vendredi 29 juin 2012

Les dernières, dernières, nouvelles... Peut-être...



Je ne veux pas partir sans vous recommander deux films, le premier du Russe A. Sokourov : Faust (Lion d'or au dernier Festival de Venise), le mythe de Goethe revisité avec énormément de talent, d'invention, des surprises à chaque plan, tout est somptueux, du début à la fin, je n'ai certes pas tout compris, mais peu importe, j'en ai perçu l'essentiel. 2h14 de bonheur garanti, la très grande beauté des images est époustouflante... Je ne comprends pas grand chose à ce que raconte Sokourov, trop compliqué pour moi, trop alambiqué, dans son film vous verrez des tas de symboles, des tas d'allusions métaphysiques, des allégories en veux tu en voilà,  il adore ça, moi je m'en suis tenue à la libre interprétation de Goethe et j'ai déjà trouvé ça extraordinaire... Pour le reste reportez vous aux critiques habituelles, totalement élogieuses, on crie au chef-d'oeuvre, je suis d'accord ! 

J'ai connu Sokurov il y a au moins 25 ans bien tassés, au festival de la Rochelle que je fréquentais assidûment, j'ai eu la chance d'y voir une petite rétrospective, il était à l'époque totalement inconnu au bataillon, ses films m'intriguaient, m'agaçaient un peu, bien des fois je suis sortie avant la fin tellement je m'embêtais... Et puis un jour, en 1997 j'ai vu Mère et fils et depuis, j'ai changé d'avis pour toujours... Pour créer un film comme celui-là, il fallait être un grand artiste, je lui pardonne tous les autres films où je me suis ennuyée, et aujourd'hui Faust, exceptionnel sur "tous les plans" me confirme dans mes choix.... C'est un grand !



Le deuxième film qui m'a totalement touchée est The Deep Blue Sea de Terence Davies, le Britannique. 1h40, un film bouleversant dès le premier plan, un film d'art, d'émotion, de virtuosité tout simplement magnifique ! Les acteurs sont  superbes... J'ai souvent été au bord des larmes et comme le dit Terence Davies, "l’exigence d'une certaine retenue - être au bord des larmes, avoir les larmes dans la voix - me semble beaucoup plus forte que le sentimentalisme". On ressent tout le temps cette émotion dans son film, en sortant j'étais envahie par toutes sortes de réflexions sur la vie, l'amour, les déchirures, les regrets, les chagrins insupportables, supportés...

Une histoire d'amour passionnée, réfléchie, confuse, retenue, exaltante, tendre et fougueuse... Une femme aime passionnément un homme, qui l'aime moins. Terence Davies développe ce thème archi fait et refait avec un talent vertigineux, les gestes, les mots, les regards servent la passion et le désamour. Dans tous ses films il y a de la musique, des chansons, ici des chansons populaires anglaises de l'après-guerre, superbes et émouvantes, j'ai dû chercher dans ma mémoire et aussi sur Internet pour retrouver quelques images de son très beau film autobiographique, classé dans le genre documentaire, porté par des chansons populaires des années 50 qui s'appelait Distant Voices, still lives, j'avais adoré...


Je vais voir avant de partir le dernier Ken Loach : La part des anges, mais là, je pars gagnante à coup sûr, j'y vais avec ce que je connais de Ken Loach, un parti pris favorable qui ne doit rien au hasard, j'ai vu tous ses films, pas un ne m'a laissée indifférente, la plupart m'ont bouleversée...


Un très grand monsieur, qui fait des films profonds, sincères, drôles parfois, mais surtout émouvants et tellement humains, il raconte avec une force incroyable des histoires souvent inspirées de la réalité, situées le plus souvent dans les milieux les plus pauvres de la société britannique, remarquablement filmés. Ses personnages, crédibles, sont toujours joués avec une justesse incroyable. Kean Loach a un style particulier : il privilégie le réalisme, le grand naturel et la vraisemblance dans les situations sociales qu'il veut montrer, comme si il n'y avait pas de scénario écrit, ses acteurs sont souvent des non professionnels, il veut faire vrai,  il ne donne le scénario à ses acteurs que quelques minutes avant le tournage. Son cheval de bataille, son fonds de commerce sont l'injustice et la pauvreté qui formatent la vie des gens les plus démunis, ses films ne sont pas des documentaires mais des fictions, il traite avec délicatesse et une dignité remarquable ses personnages. Pour La part des anges "Ken Loach rêve tout haut, avec un brin de naïveté, d'une revanche des pauvre, mais évite tout sermon assommant " (Télérama). Je peux dormir sur mes deux oreilles, et ouvrir mes yeux et mon coeur, je vais me régaler... Et aussi rire...


Ken Loach ne s'en cache pas, il a choisi son camp, c'est un cinéaste engagé dans la vie politique, du côté des plus démunis, des plus faibles, des plus fragiles de la société dans laquelle il vit, mais il ne suffit pas de faire des films militants pour qu'ils soient bons.


