mardi 21 septembre 2010

bataille rangée...

Le temps presse, il faut s'organiser, avant la fin de la journée il faut avoir terminé.

Elles sont toutes en train de tomber, le moindre souffle en fait chuter des dizaines, il faut les ramasser.

Mais quoi ? Où ? Comment ? Ça ne peut vraiment pas attendre demain ?
Non, c'est maintenant ou jamais, demain il va pleuvoir, impossible d'y aller, et même s'il fait beau, ça sera pire.

Pire ? Oui, pire.

Comment livrer bataille à des ennemis redoutables en gardant toutes les chances de l'emporter ? Allez, courage, le sac plastique, le feu dans les mollets, la côte sera vite montée.
Oui, mais j'ai des choses à faire, je dois rendre des visites, prendre des rendez-vous, aller à la ferme assister à la traite, demander des nouvelles, saluer, dire bonjour, un an déjà passé sans nous voir.



Voilà, à la campagne, il faut bien déterminer les urgences, sinon, c'est la catastrophe.

Ne pas attendre demain ? De toute façon, demain est déjà bouclé, le matin : trois tours de pédales pour le pain, la courgette, et le beurre, l'après midi : le thé à 16h, le rendez-vous est pris c'est fait, j'avais aperçu la dame à sa fenêtre, bien sûr, Danielle, ça me fait plaisir de vous revoir, venez demain, le jardin est très beau (mais ce n'était pas le jardin que je venais voir) aujourd'hui, nous avons de la visite... Elle referma sa fenêtre avec un large sourire.

Je ne sais pas pour vous, mais quelques fois après avoir perdu de vue une personne pendant un petit moment, je ne la reconnais vraiment bien que quand elle sourit, tout s'éclaire, son visage me redevient familier, toutes les émotions se rassemblent dans le sourire. Je retrouve instantanément notre dernière conversation.
J'ai remarqué cela, à plusieurs reprises, le sourire sur un visage fait vibrer le regard, vous êtes là ? Comme je suis contente, je vous reconnais, mais bien sûr, c'est vous...

Ah ! Oui, je vous disais quoi déjà avant le sourire ?

La bataille, le temps qui presse...

J'ai donc repris mon vélo avec le panier derrière, le sac en plastique plié en quatre et je suis montée à la vigne.


Une petite vigne pleine de soleil, faite pour produire un an de vin, juste pour le propriétaire et sa famille. Les grappes de raisin rouges et blanches, serrées, dures, sont aigres sous la dent... Les vendanges sont presque faites, trois seaux de bois et un grand tonneau étaient pleins à ras bord... Monsieur et madame mettent la dernière main à la pâte, pour tasser les grappes, ils feront toute la vigne en plusieurs fois, ici pas de pesticides, rien que de la bouillie bordelaise, que du bon, moi je vous le dis.


Entre les pieds de vigne poussent des pêches de vigne, des pruniers : mirabelles et Sainte Catherine, les branches sont encore remplies de ces fruits roses et dorés, et par dizaines ils glissent à terre, comme des billes. A la fin de l'été tout tombe à la renverse...



C'est là que la bataille s'engage, entre les abeilles, les papillons, les mouches, tous les autres insectes, et moi...


Bien sûr c'est moi qui gagne, qui aurai le dernier mot, mais tout de même, non sans difficultés : ne pas se faire piquer, ne pas marcher sur les prunes et tout écraser, ne pas être distraite par la beauté des papillons, ceux qu'on épingle dans les boîtes. Pour ne pas manger trop de mirabelles, et les mettre toutes dans le même sac, il faut une discipline de fer, de plus le choix doit être judicieux, les mirabelles doivent être bien fermes, roses, impeccables... Il faut avoir l'œil.


Vous voyez, je ne raconte pas d'histoires, la bataille rangée n'est pas une mince affaire, même si j'en sors victorieuse, forcément : « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire », l'adage ne me concerne pas, les abeilles défendaient avec rage leur terrain, et moi le mien.


Un jour que j'étais à ramasser les fruits, j'ai vu deux hommes descendre de leur voiture, avec des cagettes en plastique de toutes les couleurs, en piles, bien tapissées de papier journal, j'avais donc de la concurrence, et sérieuse.




Ils ont fait comme moi, baissé la tête et courbé le dos, ils ont secoué les pruniers, et là je me suis dit, le glanage est terminé, ils vont tout ramasser. Nous avons bavardé un peu sur les compotes, les conserves et les confitures, tout ça avec sourire, mais j'avais envie de leur crever les yeux.


