jeudi 26 janvier 2012

Il giorno delle sorelle... Janvier 2012


Belleville pendant le Nouvel An Chinois

Je vous l'avais bien dit, nous avons passé le tour du mois de décembre, trop chargé, trop illuminé, trop cadeaux et bûche de Noël, notre jour delle sorelle est passé à l'as pour raison de fin d'année...

Nous avons mangé de bon appétit dans notre petit restaurant chinois-vietnamien, nous avons goûté les plaisirs de leur table avec notre plat préféré, le bobun, fin, délicat, plein de saveurs, chaud/froid bien équilibré, salade fraîche pour la déco, un délice, je vous le dis, un délice. Les bavardages allaient bon train, au rythme des baguette, comme des roulements de tambour, le vermicelle, le poulet (c'était un bobun au poulet, une spécialité parisienne sans doute) et les nems entraient en ordre dans nos palais émerveillés... Les conversations sont plus longues avec ces longs doigts de fée, les mots, les idées, les nouvelles, les bonnes et les mauvaises, défilaient bien pesées, entre chaque bouchée... Quand on avance en âge, les nouvelles sont énormes puisqu'il faut non seulement parler des enfants mais aussi des enfants de nos enfants... Ça fait un potentiel de plusieurs repas d'affilé, bon, on se voit le mois prochain sans faute, on se téléphone entre temps... Jamais on ne peut se mettre à jour, car le monde entier attend à la porte qu'on le refasse entièrement à notre goût, à nos couleurs.

Quand nous nous sommes assises, nous étions les premières clientes, très sérieuses, très déterminées, faisant semblant d'inspecter la carte, en sachant pertinemment que nous allions prendre la même chose que le mois d'avant, nous n'arrivons pas à renouveler nos désirs, d'un mois sur l'autre nous retombons dans nos travers, c'est juré, la prochaine fois on change, l'immobilisme ça suffit, il faut varier un peu, non de non, d'accord... Et puis au bout du temps qu'il nous a fallu pour nous mettre à jour de tout, la salle était bondée, on attendait gentiment notre départ pour prendre nos places, si chèrement attendues.


Nous nous sommes retrouvées chacune sous un parapluie, en train de faire notre programme quasi sous une porte cochère.

À droite ou à gauche, musée ou ciné, plus question d'aller photographier les oiseaux au cimetière du Père Lachaise, ou de déambuler rue Oberkampf comme nous avions prévu de le faire... Fallait faire vite, la pluie tapait tant et plus sur nos parapluies, nos chaussures qui clapotaient donnaient le signal du départ... La prochaine fois, je mets des bottes !

Sûrement pas le cinéma, et comment ferions-nous pour parler, l'une et l'autre assise côte à côte regardant l'écran ? Pas question de jouer à ce petit jeu-là, non, si nous allions au musée Carnavalet ? Mais oui, c'est une bonne idée, le quartier est sympa, nous glisserons de siècle en siècle, révision générale, ébahies, ravie, bavardes, mais au sec ! C'est décidé, c'est là qu'on va, mais avant, le petit café à notre quartier général, notre café culturel, le roi de la couleur, l'as du quartier ! Il doit en défiler des utopies par ici, demain on rase gratis, c'est promis, liberté, égalité, fraternité, on va tricoter des avenirs avec ces trois couleurs, moi je commence au point mousse, toi tu fais du point de jersey, retrouvons-nous au bout du rouleau... Sans perdre une maille !


Notre estaminet boîte de peinture

Le programme de notre café bariolé était entièrement consacré au Nouvel An Chinois, soirées poésies, slam, chansons, toutes à base de chinoiseries, un cocktail bien alléchant... Buvons, chantons en chinois, rions jaune, mélangeons les cultures, justement notre estaminet s'appelle culture rapide, il faut faire vite pour être dans le coup, faut pas traîner en route, sinon on sera pris de vitesse par des cultures plus ordinaires... Nous, on veut de l’extraordinaire...

Vous voyez, l'après midi était bien parti, même sous la pluie.


Madame de Sévigné, notre grand-mère

Le Musée Carnavalet, celui de notre enfance, était tout le temps vide, on l'aimait pour ça, il était là pour nous toutes seules, Madame de Sévigné était notre grand-mère, on était dans nos murs, le jardinier pouvait planter à la volée, il n'y avait que l'eau de pluie pour faire tout profiter en douce, à la va comme je te pousse... Nous adorions ce musée...

Ce musée est composé de deux hôtels particuliers : l'hôtel Carnavalet élevé à partir du 16e siècle, de grands noms y sont attachés, Jean Gougon pour les sculptures décoratives et François  Mansart pour des transformations de cet hôtel au 17e siècle ; et l'hôtel le Peletier de Saint-Fargeau du 17e siècle, qui fut rattaché au musée Carnavalet en 1989 par la ville de Paris. Ce musée rend compte de histoire de Paris des 16e au 20e siècles. Ses collections sont riches et passionnantes.

Nous sommes allées tout de suite du côté des collections permanentes, mobilier, tapis, glaces, lustres, objets,  boiseries, peinture... Les collections municipales de la ville de Paris y sont présentées depuis le 19e siècle. Madame de Sévigné vécut 20 ans à l'hôtel Carnavalet.

 Il y avait peu de monde, on retrouvait un peu de notre enfance...


