était toujours au rendez-vous...

Ma petite-fille ne jurait que par lui, la soupe est bien meilleure ici qu'ailleurs, mamie, si, je t'assure, bien sûr ma chérie, retrouvons-nous devant à midi.

Et pendant toutes ces années on a oublié de prendre des photos... Pas besoin de souvenirs puisque nous les vivions in situ, les souvenirs...


Collection privée

Au tout début, nous connaissions par coeur certains restos du 13e arrondissement, nous avions commencé par-là, c'était très loin de la maison, à l'autre bout de Paris, mais non vraiment, celui que nous aimions maintenant, c'était celui de Belleville, enfin les deux que nous aimions étaient dans ce quartier... Un petit coup de métro avec changement et nous étions arrivés, trois fois rien de transport en commun...

 Pendant longtemps, ils étaient ouverts (les deux restos) sept jours sur sept, et puis un jour, ils ont fermé une journée dans la semaine, et puis 15 jours dans l'année, et puis trois semaines, ça allait de mieux en mieux pour eux, il fallait qu'on ajuste nos calendriers pour ne pas tomber sur le jour de la porte close, car la déception était grande, mince, j'avais oublié, ils sont fermés, la cata ! On va où ?


Collection privée

On a ronronné ainsi plus de vingt ans ensemble, vous imaginez le bail ! Les serveurs ont défilé, mais en cuisine il y avait toujours la même bonne odeur, les mêmes saveurs, les herbes, les sauces depuis des temps et des temps venaient du même marchand... Même les cure-dents ne changeaient pas, du bambou, du bois, du bambou...

Et puis un jour, j'en viens à : terminé, piétiné, adieu ! Nous nous sommes tous retrouvés devant la soupe qui fumait, les raviolis bien tassés dans l'assiette, les rouleaux de printemps même en hiver, quelques bières chinoises, de l'eau du robinet dans la carafe, un thé par-ci un thé par-là, les petites serviettes en papier, tout y était. Pas tout à fait, les oignons ne sont plus pareils, les raviolis, regarde les raviolis, c'est plus comme avant, la soupe, grand Dieu la soupe n'a plus le même petit goût, je t'assure, ils ont changé de sauce, mais regarde, il y a eu un tsunami ici, pas possible, on reprend la carte, même la carte avait changé de caractères, tout était écrit en chinois... En sortant, la sentence est tombée, nous n'y reviendrons plus jamais, il va falloir traverser la rue, changer de crèmerie, envoyer des faire-parts à tous nos carnets d'adresses, n'y allez plus, tout a changé, c'est meilleur en face, non, si, croyez-nous, on a tout essayé, rien à faire, ce n'est plus aussi bon !!!!


Collection privée

Je savais que le resto avait été vendu quelques mois auparavant, j'avais découvert le pot-aux-roses en retrouvant par hasard, dans un autre quartier de Paris où je vais souvent aussi, l'heureux patron du nouveau petit resto vietnamien que j'avais déniché et que je trouvais fort bon. Bonjour, ça fait plaisir de vous voir, vous êtes ici maintenant ? Oui, j'ai vendu à Belleville, je n'aimais plus le quartier, un peu trop chaud à mon goût, j'ai vendu à un Chinois...

Voilà l'histoire, du début à la fin, il va falloir se réhabituer, partir sur d'autres bases, réessayer toute la carte, comparer, soupeser, affiner, on va se refaire une nouvelle vie dans le petit resto riquiqui, je vais recauser au patron et jouer cartes sur table : monsieur, je vous en prie, refaites tout comme là-bas, s'il vous plait...

Chers visiteurs, je vous tiendrai au courant très certainement dans pas longtemps...

Ainsi la vie passe vite, car s'il faut refaire vingt ans de festins, il faut vraiment que je touche du bois pour me tenir en bonne santé...


Collection privée

mercredi 13 mars 2013

La petite fabrique...




La balade du 5 mars était prévue avec mon amie...

Finalement, j'ai pensé que j'avais fait beaucoup de choses depuis plus d'un mois, et que ça serait bien que je vous en parle... J'ai fait toutes les choses que j'avais décidé d'abandonner avant mes bonnes résolutions du premier janvier.

