lundi 8 octobre 2012

Le départ des hirondelles dans l'Indre...






Les quatre petits attendent au nid...




La béquée...

Dans l'ancienne grange il y a deux paniers suspendus aux poutres, quand il y a du courant d'air, ils se balancent imperceptiblement... Un nid ! Quatre petites hirondelle attendent la becquée, les parents ne tardent pas à venir nourrir leur progéniture, je reste à regarder ce petit manège à toutes les heures de la journée...

Moi qui ne connais vraiment rien en hirondelles, cette année j'apprends beaucoup, et je me pose déjà des milliers de questions. Je sais une chose, elles vont partir bientôt vers l'Afrique... Comment vont faire celles-là qui ne sont pas prêtes du tout, les petits sont encore au nid... Sont-ils condamnées ? Le suspense est entier...


Deux...

Chaque jour il y a des progrès, les quatre petits qui avaient toujours le bec ouvert se sont mis à voler, d'abord dedans, en hésitant un peu partout... L'un d'eux est rentré dans ma salle de séjour et ne pouvait plus en sortir, j'ai ouvert tout en grand et il a trouvé facilement le chemin du retour.

Un autre jour, ils sont tous partis faire un tour, quand j'ai lu sur Internet qu'ils pouvaient faire trois cents kilomètres par jour, je me suis dit : ils visitent la région, ce soir ils seront là, j'étais presque rassurée, le fait est que tous les soirs ils étaient rentrés pour manger, les petits avaient grandi mais les parents les nourrissaient toujours en leur faisant du bec à bec...


Plus deux...

Ce matin c'était noir de monde m'a dit ma voisine, elles se sont massées sur les fils électriques, on ne pouvait plus les compter, il y en avait des milliers, je pense qu'elles peuvent partir d'un jour à l'autre... Il faut se lever de bonne heure pour les voir nous quitter... De bonne heure ? Oui, vers 7h, bon, alors je vais mettre mon réveil à sonner demain matin...

J'étais contente, rien ne s'était encore passé sans moi !

Dans la grange tout mon petit monde voletait avec entrain, les petits étaient sur le panier le bec ouvert, vont-ils être prêts pour le grand départ ? Leur présence me confirmait que la transhumance n'était pas loin, et j'avais toutes mes chances pour demain matin... Ou après, il va falloir que je me couche tôt, moi qui suis une couche-tard, je vais devoir bouleverser ma vie pour le départ des hirondelles...


Font quatre petits... Presque prêts pour le départ

Ça fait déjà plusieurs années que je rate le départ groupé, moi qui aurait adoré les voir s'envoler toutes ensembles, vous parlez d'un spectacle. Sur Internet ils disent aussi que leur nombre a franchement diminué depuis de nombreuses années, à cause de la pollution, des pesticides, elles ne trouvent plus la nourriture qui leur faut, les insectes volants... Elles doivent se nourrir beaucoup avant le grand saut, quelques grammes de graisse pour faire dix mille kilomètres...

De quoi rêver : quelques grammes de graisse pour une distance aussi grande...

Je vais donc m'organiser, manger tôt, regarder un DVD et hop au lit, demain il y a hirondelles...

J'ai fait exactement comme je vous l'ai expliqué : un peu d'information, un DVD et je suis allée me coucher, j'ai mis mon réveil à sonner à sept heure, comme je vous l'ai dit... À six heures et demi j'étais sur le qui vive, le jour n'étais pas tout a fait levé, au loin je voyais les petites maisons enrobées de rose... Le soleil faisait en entrée dans la ruelle...

Sur les fils électriques du carrefour il n'y avait rien, pas un oiseau, pas un volètement, pas un "cui cui", j'avais vu devant la grande porte de la grange mes hirondelles qui m'avaient donné courage, elles sont là donc tout va bien, elles font des dessins dans leur course effrénée, elle tourne autour du pot, c'est sans doute un bon signe, peut-être le bon matin...