Ken Loach est un auteur, un excellent réalisateur, il fait de beaux et grands films qui aident à la compréhension du monde, ses films comptent, pour l'art et pour les gens qu'il accompagne avec ses images... Vous l'avez compris, je l'aime... Je me souviens avec émotion du premier film que j'ai vu de lui, il y a quelques paires d'années : Kes (réalisé en 1969), j'en ai pleuré pendant trois jours... 


Film vu, film décevant, je ne peux pas dire mieux que la critique des Inrockuptibles  "La Part des anges" n'est ni indispensable ni honteux, resucée tardive des comédies populaires italiennes des années 50. je pense que le film ne méritait pas le prix qu'il a obtenu à Cannes.


Pour une fois la fable se termine bien, "le crime paye", mais à quel prix pour le spectateur, dès le début du film j'ai bien senti qu'il ne se passerait pas grand chose, quelques bons dialogues, mais des actions pauvres, tout est cousu de fil blanc, les acteurs étaient tous des non professionnels. Le personnage principal est éboueur dans la vie... Il a repris son boulot à la fin du tournage... Bravo pour le talent de tous les acteurs...


J'attends avec intérêt le film suivant, sans doute se sera-t-il repris ? Monsieur Loach, je vous en prie, ne me faites pas mentir, donnez-nous un très très bon film la prochaine fois... J'attends !

mercredi 27 juin 2012

Le départ pour Venise...





Voilà, j'y suis presque, j'y pense tout le temps, je grince, je grommelle, et je m'en réjouis...

Comment vais-je pouvoir renouveler ma façon de voir, de penser, d'aborder Venise ? Je n'en sais rien.

Je reviens avec tout mon matériel : appareil photo, tablette, câbles en tous genres et chapeau de paille, il paraît qu'il fait chaud. J'emporte mes robes de lin, dont chaque année je vois diminuer les couleurs, la machine à laver fait son travail de blanchisseuse.

Un sac sur l'épaule, pas de sac à dos trop vulnérable et trop chaud, un grand sac pour les courses chez Billa et au Rialto, un tout petit sac en bandoulière pour les sorties où je n'ai besoin de rien que mes clés, un mouchoir et ma carte de transport, comme à Paris quand je vais voir une expo, rien dans les mains, presque rien dans les poches...

Je vais reprendre la carte Chorus, je vais me faire toutes les églises, les plus belles églises d'Italie se trouvent presque toutes à Venise, il faut des heures et des heures pour en faire le tour, une vie n'y suffit pas, indéfiniment on y revient, émerveillé comme au premier jour...



Vais-je refaire le Palais des Doges ? Ca' Rezzonico, Ca' d'Oro c'est sûr, Accademia plusieurs fois dans le mois, prendre un verre d'au pétillante à la terrasse de mon café préféré, retrouver la serveuse qui m'accueille toujours avec le sourire, remonter le Grand Canal tous les jours comme si c'était la première fois, tiens, ce beau Palais du 17e n'y était pas l'année dernière, il faut tout réviser, tout revoir et revoir et revoir...

Je vais traverser sur la Giudecca, prendre un café sous un parasol, écrire mes cartes postales dans un jardin, attendre une amie à l'ombre, sortir ma carte de la ville à la dernière minute, zut, je me suis trompée de chemin, tant mieux !

S'il fait trop chaud, je marcherais plus lentement, s'il fait encore trop chaud, je prendrais le frais vers Burano, il y toujours du vent, il faut que je tienne mon chapeau, la vue est plus grande, plus calme, au loin on peut compter les campaniles de Venise... Je m'étais même dit l'année dernière (ou celle d'avant...) que je viendrai pic-niquer sur les pelouses de Mazzorbo... Des fruits et des petits sablés, de l'eau en bouteille tiède... L'idéal !


La chaleur du matin, je la sens dès que j'approche des Zattere, quand je vais faire mes courses à la petite surface, souvent je m'arrête pour regarder les grandes chenilles de touristes qui s'agitent sur le quai, ils attendent joyeusement d'envahir la ville en gardant un oeil sur l'étendard à baleines du guide qui les accompagne... Le parapluie du chef de groupe forme un petit point rouge, vert, bleu, rose, suivant le débarquement...

Le monde entier vient voir Venise, qui peut s'en passer ? Qui peut dire : arrêtez de venir, rentrez chez vous, je veux la ville pour moi seul, il fait trop chaud, la vie est chère, les perles et les masques ne sont pas d'ici, vous pouvez les acheter sur Internet, on vous attend au coin du bois pour tous vos achats, les pizzas sont trop salées, les cafés trop serrés, les glaces fondent plus vite qu'ailleurs, pour glisser sur le Grand Canal dans un sens comme dans l'autre ça vous coûtera toutes vos économies, presque toutes les églises sont payantes, il y a bien trop de monde dans les vaporetti, ils viennent d’augmenter le traghetto... Non ? Vous y viendrez quand même ? Vous avez raison, qui peut s'en passer ? Si vous prenez le temps de flâner sans carte, sans boussole, sans montre, vous verrez des choses étonnantes, un petit jardin à chaque fenêtre, plus beau qu'une belle aquarelle, sous les ponts il y passe de l'eau qui reflète tout en double, deux fois plus de chance pour la photo, il y a des rues entières où il n'y a pas un seul commerce de fanfreluches, pas un seul commerce du tout, plus de boulanger, plus d'épicier, plus de bistrot, plus de boucher, plus de marchand de jouets, plus de marchand de tissus, ils sont tous partis...Ville à vendre !


