lundi 5 juillet 2010

Les sabliers...





J’ai toujours aimé ces petits ustensiles qui permettent au sable de couler des jours heureux la tête en bas ou les pieds en l’air.

Pour faire cuire un œuf à la coque, rien de tel pour avoir l’esprit tranquille. Un sablier ! Il compte pour vous, il s’écoule tout gentiment, et c’est beau. Il fait des comptes parfaits, quand il n'y a plus un grain de sable qui traîne en haut, c’est cuit !




Le sablier est un malin, il ne supporte pas de rester tout seul, il faut absolument demeurer à côté de lui, ne rien avoir de pressé à faire pendant trois minutes… Ça devrait pouvoir se faire…


Des sabliers, j’en ai eu de toutes sortes, des beaux petits en bois, qui tenaient dans la main, dans le creux de la main, d’autres en métal, massifs, lourds, bien sur leur base, petits aussi, mais solides, qui inspiraient confiance, avec ça, pas possible de rater la rotation, le pivotement. Le sable n'avait qu’à bien se tenir, s’écouler exactement le temps qu’il fallait pour préparer les mouillettes.


L’efficacité du sablier est prouvée depuis des lustres, celui de trois minutes est très sensible, très précis, il ne faut pas attendre, dès que le dernier grain de sable est en bas, il faut arrêter le feu sous la casserole, après trois minutes de cuisson… Mais j’ai du mal à rester postée près du compteur de sable.


J’ai eu plusieurs sabliers, toujours plus beaux que les précédents, une joie sans cesse renouvelée, essais toujours concluants, allez, des œufs coques pour tout le monde, un peu de sel et les tartines beurrées, coupées en bûchettes (mouillettes, bien sûr).




Le sablier permet aussi les œufs mollets, mais là, ça demande énormément de vigilance, il faut retourner le sablier une fois, le sablier a plus d’un tour dans son sac, un tour de plus, tout est fichu, ne reste plus qu’à taper l’œuf sur le comptoir et le couper dans la salade, c’est la ruine des mouillettes, le menu est à refaire.


Finalement vous voyez le sérieux de l’affaire, un tour de moins un tour de plus et vous mangez mou ou dur !


Mais je n’ai aucune autorité sur le sablier, je laisse aller mes pensées, pendant qu’il égrène son château de sable, je l’oublie complètement, marée basse, marée haute, très vite, je ne sais plus où j’en suis, l’ai-je retourné ? En est-il à la fin du 1er tour ou du 2e, vais-je sur le 3e ? La question est cruciale, vous comprenez bien.


Voilà pourquoi petit à petit j’ai laissé tomber les grains de sable, pas assez sûrs pour moi.


J’ai opté pour le minuteur, j’en ai un tout brillant, simple comme bonjour, qui fait un tour complet en 60 minutes, je peux le régler pour trois minutes, c’est un sablier à ressort, et lui au moins il fait du bruit, il se manifeste, il sonne…


Mais voilà, je ne l’entends pas, je ne suis jamais dans ses parages quand il fait son petit bruit, trop petit pour une grande distraite comme moi, et puis chemin faisant à force de le faire tourner, il s’est faussé, déréglé, il patine, il ne fait plus le compte des minutes…

Rien ne va plus, la roulette fait ce qu’elle veut.

Donc, j’ai mis le minuteur dans un tiroir et je ne m’en sers plus jamais, je l’astique quand je fais mon tiroir, uniquement pour le plaisir de le voir briller.

Je me dis à chaque fois, tiens il est encore là ? Je n’arrive même pas à le donner.

Pour faire mes œufs coques, je me sers maintenant de l’afficheur électronique de mon four à micro-ondes, je fixe bien l’horaire, je le note au besoin pour ne pas l’oublier et je peux continuer à vaquer à mes occupations…

Ça marche à peu près bien, mais en fait, voilà des lustres que je ne fais plus d’œufs à la coque, ni mollets, je les mange durs, donc je n’ai besoin de rien, et, l’autre jour, j’ai oublié d’éteindre le gaz, je suis arrivé juste à temps pour éviter le grand désastre.

Je commence à comprendre l’histoire du grain de sable dans les rouages… Le sable n’est pas stable, regardez sur les plages, il bouge sous vos pieds, il se ride avec les vagues qui lui passe dessus nuit et jour, en fait le sable en a marre qu’on compte sur lui pour tout…les œufs, et la mort…

Ça fait bien longtemps que je ne compte plus les minutes, trois minutes, c’est trop peu, négligeable, je reste sur les heures, bien plus prenantes, biens plus longues…J’ai jeté les sabliers, les faux, les minuteurs, les afficheurs, je préfère rester au soleil pour voir passer les heures.

8 commentaires:

Aloïs a dit…

Où de discourir sur les sabliers et grains de sable d'une très jolie manière.
Tu ne nous as pas dit comment tu faisais au bord de la mer ou à la montagne.
C'était le grand amusement de mon père qui lui mettait son grain de sel sur le temps de cuisson qui devait varier selon l'altitude,car c'est bien connu.....
Ton prochain sujet,l'eau bout-elle à 100°?

Album vénitien a dit…

et pendant ce temps-là, les heures nous glissent entre les doigts...comme des grains de sable ! Parfait...je sens que je vais regarder mon unique sablier d'une autre façon..disons à la façon d'une autre Danielle!
Bonne journée.
Danielle.

D'Art en Arts a dit…

Toute une philosophie de la vie Danielle, une avancée dans l'espace temps...
Bonne soirée !
Norma

Danielle a dit…

Merci Norma, oui tu as bien trouvé...une avancée dans l'espace temps...qui nous reste.

Bises du soir et merci de passer, merci beaucoup.

Danielle a dit…

Chère Françoise, personne n'a jamais fini de discourir sur les grains de sables... Ton père était un esthète...

Le prochains sujet ? pas encore d'idée...

Bonne soirée Françoise et bravo pour tes belles balades, que tu nous fais partager.

A bientôt.

Danielle a dit…

Danielle, oui, regardons les grains de sables qui nous glissent entre les doigts, fermons nos mains.

Bises du soir Danielle.

VenetiaMicio a dit…

Et bien Danielle, j'aime mieux ton bon vieux sablier, celui qui fait passer que les trois minutes ou un peu plus, selon que l'on veut un bel oeuf à la coque (j'en ai l'eau à la bouche, avec les petites mouillettes) ou l'oeuf mollet qui te fond dans la bouche...après tu m'effraies avec ton temps qui glisse et qui passe trop vite comme la vie, arrêtons le temps et surtout que le grain de sable ne déraille pas trop !!!
Continue à nous raconter tes jolies petites histoires, ce n'est que du bonheur !
bonne soirée
Danielle

Danielle a dit…

Danielle promis, je vais arrêter de compter les grains de sable dans le creux de ma main.

Et que du bonheur, c'est bien aussi.

Bonne soirée à toi.