La chambre de Marcel Proust

Je lui ai dit : viens voir la chambre de Marcel Proust, regarde, sur ce lit il a écrit la plus grosse partie de son oeuvre, quelques petits cahiers avec le porte plume posé dessus, ce pur décor me touche... J'ai dit déjà qu'après avoir lu toute son oeuvre, j'ai cessé de lire pendant des années, rien ne pouvait être mieux dit... Et puis après j'ai découvert Albert Cohen, Céline, et je suis repartie à l'assaut de tous les autres... Je garde de Marcel Proust le goût pour les aubépines du début de l'été, après lui j'ai tout regardé plus lentement, plus précieusement, et j'ai pensé autrement... Je n'ai jamais rien lu de plus beau.

Pour nous asseoir un peu, on a trouvé un petit salon de repos réservé aux visiteurs, très loin, au fond d'un petit couloir, dans un petit coin,  inconfortable au possible, mais on pouvait allonger les jambes et regarder mon portable...


Le copiste le 12 janvier 2012


Le copiste le 24 janvier 2012

Il faudra revenir, on est passées à toute allure devant le copiste qui doit venir tous les jours, je l'ai déjà vu ici il y a une petite dizaine de jours, il tourne le dos au public, peint dans la lumière, s'applique, personne ne le dérange, il est tout seul, j'ai fait doucement pour prendre la photo.

Nous avions oublié la pluie, la nuit était descendue, nous avons pris un thé, au chaud, derrière les verrières d'un joli café... Les derniers mots de la journée... Et puis nous nous sommes quittées, nous n'avions pas vu le temps passer, un jour entre parenthèses, comme des ailes de papillon...

Ma soeur, je te dédie ce post avec toute mon affection...

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Joli moment !
J'aime aussi flâner à Carnavalet.
M.17

Marie-Josée a dit…

Je ne savais pas que l'on avait reconstitué la chambre de la rue Hamelin au Musée Carnavalet... Avec le portrait du docteur Adrien Proust.

Tu sais que tu as failli croiser Françoise qui nous a amenées du côté du musée la semaine dernière?

J'espère que quelques-uns de mes étudiants auront la même réaction que toi devant Proust, car je commence la présentation de Combray la semaine prochaine...

Françoise a dit…

Je vous lis avec délice !
Madame de Sévigné repose à Grignan (Drôme) non loin de Nyons, non loin d'Avignon...

Bises.
Françoise.

Marie-Josée a dit…

Petit ajout : tu sais que je leur ai parlé de toi, ce matin, à mes étudiants? Je leur ai raconté ce que tu écrivais de Proust sur ton blog après leur avoir présenté la genèse de l'oeuvre en leur montrant le manuscrit plein de paperoles quel'on peut voir sur le site de la BNF grâce aux expositions virtuelles...Voilà Danielle et ses merveilles qui devient un adjuvant dans mes cours!!!

Danielle a dit…

Merci M.17 de flâner de mon côté...

Bises du matin

Danielle a dit…

Marie-Josée, oui, la chambre de Proust est reconstituée c'est très beau et même très émouvant, même pour quelqu'un de non fétichiste :-)))comme moi...

Tes étudiants risquent bien de faire la grimace,Proust n'est pas facile à aborder si jeune, mais... Attentons de voir....

Marie-Josée merci de ton passage si actif. je suis ravie d'être l'adjuvant :-)))

Grosses bises du matin.

Danielle a dit…

Chère Françoise,toujours ravie de vous savoir si près...

Gros bisous doux.

Marie-Josée a dit…

...Je sais que c'est une oeuvre difficile, Danielle. Mais comme je l'ai moi-même découverte à seize ans pour finir de lire toute la Recherche à 19, je me permets de mettre une oeuvre difficile en début de programme pour les rares étudiants qui se verront ainsi offrir un monde. Les autres trouveront davantage leur compte avec les deux oeuvres plus facile qui suivent...

Danielle a dit…

Oui, cette oeuvre n'est pas facile d'accès, mais on y saute à pieds joints pour la vie.

Moi, je me suis mises à Proust beaucoup plus tard que toi Marie-Josée et je ne l'ai plus lâché, encore aujourd'hui, je garde à proximité "La Recherche"... Je l'ai lue deux fois, toujours avec le même bonheur et heureuse des découvertes que j'y faisais...

Proust est inépuisable... Il reste pour moi une source d'inspiration pour ma vie.

Il a transformé ma vision du monde de l'intérieur...

Si tes élèves pouvaient l'accueillir comme une magnifique découverte et un bonheur, la partie serait gagnée pour eux, pour longtemps.

Bises du jour et grand bonheur avec Proust.

Michelaise a dit…

hi hi tu te crois à Venise Danielle, des bottes maintenant !! en tout cas, votre virée entre sœurs, sous le signe de l’Asie , est toujours hyper sympa. Et la visite rapide du musée carnavalet, fort agréable et instructive !
J'adore ton rôle d'adjuvant dans les cours de Marie Josée, c'est trop génial !!! salut les étudiants de Marie Josée !!!!

Danielle a dit…

Oui, oui, Michelaise je les salue pour toi ces étudiants !!!!

Notre virée du Musée Carnavalet ne fut pas si courte que ça finalement... Et je voulais spécialement lui montrer la chambre de Marcel Proust... J'y fais à chaque fois une petite genou flexion...

Je t'embrasse fort du matin

Enitram a dit…

Adorable cette journée entre soeurs !
Beau week-end à toi !

Danielle a dit…

Merci de ta belle visite Enitram...

gros bisous du soir.