La lumière vous fait son petit effet partout, au détour d'une rue, dans une adorable cour, dans un canal luisant qui mélange toutes les couleurs sans les abîmer, si le crépi des maisons est en miette, il laisse de belles traces irisées, chatoyantes comme de la moire, le décrépi devient un tableau de maître, le marbre un peu creusé par le vent, par les ans, retrouve son charme, il a vécu, il en a vu de toutes les couleurs... Petit à petit, accaparé par vos pensées, vous redevenez seul au monde parmi la foule en marchant dans les rues de Venise...


Voilà un endroit que je ne connaissais pas, allons voir... La rue la plus petite de Venise, la plus étroite, la plus mystérieuse, la plus ceci, la plus cela, tout est bon pour s'y attarder... Chacun cherche son petit miracle, son petit Courbet comme dans Les fruits d'Or de Nathalie Sarraute, la perle rare intimement liée à votre recherche, votre perspicacité, vous n'en donnerez jamais l'adresse, elle est à vous personnellement... Vous ne prêtez pas vos bijoux ? Ça ne vous viendrait même pas à l'idée, et bien moi je ne prête pas non plus mes beaux points de vues... Cherchez... Cette Venise me rend enragée... Je vais dans le monde pour ne voir personne, quelle manie, cette Venise me rend misanthrope... Pour l'instant je n'ai jamais raté un rendez-vous, et pour rien au monde je ne veux retourner à VeniceLand, tout m'agace : le monde, la futilité, le commerce exubérant, attrape-nigauds... Pourtant je suis toujours la première sur le quai de la gare, quel délicieux moment quand je descends les marches de S. Lucia, à l'arrivée, directement dans l'eau, et cette année l'église S. Simone qui se trouve juste en face de la gare sera enfin débarrassée de ses échafaudages que je connais depuis dix ans... À Venise il y a près de 84 églises presque intactes, voyez combien il faut en faire par jour pour en venir à bout, même avec un séjour qui se prolonge un mois entier. Impossible, il faut revenir sans cesse... À Venise il y a 435 ponts, il ne faut pas avoir le vertige, bien tenir la rampe, porter de bonnes chaussures... Vous imaginez 435 sujets, dessus dessous, à angle droit, obtus, aigu, plans larges et serrés, vous allez vite comprendre pourquoi il y a tant d'acharnés qui veulent y revenir souvent et par tous les temps, pour les photographes c'est le casse-tête chinois, comment faire du neuf avec de l'ancien ? Comment partager cette belle ville avec 23 millions de touristes ? Trouver les astuces pour faire croire que vous êtes tout seul sur la place S. Marc ? Je pars, je vais la voir, la retrouver, la photographier...



Gondoles de la Biennale (je n'ai pas retenu le nom ducréateur... Exusez-moi...)

Venise c'est comme le Rubik's Cube (du nom de son inventeur) un jeu des années 1970, il y a  43 252 003 274 489 856 000 (pour faire court 43 trillons) de combinaisons possibles pour la regarder, la comprendre, la photographier, l'aimer, la détester, la re-aimer, l'envahir en masse, l'effeuiller comme une marguerite : je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément... À la folie...







Venise !

Je vous raconte tout en rentrant...

dimanche 24 juin 2012

Gerhard Richter... Panorama


Abstraction, détail, sur couverture du catalogue


"Je n'obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance; je n'ai ni programme, ni style, ni prétention. J'aime l'incertitude, l'infini, et l'insécurité permanente."

Des paroles fortes, sincères, authentiques, qui semblent parfaitement correspondre à la personnalité de l'artiste, telle qu'elle m'ait apparue dans le documentaire réalisé par Corinna Belz en 2009 : Gerhard Richter - PaintingUn homme tout en retenue, en recherche permanente, dans le doute, l'incertitude.

Gerhard Richter est un peintre allemand de 80 ans. Du côté matériel, il est le peintre le plus côté au monde de son vivant, j'ai beaucoup aimé prolonger la rétrospective du Centre Beaubourg par la vision du documentaire, projeté dans une salle de cinéma côté du centre Beaubourg.


Abstraction, huile sur toile

Le Centre Beaubourg célèbre le 80e anniversaire de Gerhard Richter en proposant une exposition-panorama qui traverse son oeuvre, proposition chronologique, mise en espace claire, agréable, qui permet de découvrir une oeuvre dans toutes ses dimensions.