Fabrique de sacs : depuis plusieurs années, je réalise des petits sacs en tissus, et un jour j'ai cessé d'en faire, j'ai tout rangé, le sac de galons et rubans, le sac de tissus, le sac des cordelières, les fils et les aiguilles, la machine à coudre, les épingles, la craie de couleur, les ciseaux, le mètre en ruban, les perles à gros trous, j'ai cessé d'assembler les couleurs, j'ai tout fermé. je n'en ferai plus jamais, marre de me piquer les doigts... J'ai jeté des chutes de tissus, j'ai jeté, j'ai jeté, mais mon amie m'a dit : arrête, garde les beaux tissus, tu vas regretter, mets-toi au travail... Attends-moi pour décider... J'ai attendu, je n'ai rien jeté du tout que des petites choses sans importance... Heureusement que mon amie était là pour assagir mes élans jeteurs...

Fabrique de pompons en perles : depuis plusieurs années, je fais des pompons, pour suspendre aux clés des portes des armoires. avec des perles qui viennent de partout et surtout de Venise... Comme avec les tissus, je cherche des assemblages de couleurs, je compte et je recompte les perles, le pompon grimpe lentement, monté sur du fil assorti à la couleurs des perles, pour les pompons aussi j'ai rangé les perles, les fils, la colle, les aiguilles, la pince, le fil de laiton, j'ai tout fermé, marre, marre de compter et de recompter...

Fabrique de confitures : tous les ans je fais des confitures, les premières de l'année sont celles faites avec les oranges Maltaises, les secondes avec les abricots et les troisièmes avec les mûres mûres de l'Indre...

Fabrique de poudre de citron bergamote : comment est-ce possible, tu as trouvé des citrons bergamote (croisement de citron vert et d'orange amère) ? J'en veux, j'en veux tout de suite, pas de problème mon amie, allons par ici, plus de citrons dans ce magasin, et par-là : un plein panier,  nous en avons achetés presque un kilo chacune, mon amie voulait même en manger un tout de suite, mais ils étaient un peu acides, elle qui rêvait de la douceur de ceux de son enfance... Tu sais, ma mère les épluche tout d'un seul tenant, comme les pommes, tu enfiles les écorces sur un fil et tu laisses bien sécher, après tu peux les réduire en poudre, et parfumer ton thé, tes gâteaux et tes crèmes... Quelle bonne idée, merci mon amie, je vais m'y mettre en rentrant ! En attendant, elle a acheté un gros paquet de bonbons à la bergamote qu'elle adore...


Le paquet de bonbons à la bergamote


Mon amie me donnait cette recette le cinq mars 2013, le jour de notre rencontre... Et ce jour-là nous avons fabriqué des petits riens qui donnent beaucoup de  joie... Elle m'a dit : viens, on va se balader, retrouvons-nous à Arts-et-Métiers bien sûr, tout le monde connaît ma station de prédilection... Déjeuner au resto vietnamien, bobun délicieux et poisson chinois dans l'aquarium, un instant magique pour la conversation, comment vas-tu ? Comment fais-tu ? Comment va l'avenir ? Et le passé, et le présent défilaient dans nos paroles, sur  l'avenir aussi nous avions beaucoup à dire... L'air était si pollué sur Paris que nous avons pris les passages, bu le café à l'abri de la terrasse fermée, la promenade a été moins longue que d'habitude à cause la pollution, mais l'anecdote des citrons et de toutes les belles choses que nous avons vues ou faites, nous les avons faites avec bonheur.

Au premier janvier, j'avais donc pris de bonnes résolutions : je ressors tout, les tissus, les perles, les fils et les aiguilles et je réalise au moins un sac et au moins un pompon dans l'année, il ne faut pas perdre la main, il faut créer, me remettre à l'ouvrage, j'ai encore une multitude de perles, beaucoup de tissus, je sors la machine à coudre, la pince, je reprends l'ouvrage de A jusqu'à Z au moins pour une fois... Je refais des confitures d'oranges que je n'avais pas refaites depuis deux ans, j'en avais bien assez pour l'année, j'ai sauté une année, puis deux...

