mardi 13 septembre 2011

L'Indre 2011... L'apprenti !


Le nouveau petit veau

Un an déjà que le petit veau est né sous mes yeux, il est sûrement passé chez votre boucher ? C'est l'heure de la traite, deux heures et demie de travail intense, où chaque geste compte. Cette année le jeune René prête la main, il aime ça, tout le prouve.

C'est le premier partout : faire monter les vaches (dix par dix) sur une plateforme garnie de trayeuses électriques, nettoyer les pis, poser les ventouses à quatre branches, des mains artificielles en somme, qui font un bruit d'aspirateur : elles tirent le lait qui passe dans des tuyaux en inox, jusque dans la grande cuve finale qui brille comme un beau camion américain... René sautille partout, on dirait un petit merle qui volette d'un fil à l'autre, toujours quelque chose à faire, attentif à tout, le geste précis, il s'y connaît de A à Z en presque tout... Quand il ne sait pas, il demande à l'éleveur... On apprend vite comme ça... C'est un bon élève.


Une descente de vaches après la traite, passage sur le tapis

Après la traite, le portillon automatique s'ouvre (René appuie sur le bouton), mais souvent les vaches ne veulent pas redescendre, elles regardent à gauche et à droite, ne sont jamais pressées... René donne l'ordre du départ : allez, descendez, allez, du nerf, et voilà nos belles, très belles, qui redescendent la petite pente pour retourner dans la « stabu », la paille fraîche les attend dans les crèches.


Il est fier René, car il a du public, il me regarde du coin de l'œil, et moi je n'en perds pas une miette, voyez, quand la petite lampe clignote c'est que la traite est en cours, quand elle se met au vert, c'est terminé... Ah ! Zut, elle chient, quand il y en a une qui prend son temps pour la traite, les autres chient, c'est comme ça, il faut nettoyer... Il prend le tuyau d'eau et voilà la bouse qui s'en va en trombe... En un clin d'œil c'est propre comme un sou neuf.

Le voilà ensuite qui prend un seau rempli de lait destiné aux petits veaux, ils boiront du lait entier pendant deux mois, après il se mettront à manger... Il m'explique tout ce qu'il fait, rapidement, avec les mots justes, il est formidable : dans ce bidon de lait, sept / huit litres par vache... Incollable, René.


Le pot au lait des veaux

Aïe, voilà une bête qui tombe, elle n'arrive pas à se relever... Allons bon, dit l'éleveur, elle a sûrement de l'arthrite... Faut voir, faut attendre un peu, je vais lui faire une piqure, et vlan, dans le gras de la fesse, la voilà qui remonte, puis retombe, le lait sera prélevé quand même, après on verra... Pour faire l'injection il a ouvert le réfrigérateur rempli de médicaments, une véritable pharmacie de quartier.


Le petit veau mignon

René va et vient, gare la bouse près du fumier, lave le matériel, embrasse et caresse le plus petit veau : il est trop mignon, il a deux semaines, retourne auprès de la trayeuse, remet un tuyau, en enlève un autre, rien ne lui échappe, il est tout jeune, 14/15 ans peut-être, il a le visage encore rose et toujours le sourire, rien ne le rebute, pas de bon et mauvais boulot, « faut le faire, voilà »

Ça sert à quoi ce matelas, juste à la sortie de la traite ? Ben, c'est un passage obligé, toutes les vaches doivent lui passer dessus, une grosse mousse blanche en sort et vient se coller à leurs sabots... René me dit, c'est un antiseptique pour nettoyer leurs sabots, mais des fois elles glissent à côté, il a tout vu, tout remarqué, moi aussi j'avais vu une vache qui passait à côté, seulement trois sabots y étaient passés...


Les sabots aseptisés

Toutes les vaches ont regagné la stabulation, pour elles, le pré c'est du béton, leurs sabots en souffrent, ils ramollissent, il faut faire attention. Un éleveur c'est comme un bon médecin généraliste, il doit ouvrir l'œil et le bon, faire les premiers soins, ne rien laisser passer.

René court encore, la traite sera terminée quand tout sera lavé, rangé, fermé. Il a mis la radio, avec le beuglement des animaux ça fait une belle ambiance, ambiance de ferme joyeuse.