Quelle beauté, quelle émotion de me retrouver devant ses toiles éblouissantes... Une découverte vraiment exceptionnelle, je courais partout avec mon appareil photo, au lieu de me servir d'abord de mes yeux, je voulais tout fixer, tout collectionner, chaque tableau était une polyphonie de sensations... Comment est-ce possible de peindre avec autant de mouvements, de force, d'épaisseur, pour produire des effets si légers et si denses, si magnifiques, une explosion de couleurs ? J'avais l'impression de me trouver devant une oeuvre post-impressionniste, dans le secret des couleurs, dans le creux de l'arc-en-ciel, chaque cm² de la toile recèle des milliers de trésors colorés. Je ne connaissais rien de sa technique qui me fut révélée par le documentaire.

Ses tableaux en noir et blanc me plaisent moins, ils sont faits à partir de ses propres photographies, pour garder la fidélité aux images il emploie un procédé classique de reproduction : le quadrillage sur la photo. Ensuite, grâce à l'épiscope, il agrandit l'image directement sur le châssis qu'il a choisi.

L'effet de flou final est obtenu en frottant la peinture encore humide avec une brosse.


Corinna Balz filme Richter dans son processus de création, embarrassé par la caméra, gêné par l'observation, mal à l'aise dans les questions. Il consent à exposer sa technique, nous montre les outils qu'il a inventés pour pratiquer son art. Sous les feux des projecteurs, lors d'expositions dans le monde, ou dans des hommage qui lui sont rendus, il voudrait plus de discrétions. Sa véritable place est avec ses peintures, elles lui manquent quand il en est éloigné, peindre est sa respiration, le sens de sa vie, la seule chose qu'il sache faire. Il se bat sans arrêt avec les couleurs pour les dompter, les capturer... Une image formidable du documentaire nous montre le peintre appuyer de toutes ses forces sur sa raclette géante, et pousser la peinture sur le châssis, il l'étale, la tire, la contraint, il chasse la couleur de gauche à droite, de bas en haut, il pousse le rouge, le jaune, le vert, comme s'il luttait contre un vent contraire, c'est magnifique ! C'est lui le maître des couleurs. Impossible de compter complètement sur le hasard pour créer les traces colorées laissées par son énorme truelle, ses yeux scrutent le résultat, sans toutefois en être assuré, couche après couche le tableau apparaît, modifié, scarifié, zébré par un énorme couteau qui fend d'un coup toutes les épaisseurs de couleurs... Jamais terminé, toujours dans l'insécurité, dans l'insatisfaction permanente... Son regard laisse d'abord son geste en suspension : que va-t-il décider, ajouter ou retirer de la couleur, tel le sculpteur avec la terre, le va-et-vient est incessant entre l'accumulation et le retrait de matière...


L'Annonciation, huile sur toile

La présentation des oeuvres est faite en fonction de la chronologie, d'une diversité étonnante. Depuis les années 1960 il reproduit des chefs-d'oeuvres, l'Annonciation d'après Titien est extraordinaire, fondue, douce et transparente, le flou atténue les formes, tout devient évanescent, j'ai l'impression que les personnages sont dans l'eau...



Bouquet (2009) huile sur toile

Un maître ! Le bouquet attire mon regard, une oeuvre intimidante car elle porte un titre, je cherche... Les flamboyances, les mystères acrobatiques des formes me ramènent au bouquet, est-il ici, ou là, peu importe, tout est parfaitement à sa place...






 Septembre (2005) huile sur toile

La saison du vent, de la pluie, du ciel gris, de l'été indien... Je reste admirative, je songe aux architectures des tableaux de la Renaissance, et puis l'incompréhension me plonge dans un ciel de traîne qui s'étire sur la toile, dans un sens, dans l'autre, je rêve, mes yeux balayent la toile sur ses lambeaux de gris...


Venise, huile sur toile

La lagune et ses embarcations, les couleurs flottent, éclaboussent... Peut-on y voir autre chose que Venise ? Moi je m'y laisse entraîner, la main dans l'eau, le bleu du ciel se mélange à ceux de Tiepolo, un ravissement...


Glenn, huile sur toile 1983 (grand format 190x500cm)

Des forces sont en place dans les couleurs pour attirer le regard, courir dans le jaune, rester dans le bleu, traverser les lumières, les tensions sautent aux yeux, quelle symphonie, quel chahut impressionnant !! 


Betty, huile sur toile, 1988

La belle des belles, sa fille, comment ne pas tomber en arrêt devant cette pose ingresque, je suis subjuguée par la virtuosité, la douceur, l'audace de ce splendide tableau, je vous laisse avec Richter qui dit de Betty : "Et puis, il y a le tableau de ma fille qui est aussi une idéalisation car, par essence, c'est un désir de culture, désir de la beauté dans l'art que nous ne possédons plus, c'est pourquoi elle se détourne".


Bougie, huile sur toile, 1982

Une petite lumière, de la vie, de la mort, chacun choisit son camp... Pour moi c'est le souvenir... Une lumineuse création.







Un par un, avec chacun de ses tableaux, on remonte le fleuve de ses couleurs, de ses brumes, de ses flous. Ses bruissements de couleurs font naître en moi des enchantements...

