mardi 16 novembre 2010

Venise août 2010... Dans le vaporetto.



Il était environ 19 heures, quelques beaux rayons de soleil traînaient sur la Riva degli Schiavoni, à deux pas de San Marco, face à la mer, repeignant tout en rose.

Un gros bateau avec 3000 passagers, les visiteurs d'une journée, débouchait du canal de la Giudecca, en ronflant comme 1000 éléphants. J'entendais, provenant du cargo, en je ne sais quelle langue, un commentaire, sûrement historique, se propager sur toute la rive... Après le commentaire, une musique arrosa tout le bateau, personne ne pouvait y échapper, même pas moi.

A côté de ce mastodonde, le vaporetto ressemblait à une crevette.


Je venais de réviser de fond en comble le quartier de San Pietro : le cloître, juste à côté de l'église, habité par des gens, était nickel, le puits était fleuri, la glycine, qui étendait ses bras sur deux arcades, attendait tranquillement l'année prochaine pour refleurir.


L'église toute blanche, avec sa belle façade inspirée de Palladio, m'aveuglait sous le soleil, l'intérieur était clair, mais pas assez, pour éclairer les tableaux, si fait que je ne me rappelais de rien, sauf du beau fauteuil en marbre du XIIIe, la chaire (présumée) de Saint Pierre, décorée de vrilles, de motifs floraux et de belles lettres arabes.


J'avais quelques voeux à faire et je mis trois petits cierges... Pour l'espérance.




Le campanile, éclatant lui aussi, revêtu de pierre d'Istrie, avec son air penché, faisait sa tour de Pise. Son ombre fraîche paraîssait le lieu idéal pour tenir des conversations, des dames et des messieurs du quartier causaient, confortablement assis sur des fauteuils pliants...


Les bancs rouges des alentours étaient tous occupés, il fallait bien vite repérer un espace libre pour se reposer et sortir sa bouteille d'eau.

Les deux passerelles de part et d'autre de l'église, reliant la petite île, étaient entièrement restaurées, le passage était royal.



Beaucoup de maisons sont à vendre sur l'autre rive du canal San Pietro, des opérations immobilières qui ne laissent rien présager de bon... Au bout de la via Garibaldi, le kiosque à journaux est lui aussi à saisir...


En deux ou trois ruelles, j'étais redescendue près du bassin de Saint Marc, j'arrivais juste à la fin de la messe du soir, à l'église San Zaccaria, le magnifique tableau de Bellini était éclairé par les projecteurs. Le soleil, qui pénétrait encore par les fenêtres et la porte d'entrée grande ouverte, illuminait l'ensemble des oeuvres qui tapissent tout l'intérieur de cette superbe église... Une merveille.

Je voulais trouver du pain pour mon repas du soir... Mais j'ai bien vite abandonné l'idée, au profit du lèche vitrines, et des photos...
Je pris donc le vaporetto (bondé) pour rentrer chez moi, j'avais trouvé un siège à l'intérieur, et je vis venir un fauteuil roulant d'une taille inhabituelle, très large, la jeune adolescente qui l'occupait était énorme, blonde aux yeux bleus, habillée tout en blanc, blanc aussi le petit fichu sur la tête. Sa mère qui l'accompagnait, ruisselante de sueur (il faisait très chaud), était énorme, comme sa fille, le père était mince comme un fil.

Je remarquais tout de suite le charmant décor du fauteuil, tout fleuri, les poignées avaient de jolis bracelets en tissu à fleurs de toutes les couleurs, le sac accroché à l'arrière était pareillement paré, et le flot de rubans suspendus à la fermeture éclair du sac faisait comme un arc en ciel... La maman s'épongeait le visage, le cou, vérifiait que la jeune fille était bien installée... Quand elle s'adressait à elle, elle se penchait, lui souriait, et lui parlait, elle lui donna à plusieurs reprises, quelques détails sur les palais qui défilaient...Tout en continuant de s'éponger les grosses gouttes qui dégoulinaient dans son cou, le sourire ne la quittait pas.

Il y avait tant de douceur, tant de respect entre ces deux-là, que je ne les quittais pas des yeux, jusqu'à ma station... Le fauteuil en fleurs descendit juste avant moi, avec son ange blanc.


6 commentaires:

Aloïs a dit…

Que dire?
Si ce n'est espérer que l'ange était sur son nuage,qu'il y restera longtemps.
Je ne regrette qu'une chose que tu n'aies engagé la conversation avec cet ange,car il lui manquera quelque chose,d'avoir un jour conversé avec quelqu'un qui raconte de belles histoires

Chic a dit…

J'adore ta première photo Danielle...bien vu, très bonne idée !

Danielle a dit…

Françoise, l'ange parlait Allemand, alors-là, c'est pire que l'Italien pour moi...

Le monde c'était arrêté pour cette jeune fille et ses parents, ils étaient tous comme des ailes de papillons...Au milieu du bruit, du nombre de la chaleur, ils étaient sur un nuage roulant...

Merci Françoise pour ta visite...Merci pour tes mots.

Danielle a dit…

Oh ! Zut ! Chic, c'est la seule photo que j'ai piquée sur Internet, mais bravo pour le photographe que nous aimons tous les deux...:-)))

J'avais pris la photo du gros paquebot énorme et je ne la retrouve plus...

Chouette d'être passé.

VenetiaMicio a dit…

Lors du passage de ce monstre, tu te trouvais sur un vaporetto quand même !
Moi j'ai eu l'impression d'être dans une petite coquille de noix (tu sais comme celles avec lesquelles on s'amusait autrefois dans le caniveau)lorsque j'ai fait ma balade à bord du Sior Bépi, un braggozo...
Je suis un peu comme mon amie Françoise, que dire ? Ce que j'aime dans ton histoire, c'est ce que tu as ressenti et si bien décrit, malgré la chaleur, il y avait de la couleur, des fleurs et des papillons !
bisous et WE

Danielle a dit…

Biens sûr Danielle dans le vaporetto !! la petite coquille de noix...

Merci Danielle pour ton plaisir à lire, les fleurs, les couleurs et la chaleur.

A tout bientôt et bonne soirée à toi.