vendredi 21 décembre 2012

Les émotions de la semaine... Dernière !




Un concert magnifique au théâtre des Champs Elysées...  Artaserse, de Leonardo Vinci (1730), opéra en version concert ! Cinq contre-ténors, un ténor, le Concerto Köln dirigé par Diego Fasolis.

Mon fils m'avait dit : énorme, sublime, maman vas-y, tu trouveras peut-être encore des places, le dernier concert a lieu demain. La cavalcade a donc commencé le lendemain matin, aux aurores : voyons voyons, à quelle heure ouvre la salle pour les réservations (qui ne se faisaient plus sur Internet ) ? Mon impatience m'a fait démarrer au quart de tour, j'ai pris mes cliques et mes claques, à 10h j'étais dans le métro, en général les guichets ouvrent à 11h, parfait, j'arrive pile à l'ouverture si tout va bien...

Pourvu qu'il n'y ait pas la queue ? Pourvu que la salle soit vraiment ouverte, pourvu qu'il reste des places, il fait f̀roid, je vais geler si j'arrive en avance, mais pour Franco Fagioli, Philippe Jarrousky et les autres, que je ne connaissais pas, disons-le tout net... Pas d'hésitation, seulement de l'enthousiasme...

Personne à l'horizon, la salle ouvrait à midi !!!! J'avais largement le temps de glaçonner sur pieds, mon portable n'avait plus de batterie, partie trop vite pour le recharger, finalement, mon fils qui suivait mes pérégrinations en m'appelant de temps en temps m'a sauvé la mise, en louant directement par téléphone de superbes places, chères, mais que voulez-vous faire contre l'adversité...

Soulagée par la bonne aubaine, j'ai pris le temps de jeter un oeil sans broncher sur les vitrines des grandes enseignes de l'avenue Montaigne : Prada, Vuitton, Armani et quelques autres, beaucoup, beaucoup, beaucoup plus chers que le concert, finalement les places de concert sont données, voyez comme l'enthousiasme fonctionne, il fausse la réalité certes, mais relativise les impressions...

J'avais mes places, je pouvais reprendre mon métro totalement rassérénée...

Quel belle impression quand on arrive juste bien à l'heure, ni trop, ni trop peu, pénétré par le plaisir du spectacle, sans doute éblouissant, bien placé, ni trop loin ni trop près, un peu sur le côté, mais les inconvénients se noient dans les avantages...

Moi j'étais venue presque uniquement pour Franco Fagioli, l'ouverture de l'opéra m'enchanta, la musique circulait comme un ruban de soie, d'un pupitre à l'autre, chaque instrument se distinguait dans l'harmonie générale, la perspective musicale était parfaite...

Le livret de l'opéra n'est pas ce qui a retenu mon attention, il fallait passer simultanément du surtitrage à la scène, j'ai vite choisi la scène... Toute attentive à la beauté des voix, la jeunesse, la puissance, chacun y allait de son aria, en fait cet opéra était construit avec des solos qui se succédaient sans interruption et qui permettaient à chaque chanteur d'exprimer son art... Le seul rôle féminin était donc tenu par un homme jeune...

Franco Fagioli fut divin dans "son air" extraordinaire, porta la main à son cœur pour saluer  les ovations, la salle étais en liesse, chacun connut un succès légitime, Jarrousky et tous les autres, mais je dois dire que pour moi, Fagioli éclipsa tout le monde... Un timbre de voix qui se rapproche de celui de Cecilia Bartoli, une virtuosité, une précision dans les ornements, les vocalises, à couper le souffle...

À l'entracte, comme disait Tristan Bernard, le public vida les baignoires et remplit les lavabos... Tout le monde fut pressé de revenir s'asseoir...

À la fin de l'œuvre nous eûmes droit à un bis du sextuor final, superbe !

Je vais retrouver  Franco Fagioli au mois de janvier, en concert à la salle Gaveau, je vous en reparle...




Notre choeur un jour d'été

Un petit concert, dans l'église de mon quartier, donné par une chorale d'amateurs (que je connais bien), l'échelle musicale n'est pas la même bien sûr, mais l'émotion est arrivée à la première pièce, surprise, je me suis laissée aller à y réfléchir : dans tous les pupitres il y avait plus de têtes grisonnantes ou teintes que dans certains chœurs, ce groupe existe depuis longtemps, chante à peu près toujours le même répertoire, quelques pièces nouvelles... Chacun des participants est touchant par son application, sa joie de chanter, chacun suit des yeux le chef comme une mouche au bout d'une canne à pêche.

