lundi 2 juillet 2012

Les dernières, dernières, dernières, nouvelles !



Les abricots d'aujourd'hui

Cette année je les ramasse par terre... Par terre ? Tu les manges ? Oui, je les ramasse, je les essuie un peu du revers de la main et je les mange... Exactement comme je le ferais à la campagne, dans mon jardin si j'en avais un ou dans le tien, allez, encore un et je m'arrête... Je n'ai vraiment plus faim du tout, c'est de la gourmandise... Allez, c'est le dernier, il est vraiment trop beau, je ne peux pas le laisser pour les oiseaux.

Mais c'est dégoûtant, sans les laver ? Oui, je fais comme ça cette année, tant pis pour l'hygiène, je veux sentir les douceur et le velouté, l'odeur de rose, le sucre comme du miel, la couleur dorée par le soleil, la rondeur de la forme... Quel bonheur d'en trouver un tombé au sol, sur le bitume, dans la poussière de la ville, je le mange en descendant la côte, il m'accompagne sur le chemin du métro... Cette année, c'est une année à abricots... Une bonne année pour la récolte de la rue...


Abricots très mûrs chu dans l'herbe et le pissenlit

En bas de chez moi, mon abricotier est couvert de fruits, tous plus beaux les uns que les autres... Ses branches sont toutes en arc de cercle, courbées comme des cerceaux. On a dû le couper deux fois depuis l'hiver, il prospère, les fruits sont en rangs serrés sur toutes ses branches, ils sont plus nombreux que les feuilles...


Magnifique, fin mars 2012



En pleine préparation, le 15 mai 2012

Depuis l'hiver je le surveille, j'ai fait photos sur photos, en fleurs, en bourgeons, en fruits verts...
Puis tout d'un coup il s'est mis à prendre des couleurs, il s'est parfumé à la rose, il a mis du velours à ses fruits, ils ont beaucoup grossi jusqu'à aujourd'hui, ils n'en peuvent plus, ils tombent un à un dans le carré d'herbe à leurs pieds, sur le trottoir, dans le caniveau, forment de grosses flaques oranges aplaties au sol, à moitié mangées par les oiseaux... Les passants distraits qui circulent sous ses branches finissent d'écraser les fruits avec leurs pieds... Étonnés, ils lèvent là tête, comme s'ils recevaient un noyau tombé d'une fenêtre, ben ça alors, un abricotier ! Regarde, dit la mère à l'enfant, c'est un abricotier, déjà le nom sonne comme un grelot, l'enfant sourit, un abricotier, un vrai, mais impossible de manger quoi que ce soit, il est enfermé au milieu d'un carré d'herbe, les branches trop hautes, un grillage très dissuasif font le reste...

Branle-bas de combat dans la maison, comment va-ton faire pour aller les cueillir, qui va prendre le panier, aller sonner aux porte des locataires de l'immeuble : voilà les fruits de notre abricotier, goûtez c'est de la soie... Personne ne va faire ça, même pas moi, il faut une échelle, des bonnes jambes, de l'enthousiasme, de l'audace, du courage même, comment braver les éléments, un abricotier en ville qui n'appartient à personne en particulier, dans un jardin grand comme une salle de bain, clôturé à double tour...


Image un peu tremblée (d'émotion), vision haute

Depuis le début du mois de juin j'ai fait de la confiture avec les abricots du marchand d'à côté, je n'attendais pas de miracle côté cueillette puisque tout se liguait contre moi... J'ai mis comme d'habitude de la vanille en gousse et j'ai fait plus de 20 pots, de quoi passer l'automne, l'hiver et le printemps sans trop de regrets...

Je me disais comment, comment va-t-on faire pour aller lui secouer le prunier ? Nous étions plusieurs sur le coup, comment faire ? Ils vont donc pourrir tous ensemble, personne n'en aura ?

C'est ainsi qu'hier soir le ciel m'a entendue, j'ai rencontré un jeune gars, nous nous connaissions depuis longtemps, nous nous sommes embrassés sous l'abricotier et il a grimpé sur le grillage, il est allé cueillir quelques fruits... Là... Là... Là !... Regarde, ici, ils sont bien mûrs... Il allait comme il pouvait, ici et encore là, nous étions plusieurs à rattraper les fruits directement dans sa main, la vraie cueillette avait lieu, nous avons commencé à manger quelques rescapés avec délice... Nous formions un petit groupe sous l'arbre, comme dans un vrai jardin d'Eden, à rire, à manger, à s'esclaffer... Merci, bonsoir, à plus tard, merci encore...

Voilà l'histoire de mon arbre cette année, moi qui pensais que tous les gens du quartier allaient lui sauter dessus, le chaparder, le casser, le piétiner, non, ils l'ont tous regardé avec envie, sans lui faire du mal, le chahuter, le blesser... Incroyable, tu te rends compte, un abricotier ici, mais oui c'est comme ça, il est magnifique mais on ne peut pas le cueillir, il est bien trop haut... Gens des campagnes, ayez pitié de nous gens de la ville, un abricotier dans notre rue, c'est un miracle de la nature que vous, vous voyez tous les jours sous vos ciels d'azur, ici les adultes et surtout les enfants disent à chaque passage devant ce monument, cet arc de triomphe : comme c'est beau, mais c'est bien trop haut, viens, donne-moi la main, oui, oui, c'est un abricotier, allez, il faut se presser, rentrons à la maison...


Récolte de rue, lavée, triée, parfumée à la rose d'abricot