Adieu, belles compotes, tartes de l'automne, plus de guerre aux abeilles, je bas en retraite... Je vais aller voir ailleurs.


J'en ai ramassé un grand sac, largement assez pour faire une bonne tarte et une compote.


Pour la recette du gâteau c'est tout simple aussi, une belle pâte brisée maison, versez les prunes et hop ! Au four, 30 minutes...


Pour la compote de mirabelles, pas un brin de sucre, un tout petit feu, 20mn vite fait bien fait sur le gaz.


Pour le vin de la vigne, je préfère le thé vert ! Allez, à votre bonne santé.

samedi 18 septembre 2010

Le vol des hérons.


J'avais lu à la médiathèque du petit bled où j'habite en septembre, sous le figuier, à côté des vaches, des oiseaux et des écureuils, qu'il existait aux alentours un lieu où l'on pouvait encore voir un groupe d'habitations qui datait du Moyen-Âge. Ni une ni deux, j'ai pris mon vélo pour aller voir.

En passant au village, j'ai pris un petit café au bistrot, là un monsieur, au comptoir, faisait ses comptes : j'ai 68 ans, si je vis jusqu'à 80 ans, j'ai encore 12 ans... Pas un instant à perdre. Il disait tout ça avec un grand sourire, jovial et détendu.

Bon, j'ai pris mon café avec le petit carré de chocolat déposé dans la soucoupe, grande classe ! J'ai pris le temps de lire le journal du coin, les nouvelles fraîches de la région.



J'ai pédalé un bon moment, en regardant du coin de l'œil, derrière les vitres de mes lunettes, le paysage, les maisons. J'ai revu la grande loge de vigne, bien visible, debout au milieu du champ moissonné, l'année dernière je n'en voyais qu'un petit bout, elle était coincée dans le maïs.

Je suis passée devant le pommier qui m'avait fait de délicieuses compotes l'an passé, aujourd'hui, rien, pas une au gibet, l'arbre était vide, nu, désolé, ses feuilles étaient toutes racornies, je passais mon chemin.

J'entendais le froufrou de mes roues sur le bitume, pas une voiture, la route était une grande piste cyclable. Il était déjà tard, le soleil commençait à former de grandes ombres partout.
L'odeur de tout le paysage s'engouffrait dans mes poumons, même celle de la bouse de vaches était suave.



J'avais mis un gros foulard, deux fois enroulé autour du cou, je roulais tranquillement, toujours prête à mettre pied à terre. J'avais rendez-vous avec l'histoire.

Voilà, j'y suis, je remarque le grand tilleul qui marquait le début du lieu-dit. Un tilleul immense qui faisait mal au cou à force de chercher sa cime. J'emprunte le petit chemin vert qui mène à la propriété, je n'avais même pas vu que c'était un chemin privé, interdit d'entrer...

Magnifique, grandiose, incroyable... : assises dans l'herbe, quelques grandes bâtisses du 15e siècle bien restaurées me transportaient plus de 600 ans en arrière, deux petites lucarnes sculptées comme des rosaces d'église dominaient le plus grand pignon. Au coin, l'échauguette de pierre, en parfait état, a fait glisser sur toute la hauteur du bâtiment, jusqu'au talus, les excréments de nos illustres ancêtres.



Il faudra que je revienne avec mon appareil photo, demain...

J'ai repris le chemin de randonnée, juste en face. Le vélo à la main, ça montait trop et puis il fallait prendre le temps de regarder les champs, les haies formées de ronces pleines de mûres et d'aubépines à gros grains rouges. Pas un bruit, pas un souffle de vent, un petit soleil qui permettait de faire miroiter par petites touches les ombres et les lumières qui couvraient le sol.
Ça et là, derrière les fils bleus, légèrement électrifiés, de beaux troupeaux de vaches ivoire achevaient la peinture du beau tableau de genre que j'avais sous les yeux.

J'avançais, en plein silence, au loin, très loin, des vrombissements de voitures, comme des bulles de savon.





Ici, le remembrement avait tracé des prairies immenses, des lacs remplis de végétation, sans un arbre.


Au détour de mon chemin, dans une mer d'herbes hautes, j'ai vu un vol de hérons griffer l'horizon d'un coup d'ailes, et dessiner gracieusement des accents circonflexes inversés, comme sur une estampe japonaise.


Je suis restées bouche bée, rien n'existait d'autre que cette fuite !


jeudi 16 septembre 2010

Ça passe le temps...



Je descendais la pente, en roue libre, je venais de la petite vigne, bien rangée, bien propre, bien verte, qui donne du vin pour un an...