Ce sont les perles qui sont arrivées les premières sous mes doigts, au coin de la lampe, je me suis dit, je n'ai jamais fait de pompon blanc, blanc comme neige avec quelques perles rouges, je l'avais en tête au fur et à mesure que j'enfilais les perles, j'ai retrouvé tous les gestes les uns après les autres, j'ai retrouvé le plaisir de palper les perles, de mesurer, de tordre le fil de laiton, de choisir la grosse perle qui ferme le pompon, j'ai tout retrouvé... J'en ai aussitôt commencé un autre avec des perles bleues et blanches, je ne l'ai pas encore terminé, mais j'y songe... Voyez déjà le blanc :




Après les perles, c'est le sac qui est revenu, j'avais assorti les doublures et les cordelières, le tissu du côté pile et le tissu du côté face, c'était parfait, j'avais le flash qu'il fallait pour commencer, j'ai mis la machine à coudre sur la table et j'ai filé avec la première couture, l'entrée en matière, c'était parti... Là aussi les gestes, les étapes, il fallait les retrouver, une couture pour rien, zut, il faut redéfaire, il faut réfléchir avant d'agir, c'est toujours comme ça dans la vie, il ne faut pas aller plus vite que la musique, le sac venait très bien, en un tour de main il pendait à mon épaule, je le mets demain avec un foulard bleu, assorti au ciel de Paris... On verra bien... Depuis j'en ai fait deux dans la foulée, il y aura moins de tissu à jeter... Il faudrait que je fasse les sacs un peu plus grands pour y mettre le téléphone... J'ai changé aussi là-dessus, je suis devenue une adepte de la communication rapide, j'ai un téléphone comme tout le monde... C'est fait, j'ai réalisé un sac un peu plus grand, plus besoin de tasser pour faire rentrer mon téléphone portable, mes mouchoirs en papiers, mon porte-monnaie, mon porte-cartes, mes clés et ma carte de transport... Voyez les petits et le grand :


Un petit sac côté pile


Côté face



L'autre petit sac fait dans la foulée, re-pile


Re-face


Le sac plus grand...

C'est la saison, pas la peine de réfléchir avant d'agir, là il faut faire vite, les oranges Maltaises, le sucre, il faut sortir les pots, faire la grande lessive de la stérilisation, frotter, peler, couper, râper le gingembre, un doigt de cannelle, juste ce qu'il faut, il faut tout faire au nez, c'est l'odeur qui dit stop aux ingrédients, il n'en faut pas plus... Tiens, cette année je vais mettre moins de sucre, mais j'ai tout versé d'un seul coup de main, un kilo de sucre et un kilo d'oranges, quand on aime on ne compte pas, la nuit a porté conseil au mélange oranges, sucre, cannelle et gingembre, au matin, au vu de la marmelade délicieuse qui parfumait toute la cuisine, j'ai mis le chaudron (cocotte minute en français) sur le gaz et hardi petit ! Avec un kilo d'oranges je fais quatre pots et demi, il faut toujours que je cherche le petit pot, caché derrière les grands pots... Les étiquettes se décollent, c'est bien la première fois, dix fois j'ai appuyé mon doigt sur les bord, mais rien à faire, elles se décollent... J'ai mis un bout de scotch à chacune... Voyez celui dont l'étiquette est impeccable :


La confiture de l'année

J'ai fait exactement comme disait la maman de mon amie, bien frotté les citrons sous l'eau fraîche, découpé avec soin toutes les peaux, pris un fil et une aiguille pour faire la couture des citrons, je les ai suspendus dans la cuisine et j'ai attendu... Plusieurs jours, une semaine et même plus...Un jour j'ai décidé de tout réduire en poudre avec le petit mixeur à persil... Voyez dans ce petit pot presque un kilo de citrons bergamote.