Ses grands formats, aussi bien que les petits, nous plongent dans un univers où tout bouge, tout se transforme, pas d'opposition entre les oeuvres figuratives et les oeuvres abstraites, un travail minutieux pour certaines, des gestes rapides pour d'autres, le travail de création est lent et laborieux, souvent il laisse passer des mois entre les différentes couches de peinture, jusqu'au jour où il décide que le tableau est terminé.

Son oeuvre est "un monde de diversité complexe en transformation constante", comme il se plaît à le dire. Pour moi ça fait longtemps que je n'avais pas été surprise, éblouie, transportée par l'oeuvre d'un artiste, connu dans le monde entier, sauf de moi...

L'exposition sera présente au Centre Beaubourg jusqu'au 24 septembre 2012, Parisiens, courez la voir, gens de province, venez flâner sur les quais de la Seine, s'il faut choisir une exposition c'est celle-ci... Mais vous pouvez faire autrement...

dimanche 17 juin 2012

Il giorno delle sorelle... Juin 2012

 


Un escalier tout simple avec sa belle boule d'or, dans une maison très ancienne du quartier du Marais

Notre dernier rendez-vous mensuel, entre soeurs, avant les vacances, vous ne pouviez pas le rater...   Mais voilà, nous ne pourrions pas aller très loin, car j'avais mal à mon genou ! Aïe ! Tu sais ma soeur, nous allons annuler notre rendez-vous, je ne peux pas bien marcher, il faut que je m'économise pour Venise... : c'est tombé comme un boulet de canon.

Tu crois ? Ne pouvons-nous pas nous voir quand même, nous ne sommes pas obligées de marcher, nous pouvons déjeuner dans notre petit resto vietnamien en prenant notre temps, et puis je dois te donner ton cadeau d'anniversaire, ça serait vraiment bien, qu'en penses-tu ? Au lieu de renoncer à tout, faisons à la mesure de tes genoux !... Oui, finalement tu as raison, pourquoi se priver, nous ne prendrons pas nos appareils photo, voilà, nous ne ferons pas nos grands déplacements de 200 mètres en deux heures, d'ailleurs le temps n'est pas au beau, ça tombe bien...  Pas difficile de me convaincre, c'était dit, nous ferions comme ça, le métro est direct, le resto est tout près, le café aussi, aucun obstacle aux genoux en vérité.

Nous avons donc commencé par la séance papotages sur tout... Les petites, les grandes nouvelles, pas de hiérarchie... Comment sera fait demain dans le monde a pris très peu de temps... Distribution de cadeaux, mot doux écrit sur une jolie carte postale, j'étais gâtée, félicité sur félicité... Bon, maintenant j'ai décidé de fêter un peu moins souvent mon anniversaire, ça va peut-être ralentir le temps ?

Nous n'avons pas cherché longtemps non plus le beau café, refait à neuf depuis peu et très accueillant. Dans des fauteuils profonds nous avons trempé nos petits gâteaux chinois avec discrétion, rien n'est meilleur que cette dégustation, nous avions acheté ce dessert dans une boutique-épicerie chinoise de la rue...

Tout nous plaît, tout nous engage à nous réjouir de notre compagnie, nous continuons allègrement notre conversation, rien n'arrête notre tour du monde...


La machine... ?


À enfiler les aiguilles

Nous avons essayé la petite machine... J'avais trouvé l'idée tellement incroyable quand ma soeur m'en avait parlé, qu'elle m'en a offerte une, elle a finalisé la démonstration et ça marche, inutile de vous crever les yeux pour enfiler votre aiguille, à partir de maintenant il y a une machine, l'enfilage a été enfin industrialisé...



Les belles baguettes du concours

Le café bu, nous sommes allées quand même acheter le pain de chez Julien, un boulanger qui a deux boulangeries pas très loin du centre Beaubourg (je sais qu'il en a même une troisième dans le 6e), il fait le pain comme personne, il a gagné le grand prix de la  meilleure baguette en 1995, depuis il se maintient dans les dix premiers. Ce concours est organisé tous les ans par la Mairie de Paris. Je n'achète jamais mon pain ailleurs que chez lui, sauf accidents graves : grève du métro, flemme aiguë, manque de temps, imprévu vraiment imprévu... Je prends plusieurs baguettes à la fois, puis les découpe en tranches et je les range dans mon congélateur... Le matin... Grillées, tièdes... C'est le Paradis... Je ne comprends même pas pourquoi il ne gagne pas chaque année car c'est le meilleur, je suis très partisane la-dessus, je n'ai jamais depuis de nombreuses années mangé de meilleur pain... Il dépasse tout le monde de cent coudées...


Le passage fleuri


 Le mur végétal


Les couleurs du Paradis


Le charme de la campagne

Mon très bon pain sous le bras, nous avons continué notre route... Nous avons été immédiatement happées par notre curiosité insatiable, je ne disais rien pour mon genou, je faisais celle qui n'en avait pas... L'affaire était sérieuse, nous avons découvert une cour, un passage, un jardin, un oasis de verdure bien caché sous un porche, comme je n'avais pas mon appareil photo j'ai sorti mon téléphone, les photos sont moins bonnes, mais le régal pour les yeux était immense...

