mercredi 15 juin 2011

Paris-Dehli-Bombay... Formidable expo à Beaubourg 25 mai - 19 septembre 2011


Drap-peaux hybridés, d'Orlan  (artiste française) à l'entrée de l'expo, réalisé en sequins qui bougent (ventilateurs) et scintillent, selon une technique employée pour les panneaux publicitaires en Inde (rapproche les drapeaux français et indien)


Chemin faisant, après avoir pris des photos du mur de Jef Aérosol, je m'étais promis l'exposition sur l'Inde au centre Beaubourg, juste à côté, quelle fête, quelle jubilation, quel enthousiasme, une exposition ambitieuse, comment rendre compte de l'Inde contemporaine à travers les propositions de 50 artistes indiens et français... Les artistes indiens, je n'en connaissais aucun, les français... Bien sûr, la joie de retrouver Othoniel et son travail sur le verre, Philippe Ramette avec une sculpture pleine de délicatesse chargée d'émotion, Pierre et Gilles avec leur petit délire ultra coloré... Les deux tiers des oeuvres ont été réalisés spécialement pour cette expo.


Cette tête sculptée par Ravinder Reddy (artiste indien), entre artisanat et pop-art, glorifie la femme indienne ordinaire (de dos)

L'exposition est savamment découpée en 6 grands thèmes, Politique, Urbanisme et Environnement, Religion, Foyer, Identité, Artisanat... Illustrés, commentés, interprétés par toutes les oeuvres des artistes, sculptures, peintures, photos, installations, vidéos... Tous les supports employés rendent compte de ce grand pays, les changements à l'oeuvre dans la société, les traditions ancestrales, la place des femmes et des hommes, les religions très présentes, en somme une espèce d'état des lieux... Et surtout la marche vers le changement. L'Inde est le 2e pays le plus peuplé du monde : 1 milliard 200 millions d'habitants, 382 hab/km²


La femme indienne lambda de profil

Mais au delà de l'effort pédagogique déployé ici, la forme d'expression choisie : l'Art, est vraiment à l'honneur dans tous ses états, la visite est un véritable parcours de beauté, la misère, l'identité, l'avenir, les progrès ne sont pas seulement des prétextes à des constructions artistiques, l'Art témoigne, nous aide à réfléchir, nous transporte, nous étonne, nous éblouit, favorise les échanges entre notre pays et l'Inde, et tisse aussi je l'espère, des liens entre les deux cultures.

Bravo ! C'est remarquable.

Maintenant place aux oeuvres : souvent j'ai photographié les cartouches, c'est comme si vous y étiez... J'ai aussi mis en lien tous les artistes pour le plaisir du partage...

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Subodh Gupta (artiste indien) : La caverne d'Ali-Baba

Cette caverne d'Ali Baba m'a rappelé certains magasins de New York, pleins à craquer du sol au plafond, remplis, bourrés de marchandises venant des pays du monde entier, je percevais le monde de l'abondance et de la consommation avec écœurement... Ici, le scintillement, l'uniformité des matières : l'inox, faisait de cette caverne un écrin de lumière, ces ustensiles de cuisine sont les plus utilisées aujourd'hui, peu chères et surtout incassables... Les gamelles, contenant les repas chauds fabriqués à la maison et livrés sur les lieux de travail représentent à Bombay 175 000 repas/jour, et sont le fond de commerce d'une corporation de transporteurs de gamelles nommé Dabbawalas.



La petite Indienne (sculpture en bronze) qui essaye de grimper sur le podium, une merveille de grâce et d'émotion : Philippe Ramette (artiste français, voir mon post du 9 juin 2010 sur cet artiste)




La petite fille s'accroche, il reste peu de chemin mais la posture est acrobatique, la partie n'est pas gagnée pour arriver en haut ! La condition des femmes dans ce grand pays oblige à des généralités souvent risquées... L'article que je vous propose en lien est celui d'une chercheuse au CNRS-EHESS, passionnant.



Installation de Leandro Erlich (Argentine) : par la fenêtre de cette jolie chambre bourgeoise de Paris, on aperçoit une rue (vidéo) de Bombay en pleine activité, l'autre fenêtre de la chambre (sur la gauche, que je n'ai pu prendre) donne sur les toits de Paris. Cette installation était d'une grande beauté formelle... Le calme et l'opulence de cette chambre marque l'énorme contraste entre les deux modes de vies...  Voyez vous-même...