Dans la chorale où je suis il y a aussi des têtes blanches, le temps passe sur tout le monde, mais le bonheur de se retrouver pour chanter reste intact, notre doyen ne manque aucune répétition, il est toujours à l'heure et regrette que les vacances scolaires le privent de ces rencontres : "c'est ma drogue" nous dit-il souvent, c'est sa drogue dure en effet, il ne peut concevoir de ne plus chanter, d'être empêché, de rater, d'être malade, il tient vaillamment le coup contre vents et marées... Nous le surveillons du coin de l'œil, tiens aujourd'hui il est plus pâle, un autre jour, ah ! Son genou lui fait moins mal, nous aimons l'entendre chanter à pleine voix avec les basses, ses compagnons...

C'est ce à quoi je pensais en les écoutant chanter, pas toujours au point, pas toujours très bien, des œuvres qui ne me plaisaient pas forcément... Je pensais à eux, à nous et leur présence, leur ardeur, leur attention me touchaient profondément, comment le besoin de faire de la musique peut-il à ce point faire tenir les gens ensemble si longtemps, si passionnément ? Des amateurs qui viennent là uniquement pour le plaisir de faire des belles choses, être dans le chœur avec les autres, ça donne des forces, du bonheur, c'est cela que je percevais, sur ce banc d'église à moitié vide... La chaleur dans le froid, l'émotion, j'avais les larmes aux yeux...

10 commentaires:

Michelaise a dit…

J'aime, comme toujours Danielle, ce touchant parallèle, ces émotions tellement bien exprimées, toute cette touchante humanité que tu partages avec nous. Et tu as l'air d'avoir bien profité de cet Artaserse, ton impatience, ton plaisir, tout y est et c'est fort bon de t'entendre nous raconter tout cela. Bonnes fêtes à toi

Danielle a dit…

Merci Michelaise d'avoir remarqué ce parallèle totalement voulu entre deux spectacles vus la même semaine avec beaucoup d'émotion.

Nonnes fêtes, très bonnes fêtes à toi aussi.

Je t'embrasse.

Estelle a dit…

Bonnes fêtes enchantés ... elles ont déjà bien commencé , il me semble !
Ah ! j'en aurais bien écouté un petit bout avec vous : j'aurais pu rêvé d'une promenade vénitienne car toutes ces voix m'évoquent toujours La Sérénissime ...
Heureusement que le rêve peut être accessible même si on ne fréquente pas les boutiques prestigieuses !
Amicales pensées en cette fin d'année .

Danielle a dit…

Pour vous aussi Estelle Bonnes fêtes lumineuses et chaudes !

Heureusement oui que le rêve reste accessible à tous...Pour rien !

Je vous bises du jour :-)))

Les Idées Heureuses a dit…

J'aime la phonétique du mot "chœur"... chanter ensembles, libérer les harmonies comme on le peut avec sincérité et passion, voilà ce dont ont besoin les "cœurs" amateurs, ceux qui aiment et qui battent à l'unisson et se complètent dans l'équilibre de l'échelle harmonieuse.
Belle fête de fin d'année Danielle, les larmes d'émotion sont de doux joyaux qui glissent tendrement le long des joues rosies par l'émotion...
Martine de sclos

Danielle a dit…

Merci Martine, pour tes mots si compréhensifs, une belle échelle des valeurs...

Mais figure toi qu'un soir de la semaine passée, j'avais tant à faire, tant de choses dans ma tête que j'ai complètement oublié d'aller chanter dans mon choeur...

Passe de bonnes et belles fêtes avec ceux que tu aimes...

Je t'embrasse fort.

Robert M a dit…

Il faut dire qu'avec J.M. vous avez un brillant spécialiste de baroque.
Il m'a converti au culte de Cécilia au point d'aller l'écouter à Toulouse la semaine dernière 500 kms
aller retour !!! mais quelle soirée !
Bonnes fêtes

Enitram a dit…

Les voix unissent leurs émotions ! comme c'est vrai ce que tu écris dans ce billet et que je ressens profondément ! Sauf que j'ai vu Artaserse sur Mezzo mais par contre ma chorale et moi avons fait deux concerts de Noël et un ce soir dans notre petite église est programmé et j'aurai une auditrice de choix ... Ma petite fille!!!!
Que de joie, de partage en perspective !!! J'ai hâte!!!
Je te souhaite un très beau et joyeux Noël!
Bises en duo

Danielle a dit…

Oui Robert, je suis convertie à Cecilia depuis très très longtemps, je me souviens l'avoir entendue en récital il y a 2o ans (déjà) dans le studio de l'opéra Bastille... C'est comme ça que tout a commencé avec elle... J'étais allée louer nos places toutes affaires cessantes...

J'ai beaucoup de chance avec mes enfants, ils me parlent de leurs soirées divines avec enthousiasme et émotion...

Bonnes fêtes Robert, bonnes, bonnes, bonnes...



Danielle a dit…

Enitram, du bonheur aussi sur Mezzo, bravo ! Pour ce soir prends de la joie plein, plein, plein... Je t'accompagne là où tu chantes !

Grosses bises et joyeuses fêtes à toi.