Tout ici avait été calculé pour servir l'agrément, nous sommes sorties sur la pointe des pieds, avons refermé la lourde porte du jardin... Nous y reviendrons...

Nous avions encore une fois gagné notre pari de découvrir des mystères...

Chacune a repris son métro, quel dommage, il faudra attendre des mois pour reprendre nos journées de soeurs, mais il reste le téléphone et Internet pour tisser notre fil dans toutes ses nuances...

En rentrant, toujours nous nous envoyons un mail : j'ai bien aimé notre promenade, nos instants chaleureux et affectueux, le temps va paraître long, vivement la prochaine fois, je pense à toi, je t'embrasse... Avec des fleurs... Qui riment avec soeurs !



vendredi 15 juin 2012

Les tout petits mystères de Paris... 7e épisode !



Une belle boule d'escalier...

Sans doute la dernière virée sur les pas d'Atget avant mon départ pour Venise ?... Quel plaisir de se mesurer en toute humilité avec cet homme-là qui avait deviné bien avant tout le monde le grand intérêt que représenterait, avec le temps, ses photos/documents. Aujourd'hui, ses inventaires font partie du patrimoine historique de la ville de Paris, il est maintenant reconnu dans le monde entier comme un maître, beaucoup s'en sont inspiré... Nous devons son travail à sa seule initiative, sans commande d'Etat, sans commandes du tout, il devient photographe après avoir abandonné les métiers de comédien et de peintre, il gagne sa vie avec ses photos, fait du "porte à porte" pour vendre ses albums... Heureuse initiative monsieur Atget, entièrement autodidacte, il laisse une oeuvre considérable... Quand je vais dans les rues où il est passé, j'ai l'impression d'être à ses côtés : regarde, et regarde encore, me dit-il...

Je suis retournée sur ses pas, sans nostalgie, ce sont la curiosité, l'intérêt et souvent l'émotion qui m'ont guidée, je compte bien poursuivre ce petit jeu encore un peu, j'ai du pain sur la planche... Mes découvertes s'additionnent aux siennes avec un grand bonheur pour moi...

Le quartier du Marais que j'affectionne particulièrement, et que je pensais bien connaître, me réserve de belles surprises, les photos d'Atget sont comme des petits cailloux dans mes poches, elles m'entraînent sur des chemins inconnus... J'ai l'impression d'être une inspectrice des travaux finis, je regarde, je compare, j'admire... Je suis à l'intérieur de l'Histoire...




E. Atget 3 rue Béranger, 1909 Paris 3e






Mon école, 3 rue Béranger aujourd'hui

Je ne me suis pas privée du plaisir d'aller revoir mon ancienne école communale (ancien Hôtel de Vendôme), toujours en fonction aujourd'hui, 3 rue Béranger, photographiée par Atget en 1909 (plus haut) et puis, chemin faisant j'ai poussé jusqu'au coin de la rue de mon enfance, exactement à l'angle de la fontaine que je n'ai jamais vu couler... La rue ne ressemblait en rien à celle d'Atget... Je me souviens, quand on me demandait comment s'écrivait le nom de ma rue, j'épelais à toute vitesse les onze lettres qui formaient son nom sans la moindre hésitation : H A U D R I E T T E S, avec fierté, comme un nom de famille, c'était ma rue, elle était à moi, je la connaissais par coeur... Je ne sais pas du tout pourquoi...


E. Atget 1898 Fontaine de la rue des Haudriettes dans le Marais



La fontaine aujourd'hui déplacée, isolée devant des bâtiments plus récents

Les petits métiers de Paris photographiés par Atget ont disparu bien sûr, avec eux la pauvreté de ces corporations et on ne peut les regretter. Quand je pense aux petits métiers d'Atget, je ne peux m'empêcher d'associer le nom d'Alain Cavalier, très grand cinéaste que j'adore, qui avait filmé dès 1987 pour le compte d'Arte des petits métiers dont j'ignorais même l’existence, en voie de disparition, pratiqués uniquement par des femmes. Il existe un album DVD (2CD) qui fait partie de ma collection extrêmement limitée de vidéos... : 24 chefs-d'oeuvres que je vous recommande...  Je laisse la parole à Alain Cavalier pour présenter son merveilleux travail, personne n'a jamais fait comme lui, approcher le zoom comme une caresse sur un visage, sur des mains, sur des coeurs..




