samedi 4 juin 2011

Les mauvaises idées ont la tête dure… Dans l’ascenseur et ailleurs sans doute




Evelyne… Comment allez-vous, vous êtes toute belle avec votre jolie coiffure, j’ai mis des bigoudis moi-même, j’y arrive très bien, très bien oui, on dirait que c’est le coiffeur qui vous a coiffée, vraiment réussi, bravo, je vais à un mariage, ah bon ! C’est super ça, c’est quand ? Samedi prochain, vous êtes prête, la robe, les chaussures tout ça ? Oui, j’ai déjà tout acheté…

Bravo ! Vous êtes contente ? Oui… C’était un tout petit oui, de ceux que l’on doit ramasser à la petite cuillère, un peu liquide, un peu solide…Vous ne m’avez pas l’air très très emballée ? C’est mon petit-fils qui se marie, mais il y aura des clans… Des clans ? Comment ça, des clans ? Ben oui, vous savez maintenant, avec les remariages, il y aura le clan de mon petit-fils du côté de son père, le clan de sa mère, ils sont divorcés, et puis la jeune mariée aussi a deux clans de remariage, on sera 150… 150 ! Ben dites donc, ils font les choses en grand, il faudra être très belle.


Mais Evelyne, ça sera un beau mariage alors, oui, vous n’avez pas l’air convaincue, que se passe-t-il ?

Ben, mon petit-fils, il épouse une juive, et je suis très inquiète, le mariage ne sera pas heureux… Comment ça, le mariage ne sera pas heureux, pourquoi vous dites ça ?

Je me disais : le torrent de mauvais mots va bientôt s’écouler sur nos têtes, attention, pas le temps d’ouvrir le parapluie, ça va gicler…

Mais pourquoi dites-vous ça, Evelyne ? Une juive ne fait pas une mauvaise épouse, d’où tenez-vous cette idée ? Votre petits-fils aime cette femme s’il l’épouse, alors soyez contente avec lui .Oui, bon, moi j’ai trop rien contre remarquez, mais les copains de travail de mon petit-fils ont bien dit qu’avec une juive, ça ne marche pas, ils en connaissent plein des cas, ils se disent ça entre collègues, ça ne marche pas avec une juive. Vous comprenez, je suis comme ça, je n’ai rien contre remarquez, mais ça ne me plait pas, ça ne va pas aller. J’peux pas me refaire, je n’ai pas envie d’aller à ce mariage, je suis contrariée…

Comment faire remonter le torrent dans l’autre sens ? Repousser cette violence, cette bêtise qui ruisselait de partout…

Ecoutez Evelyne, chassez ces idées-là de votre tête, c’est bizarre ce que vous dites,  il ne sera pas plus malheureux que les autres votre petit-fils, il y a beaucoup de couple « sans juive » et ils divorcent quand même, ça n’a rien à voir. Il ne sera pas plus mal marié avec une juive qu’avec une non juive, je vous assure, réjouissez-vous, ça va faire de la peine à votre petit-fils, s’il vous voit triste et grognon. Voyons, ça sera une belle journée de fête et d’amour. Ils font un mariage religieux ? Non, mon petit-fils n’est pas baptisé, vous voyez, tout s’arrange, et la jeune fille ? Elle non plus n’est pas croyante, et bien alors, ils sont pareils, pas de problème de cérémonie, juste la mairie, un souci de moins, Evelyne.Oui (petit)

Evelyne, je vous assure, vous ne devriez pas penser comme ça…

Mais c’était la mer rouge entre nous, jamais rien ne pourra la faire changer d’idée, de mauvaise idée…



Moi, j’avais baissé les bras, je l’ai regardée, j’étais surprise, triste, lui expliquer quoi ? Refaire l’histoire ? Comment lui faire entendre raison, pas possible, nous étions tellement loin de toutes discussions possibles toutes les deux, par quel bout prendre les choses ? Je voyais bien que rien n’avancerait dans le bon sens, Evelyne n’était pas contente du tout parce que son petit-fils épousait une juive, d’avance la partie était perdue pour lui… Elle me resservait des idées que je ne pouvais pas emmagasiner, pas assez de place dans mon cerveau pour ranger ces pensées-là, ça non !

Allez Evelyne, passez une bonne journée, il fait beau, préparez-vous bien pour cette belle cérémonie… Elle a tournée la clé dans sa boîte au lettres, elle était sérieuse, chagrinée…

Quelle mauvaise surprise, même avec ce beau temps, les mauvaises idées de ma voisine ont vraiment la tête dure, solides comme du roc, il faudra combien de temps alors pour que ça change vraiment ?


8 commentaires:

Emma a dit…

Magnifique Danielle , j'adore votre manière de penser (et j'adore semble-t-il votre Blog que j'ai parcouru à toute vitesse , faute de temps ... Vous comprenez , je suis d'anniversaire aujourd'hui !! "lol"

la fourmi....... a dit…

coucou,
comme je te comprends..
et je pense comme toi..
oui,
certaines idées ont la peau dure...
et c'est bien dommage....
joli et doux dimanche a toi...
profite, bien de ta journée..
bizzzzzzzzz claire

Michelaise a dit…

On ne peut pas lutter contre la bêtise et l'ignorance, car c'est bien d'ignorance qu'il s'agit Danielle. Celle qui construi les haines, les peurs inventées, les a priori dévastateurs, tu auras du mal à sourire encore à ta voisine. Elle aurait simplement pu se réjouir d'assister au mariage de son petit fils et elle ne pensait qu'à travers elle. Ton récit est parfait mais dramatique, quoique tellement banal ?! malheureusement.

Dominique Seidler a dit…

Je ne saurais mieux dire que Michelaise. Ces affreux préjugés liés à la méconnaissance des autres sont indécrottables ! On disait autrefois en limousin (et peut être ailleurs) : si tu te maris, prends ta femme dans ton pays, dans ton village et dans ta maison si tu peux ! Ouverture d'esprit totale!

Danielle a dit…

Emma merci de ton passage,prends ton temps pour mon blog si tu en as envie :-)))

J'espère que l'anniversaire était réussi et chaleureux...

Bises du soir

Danielle a dit…

Claire, oui tu as raison, certaines idées ont la peau dure... J'en reparlerais à l'occasion avec cette voisine, au calme, avec le sourire...

Bises du soir à toi...

A tout bientôt.

Danielle a dit…

c'est vrai Michelaise la lutte est inégale, surtout avec la bêtise et l'ignorance...

C'est vrai, mon récit est un peu dramatique, car j'ai tellement été surprise par cette voisine, je vous ai rapporté ce récit comme il m'avait percé le coeur...

Bises à toi pour ce soir.

Danielle a dit…

Dominique, c'est vrai ce que tu dis, avec ce cercle concentrique marital...

Y'a encore beaucoup de boulot à faire, mais quelque fois, j'ai plus la force.

Grosses bises de ce soir.