samedi 17 mars 2012

Il giorno delle sorelle... Mars 2012


Les anges de Belleville

Nous y voilà, c'est notre jour... Depuis longtemps déjà, nous nous retrouvons ma soeur et moi, un jour par mois pour un après midi détente-photo-resto-surprises-affection, ça marche très très bien, nous essayons de ne jamais sauter notre tour pour affaires soi-disant plus sérieuses... Ah ! Je la vois de loin, arrivée toujours en avance et pimpante, elle meuble son attente en regardant d'un oeil curieux le territoire à découvrir... Je lui fais des grands moulins avec mon bras, je siffle ce petit air familial à quatre notes que nous reconnaissons partout aux deux premières notes. C'est notre signe de ralliement, ainsi, de loin, suivant la force de notre souffle, nous pouvons nous signaler par-dessus tous les bruits de la rue.

Depuis mon enfance, nous avons ce petit air entre nous, nous habitions juste à l'étage en-dessous de celui de mes oncle et tante, nos deux appartements parisiens donnaient sur une grande cour et de nos fenêtres, nous pouvions nous voir et nous parler. Nous avions accroché en permanence à la rambarde de la fenêtre du haut un petit panier d'osier qui descendait et remontait, d'une fenêtre à l'autre : un oeuf, du pain, du beurre, le sel, tout ce qui pouvait manquer aux uns ou aux autres et qui ne pesait pas bien lourd... Pour s'entendre les uns des autres, nous sifflions ce petit air à quatre note assez fort par la fenêtre, et l'opération de tractage pouvait commencer... Le petit panier trébuchait doucement dans le vide avec sa précieuse charge, ça nous permettait aussi d'avoir des nouvelles, alors, tout va bien ? Tout allait toujours très bien... C'est par la fenêtre aussi que notre oncle nous sifflait de temps en temps : allez les enfants, je vous emmène au cinéma, le bonheur était complet, nous adorions cela, d'autant qu'à chaque fois notre oncle nous achetait un esquimau au chocolat. À cette époque, il y avait un entracte entre le court-métrage, les actualités et le film, les ouvreuses proposaient alors, dans leurs grands paniers d'osier qui crissaient à chaque passage, bonbons, pastilles de menthe, chocolats glacés, demandez nos friandises ! Nous aimions à égalité le film, l'esquimau et notre oncle.

Aujoud'hui, j'ai transmis cet air à mes enfants, et un de mes fils l'a appris à sa fille, me voilà tranquille pour la pérennité de l'oeuvre musicale...


Nos petites notes de musique familiale

Donc, je lui fais des grands signes, je siffle le petit air et nous voilà réunies en deux minutes, nous nous embrassons à bras que veux-tu, bien sûr que je le veux.

Déception, notre restaurant vietnamien habituel est fermé ! Il faut immédiatement adopter le plan B, nous irons chez notre deuxième favori, tout aussi délicieux. Je ne sais pas pourquoi je me sens si fatiguée en ce moment ? Ne t'inquiète pas, ça va passer, c'est le printemps qui pousse, l'hiver grince dans nos carcasses, mettons-nous en route, allons rire, allons à l'aventure... Laissons nos corps se débrouiller avec le changement de saison.


Rouge, bleu, jaune, violet... Lumières...

Après c'est le café, dans le rouge et le jaune, le violet, le gris et le bleu, notre bistrot diffuse ses couleurs partout, pas un coin n'y échappe, les objets, tous les objets ont les couleurs de l'arc-en-ciel... Mais vous connaissez, depuis le temps que je vous raconte nos journées... (23/6 2011-5/12-26/1 2012) J'ai fait de nouvelles photos pour imposer toute la gamme chromatique. Ma soeur avait apporté le dessert, de jolis gâteaux soja et noix de coco : vraiment exotique le goût, trempés dans le café c'est parfait (je suis de celle qui trempe, je ne sais pas pour vous ?)


Les petits gâteaux chinois, hum !

Il fait beau, nous avons accroché nos appareils photo en sautoir, regarde ici, comme ça a changé, et là, il faudra revenir au printemps, nous prenons la rue Oberkampf, le côté gauche, celui qui descend vers la République, nous allons comme des escargots, il y a tant à voir, l'autre côté, nous l'examinerons la prochaine fois.