Tous les quarts d'heure je suis allée sur le chemin, près de la glycine de monsieur Jean, rien, le ciel était vide, les fils lisses, j'avais tout raté, elles sont parties hier ! Le grand départ c'était donc hier ! Il faudra que j'attende encore un an pour les voir s'envoler comme un gros nuage noir, comme j'aurais aimé vous en parler, les prendre en photo...

Je suis rentrée prendre mon petit-déjeuner, sans entrain, j'avais loupé mon rendez-vous, malgré toutes mes précautions... Je n'ai pas senti l'appel de la nature.

Demain matin je me réveille sans réveil, naturellement...

Il faudrait que je trouve un calendrier spécial qui précise le départ des hirondelles comme celui qui indique le début et la fin du ramadan, c'est net, c'est clair, on reste confiant, on peut continuer à prendre son petit-déjeuner sans se presser... À huit heure j'y suis retournée, on ne sait jamais, un petit retard ça peut arriver, pour faire dix mille kilomètres elles ne sont pas à dix minutes, sur le grand pylône de la rue il y avait une tourterelle blonde qui prenait ses aises, elle roucoulait, seule, toujours seule...

Nous étions dimanche, part-on un dimanche ? On reçoit ses amis, on va faire un tour, un petit tour, on fait des gâteaux, des projets, on ne décide pas de partir pour l'Afrique de si bon matin...



C'est quand le départ ?

Quand je suis rentrée dans la grange, sans y penser, un peu plus tard, les quatre petits étaient bien là, sur les poutres, le panier dodelinait au moindre brin d'air, ils étaient restés, abandonnés, la nature est bien cruelle... Mais il y eut un départ de rattrapage, je n'ai même pas eu le temps de prendre mon appareil photo, une cinquantaine d'hirondelles qui passaient encore par là, fermant la marche, s'envolèrent d'un seul coup en une minute... Les quatre petits qui sont restés n'ont rien vu venir, ils sont toujours là, ils ne bougent pas, ils faisaient déjà partie d'une deuxième couvée, ceux-là ne feront pas le voyage avait dit le voisin en voyant toute la maisonnée, les petits ne sont pas élevés... Comment vont-ils faire pour grandir en Indre, seuls, sans les parents pour terminer leur élevage ? Je ne sais pas... Ils vont mourir, dit ma voisine...



Oui, quand ?

Mais en fait, je n'avais pas bien vu, ils sont là tous les six, les parents aussi, ils continuent leurs sarabandes en  poussant des "tui tui tui", volent d'un bout à l'autre du jardin, font mille tours et puis reviennent toujours dans le panier qui dodeline...

J'ai donc le temps de bien observer leur petit manège, de réécrire une page d'histoire d'ailes... Une fois que le gros du troupeau est parti, que font les dernières, celles qui ont raté le coche ?

Ne partez pas trop vite... Demain j'aurais des nouvelles fraîches, même ce soir, puisque je suis à côté, de leur côté...

Hélas ! Tous les matins je suis passée, je les ai trouvées sur le panier, voletant dans le grand espace de la grange, quelques sorties dans la journées, peuvent-elles se nourrir ? Vont-elles s'en tirer ?

Ce matin, j'ai encore vu un petit départ groupé, je me suis dit, allez, c'est le moment, sortez de la grange, profitez du dernier train...



Deuxième départ pour l'Afrique

Hélas ! Trois fois hélas !  Les quatre petits sont toujours là, sans leurs parents qui ont pris le deuxième train à tire d'ailes, laissant la couvée derrière eux... Pourtant la voisine m'avait dit : jamais ils ne partiront en laissant leur progéniture.

Tous les matins, jusqu'à mon départ, je suis allée les voir avec l'espoir de ne pas les voir, mais elles tournoyaient dès que j'ouvrais la porte de la grange...




Tous les soirs, devant la porte de la grange, elles venaient toutes les quatre dorer leurs ailes au soleil couchant... Je les ai confiées à la voisine : donnez-leur à manger, veillez sur elles... Oui, ne vous inquiétez de rien...