J'avais dans mon sac de quoi faire une belle compote de mirabelles, les dernières, j'avais encore engagé une bataille gagnée avec les abeilles, pour ramasser les prunes encore bien fermes, avant de devenir des pruneaux...

Le noyer qui borde le champs, courbe ses branches, à peine, sous le poids des noix, qui une à une commencent à joncher l'herbe, j'ai repéré les pêchers de vigne, pleins de fruits pas assez mûrs.. J'attendrai....

Le petit chemin qui s'enfonce dans le bois fait comme une rivière, qui coule entre les châtaigniers et les peupliers.


J'ai toujours une hésitation entre aller plus loin, et rester sur place... Tout m'attire, tout me tente au loin, mais le paysage immédiat est déjà très beau, pourquoi avancer ? L'herbe est plus verte ailleurs ? Mais ici, c'est pourtant bien joli.

L'autre matin, je discutais avec une dame du bourg, au coin de sa maison, ancienne, magnifique, la dame n'avait qu'une dent dans sa mâchoire du bas et l'œil vif, elle me disait qu'elle était née ici, n'était jamais allée ailleurs, jamais, peut-être au supermarché, à la mairie, à la ferme d'à côté ? Et que sans doute, elle finirait ses jours ici, elle m'a dit ça avec le sourire, c'est son destin, son présent et son avenir, ici !


Mais moi, j'avais envie d'aller plus loin, dans l'eau de mon petit chemin, voyez comment le monde est fait ?

Donc, je descendais en roue libre... Je me suis arrêtée juste devant l'entrée d'un jardin, j'avais aperçu la propriétaire qui s'apprêtait à rentrer chez elle, le soir venait, il faisait frais, elle fermait le portail, les volets peut-être ? Nous avons engagé la conversation.

Un homme seul, on dit que c'est difficile, mais une femme seule aussi, comment faire pour tondre toute la pelouse, j'ai fait tout ça, et elle me montre, avec le geste auguste de la semeuse, la grande partie de l'herbe qu'elle avait elle-même tondue... Et faire des petites réparations, j'peux pas. Pas facile tout ça.

Mon fils n'a pas le temps, il a la ferme et les laitières, je l'aide le soir pour la traite. Je me souviens avoir vu cette femme, l'année dernière, en plein travail, auprès de son fils... Et puis mon autre fils, il habite en face, mais il vit à Paris...

Vous écoutez la radio ? Vous regardez la télévision le soir ? Pas beaucoup, je ne vois pas très bien, mais j'aime pas trop la télé...

Rien n'avançait entre nous, elle avait perdu petit à petit, sûrement, la confiance pour chaque jour.

Je lui dis que j'allais boire le thé, demain, avec une dame du pays, je vais apporter le cake...
Ben oui, vous avez raison, ça passe le temps...


Alors c'est comme ça pour elle ? La rencontre, la conversation, les sensations d'entendre et d'être entendue, les sourires, les mains serrées autour de la tasse de thé, bien au chaud, les secrets, les révélations, les confessions, les interrogations : c'est quoi la vie pour vous ?

Uniquement faite pour passer le temps ? Pas de bonheur, pas de petites joies, pas de partage ? Seule, chaque quart d'heure de toutes les heures ?

Bonsoir madame, je vais aller voir votre fils à la ferme, à 18h pour la traite, bonne soirée, à bientôt...

J'ai appuyé fort sur les pédales pour rentrer à la maison. À la campagne comme à la ville, l'ennui, la solitude, la déprime, le sentiment d'abandon, font les mêmes ravages.


À la campagne, quand nous y venons l'été, tout sent le bonheur, les couleurs, les odeurs, la beauté, rien ne manque à la légèreté du séjour, bonjour madame, bonne journée... Mais plus tard dans la saison, la vie ordinaire reprend ses droits, personne ne passe dans le chemin, le soleil baisse sur l'horizon, les arbres sont gris, les cœurs aussi...


mardi 14 septembre 2010

Le buisson ailé...


Montée sur mon vélo, je revenais de la ville, j'avais repris la petite route qui zigzaguait entre les jardins fleuris, colorés, parfumés, et les champs, encore gros des dernières bottes de paille...


Certaines reposaient mollement au pied des noyers, derniers rescapés du remembrement.

Le ciel se partageait, au gré du vent, entre le bleu et le gris, laissant espérer un bel après midi. La vie passe comme un éclair, profitons du moindre rayon de soleil.

J'avais dans mon panier d'osier, bien arrimé, à l'arrière de ma petite reine, un paquet précieux qu'il ne fallait pas trop bousculer : deux magnifiques Paris-Brest, qui reposaient bien à plat dans leur carton pâtissier.