Les photographies d'Athul Bhalla (artiste indien) illustrent avec tendresse et nostalgie cette question de l'eau, denrée rare. Cette série de photos recouvre tout un mur, j'en ai choisi quelques unes, ces petites voitures de misère me rappellent ces marchands ambulants qui vendaient de tout, absolument de tout, que j'ai photographiés à Istanbul (post du 9/01/2010)




Bharti Kher (artiste anglais qui vit et travaille en Inde) : son installation est magnifique, tous ces miroirs brisés et mouchetés de petites marques rondes que les femmes portent au front, et qui représentent le troisième oeil, forment un carré envoûtant, les reflets tronqués en mille morceaux renvoient immédiatement à la distorsion mentale, mais voyez  le cartouche...


Personne ne peut se voir en entier... Même avec un troisième oeil...




Jean-Michel Othoniel (artiste français) : mon chouchou, il travaille le verre, ma passion (avec des souffleurs de Murano). Ici, il a crée une oeuvre transparente, colorée, ludique, un enchantement,  il invente sa première sculpture-instrument, entièrement en verre, sur une petite vidéo à côté on peut voir trois musicien percuter ces fragiles constructions... J'ai mis en lien sur son nom le beau travail qu'il a fait à la station de métro du Palais-Royal, pour le centenaire du métropolitain...



Les musiciens à l'oeuvre, un petit carillonnement léger comme le vent...




Sunit Gawde (artiste indien) : cette oeuvre m'a particulièrement bouleversée, belle, fascinante et terriblement cruelle, liée à des assassinats politiques, dont le Mahatma Ghandi, en 1948. Les guirlandes de fleurs sont constituées entièrement de lames de rasoir rouges. Dans cette oeuvre, la beauté et la mort cohabitent... Somptueusement...


Fleurs de sang...



Nalini Malani (artiste indienne) : une pure  merveille ! Pour exprimer les conflits religieux et politiques subis par la population indienne, et particulièrement par les femmes... Éblouissant de férocité. Cette exposition ne nous met à l'abri de rien, la beauté, l'audace, l'originalité, sont aussi des signaux tragiques... À méditer, il faut prendre son temps pour admirer, comprendre, et s'émouvoir.


La tragédie en vert...



Krishnaraj Chonat (artiste indien) : c'est avec lui que démarre l'exposition, et avec lui qu'elle se termine... Voyez le carton, encore une oeuvre cri !!

Bien d'autres artistes (50) sont présents à l'exposition, avec des oeuvres fortes, mais j'ai choisi de vous montrer ceux qui m'ont beaucoup touchée... Peut-être vous aura-t-elle donné envie d'y courir pour les parisiens, d'y penser pour les provinciaux, et de réserver votre avion pour ceux qui habitent beaucoup plus loin...

Quant à moi, je vais y retourner, puisque j'ai le Pass...

Inutile de vous dire que je n'ai pas vu le temps passer, les photos étaient permises, ce qui reste rare, je suis rentrée chez moi, totalement sur les genoux... Mais avec quel bonheur !


En sortant, l'église Saint-Eustache, les tours de la Défense...

5 commentaires:

Enitram a dit…

Quelle exposition riche et époustouflante tu nous montres là! Et tu ne seras pas étonnée si je te dis que je préfère la petite fille de bronze qui ressemble singulièrement à celle que j'ai photographiée dans le jardin de Castillon... Les verres de Murano sont magnifiques! Assurément tu nous donnes envie d'y aller voir de plus près!!!
J'ai rencontré l'Inde aussi au festival des "Etonnants voyageurs", j'en parlerai bientôt...
Bonne fin de journée!

Danielle a dit…

Oui Enitram, époustouflante, j'en ai encore plein la tête...

J'attends ton post sur le festival :-)))

Bonne soirée à toi.

Michelaise a dit…

Un seul mot : passionnant. Certains oeuvres sont très sensibles, d'autres ont besoin d'être expliquées mais tu fais ça très bien et on en profite vraiment. C'est vrai Enitram que cette petite fille de bronze est très attachante...

Danielle a dit…

C'est vrai Michelaise, cette petite fille de bronze est tout à fait irrésistible, de l'émotion pure, en prenant en compte toute l'histoire de l'Inde...

Merci d'être passée...

Cette exposition ne me quitte pas...

Bisous du matin.

Vence a dit…

Vous pouvez trouver un article sur l'exposition Paris Delhi Bombay au centre Pompidou sur http://blog.paris3e.fr/post/2011/06/10/Paris-Delhi-Bombay-Centre-pompidou-beaubourg