"Ces portraits sont des rencontres que je voudrais garder de l'oubli, ne serait-ce que pendant les quelques minutes où elles sont devant vous. Ce sont des femmes qui travaillent, qui font des enfants et qui, en même temps, gardent un esprit d'indépendance. J'ai tourné vingt-quatre portraits de treize minutes. J'ai choisi cette courte durée pour plusieurs raisons : ne pas ennuyer, échapper à toute coupure publicitaire, réaliser le film vite, dans un élan et sans trop de ratures.
Je ne suis pas un documentariste. Je suis plutôt un amateur de visages, de mains et d'objets. Rendre compte de la réalité ne m'attire pas. La réalité n'est qu'un mot, comme sa soeur jumelle, la fiction, que je pratique par ailleurs, avec un plaisir différent."

 

E. Atget 1899 La marchande de lacets


E. Atget 1899 Marchandes de mouron


E. Atget 1899 Marchande de poissons

Eugène Atget a tenté de dresser l'inventaire des petits métiers de Paris, et alimenter ainsi notre mémoire... Alain Cavalier non seulement a eu l'idée de ce répertoire, mais avec le cinéma il leur a donné la parole, il nous a livré une part d'humanité, d'émotion, et de beauté, impossible d'oublier un seul de ses portraits, souvent je remets les DVD sur mon lecteur, à la recherche d'un détail qui m’aurait échappé, ou tout simplement avec l'envie de revoir tel personnage, plein de sagesse, au milieu de son atelier, au coeur de sa vie...

Un dernier petit tour rue des Francs-Bourgeois avant de se dire au revoir, je n'ai pas pu prendre la photo exactement dans le même angle qu'Atget,  le carrefour a été élargi, les arbres cachent un peu l'horizon, voyez  :


E. Atget Hôtel Jean Hérouet 1898, rue des Francs-Bourgeois


Aujourd'hui...


Allez, les deux dernières pour la route, vers les Arts-et-Métiers, avec un petit saut de puce d'une centaine d'années...




E. Atget 1898 Vieille maison rue Volta



La même aujourd'hui... Les colombages sont apparents depuis de très nombreuses années...

On a longtemps pensé que cette maison était la plus vieille de Paris et qu'elle datait de 1300, alors qu'elle date de 1644, comme on le découvrit en 1979 Pourtant la plus vieille maison de Paris n'est pas loin d'ici, elle date du début du 15e siècle... Affaire à suivre...

Portez-vous bien, à bientôt pour d'autres mystères de Paris...

mardi 12 juin 2012

Les tout petits mystères de Paris... 6e épisode



La belle inconnue de la rue des Francs-Bourgeois, 3e arrondissement de Paris

Les promenades que je fais sur les pas d'Eugène Atget m'apprennent à regarder de mieux en mieux, je fais des découvertes de toute beauté grâce à ma patience et mon audace devant les digicodes des immeubles qui ne veulent pas de moi : j'attends les sorties et les entrées des locataires et je me glisse dans les architectures des siècles passés, le plus souvent bien conservées, restaurées, embellies... Je vous en prie, faites donc, merci, fermez bien la porte en sortant, bien sûr, bonne journée, au revoir... Ces mots qui sont aussi forts et efficaces que des clés m'offrent des cours-jardins, des escaliers de pierre, des vues imprenables, du silence volé au brouhaha de la rue...

C'est ainsi que j'ai eu la surprise de rencontrer cette grande dame blanche, accoudée à un petit muret, au pied d'un bel escalier, l'air pensif, il lui manquait juste sa main gauche... J'ai cherché sur le socle son nom, son prénom, la signature de l'auteur, rien, la dame reste un mystère pour moi, si vous savez quelque chose sur elle, venez nous le dire ici, ça nous fera plaisir...


E. Atget l'Hôtel du marquis de Lagrange, 1900-1927 rue de Braque, il date du milieu du 18e siècle


Il faisait beau, très beau ce jour-là, il y avait du ciel bleu partout et pour les photos c'est vraiment mieux... Avant d'arriver dans la rue des Francs-Bourgeois, je me suis attardée rue de Braque en l'Hôtel du marquis de Lagrande, sur les pas d'Atget, j'y ai pris beaucoup de photos car tout le méritait...


Magnifique photo d'Atget 1901, une superbe perspective, lumière irradiante 



La statue sur le socle de droite a disparu...
Ma photo est beaucoup moins belle, mauvais cadrage, je voulais retourner tout de suite sur les lieux, mais je n'ai plus trouvé de courage une fois rentrée chez moi...



Détail de l'entrée...


La lumière à travers cette grande porte vitrée était très douce et donnait une couleur marbrée à la pierre blanche...


Le décor fleuri, les deux bancs de pierre, le dallage de l'entrée...


Entrée principale rue de Braque, avec son grand banc de pierre


Ferrure ancienne de la grande porte d'entrée en bois

Un peu plus loin, la rue des Francs-Bourgeois s'est transformée radicalement au cours des 20 dernières années, la rue calme et paisible que j'ai connue alors est devenue une rue branchée, pleine de commerces ouverts le dimanche, la foule se presse pour faire ses achats, les petites enseignes petit à petit se font racheter les unes après les autres par les grandes marques ou des boutiques franchisées, la maison Guerlain y a élu domicile, c'est là qu'il faut être pour bien vendre et acheter en ce moment.