Les objets mystérieux

Les grandes cours nous ouvrent leurs portes, nous abandonnons le bruit de la rue pour écouter le chant des oiseaux, les bruits du voisinage, vous êtes allées voir un peu plus haut ? La brocanteuse, qui frottait ses étranges objets (moules pour ballons de baudruche), nous conseille de revenir sur nos pas et d'aller voir la piscine, hammam : juste à côté, vous verrez, c'est vieux comme tout avec les cabines de déshabillage au 1er étage tout autour du bassin, ils sont très gentils, ils ont deux chats persans splendides avec de très longs poils... Merci, nous irons voir, bon courage pour votre nettoyage, nous vous enverrons les photos que nous avons prises...


Sous les pavés, la plage...

Nous revenons sur nos pas bras dessus bras dessous, bien agrippées pour ne pas tomber, au sol les pavés sont énormes, des bosses et des trous tout le long, nous tenons à nos bastingages sans lever la tête. Nous avions bien vu ce hammam, mais n'avions pas osé rentrer dedans.



La piscine miniature


Le vitrail daté de 1887

Il date bien du 19e siècle, 1887, nous confirme la personne à la caisse, nous sommes accueillies comme des princesses, montez au 2e étage, vous verrez le hammam... Nous circulons librement du hammam à la piscine  pour poupées, le bassin est en L profond de 3m dans la plus grande hauteur, quelques enfants nagent avec leur professeur, la piscine miniature, dont on ne peut même pas imaginer la présence de l'extérieur, est adorable, les chats ne sont pas là...


Les éléphants et le palmier

Viens voir, regarde cette maison avec le grand palmier, incroyable ! Nous voici dans une autre cour, longue de plusieurs centaines de mètres, les petits ateliers recyclés, alignés sagement au rez-de-chaussée abritent maintenant bureaux d'architectes ou logements privés... Comme la propriétaire met le nez dehors, je lui demande aussitôt : bonjour madame, comme votre maison est amusante avec ses éléphants peints en façade, et votre palmier est digne des plus belles oasis... Elle nous raconte l'histoire du passage et du pavage de la cour, qu'ils avaient fait faire eux-mêmes, entre copropriétaires, voilà 35 ans que nous sommes en travaux, les éléphants c'est mon mari, on n'a jamais fini, mes enfants ont mis la main à la pâte, mais il reste encore beaucoup à faire... Je vous laisse car voici mes petits-enfants. Au revoir, merci de la visite...

Ma soeur n'est plus fatiguée, nous n'avons ni chaud ni froid, le soleil fait son office, il nous réchauffe, nous avons fait 50m en 1h, arriverons-nous à la place de la République avant la nuit ?

Nous n'avions pas prévu cette jolie boutique de bijoux et de colifichets en tous genres, justement tiens, cette belle paire de boucles d'oreilles d'argent me va très bien, montre-moi, de ce côté-là, de face, tu es parfaite, l'affaire est faite, ma soeur est ravie... Vous êtes allées voir la cour d'à côté ? Les pavés datent du 16e siècle, la maison aux éléphants était la maison d'Higelin, elle vous a dit n'importe quoi, du pipeau tout ça, du pipeau, nous sommes ici depuis 35 ans et je peux vous dire que nous connaissons bien le passage... L'Histoire se racontait à plusieurs voix, nous étions témoins de deux grands courants archéologiques carrément opposés, comment savoir la vérité... Il faudra investiguer sur Internet.

En attendant, nous irons prendre le thé en musique un peu plus loin, dans un joli café très agréable...


Le thé, image glanée sur Internet...

Le temps passe sans nous... Vous mettez quelle crème sur vos mains ? La serveuse nous avait dit prendre grand soin de ses mains, toujours dans l'eau, avec tous ces produits corrosifs, vous avez raison, faites bien attention, vous connaissez telle crème, vraiment bien et pas chère du tout ? Oui, oui, je mets celle-là le soir, mais ici elle est trop grasse... Ainsi de suite, nous dissertions sur les bénéfices comparés des crèmes de beauté...

