mardi 22 février 2011

J'attends depuis 25 minutes !!

Hop ! Il n’y a personne, parfait, je me mets là, ça ira vite, dans 10 minutes je suis dehors… La philosophie vous tient vite compagnie quand vous attendez à la caisse d’un supermarché, non ?

Moi, c’est souvent après, quand je suis sortie du magasin, que je fais de la philosophie, car pendant que j’attends je rouspète, je rage, je deviens mauvaise, pas vous ? Allez, dites la vérité...

La caissière donne des signes de ralentissement : une personne pas pressée ne trouve pas sa monnaie, une autre a des bons de réductions qu’elle veut faire déduire tout de suite, celle-là a brandi une liasse de tickets restaurant, la caissière doit faire très attention, et cette autre qui doit signer son chèque, sortir ses papiers d’identité qui sont tout au fond du sac, alors que c’est tellement facile de payer avec la carte bleue (même si, c’est vrai, je dois reconnaître que j’ai vu aussi des gens oublier leur numéro de code, qui recommencent deux fois…) Tiens, le code barre ne veut pas passer, vous vous souvenez ? La caissière doit taper le numéro à la main, et de temps en temps ça ne passe pas, ça fait bip bip, le code barre ne veut rien savoir… On se transforme immédiatement en Dr Jekyll & Mr Hyde, enfin je parle pour moi. Je suis même étonnée de la vitesse à laquelle je vois pousser mes griffes, mes dents... Mes muscles même se mettent à gonfler comme des plumes de canard, je ne vous dis pas ce qui me passe par la tête, bon, d’accord, juste quelques mots...

Ce jour là, mes 25 minutes d'attente, je ne les voyais pas finir... La caissière, toute jeune et très inexpérimentée, faisait tout ce qu’elle pouvait pour aller vite, mais le client payait avec des tickets que je ne connaissais pas, un tas, une liasse, et sur chacun la caissière devait apposer sa signature, les déplier car ils étaient tout froissés, enfin bref, il y en avait pour un moment… Justement ce soir-là, j’étais vraiment pressée (il faut bien justifier mon ire). Un bref coup d’œil sur les caisses d’à côté, pas de file d’attente, tout était normal, je pouvais bien ramasser mes petites affaires et filer à la caisse n° 22, mais j'avais en tête une petite maxime pour automobiles sur autoroute : il est déconseillé de changer de file, ça n’avance pas plus vite, bien au contraire, votre tour viendra… J’applique donc scrupuleusement au supermarché le précepte de l'autoroute… Pas la peine de changer d’allée, t’as qu’à être patiente…

Le temps passait, et puis voilà que de l'intérieur j'ai senti mon sang bouillir, je vous préviens, méchante je suis devenue : mais elle ne va pas se presser celle-là, avec ses gestes lents, je trouve même qu’elle parle lentement, elle le fait exprès. Je la cherche du regard pour lui faire comprendre que j'en ai assez, que j'attends depuis trop longtemps, je deviens terriblement stupide, et hop, il faut tout recompter, son stylo bille ne marche pas, elle me met les nerfs en pelote... Bien sûr, je sais, je comprends, il faut qu’elle apprenne, la débutante, elle a peur de se tromper, oui, mais pas dans ma file ! Moi je suis pressée... Quelle idée de mettre des stagiaires à cette heure ! Mais il va finir celui-là avec ses conciliabules et ses tickets déchirés ? Je voyais bien que je n'étais pas du tout indulgente... Mais pas du tout...

Je me retourne et je vois que personne ne s’était mis derrière moi, tout le monde avait flairé le frein moteur de la jeune demoiselle… Sauf moi, qui appliquais à la lettre le coup de l’autoroute.

J’ai mes plumes de canard toutes hérissées, je deviens mauvaise, mais elle n’en finit pas cette jeune caissière de compter les tickets, ça faisait un petit quart d'heure que j’en voulais à la terre entière… Mais principalement à la caissière qui avait tous les torts, tous.

Voilà, c'est à moi, enfin ! Je vois se glisser à côté de sa collègue une autre demoiselle qui vient la relever, c'est l'heure de sa pause, on change de caisse... Je fulmine, je tape du pied tout à l'intérieur... Rien n'y fait, la caisse passe d'une main dans l'autre, elle range ses petits papiers, garde le sourire, et dit à sa copine, repose-toi bien, profite de la pause... Elle exagère... Elle me nargue.

Alors là, je dis à voix haute : ça fait 25 minutes que j'attends... Et la jeune femme tout sourire, toute bonne humeur, me dit : mais Madame, c'est quoi un peu de retard par rapport aux heures qui vous restent à vivre dans votre vie ? La claque ! Ne vous occupez pas de ce qui me reste à vivre, je suis pressée aujourd'hui...

Mon sac sous le bras, je redeviens normale, je recommence à réfléchir, je perds mes plumes de canard, je reprends ma peau d'agneau, ni vue ni connue je t'embrouille...

