dimanche 3 octobre 2010

Conversations dans le Berry... 3e partie.

J'y retourne, je vais voir si je peux ramasser les noix grosses comme le poing... Près d'un ancien moulin, piégé, fermé, enfermé, circulez, il n'y a rien à voir... Propriété privée.

Un chemin vert pourtant m'y invitait...

Aux alentours, rien que des champs, labourés, prêts à l'emploi pour les saisons suivantes...

Dernier soleil d'or, ciel bleu, petits nuages blancs, les noix ne tombent pas, les noisettes sont toutes véreuses, les mûres sont en pots, les prunes dans l'herbe, toutes molles, restent les figues qui bourdonnent sous les abeilles, attention aux doigts qui les décrochent.

Il fait doux comme un châle en cachemire...

De très loin, je fais le tour du moulin, le noyer a dû être gaulé, rien par terre, rien dans les branches basses, je reprends ma route.

Un petit hameau silencieux à ma droite, les poules, les canards, les chats à mes pieds... Un hameau vieux comme mes arrières-arrières-grands-parents, me raconte Marie que j'ai trouvée là, accueillante, souriante, belle, dans ses tâches de fermière... Posez donc votre vélo, ici...

Nous n'avons pas eu de grands efforts à faire pour entrer dans la conversation, un sourire, deux- trois mots et nous avons tissé l'échange...



J'ai perdu mon père très jeune, j'avais huit ans, j'ai gardé de lui cette allure un peu masculine... Elle était mince comme un fil... Après la mort de mon père, ma grand-mère demandait à ma mère (sa belle-fille) : Tu vas partir alors ? Ma mère a dit non, je vais rester avec vous. Jamais elle ne se remaria... Moi j'avais été reçue deuxième du canton à mon certificat d'études, elle parlait en effet comme une princesse, qui aurait eu un précepteur...

Je me suis mariée à 17 ans et je n'ai jamais quitté cette cour. J'adore cet endroit, les animaux, le travail qui va avec, j'en ai porté des charges, j'ai mal au dos maintenant..

Nous sommes restées une bonne heure à parler de nos vies, debout devant les canards... Elle n'était pas certaine de recommencer sa vie exactement pareille... Si c'était à refaire...

Elle n'avait pas du tout envie de parler des bâtiments, de leur histoire, qui m'intéressaient bougrement, elle voulait parler des gens. Un jour... Les Anglais qui avaient acheté cette petite partie de la ferme sont venus un Noël, il faisait froid, ils n'avaient pas de chauffage, je leur ai dit : ben, venez donc passer Noël avec nous, nous avons un dictionnaire...On va bien finir par s'entendre.

J'avais les larmes aux yeux, je trouvais cette histoire très belle, très généreuse.

Les quatre canards étaient à sa petite-fille, ils portaient tous un nom, pas possible de penser à la casserole.

Dans la vigne, un peu plus loin, je me suis reposée sous un grand noyer, j'ai levé les yeux au ciel et je n'ai vu que des feuilles « si vous restez là vous allez vous enrhumer, c'est mauvais le noyer »... Ah ! Bon, je connaissais bien cette histoire, mais je n'ai jamais su pourquoi le noyer enrhumait... Je me suis relevée aussi vite que j'ai pu, j'avais pas envie d'attraper une maladie.

J'ai du arracher deux rangées de vigne, j'en avais bien assez, goûtez celui-là, il manque encore de sucre...

Après moi, je ne sais pas si mon fils s'occupera de la vigne, il ne boit pas beaucoup de vin, ça manque d'eau, il faudrait bien un peu de pluie, moi si j'en fais 400 litres ça me suffit pour mon année...Faut pas en boire beaucoup, mais trois ou quatre verres par jour, ça va.



Pour la vendange mes enfants vont m'aider.

En continuant notre bavardage, nous avions redescendu une belle rangée de raisins noirs et blancs.