14 commentaires:

Michelaise a dit…

Ton billet de samedi, découvert ce matin, m'a inspiré un billet en retour, même si tout cela n'est qu'indirect, il t'est dédié !!
http://lepetitrenaudon.blogspot.fr/2012/10/culture-people.html
tes hirondelles sont trop mignonnes et ton observation passionnante !

ELFI a dit…

joli billet.. une chasse aux insectes en perspective pour leur donner à manger l'hiver...

Danielle a dit…

Merci Michelaise, je suis très touchée de ta dédicace si précieuse... J'y cours j'y vole et je t'embrasse fort.

Merci Michelaise.

Danielle a dit…

Elfi, oui, la voisine devra observer leur manège et puis la vie suivra son cours.

Bonne journée à toi...

Album vénitien a dit…

Ton billet m'a fait penser que moi, je n'avais pas vérifié...et voilà, elles sont parties en douce..en fait, elles ont construit leurs nids sous les barbacanes de l'immeuble à appartements construit en face de chez moi.J'ai pu les observer depuis ma chaise longue installée devant ma fenêtre...ah, il y avait de la vie. Je les surveillais tout en gardant un oeil les locataires car, il y a plusieurs nids et bien sûr des traces au sol...j'étais prête à aller nettoyer pour que les nids restent en place...mais des hirondelles, c'est du bonheur et tout le monde a dû être de mon avis...Il fait déjà bien frais chez nous...et tous les nids sont vides...Cette année, un couple de pigeons a dû se réfugier dans un des arbres de mon voisin le curé..et puis un des deux s'est mis à se promener dans mon jardin, sur le trottoir et sur la rue...sans se préoccuper des voitures. Il (elle?) avait l'air perdu..aujourd'hui..tout ce petit monde est parti..l'automne est là..
Bonne semaine à toi!

Danielle a dit…

Danielle, heureusement que les tiennes sont parties, tu n'as pas à te soucier de leur automne et de leur hiver :-)))

Mes quatre petites hirondelles pourront-elles voler vers l'Afrique ?

Bonne semaine à toi aussi .

Nathanaëlle a dit…

Comme c'est beau... chez nous (Auvergne) elles sont parties la semaine derniere.
Belle semaine et bel Automne !

Danielle a dit…

Merci Nathanaëlle de votre passage... A vous aussi un bel automne dans tous vos jours de la semaine.

Anonyme a dit…

quelles adorables petites bêtes ! et vous êtes une observatrice acharnée !
Je suis rassurée sur le sort des hirondelles : ici , il y en a de moins en moins : un spécialiste m'a dit qu'il y avait des gens qui détruisaient les nids à cause de la saleté ... il faut avoir le virus de la propreté chevillé au corps pour s'attaquer à nos compagnes de l'été ! par leur chant , et leur vol dans le ciel , elles donnent tant de bonheur ...
merci Danielle!
Estelle

Brigitte a dit…

Je leur souhaite d'arriver à passer l'hiver ... Partiront-elles tout de même avec une dernière fournée ?
Je viens de visionner sur Arté 5 documentaires sur les oiseaux et les distances qu'ils peuvent parcourir,c'est impressionnant et très beau aussi . On peut encore les regarder en replay
Bises du soir Danielle

Amélie a dit…

très belles petites hirondelles... et quel récit passionnant. Bravo Danielle !! c'est en effet très surprenant que leurs parents soient partis ainsi... mais je suis sûre qu'elles vont réussir à trouver leur chemin !!

Danielle a dit…

Amélie merci !

Si je ne suis pas sûre que ces hirondelles trouvent leur chemin, je suis certaine que les propriétaires du lieu vont leur donner à manger...

Bonne journée Amélie.

Enitram a dit…

J'aime énormément ce billet, tu t'en doutes !!!!
Les hirondeaux sur le panier sont adorables !
Belles photos prises sur le vif, et ce n'est pas facile ! Bravo !
Belle soirée ! Bises

Danielle a dit…

Enitram, je me suis bien amusée à surveiller "mes" hirondelles dans leur petit panier quelques jours... Et puis après elles sont parties...pas très loin...pas assez loin...

Passe une bonne journée, bises du matin.