Un peu d'eau chaude en plus mais bien sûr, le bec de la théière est un peu cassé, mais tout va bien, nous faisons le tour du monde, juste par la rue Oberkampf. Heureusement, nous n'avons pas pu rentrer dans toutes les portes cochères à cause des codes qui en barrent l'accès, et puis chemin faisant, nous sommes arrivées dans la rue de notre enfance, comment c'était déjà son nom de famille à notre amie, mais oui, je me souviens juste de son prénom, elle habitait là, nous ici, je n'y étais jamais entrée depuis la mort de maman, comme tout a changé, dans la cour l'arbre à noyau planté par la concierge va jusqu'au ciel, il fait de l'ombre à toute la cour, l'ascenseur presque neuf aurait été bien utile à maman...



Tous les jardins traversés

Tout au long de notre journée nous avions admiré les grands jardins des fleuristes, ils poussent directement sur les trottoirs, c'est presque le printemps, ne prenons pas de retard, cueillons les couleurs...

Dans le métro nos chemins se séparent, nous nous prenons dans nos bras, rentre bien, quelle belle journée, merveilleuse, je me retourne, un geste de la main, nos sourires et hop ! Elle disparaît...

La prochaine fois nous irons encore plus loin, pourtant nous faisons si peu de chemin, la main dans la main, nous voyons le même objet et faisons deux photos très différentes, la chance !


Où irons-nous le mois prochain ? Ensemble !

18 commentaires:

Bretonne a dit…

Que de belles découvertes derrière les portes ou passages à Paris. J'adore ces petits restaurants asiatiques qui ne paient pas de mine et qui souvent sont délicieux, tant pis pour le bec de la théière.
Les hammans….. j'en meure d'envie.

Brigitte a dit…

Je suis allée me balader dans Belleville c'est superbe,il y a déjà quelques années .
Tu racontes magnifiquement ta journée avec ta soeur .(Je continue dans le tu ,mais si tu préfères je passerai au vous?)
Les photo des fleurs sont riches de couleurs à la fois délicates et éclatantes .La photo des renoncules est vraiment très réussie et ces différentes teintes de rose ,j'aime beaucoup
Merci et belle prochaine rencontre avec ta frangine .
Bon week-end

Anonyme a dit…

Si belles renoncules !
Vous êtes dans mon quartier, mais je vais à l'autre fleuriste à la devanture noire plus bas sur le même trottoir de la rue Oberkampf que j'aime beaucoup.
Et la charmante piscine Oberkampf, avec son toit en pavés de verre pour dorer au soleil, tout en haut de la rue. On aperçoit sur votre photo l'excellent Raoul, c'est le maître nageur, mon petit prince a apprit à nager avec lui au printemps dernier.
Vos promenades sont un enchantement et j'aime votre façon de raconter vos journées "soeurs".
C'est un plaisir de vous lire.
M.17

Anonyme a dit…

L'Abacard, 12 rue Oberkampf Paris 11e.
M.17

Michelaise a dit…

AH Danielle, si tu savais combien j'aime ces tours de monde en passant par la rue Oberkampf !! et 50 mètres à l'heure, je trouve que c'est la bonne vitesse pour faire du tourisme et/ou se promener !!! trop belles les fleurs aussi... enfin bref, ton billet est plein de sensibilité et d'humour, et d'attention aux autres, comme toujours. Un plaisir de te suivre ...

Marie-Josée a dit…

Elle était bien colorée, ta journée, Danielle! J'ai particulièrement aimé l'évocation des quatre notes et du petit panier toujours en attente de quelque échange...

Dis, tu crois que cela la gênerait, ta soeur, si tu nous disais son prénom? C'est vrai que tu l'évoques toujours sous son versant sororal...

Peut-être que c'est bien ainsi alors.

Très bon dimanche à toi!

Ce soir, c'est sushi pour célébrer ce que tu sais qui s’accompagne, qui plus est, de l'arrivée du printemps : 20 degrés demain. Jamais vu depuis 1946...mais je n'étais pas encore là!

Miss Lemon a dit…

Déambuler, regarder, prendre le temps, c'est le luxe d'aujourd'hui et c'est si bien conté, j'aime l'idée que d'un même objet on en tire deux images et deux points de vue différents.
Une régalade votre billet.
Bonsoir.

Danielle a dit…

Oui c'est vrai Bretonne, que de découvertes dans une seule rue...Tant pis pour le bec de la théière :-)))

Allez hop ! Au hammam.

Bises du matin.