Dans le petit chemin qui mène à l'étang, comme elle descendait de vélo juste devant moi, j'ai engagé la conversation... : je fais un petit tour en vélo, j'ai laissé tomber le repassage et je suis partie, vous avez fort bien fait, moi je vais à l'étang... Je viens avec vous, et nous voilà en file indienne le long des haies, et du petit jardin en plein champ, elle allait doucement, je l'ai attendue aux vaches, j'aime bien les vaches, elle me donna aussitôt le nom du propriétaire. Quand nous sommes arrivées à l'étang, elle mit pied à terre doucement, j'ai fait pareil, il ne faut pas faire de bruit pour ne pas faire fuir les canards, les colverts... Elle connaissait tout le monde bien sûr, à cent mètres à la ronde, et même beaucoup plus loin... Je finissais par repérer les noms et quelques liens de parentés... J'étais quasi du Berry...

Je suis restée devant l'étang, je n'avais aucun repassage qui m'attendait, aucune soupe à préparer, j'avais juste envie de regarder les cygnes voler, les canards tracer des raies dans l'eau, difficile de voir les hérons, trop loin...

Sur le chemin du retour, je me suis arrêtée au petit jardin en plein champ, un homme y travaillait, profitant du beau temps, il est très beau votre grand jardin, quel travail cela représente, vous êtes content de vos récoltes ? Ça manque d'eau, paraît qu'il va pleuvoir jeudi. Nous avons parlé de la vigne d'en bas, justement à son beau-fils, des mirabelles qu'il m'avait permis de ramasser et des belles compotes que j'avais faites, des confitures de mûres aussi. Il
s'était appuyé sur sa binette pour bavarder plus à l'aise, nous avons parlé de la pluie et du beau temps... Du beau temps surtout que j'espérais, car j'étais encore en vacances ? Jeudi je crois qu'il va pleuvoir, il faisait froid ce matin dans la maison, 11°, mais nous n'avons pas chauffé, on a attendu... Mais il faisait pas chaud.

Moi, j'avais mis un brin de chauffage pour ne pas glaçonner...

Mais ce soir, il faisait encore doux comme un châle en cachemire.


6 commentaires:

Maité a dit…

Encore une belle histoire qui fait rêver ; quant à la comparaison de la douceur comme un châle en cachemire....Bonne soirée !

Dominique Seidler a dit…

Dieu sait comme c'est doux un châle en cachemire ! Ah ! ce qu'on est bien avec toi dans tes promenades " à l'ancienne" qui prennent leur temps ... sans autoroute, péages, GPS et cie !

Danielle a dit…

Maite, tant mieux si tu peux rêver... en douceur, j'en suis ravie.

A très bientôt.

Bises du soir.

Danielle a dit…

Oui Artemisia, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai un peu de mal àme réadapter à la grande ville.

Juste un vélo, un ciel bleu, et un sac en plastique pour glaner...

Bisess du soir à toi.

Merci d'être passée...

beatrice De a dit…

Pour parler de cashmere.
Il se vend beaucoup sur les étals des, souvent, marchands indiens, Des châles et des écharpes qu'ils disent être en pashmina. Que nenni, ce sont des colifichets en laine, en cashmere de bas étage, le cashmere haut de gamme est aussi très cher. Le message que je veux faire passer est que le vrai pashmina ne se vend pas sur les marchés

*Le PASHMINA "fleur de duvet de l'Himalaya" est la laine la plus légère et la plus chaude au Monde. Elle provient du Tibet , des petites chèvres Pashminas*.
(Texte tiré d'internet ).

les petites chèvres pashminas ne sont pas légion. leur laine vaut une fortune. Tondues à la main i tuti cuanti.

Danielle a dit…

Oui Béatrice, le cachemire est une très belle matière, et sa douceur, la vraie, c'est celle dont je parlais pour le temps...

A très bientôt Béatrice, passe une bonne journée.