dimanche 14 août 2011

Albi... Le sachet de thé.


 La forteresse, le bateau de haute mer, le château-fort, la cathédrale Sainte-Cécile

Cette cathédrale Sainte-Cécile donne le vertige rien qu'en essayant de la regarder d'en bas, elle n'en finit pas de s'élever vers le ciel, de loin c'est un véritable château-fort, une forteresse, un navire de haute mer. De toutes parts ses pentes lisses n'accrochent pas le regard, aucun décor, pas de statues, pas de tour de dentelle, juste quelques gargouilles qui la ceinturent. Elle domine le Tarn, c'est la plus grande cathédrale en brique du monde, elle a 729 ans.


La porte d'entrée, comme une mantille ...

Sa belle porte d'entrée ajourée, en pierre dentelée, transparente, luxuriante, engageante, a été rajoutée au 16e siècle, la porte est posée comme une mantille précieuse, j'ai vu le ciel bleu au travers de ses volutes, de ses arcades fleuries, la cathédrale subit des tas de modifications... Jusqu'au 19e... Mais ça, vous pouvez le lire en détail dans les livres.


Le chemin de croix et le coup de pied...

Pour peindre les merveilles de l'intérieur, on a fait appel aux peintres italiens du 16e siècle, aucune restauration n'est intervenue sur ces chefs-d'oeuvres.


Le grand Jugement Dernier

Quand je suis entrée, c'était l'émerveillement, l'église est entièrement peinte avec des couleurs claires et lumineuses comme de l'aquarelle, les teintes sont comme je les aime, fines, extrêmement variées, harmonieuses, même le Jugement Dernier ne me fait pas peur tellement il est beau, dommage qu'il en manque un bout. Le Jugement Dernier que je vois tous les ans à Torcello est sur le mur côté sortie de de la basilique, ici, à Sainte-Cécile, il est devant les fidèles, l'effroi devait être terrible.


Les voûtes bleu roi

Sur les voûtes, à des hauteur vertigineuses, le ciel bleu roi (couleur faite à base de lapis-lazuli) est tapissé de fleurs et de personnages de la chrétienté... J'ai levé très haut les bras pour prendre des photos...


Le jardin des Oliviers, des peintres italiens


L'Annonciation... Voyez !


L'ange Gabriel


La Vierge Marie dans la 2e Annonciation

Non seulement les peintures sont merveilleuses, mais des Oh ! et des Ah ! (intérieurs...) m'attendaient avec le jubé, énorme, grandiose, un livre ouvert sur l'ancien et le nouveau testament, une statuaire polychrome travaillée dans le détail avec élégance. Tout au bout du jubé, sur la porte ciselée, une délicate Annonciation avec la Vierge au centre et l'ange Gabriel sur le côté, ce qui fait qu'il faut être attentif pour percevoir la scène dans toute sa dimension... Il y a plusieurs Annonciations dans la cathédrale, l'une peinte sur les parois du choeur, et l'autre dont je viens de vous parler.


Le magnifique jubé (détail)

Il faut des heures et des heures... Pour raconter la cathédrale Sainte-Cécile dans le menu... Mais pour en arriver là, combien de massacres et de morts il aura fallu, combien de croisades de chrétiens contre des chrétiens, la tragédie cathare, il faut commencer par là... Il en faut des couleurs pour recouvrir celles du sang...


Sainte Cécile dans le choeur

J'ai cherché Sainte Cécile partout, et elle figure partout, et à côté de la Vierge...

Il faudrait des heures et des heures... Pour regarder, retenir, photographier, il faudrait revenir sans cesse, comme les vagues sur la plage, jamais on ne s'en lasse, chaque sillon est un autre, à chaque passage de l'eau.


Les fenêtres ouvertes sur le Tarn et l'eau de la fontaine plate

En sortant de la cathédrale, étourdie, presque le torticolis, j'ai vu les trois ouvertures sur le Tarn, vestige ancien et le reflet sur le petit miroir d'eau contemporain... Une vue magique, j'ai dû y revenir à deux fois pour qu'il n'y ait personne, il y a toujours du monde assis sur les margelles, les pieds dans l'eau, mais je voulais avoir cette image unique, sans personne dedans, j'ai attendu...


Dans le cloître aussi il y avait du monde, j'ai triché, j'ai attendu...

J'ai vu aussi le même jour, le cloître de Saint Salvi, ce qu'il en reste, emmitouflé dans les fleurs, les herbes, les odeurs de son jardin médiéval. une vrai perle nacrée à regarder de tous côtés... Il brille avec le soleil, il scintille à travers ses fines colonnes de pierre, on sent le silence et le recueillement qu'il devait inspirer...

Fatiguée, heureuse, je me suis retrouvée au matin dans la salle à manger du petit hôtel, en plein coeur de ville. La patronne s'activait entre les théières et les : "bonjours madame, bonjour monsieur..." A l'accueil d'hier elle n'avait pas été des plus douces, j'avais bien perçu dans le ton qu'elle mettait à tout organiser qu'elle était une autoritaire avérée... "Depuis que vous êtes inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, vous devez en voir, des touristes ?" "Oui, mais du meilleur, vous parlez, ils viennent le soir et repartent le lendemain matin, qu'est-ce qu'on peut voir, je vous le demande ? Pas du meilleur, c'est sûr, bon, il ne faut pas oublier votre clé pour rentrer le soir."

Le lendemain matin donc, je l'avais retrouvée pareille à elle-même, du thé, du café, le reste est là sur le comptoir... Moi, je voulais juste un sourire, une parole aimable, mais pour ça il faudra revenir...

J'avais choisi mon sachet de thé parmi l'assortiment de la corbeille, du Earl Grey, du parfumé, je l'avais mis dans mon bol sans le défaire en attendant de me verser de l'eau... Alors voilà ma furie qui regarde ma tasse d'un air ahuri : "mais il faut enlever le papier pour boire le thé !..."  Je lui réponds du tac au tac : "mais bien sûr madame, je sais ce que c'est qu'un sachet de thé, il faut enlever le papier"... "Vous m'avez fait peur" dit-elle... "Vous aussi madame, voyez, je n'en suis pas encore-là, je vais enlever le papier"... Pas du tout troublée par son manque de tact, elle revisite le comptoir, remet un cd classique dans le mange disques, tout redevient normal... Elle prend juste ses clients pour des crétins...


La belle maison avec son grenier aéré (Bien municipal)

Restait encore des tas de choses à voir, les rues et les belles maisons, il ne fallait pas rater un coin de rue, et aussi le musée Toulouse-Lautrec... La belle terrasse et l'accompagnatrice, vous pouvez imaginez la belle journée...

De belles saisons à Albi, il n'en faudrait pas, pour se concentrer dans l'intimité des oeuvres d'art, dans le mystère et la beauté, mais on dit tous ça quand on se retrouve tous à ses pieds... Très nombreux, trop nombreux.

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