La boulangerie juive qui fait le coin de la rue des Ecouffes et de la rue des Rosiers


L'autre boulangerie juive rue des Rosiers

La même chose est arrivée dans la rue des Rosiers, le dynamisme commercial d'aujourd'hui a tout bousculé, presque tous les petits commerces de bouche ont fermé, subsistent deux belles boulangeries qui vendent fort cher les délicieuses pâtisseries juives, le bon pain au pavot et autres bonnes choses d'Europe de l'Est... Dans l'ancien quartier juif du Marais demeure la belle synagogue de la rue Pavée construite par Hector Guimard au début du 20e siècle :

"Ne disposant que d'une bande de terrain biaise et très étroite (5 m × 23 m), Guimard a construit le bâtiment tout en hauteur. En façade, la verticalité (12 m) est accentuée par les étroites fenêtres et les pilastres continus. Le volume intérieur est aussi entièrement vertical. Il comporte deux étages de mezzanines de part et d'autre de la travée centrale. La nef est éclairée par des verrières au plafond et une vaste baie vitrée dans le mur du fond.
Le mobilier (luminaires, chandeliers, appliques et bancs), ainsi que le décor végétal stylisé en staff et les garde-corps en fonte, sont également des créations d'Hector Guimard. On retrouve dans les dossiers des bancs le même mouvement ondulant que sur la façade et ils sont ornés de motifs triangulaires. À l'origine, il n'y avait pas d'étoile de David sur la façade mais également un triangle, comme on peut le voir sur les vieilles photos. L'étoile de David date peut-être de la rénovation d'après-guerre.
La synagogue, financée entièrement par des fonds privés, fut inaugurée le 7 juin 1914 sans représentant officiel du Consistoire central.
Seul édifice cultuel de cet architecte, il a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par un arrêté du 4 juillet 1989, y compris tous les éléments liturgiques immeubles par nature" (Wikipédia)



La synagogue Hector Guimard (1913-1914)

L'Oratoire de la rue des Ecouffes, toujours actif en fond de cour et la petite synagogue  juste à côté :



L'entrée de l'Oratoire et la petite synagogue sur la rue


L'Oratoire en fond de cour

Je n'ai pas économisé mes pas, le Mont-de-Piété était encore ouvert rue des Francs-Bourgeois, j'ai foncé... Beaucoup de monde aux prêts... Dans la cour que je connais depuis des lustres, je n'avais jamais remarqué cette grande tour, reste (le bas de la tour en pierre) du mur d'enceinte de Philippe Auguste (12/13e siècles), et puis dans le coin, presque invisible à l'oeil nu, les ruines d'une façade d'un Hôtel du 17e siècle... Rescapée des constructeurs...


Dans la cour du Mont-de-Piété, la tour du mur d'enceinte de Paris 12/13e siècle (partie basse) qui subsiste encore grâce à l'intervention de Victor Hugo pour sa conservation. Le bâtiment au dessus et sur le côté, en briques, date de la fin du 19e siècle


Vestige de l'Hôtel de Nouvion 17e s.



La façade cachée de l'Hôtel de Nouvion qui date du 17e siècle, dans la cour

J'ai des souvenirs intimes avec ce lieu appelé "ma tante" quand j'étais petite, maman utilisait souvent les services de prêts sur gages proposés par ce service de Crédit Municipal de la ville de Paris, pour joindre les deux bouts. Elle avait une bague sertie d'un diamant qu'elle portait au petit doigt, nous savions que lorsque notre mère ne portait pas sa bague, elle l'avait mise "au clou", et puis un beau jour, nous la revoyions à son auriculaire, nous nous en réjouissions, car c'était le signal que ses "affaires" allaient mieux, ainsi les jours oscillaient entre la bague au doigt et la bague "au clou". Aussi je me suis étonnée d'avoir encore quelque chose à découvrir dans la cour intérieure du Mont-de-Piété que je pensais connaître par coeur... Je ne passe jamais devant le Crédit Municipal sans penser à maman avec émotion... En visitant la cour, j'ai vu beaucoup les gens qui sortaient avec le sourire et le papier vert, récépissé correspondant à la somme d'argent obtenue en échange d'objets de petite valeur qu'ils venaient de gager pour le quart de leur valeur...

Mon repos fut bien gagné par l'arrêt dans le jardin secret de la rue (35-37) accessible par la Maison de l'Europe (Hôtel de Coulanges), il y avait beaucoup d'enfants, des parents et des pique-niqueurs...


Le petit jardin de la rue des Francs-Bourgeois


Dans le calme, assise sur un  beau banc de bois... Il était déjà trop tard pour les photos, l'ombre avait gagné tout le terrain sur le soleil...

Pas sûr que les prochains petits mystères de Paris puissent continuer avant mon départ pour Venise... Il y a tant à faire, mettre les croix sur la liste, choisir la valise, acheter le thé vert aux agrumes, penser à l'épluche légumes, la petite passoire à thé...

Portez-vous bien, je vous dis à bientôt... Si je ne vous revois pas, passez un bel été...