C'était dimanche, et le dimanche c'est le jour des gâteaux ! Je ne sais pas pour vous ?

J'avais aussi un poireau qui dépassait de la sacoche, un poivron qui faisait une bosse rouge, bien brillante. Dans mon sac à dos : mon mini ordinateur, à la recherche d'une connexion non sécurisée, libre comme le vent, je l'ai trouvée devant la médiathèque, fermée le jour du Seigneur.

J'ai pu pianoter sur mon mini clavier, bien stabilisée sur le panier à gâteaux, à l'arrière du vélo.... Tout va bien, il fait beau, je vous embrasse bien fort, à demain, la médiathèque sera ouverte, ça sera plus pratique, pour vous raconter le silence, la beauté, les gens et la vie d'ici...

Au village il y avait du monde, une file d'attente à la boulangerie, où rien n'est bon hormis les gâteaux, chacun ressortait avec les vilaines baguettes sous le bras, le paquet de gâteaux avec sa ficelle, délicatement accroché sur un doigt.

Sur la place du marché, exclusivement tapissée l'herbe, le camion du charcutier proposait ses merveilles, le marchand de fromages de chèvres attendait le chaland, à côté de sa petite remorque transparente.

Il ne faisait pas trop chaud, mes Paris-Brest pouvaient attendre un brin, la promenade du retour prenait des allures d'aventure...

Je pédalais en regardant l'horizon, un peu à droite un peu à gauche, toutes les touches de vert qui défilaient portaient des noms différents : herbe fraîche, noisetiers, chênes, haies, prairies, noyers, châtaigniers, figuiers... Seuls crânaient les jardins, avec toute la palette du peintre.

La pente était douce, j'avais le temps de me faire mes petits répertoires de beautés...

Les belles fermes du Berry défilaient derrière les portails, envahis de glycines encore pleines de fleurs. La plupart sont reconverties en maisons d'habitations, celles qui restent en plan, sans propriétaire, laissent encore facilement imaginer la vie de la ferme : la grange bourrée de paille, avec son grand portail en planches, l'étable, assez vaste pour plusieurs vaches, dans les petits appentis à toits pentus, aux belles tuiles plates, rouges, en terre cuite, il y avait la place là pour le cochon, ici pour les poules...

Le puits du jardin, de la cour, est toujours prêt à faire couler l'eau dans le seau... Le four extérieur, en pierres, qui cuisait le pain, attend la braise qui pourrait refaire gonfler sans problème les miches de pain et les tourtes craquantes.

Il n'y avait pas le moindre vent, juste l'air ondoyant qui m'arrivait, doux, câlin, caressant. De tous côtés la campagne, les beaux arbres, grands comme des monuments, quelques vaches qui bougeaient lentement dans les champs, voilà la circulation de par ici...

Encore un petit tour de pédale et me voilà tout près de la vraie ferme, à peu près la seule qui reste dans le coin, plus de quarante vaches à lait qui mangent avec appétit le foin, le grain et je ne sais plus quoi.

L'odeur est forte à cause de l'ensilage, la boîte de conserve du foin coupé pour l'hiver. Il paraît qu'elles en raffolent.

Un peu plus loin, dans la haie, dans le fouillis des ronces, un noisetier haut comme trois pommes est devenu en un clin d'œil un buisson très agité, le léger bruit qu'a fait mon vélo, en passant sur les gravillons du chemin, a fait fuir de leur fil électrique des dizaines d'hirondelles, qui n'avaient pas encore décidé de partir vers des contrées plus chaudes.

Elles se sont abattues la tête la première dans le feuillage du petit noisetier qui s'est mis à battre des ailes et chanter à tue tête..

J'ai arrêté mon vélo, mis pied à terre pour assister au concert, pas de chef d'orchestre, pas de rideau rouge, que des premiers rangs, rien que le tout petit vent et les oiseaux, l'enchantement de la représentation dure encore, j'en profite pour vous le raconter... Tel que !

vendredi 10 septembre 2010

les confitures de mûres.

L'idée de la confiture de mûres commence début septembre, avec les balades dans la campagne munie du petit sac en plastique, la bonne humeur, les pataugas... Le ciel bleu est fortement recommandé avec la douceur de l'été indien...

Quel bonheur de partir dans les petits chemins, à la recherche de ces fruits rouges, le regard aiguisé, qui décrypte rapidement les haies, et les sous-bois.


En voici, buissonnant à perte de vue, sur le bas côté du chemin, ce beau chemin herbeux qui scintille entre les branches des arbres, illuminés par le soleil.