La philosophie avait regagné mon cerveau, bien sûr qu'elle avait raison cette charmante jeunesse, bien sûr que le temps que m'avait volé le supermarché ne se verrait pas beaucoup dans mon grand décompte biologique.

Je savais que j'avais tort, j'étais une mauvaise, elle avait bien fait de me remettre à ma place, dans l'air du temps, du vrai, celui qui compte...

Je n'étais pas très fière de moi, surtout que je n'étais pas spécialement pressée, comme je croyais l'être à la caisse... J'ai encore beaucoup à apprendre, je vais faire du yoga, je vais reprendre Michel de Montaigne... Je vais faire amende honorable, tiens, je dédie ce post à toutes les caissières, sans arrière pensée...

N'ébruitez pas ce que je viens de vous dire, je ne recommencerai plus, juré, promis... J'espère !

8 commentaires:

Michelaise a dit…

Quel joli billet d'humeur et d'humour... C'est plein de bon sens et la crise est montée tout à fait normalement... rien à te reprocher Danielle, et ta philosophie finale est une belle conclusion...
j'avoue rester en principe calme aux caisses, sauf l'été, mais alors j'essaie d'éviter les mauvais moments pour ne pas avoir à m'énerver. Le reste de l'année, ce sont des papis et des mamies, souvent seuls qui encombrent, légèrement d'ailleurs, les caisses. Et je me dis qu'ils ont besoin de parler, besoin d'être un peu écoutés, souvent je me mêle à la petite conversation qu'ils entament avec la caissière et qui dure ! Mais j'avoue que cette attitude n'a pas toujours été possible car, plus jeune, j'étais aussi plus speedée. J'essaie de faire pareil sur la route, même si je suis un peu en retard. C'est un art qui se cultive, il faut en avoir les moyens en temps et n'avoir plus d'enfants et quelques années de plus m'aident à cette patience. Et surtout le fait de vivre en province.

Danielle a dit…

Michelaise, tu as bien compris ma crise, merci :-)))

Tu as raison, cultivons l'art d'attendre et la patience... La vie passe comme un éclair... Ralentissons la mauvaise humeur...

Merci Michelaise de ta visite, vraiment.

Bonne soirée à toi.

Aloïs a dit…

Oh Danielle je crois que tout le monde un jour où l'autre s'est comporté ainsi.
N'aimant pas beaucoup les supermarchés je serais du style à rapidement me comporter comme toi ce jour là.
Lorsque je sens que la pression monte j'essaie de me dire tu savais que tu disposais de peu de temps,alors tu n'as qu'à t'en prendre qu'à toi même.
Comme Michelaise j'essaie parfois de faire passer la pilule en bavardant avec d'autres mais je ne sais pas si tu as remarqué mais au nord de la Loire quand tu fais cela on te regarde comme si tu descendais de sur Mars!!
Bonne fin de journée

Danielle a dit…

Merci françoise pour la solidarité :-)))

C'est vrai qu'en province tout devient encore plus compliqué... Par rapport à Mars.

Grosses bises du soir.

Amélie a dit…

votre récit me fait penser au livre "les tribulations d'une caissière" d'Anna Sam... sorti en livre puis en film. est-ce elle que vous auriez rencontré ? les emplois où on est sans cesse en contact avec le public sont vraiment difficiles à supporter (je ne dis pas cela pour vous Danielle, 25mn à attendre c'est beaucoup, meme beaucoup trop, et elle n'aurait pas aimé attendre 25mn non plus cette gentille caissière...) ; les contacts humains incessants, surtout quand on doit se "taire" et rester "aimable" sont usants moralement et physiquement. On en vient à ne plus aimer aucun etre humain, ce sont les memes phrases, les memes gestes répétitifs où on ne trouve plus aucun intéret, le 50ème "je ne vous ai pas amené le soleil aujourd'hui" est insupportable. Pour se sauver, on en vient à ne plus supporter les contacts humains, et à fuir, par n'importe quel moyen. La phrase de cette caissière (hotesse de caisse devrais je dire) est poétique et fait relativiser le client, mais... 25mn quand meme... Je ne la comprends que trop bien (ô combien !!) mais il y a des limites aussi à ne pas dépasser. je crois.

Danielle a dit…

Il est vrai que je n'étais pas fière de moi... Rouspéter même intérieurement contre une caissière c'est indigne :-)))

Mais pour le post de mon blog, je m'étais dit, allez, je vais raconter comme je pense sur le moment, mais je sais bien que j'exagère...:-))))

Amélie a dit…

l'honnêteté est la meilleure des communications. et vous n'avez pas à vous en vouloir, ça nous arrive à tous, dès que nous sommes à la place du "client". vous n'avez pas été si méchante que cela, 25mn c'est vraiment abusif !

Amélie a dit…

je relis mon message de cet après midi, juste pour préciser : quand je disais "il ne faut pas abuser quand meme", je parlais de l'attente que la caissière vous a fait supporter. Et pas de votre impatience que je trouve justifiée.