jeudi 24 novembre 2011

Semaine japonaise... Un film, une exposition...


Le film : Colorful de K. Hara

Pas du tout mon habitude d'aller voir un film d'animation dès sa sortie, et pourtant, c'est en voyant une image et deux lignes de critique dans un magazine que je me suis décidée tout de suite. Le sujet m’intéressait  : une âme, un esprit, se voit offrir la possibilité de se réincarner dans le corps d'un ado qui vient de se suicider. Il doit subir sa vie, connaître ses proches,  apprendre de ses erreurs. Nous voilà parti pour cette réincarnation à l'essai : si l'épreuve réussit, l'âme pourra rester définitivement dans le corps de Makoto, sur terre.

L'âme revient donc prendre la place du suicidé dans sa famille, il  reprend aussi le chemin de l'école, et voilà que sa vie redevient triste, la solitude le rattrape, les mensonges des adultes le dépriment... Il reste dans le silence, les grognements, les malaises, sa chambre devient son refuge... Jusqu'au jour où la découverte de l'amitié lui permet de redonner du sens à sa vie, de renouer le dialogue familial, de transformer sa vie... Un beau film d'espoir, sans mièvrerie, direct, sensible et totalement émouvant.

Le graphisme est magnifique, surprenant, précis, des couleurs éclatantes, les décors urbains à couper le souffle de réalisme, j'ai adoré... Les personnages sont irrésistibles... Malgré leurs gros yeux ronds à l’occidentale... Mais pourquoi les dessinateurs asiatiques dessinent-ils leurs personnages avec des gros yeux ronds ? Pour leur  garantir un meilleur avenir commercial ?... Mondialisation oblige ? Il ne faut pas dépayser le spectateur ? Je ne sais pas, mais à chaque fois ça m'agace, heureusement, le film était en version originale, ouf !

Un film superbe et touchant, à ne pas rater...


Kitagawa Utamaro (1753-1806)
L'Expo  Huit maîtres de l'Ukiyo-E (image du monde flottant)

La Maison du Japon propose souvent de belles expos, des festivals de cinéma, et vend sur place, dans une petite boutique qui a vue sur la rue, des tas d'objets japonais très raffinés... J'aime bien ce lieu, paisible, en dehors de la foule, (encore) facile d'accès, pas très loin, entre les pattes de la Tour Eiffel.


Utagawa Hiroshige (1797-1858)

Elle propose en ce moment huit Maîtres de l'Ukiyo-E. Ce n'est pas en connaissance de cause que je suis allée voir l'expo, je ne connaissais rien en Ukiyo-E, mais c'est le nom d'Hokusai qui m'a décidée. Bien m'en a pris. Ces oeuvres viennent du Musée National d'Art Asiatique de Corfou, 150 estampes jamais présentées en France. Ces images du monde flottant ont été réunies par Gregorios Manos (1850-1928), ambassadeur de Grèce à Vienne au début du XXe siècle. Ces estampes font partie de celles qu'il a acquises à Paris.

Hokusai

Katsushika Hokusai (1760-1849)

Comme il est interdit de prendre des photos dans cette maison, j'ai dû prendre toutes les illustrations sur Internet.

Malheureusement, les cartouches explicatives suspendues sur les murs de l'expo ne m'ont pas appris grand chose, j'avais bien l'impression qu'ils s'adressaient à ceux qui connaissaient déjà ce courant artistique japonais... J'ai donc dû parfaire mes connaissances en rentrant chez moi, sur Internet.

Donc voilà ce que dit Wikipédia, bien mieux que je ne le saurais le faire :

"L'ukiyo-e (浮世絵?, terme japonais signifiant « image du monde flottant ») est un mouvement artistique japonais de l'époque d'Edo (1603-1868) comprenant non seulement une peinture populaire et narrative originale, mais aussi et surtout les estampes japonaises gravées sur bois.
Après des siècles de déliquescence du pouvoir central suivie de guerres civiles, le Japon connaît à cette époque, avec l'autorité désormais incontestée du shogunat Tokugawa, une ère de paix et de prospérité qui se traduit par la perte d'influence de l'aristocratie militaire des daimyos, et l'émergence d'une bourgeoisie urbaine et marchande. Cette évolution sociale et économique s'accompagne d'un changement des formes artistiques, avec la naissance de l’ukiyo-e et de ses estampes peu coûteuses, bien loin de l'aristocratique école de peinture Kano.
Les thèmes de l’ukiyo-e sont également tout à fait nouveaux, car ils correspondent aux centres d'intérêt de la bourgeoisie : les jolies femmes et les courtisanes célèbres, les scènes érotiques, le théâtre kabuki et les lutteurs de sumo, le fantastique, les calendriers et les cartes de voeux, le spectacle de la nature et des lieux célèbres."