Le citron bergamote


Les écorces


Séchage sur un fil


Après plusieurs jours


Re-séchage après réduction en poudre



Résultat final pour parfumer le thé et les gâteaux


Et puis je suis allée au cinéma :


J'ai eu la chance de voir en avant première le film de Guillaume Nicloux, La Religieuse, adapté du roman de Denis Diderot (une jeune femme est enfermée contre son gré au couvent et veut en sortir). Un film magnifique de bout en bout, images, lumière, mise en scène, originalité des plans, superbe interprétation de tous les acteurs, une Isabelle Hupper inattendue, une découverte avec la jeune Pauline Etienne... Mais l'émotion n'est pas au rendez-vous, sur aucun plan ! Deux scènes ressemblent beaucoup à celles réalisées par Alain Cavalier dans son film Thérèse, la coupe de cheveux de la religieuse, et la visite du médecin au couvent, Nicloux enseigne à la Fémis et doit connaître parfaitement le film d'Alain Cavalier, mais il n'en fait jamais mention, est-ce un oubli volontaire, ou un emprunt involontaire ?....






Je me souviens du film sublime d'Alain Cavalier : Thérèse (1986, 452 plans extraordinaires et irremplaçables, évocation très libre de la vie de la carmélite Thérèse de Lisieux, une jeune femme veut entrer pour l'amour du Christ au couvent et y meurt heureuse, qui m'avait profondément bouleversée, je l'ai vu et revu plus de dix fois, toujours avec la même émotion... Il fait partie de la douzaine de films dont je ne me lasse jamais, Alain Cavalier réalise aussi des images exceptionnelles riches d'intensité et d'une beauté fulgurante, chaque plan s'imprime pour toujours dans le coeur ! Thérèse est un grand film d'amour mystique, il a obtenu six Césars à Cannes en 1987 pour ses mérites incontestés.



La magnifique Catherine Mouchet dans Thérèse

Ainsi, va la vie, elle va son petit bonhomme de chemin, si rien ne se met en travers, la petite fabrique tourne rond...

lundi 4 mars 2013

Le chat de la voisine... Âmes (trop) sensibles s'abstenir...


Le chat de la voisine... (photo prise sur Internet)




 Je n'en parlerai pas, mieux vaut ce petit refrain...

Le chat de la voisine

Qui mange la bonne cuisine
Et fait ses gros ronrons
Sur un bel édredon dondon
Le chat de la voisine
Qui s'met pleines les babines
De poulet, de fois gras
Et ne chasse pas les rats
Miaou, miaou
Qu'il est touchant le chant du chat
Ronron, ronron
Et vive le chat et vive le chat...

Vous vous souvenez sûrement parfaitement de cette vieille chanson chantée par Yves Montand (R. Lagary pour les paroles et Philippe-Gérard pour la musique, 1959) qui parle des malheurs du monde entre les refrains, c'est à elle que j'ai pensé ce matin en prenant le métro, puis le RER pour aller chez ma soeur... 

Mais pourquoi donc, mais pourquoi donc le refrain du chat ? Parce que dans le métro, dans le RER, dans l'autobus, la misère du monde s'étale au grand jour... Et pour ne pas passer pour l’empêcheuse de dormir en rond, ça serait bien de caser le petit refrain du chat, qui ne fait peur à personne, pour raconter ce que j'ai vu dans les transports en commun en un seul matin...

J'ai d'abord pris le métro, mais avant de descendre les escaliers, sur la première marche, près de la rampe, j'ai vu cette dame, des pays de l'Est sûrement, le teint gris, un foulard à fleurs sur la tête, la main tendue, son enfant endormi dans les bras, elle est tout le temps là, qu'il pleuve ou qu'il vente. L'enfant dort, je ne sais comment, pourquoi l'enfant dort-il presque tout le temps ? Sa main est vide... En haut des marches, près de cette femme, les petits vendeurs à la sauvette vendent de tout, étalé sur sur un drap ou sur des cartons à même le sol : les chapeaux,  les gants, les ceintures, et les jouets qui clignotent et se brinquebalent en sautillant, à la période de Noël ils ont tous des bonnets rouges et bancs, comme des Pères Noël qui vendent à bas prix tout le contenu de la hotte...



Je n´serai pas l´empêcheur de déjeuner en rond...