Le fumier et la paille fraîche

Pendant que René termine le nettoyage, l'éleveur dans la stabu enlève le purin avec son tracteur et le stocke dehors, comme une denrée précieuse, il remet un peu de paille fraîche, voilà, les chambres sont propres pour la nuit... Il fait les lits soir et matin.

Les curieuses
Demain c'est la rentrée, bon courage René et bonne fin de soirée... Je n'ai pas su si René venait pour apprendre le métier ou pour se donner du plaisir, l'éleveur m'a dit : il adore ça, il vient souvent.
La délectation
Moi aussi j'adore ça, mais juste pour mon métier de touriste intéressée, pendant toute la visite, j'étais accompagnée du chien de la maison, il venait me renifler sous toutes mes coutures... En faisant le tour du propriétaire, j'ai bien vu qu'il y avait trois petits cochons tout neufs, l'éleveur m'a dit : ça me manquait trop, surtout pour le goût, et il a mis sa main à sa bouche, le geste de la délectation...

À la ferme d'à côté on peut entrer comme on veut, la porte est toujours ouverte... Bonjour, bonsoir, revenez quand vous voulez. Cette année tout le monde a le sourire, pas de plaintes, les prix sont en hausse !
La belle gourmande

8 commentaires:

Miss Lemon a dit…

Elles seraient si bien au champs.

Toujours un plaisir de vous lire Danièle.
A bientôt.
Miss Lemon.

Danielle a dit…

Chère Miss, c'est bien ce que je pense, mais ça ne se passe pas comme ça... Pour la production laitière...

Merci d'être passée par-là.

Bises de l'Indre.

Marie-Josée a dit…

Nous avons les mêmes vaches Holstein au Québec. L'industrie laitière a bien changé... Quand j'étais petite, l'été nous allions chez d'anciens élèves de ma mère qui avait une ferme laitière et les vaches ne rentraient à l'étable que pour la traite. Nous rapportions toujours de notre périple une bouteille de «crème d'habitant» -entendre «cultivateur»- et nous faisions des tartines avec cette crème épaisse, saupoudrées, en saison, de sucre d'érable ou d'un peu de cassonade. C'était très bon sauf pour le foie!

P.S. J'ai failli te laisser ma faute de frappe qui était presqu'un lapsus qui m'a bien fait rigoler : du sucre d'éTable, imagine...;0)

Danielle a dit…

La belle histoire Marie-Josée :-)) mais voilà ici, paraît même que la crème a disparue car on nourrit les vaches au maïs... Je l'ai vu de mes yeux vu..

Passe une très bon WE.

Michelaise a dit…

Ah mais, il est super ton reportage... oui le métier a changé et s'est compliqué mais ceux qui le font, souvent, comme tu le dis de René, aiment vraiment, cela fait plaisir de les voir !
Marie Josée, c'est marrant Alter raconte toujours l'histoire de ses tartines de "crème de lait" avec la même émotion. Il semble qu'on a changé les méthodes et que le lait actuel, fut-il pris au pis de la vache, ne fournit plus un produit assez riche pour déguster cette crème de lait, en tartine avec du sucre !!

Danielle a dit…

Chère Michelaise, non, plus du tout la même crème... On le dit partout !

Le maïs a remplacé l'herbe...

Michelaise, bonne fin de semaine à toi, merci d'être passée...

Bises du jour dans l'Indre.

Marie-Josée a dit…

Petite précision pour Danielle et Michelaise : à l'époque dont je parle -fin des années 60, début des années 70 - le lait était séparé de la crème dans une machine qu'on appelait le «séparateur»! Je n'avais pas le droit d'aller dans la laiterie pour voir, mais je sais qu'on devait modifier le réglage de cet appareil pour avoir cette fameuse crème d'habitant et qu'on ne le faisait que pour la famille et les amis. Nous rapportions cette crème dans une «pinte de lait» en verre et, le temps du voyage (une heure et demie), la crème était tellement épaisse qu'il fallait la sortir avec un couteau ou renverser la bouteille sur une assiette.

Danielle a dit…

Marie-Josée, impensable cette crème-là maintenant !!

Je n'ai même pas vu de mousse à la surface du bidon... Seule une petite tiédeur subsistait...

J'ai su que certains éleveurs en Suisse je crois, refusaient de nourrir les Holstein avec le maïs, le bon sens arrive...

Bonne journée à toi Marie-Josée.