Suikoden Series - Utagawa Kuniyoshi

Utagawa Kuniyoshi (1797-1861)

Aussi ne sachant (presque) rien, j'ai ouvert les yeux, et j'ai voyagé dans la beauté... De paysage en paysage, j'ai vu fleurir les cerisiers comme des duvets de cygne, défiler des personnages inoubliables, des portraits, des mouvements de foules, aussi précis de près que de loin, un oiseau doux comme un poussin, perché sur sa branche, le mont Fuji dans le soleil, sous la brume, enneigé pour l'éternité en quatre couleurs, aussi douces que de l'eau colorée... Les kimonos, déployés, tournoyants, virevoltants, toujours changeants comme l'écume des mers, autour des corps d'hommes et de femmes, des merveilles... Des herbes flottantes dans l'eau des rivières retenaient les gouttes de rosée, si fines... Des monstres, des esprits avec des plumes et des écailles, entre le feu et le ciel... J'ai vu tout le Japon se précipiter sous les burins des graveurs sur bois, avec la grâce, la grande, la très grande virtuosité et le talent des peintres : Suzuki Harunobu, Torii Kiyonaga, Kitagawa Utamaro, Tôshûsai Sharaku, Utagawa Toyokuni, Katsushika Hokusai,Utagawa Hiroshige, Utagawa Kuniyoshi.




Suzuki Harunobu (1725-1770)

Je n'ai rien oublié, pas le moindre petit trait, les fleurs, les gens, les animaux, les couleurs coulaient devant mes yeux, est-ce possible de faire ça ? Il l'ont fait.


Quand on sort de chez eux, on est heureux... J'ai cherché partout chez les fleuristes des chrysanthèmes roses pâles plus vivants et plus veloutés que les cartes postales, pour le souvenir de toutes les fleurs des jardins japonais... Et je n'ai rien trouvé de plus beau que l'expo, alors j'ai fait un post, pour partager.


Utagawa Toyokuni, Nakayama Tomisaburo and Ichikawa Ichizo.-Utagawa Toyokuni I, Nakayama Tomisaburo and Ichikawa Ichizo, japanese ukiyo-e prints

Utagawa Toyokuni (1769-1825)

6 commentaires:

Michelaise a dit…

Je retiens le film d'animation, on a des chances de l'avoir par exemple au moment des fêtes, il y a pas mal de films pour enfants. Et il a l'air génial.
Quant à l'exposition, tu en parles avec une telle émotion qu'on a envie de cerisiers en fleur aussi !!

Danielle a dit…

Oui, Michelaise ce film est très beau, pas spécialement fait pour les enfants... Un film plutôt grave.

Les cerisiers en fleurs sont éblouissants et tout le reste aussi :-)))

Bises du soir à toi.

Anonyme a dit…

A la lecture de votre intéressant billet, la candide que je suis a pris des notes et guettera la sortie du film.
Merci de de joli partage.

Amitiés.
Françoise.

Danielle a dit…

Françoise, merci d'être passée, j'espère pour vous que vous aurez l'occasion de voir ce beau film... Vous nous direz peut-être vos impressions.

A très bientôt.

touitouine a dit…

je reviens de Tokyo ou mercredi dernier qui etait férié (c'est leur labor day ) j'ai aussi par hazard visité le Ota Memorial Museum of art, qui m'a ouvert les yeux sur l'ukiyod-e: collection de plus de 12000 oeuvres ukyode rassemblé par un collectioneur passioné et qui les expose par paquet de 100 a 150 a la fois.Un magnifique bain de pure beauté a ne pas manquer ! on peut y aller tous les mois 10€ l'entrée et c'est juste derrriere leurs Champs Elysees (omote santos)

Danielle a dit…

Quelle chance vous avez ami de revenir de Tokyo et d'avoir vu toutes ces beautés.

je vous envie...

A bientôt.