Je n'en parlerai pas, mieux vaut ce p'tit refrain

Le chat de la voisine
Qui mange la bonne cuisine
Et fait ses gros ronrons
Sur un bel édredon dondon
Le chat de la voisine
Qui s'met pleines les babines
De poulet, de fois gras
Et ne chasse pas les rats
Miaou, miaou
Qu'il est touchant le chant du chat
Ronron, ronron
Et vive le chat et vive le chat...





 

Le chat de la voisine... (photo prise sur Internet)

Direction Boissy-Saint-Léger, changement Nation... Sur le quai, une armada de musiciens : accordéon, violon, xylophone et balalaïka, attendent le bon wagon pour démarrer le concert. Rien que des hommes de bonne humeur, le sourire aux lèvres, chacun préparait l'accompagnement qui allait suivre pour réveiller les voyageurs... L'un montera par ici, l'autre par-là... Moi je monte tranquillement, je n'étais pas pressée, juste en face de moi, près de la porte, un homme est assis sur le strapontin, pas d'âge, pas vieux. Il était crasseux, gris des mains et du visage, sans eau et sans savon depuis longtemps, il avait l'air bronzé, il avait disposé sur ses genoux une couverture, il avait un sourire permanent, un manteau fermé jusqu'au cou, je ne voyais ni chemise ni pull-over, ses mains étaient noires, chaque fois que la porte se refermait il la poussait fermement pour qu'elle aille bien droit... Au terminus je suis descendue et lui aussi, la couverture est tombée et j'ai vu ses pieds nus, pas de chaussures, que du noir comme du charbon, cet abandonné était seul au monde... Il s'est rassis sur le siège pendant que le wagon se vidait complètement, il allait refaire la ligne dans l'autre sens, au chaud...

Je n'serai pas l'empêcheur de déjeuner en rond

Je n'en parlerai pas, mieux vaut ce p'tit refrain

Le chat de la voisine
Qui mange la bonne cuisine
Et fait ses gros ronrons
Sur un bel édredon dondon
Le chat de la voisine
Qui s'met pleines les babines
De poulet, de fois gras
Et ne chasse pas les rats
Miaou, miaou
Qu'il est touchant le chant du chat
Ronron, ronron
Et vive le chat et vive le chat...

Je pensais avoir tout vu ce matin, deux changements de train, du métro au RER, pendant que je regardais par la fenêtre le paysage désolé, une jeune femme et son enfant qui courait derrière elle mit sur mon siège un petit papier qui disait qu'elle avait faim, qu'elle était seule et qu'elle avait des enfants... A chaque station, elle ramassait les papiers qu'elle avait laissés reposer quelques minutes juste à côté du siège des voyageurs... Je ne l'ai jamais vue récolter une pièce ou un billet...



Le chat de la voisine... (photo prise sur Internet)

Quand je suis arrivée à ma destination, il faisait un soleil de printemps, j'avais fait le tour d'un monde qui ne me réjouissait pas, la promenade en transports en commun se prête bien à la réflexion, il se passe toujours quelque chose qui ne laisse pas la conscience indifférente, que des questions, pas de solution, tout reste à inventer, je n'ai pas d'idées pour le moment... Je n'ai plus d'idées, j'ai tout jeté par la fenêtre, il faut refaire du neuf... Il faut faire vite...

Je ne dessin'rai pas l'homme et son agonie...

Je n'en parlerai pas, mieux vaut ce p'tit refrain

Le chat de la voisine
Qui mange la bonne cuisine
Et fait ses gros ronrons
Sur un bel édredon dondon
Le chat de la voisine
Qui s'met pleines les babines
De poulet, de fois gras
Et ne chasse pas les rats
Miaou, miaou
Qu'il est touchant le chant du chat
Ronron, ronron
Et vive le chat et vive le chat...

En revenant au bercail j'ai vu qu'ils avait élagué mon abricotier juste en bas de chez moi, il ne lui reste plus un poil sur le caillou, je ne sais pas s'il va pouvoir redémarrer, je vous raconterai son histoire dès le printemps, de fleurs en fleurs jusqu'aux  fruits qui sentent la rose et qui sont doux comme de la soie...





Mon abricotier totalement déplumé...


L'abricotier l'année dernière


Les fruits en plein soleil de l'année dernière