Danielle a dit…

Brigitte, le tu me va très bien, nous n'avons pas décidé pour la prochaine fois... Il faudra peut-être remonter la rue ?

Bon dimanche à toi.

Danielle a dit…

M.17 c'est incroyable, nous aurions pu nous rencontrer, acheter les même fleurs et nager avec ce bon Raoul, votre petit prince doit être heureux ici.

Merci M17. pour tous vos passages dans mes chemins creux...

Très bon dimanche un peu gris.

Danielle a dit…

Chère Michelaise, comme je suis contente si tu aimes la rue Oberkampf, moi aussi je trouve que 50m à l'heure c'est la bonne vitesse pour faire le tour du monde, il me faudra en faire des posts :-))) nous disons toujours : il faudra y revenir, nous avons vu une autruche peinte sur un mur plein de cheminées et puis encore le Bataclan tout rutilant...


Je t'embrasse fort du dimanche.

Danielle a dit…

J'ai retrouvé ce petit panier, qui ne m'avait jamais quitté, quelle joie, quel enthousiasme quand mon oncle nous criait : Allez les enfants ça vous dit le cinéma ? Tu penses que ça nous disait et puis l'esquimau en prime... Un bonheur tout pur.

Ma grande soeur s'appelle Michelle, Michelle,Danielle sont des noms qui vont très bien ensemble, très bien ensemble...:-)))

Bons 20° Marie-Josée, je bois de l'eau à ta santé et au printemps.
Et je te bises fort du matin.

Danielle a dit…

Merci Miss, nous nous nous amusons beaucoup à ce petit jeu des deux images... Et quelquefois même un sujet donne des idées à l'autre...

Je me dis tiens que va-t-elle en faire, une fois la photo faite, nous comparons nos objectifs, c'est toujours la surprise... Comme elle est belle ta photo !!!

Grosses bises et bon dimanche.

Enitram a dit…

On l'attendait cette rencontre des deux "sorelle" et voilà ! Quelle belle journée, le nez au vent avec ce sourire aux lèvres qu'on devine...
Le printemps est déjà bien là chez les fleuristes et le coeur en bandoulière, vous profitez bien de cette journée... Bravo !

Danielle a dit…

Chère Enitram, merci de ton attente, oui,je peux dire que nous avons bien profité de notre journée, elle était parfaite.

Passe une belle journées, très belle aujourd'hui.

Bises du jour.

Amélie a dit…

ce matin, dernier jour de mes vacances, je me suis dit que j'allais visionner TOUTES les photos de votre blog, comme pour démarrer une belle journée :) j'en avais regardé beaucoup mais pas encore la totalité... j'avais du retard à rattraper !! j'ai rêvé toute la matinée à faire des "oh comme c'est beau", "ah quelle bonne idée cette prise de vue", "magnifique, je suis bouche bée", "quelle poésie...", "quelle joie ce blog !". Pour vous laisser un petit message, je m'arrête sur cette belle photo de renoncules (ma fleur préférée entre toutes..., ensuite vient la tulipe que vous aviez d'ailleurs choisie pour me souhaiter la bienvenue !!!), alors un grand merci à vous, ce blog est un enchantement... et il mérite d'être montré, connu, mis en avant. Et comme vous dites, je vous souhaite que votre si joli blog, votre petit ruisseau devienne une grande rivière :) je me souviens qu'un jour de mai 2012 j'ai tapé sur mon moteur de recherche "jolies photos", j'ai vu de suite les vôtres, et je reste en émoi encore à ce jour...

Amélie a dit…

j'ai tapé trop vite... je voulais bien sûr dire "je reste EMUE encore à ce jour"... s'il vous est possible de corriger mon message, je veux bien :) bonne journée à vous !!

Danielle a dit…

Amélie, je suis touchée, émueeeee (voilà qui est corrigé) émerveillée par votre patience, Amélie, j'ai remonté le temps avec vous en répondant à chacun de vos commentaire, quel plaisir...

Mais en fait je pense que c'est moi qui ai la chance de vous avoir rencontrée sur "jolies photos" puisque je vous ai gardée...

Merci 10000 fois pour tout, je pense que je ne mérite pas tous vos compliments, mais je les prends quand même comme un beau bouquet de fleurs.

Bonne soirée Amélie...