Je ne sais pas si vous, comme moi, avez le souvenir du parfum des mûres ?


La première fois que j'ai humé (car dire sentir, ce ne serait pas approprié) la fragrance des mûres, c'était il y a beaucoup plus de 30 ans... Dans un paysage du Limousin.


La haie encore touffue (avant le remembrement) juste devant le champ de blé fraîchement moissonné, exposée au soleil, laissait rutiler les mûres... J'avais senti ce parfum inoubliable de la mûre, mêlé à celui du blé, chauffée par le soleil, un parfum de bonheur, de douceur, de beauté de la vie, de sourire, de joie d'être environnée par tant de beauté. Pourtant le paysage était simple, un champ coupé ras, près d'un bois d'épais feuillus, chênes, châtaigners, peupliers... Derrière, un sentier qui tournoyait jusqu'à la clairière d'un beau vert olive. Pas très loin encore, sur ce parterre d'herbe, presque neuve, un beau troupeau de vaches limousine apportait la dernière touche de couleur à cette perception idéale.


Une petite route tout à fait en arrière plan, sur laquelle j'étais arrivée avec mon vélo, voyait passer une voiture toute les heures...aux heures de pointe.



L'odeur des mûres, vanille sucrée et acidulée, m'est restée dans la tête depuis. Pendantlongtemps j'ai cherché cette odeur chez tous les parfumeurs, tous les créateurs de sent-bon.


J'en avais trouvé un qui avait recréé ma haie ensoleillée, je l'ai porté pendant 20 ans, j'avais dans le cou la douceur de la mûre, exactement la même que devant le champ de blé. Mais le parfumeur a fait faillite, a vendu sa formule à un concurrent, a voulu faire beaucoup d'argent avec mon fruit favori, et il a tout foutu par terre...Maintenant, je fais des confitures...


A cette époque, je ne faisais pas encore de confiture avec mon parfum préféré.


Aujourd'hui, j'ai poursuivi mon idée de mettre en pot ces beaux petits fruits de fin d'été, j'ai retrouvé, en les cuisant, l'odeur paradisiaque des blés chauds et des mûres, le ciel bleu et les oiseaux me reviennent en même temps dans les yeux, le nez, les oreilles.


Sur la petite route, à bout de bras comme une balance romaine, il faut sentir avec finesse, le poids du petit plastique s'alourdir jusqu'au kilo pour dire, enfin, là je crois qu'on y est, on a le kilo, non ? Peut-être bien, allez, encore une poignée pour faire bon poids, et deux poignées sont mises avec le sourire. Ce petit réajustement nécessaire garantit le bel ouvrage dans le chaudron.


Les jambes, les mains, les bras sont écorchés au ramassage, ça tire, ça égratigne, ça saigne même un peu, rien à faire, on continue, le jus coule sous les doigts, les ongles sont rouges mûres, tout va bien, le sac se gonfle...


D'une voiture qui passe de temps en temps, l'inconnu regarde avec étonnement les cueilleuses, personne à la campagne ne fait de confiture de mûres. Toutes les ménagères entassent dans leur placard les pots de toutes les couleurs faits avec les prunes, les abricots, les fraises et les framboises, les fruits que l'on ramasse dans son jardin, ou qui sont donnés par le voisin.

Les mûres sont les fruits destinés aux vacanciers, aux touristes, aux citadins, aux insectes, aux araignées, au soleil et au blé...




vendredi 3 septembre 2010

La campagne... Après Venise.



Il faut monter tout là haut, pour trouver un peu de calme et de solitude... Cette jeune femme a choisi le bon endroit...

Bon mois de septembre à tous, le temps de classer mes photos de Venise, de peaufiner mes petits posts et on se retrouve en octobre...

La campagne est belle dans l'Indre, pommes, noisettes, noix qui ajustent leur première sortie, figuier dont les fruits grossissent tous les jours à vue d'oeil. Les petites vignes scintillent sous le soleil, grappes blanches ou noires nous invitent déjà à la dégustation. Les vaches dans les prés forment un bel horizon au fond des prairies...Il y a l'étang, aussi spacieux qu'un grand champ, qui sert de perchoir aux hérons, les carpes énormes éclaboussent la surface de l'eau...

Les mûres, énormes cette années, sont déjà dans 4 pots bien étiquetés.

Je vous raconte tout pêle mêle en rentrant, les brouhahas de Venise et les silences de la campagne.

Prenez soin de vous, mangez des légumes et des fruits, buvez du thé vert, regardez le monde...

A très bientôt.